Quatorze îles dans un seul lagon
A 1 700 km de Tahiti, l'archipel des Gambier, un atoll réunissant 14 îles hautes dans un même lagon, est une formation géologique unique en Polynésie française. Bien que rattachées administrativement à l'archipel des Tuamotu, les Gambier sont bel et bien une entité à part.
Le lagon de Rikitea vu du sommet du Mont Duff |
Tous les autres
atolls polynésiens sont composés d’une ceinture de terre et de coraux qui forme
des "motu" (îlets coralliens) disséminés autour du lagon avec
parfois, comme à Bora Bora ou Huahine, une île haute au milieu du lagon… Une
seule autre exception à cette règle : les deux îles de Raiatea et Taha'a (archipel
de la Société), encerclées par une même barrière de corail.
Les Gambier : 14 iles hautes dans un seul lagon |
Autre
particularité de l’archipel des
Gambier : c’est là que se trouvent les plus anciennes constructions en dur
de Polynésie : les édifices religieux construits par les missionnaires grâce
aux bras des autochtones. Le plus connu de ces bâtiments étant la cathédrale
Saint-Michel de Rikitea.
Dernière
spécificité des Gambier : c’est le centre perlicole le plus important et le
plus réputé de Polynésie, tant pour l’importance que pour la qualité de sa
production.
Les Gambier et l’histoire
C’est au XIIe
siècle que commence le peuplement des îles Gambier, sans doute par des navigateurs
marquisiens. Ce n’est que beaucoup plus tard, en 1687, que le pirate anglais
Edward Davis note dans son livre de bord avoir aperçu des îles que l’on pense
être les Gambier.
Cent dix ans
après, le 24 mai 1797, le navigateur britannique James Wilson les découvre
officiellement. Ayant à son bord quelques missionnaires se rendant à Tahiti, il
donne à l'archipel le nom de l'amiral Gambier, protecteur des activités de la
mission. De plus, il baptise le point culminant de ces îles (441 mètres) du nom
de son navire : le Duff.
Il faut pourtant
attendre 1826 pour voir le premier Européen poser le pied sur une de ces îles :
l’officier anglais Frederick Beechey.
Les Mangareviens du début du XIXe siècle
C’est donc cet
officier qui établit le premier contact avec le peuple Mangarevien.
A cette époque,
la population s’élève à environ 5.000 âmes. Ces Polynésiens possèdent un langage
propre : le Mangarevien. D’aucuns prétendent qu’ils présenteraient la
particularité d’être végétariens, mais cette affirmation n’est en rien
vérifiée.
Maputeoa, le roi
de l’époque, réside à Rikitea, principal village de l’île de Mangareva. La
population, elle, est répartie sur les quatre îles principales de l’atoll :
Mangareva, Akamaru, Aukena et Taravai.
Gregorio Maputeoa, le dernier roi des Gambier |
Ce sont les
récits que fait Beechey de sa découverte qui font connaître l'archipel des
Gambier. Sa situation géographique en fait rapidement une escale de
réapprovisionnement importante pour de très nombreux navires de commerce.
Déjà, la qualité
particulière des nacres qui peuplent son lagon et leur abondance permettent le
développement rapide d’une intense activité commerçante.
L'évangélisation des Gambier
En 1834, la
Congrégation des Sacrés-Cœurs (Les frères de Picpus) crée, sur l’île déserte de
Akamaru, la première mission catholique du Pacifique Sud. C’est là que débute
réellement l’évangélisation de toute la Polynésie.
Entre 1834 et
1871, date à laquelle le père Laval est contraint de s’exiler à Tahiti, les
frères de Picpus érigent de nombreux bâtiments à vocation religieuse.
Notre dame de la paix sur l'île de Mangareva |
Le plus ancien
d’entre eux se trouve sur l’île de Aukena. Il s’agit de l’église Saint-Raphaël
qui fut érigée en 1839. C’est la première église en dur construite en Polynésie
française.
Dans la même
période sont également construits une imposante cathédrale, neuf chapelles, des
tours de guet, une prison...
Les Gambier et la perliculture
Si, dans le
passé, quatre des îles Gambier étaient habitées en permanence, aujourd’hui
toute la population vit sur Mangareva. Les autres îles sont utilisées pour diverses
activités mais sont désertées à la nuit tombée.
Jusqu’au début
des années 1960, la principale ressource de l’archipel reposait sur le commerce
de la nacre, utilisée notamment pour la fabrication de boutons.
Vient de Tahiti
un visionnaire : Robert Wan. C’est lui qui crée la première ferme perlière dans
le lagon de Mangareva. Aujourd’hui, il y en a environ une centaine !
Mais ce
développement se fait au détriment des activités traditionnelles.
Auto-suffisantes en 1960, les Gambier, aujourd’hui, importent de Tahiti
85 % de
ce qu’elles consomment. Et l’effondrement des cours mondiaux de la perle
n’arrangent pas les choses.
Le village de Rikitea vu des flancs du Mont Duff |
Le tourisme aux Gambier
Il n’existe
aucun hôtel aux Gambier. Seules quelques pensions de familles peuvent
accueillir les touristes.
L’autre handicap
majeur de l’archipel réside dans son éloignement et dans une desserte aérienne
très réduite : la compagnie Air Tahiti n’assure que deux liaisons
hebdomadaires.
Pourtant, les
Gambier ont bien des arguments à faire valoir pour développer cette activité.
Outre un magnifique lagon, il y a ce patrimoine architectural unique au monde,
l’univers extraordinaire des perliculteurs et, surtout, une population
particulièrement accueillante et chaleureuse.
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