Un débat franco-français
où l’Autre reste étranger
La France d’octobre 2011,
suite aux relents identitaires qui ont agité la République depuis la campagne
présidentielle de 2007, oscille entre intégration et rejet, expulsion et rétention.
Au-delà des phénomènes de migration,
actuels ou anciens, ce sont des syndromes de répulsion qui sourdent ou
s’instaurent de part et d’autre.
Ils sont Bangladais, Kosovars,
Afghans, de Libye, de Roumanie, d’Ouzbékistan, d’Afrique Noire et d’Asie. Ils
fuient le dénuement, les conflits, les dictatures.
Ils risquent les camps de
rétention : «
l’archipel de la honte » ainsi que l’évoquent Arjun Appaduraï dans Géographie
de la colère (Payot) et Peter Sloterdijk dans Colère et temps (Libella/Maren
Shell).
« Du Sénégal à l’amertume » : Monique au micro |
Rencontre de « l’Autre Type »
L’arrêt de la Cour de Justice de l’Union
européenne, interdisant l’incarcération
d’un étranger en situation irrégulière, reste toujours sans
effet sur le territoire français depuis avril 2011.
Les réseaux Education sans Frontière, la Ligue
des Droits de l’Homme et autres Cercles
de Citoyens, de Croyants, engagés
mais libres de toute pression hiérarchique, font œuvre de résistance depuis le
début de la dernière présidence.
Mêlant les survivants de ces
anciennes générations porteuses des principes libertaires (anarcho-communistes)
aux pratiquants du partage -idéologies et dogmes revisités en ces circonstances-,
les participants d’un des nombreux débats qui se déplacent partout en
France, tentent de jeter les bases d’une
véritable solidarité.
« Une poudrière nommée Kosovo » : Bayard |
Face à certains actes administratifs
délivrés antidatés, par exemple, la mobilisation demeure une urgence. Car il
faut gagner du temps en prévision d’une éventuelle expulsion. Mais surtout, il
faut pallier la détresse qui incombe à tous ces déracinés, encore traumatisés
par le périple qui les a conduits ici.
Il semblerait que les trentenaires de
tous milieux ou appartenances politiques ou religieuses actuels soient
davantage conditionnés par un conservatisme qui s’accentue
depuis 1995. Chacun aurait tendance à se renfermer uniquement sur
ses préoccupations de garantie professionnelle. Quand ils ne se regroupent pas
pour revendiquer le monopole du paysage identitaire.
Echoués sur « notre Terre d’écueil »
L’asile politique n’est donc plus de
rigueur. La méfiance et la suspicion, de bon ton. La menace de l’étranger date
de l’antiquité. Mais l’opinion publique la propage, sans craindre le
ridicule :
« Quel danger Amina
(4mois) ? » souligne la gazette Jonas-Vosges.
Quand il s’agit de
nourrissons et d’enfants, les mesures de rétention surprennent : ils sont tout
de même répertoriés au nombre de 200, incarcérés annuellement, commente le n°
53 (octobre 2011) de la gazette «Jonas-Vosges». Les droits de séjour,
l’établissement des papiers, est loin d’être gratuit (340 €/personne).
« Avec ces zones de non-droit,
notre histoire nationale est polluée. France, terre d’écueil !», témoigne
l’orateur Michel Roussel, représentant des réseaux du Parvis.
« De Jonas au Parvis » : rituels interactifs d’accueil par Michel Roussel
Après une migration périlleuse,
l’exclusion : une précarité dans des conditions indignes. «Alors que des
milliards d’Euros parcourent le monde à chaque instant pour le plus grand
profit des affameurs de la planète, la fermeture des frontières fabrique des sans
droits et des clandestins.», souligne J-L
Didelot.
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Les migrants : une menace ou une chance ?
Le dialogue entre les peuples
semble s’interrompre au moment où la parole semble avoir été arrachée
unanimement et de haute lutte aux dictatures en voie d’extinction. Mais restons
prudents, l’histoire peut s’embourber pour des intérêts peu louables.
Si nous reprenons la tradition qui remonterait au IVe siècle avant notre
ère, la migration s’associe souvent à une crainte de l’Autre.
Il ne voulait pas y aller, lui,
Jonas, relate le texte biblique. Il s’y serait fait échouer, malgré lui, par la
baleine. Mais bien d’autres dangers poursuivent ceux qui s’exilent, que celui
d’un séjour de trois jours dans le ventre d’un monstre débonnaire (la baleine).
Actuellement, si les populations migrantes affrontent les dangers terrestres ou
maritimes, c’est parce qu’elles n’ont plus d’autre issue que le départ.
a baleine s’en lave les mains |
Certains mouvements qui militent en
faveur de la reconnaissance, du respect, de l’intégration sans arrière-pensée
de l’étranger, se revendiquent de cette
remise en question d’un certain Jonas, aux temps immémoriaux. Et ils
s’efforcent de faire comprendre les rituels d’accueil d’une rive à l’autre.
« Le monstre qui sommeille en nous »
Cependant, dans la mentalité
populaire, pas de cadeau pour les ethnies ou nationalités différentes : «Avec
le débat identitaire, les vieux démons surgissent. Le monstre qui ne se
décelait pas chez l’individu lambda, il est susceptible d’exploser plus
facilement chez l’étranger, le Français d’ancêtres étrangers», commente le
Conseiller municipal Adel (franco-maghrébin) suspecté dans sa
propre région.
« n conseiller municipal franco-maghrébin » : Adel |
Un tout petit département de l’Est,
habitué aux frontières pourtant, coutumier des tirailleurs sénégalais importés
pour nécessité de guerres mondiales depuis les tranchées : et il joue les
effarouchés, la distance, la répulsion vis-à-vis de Monique, la Sénégalaise,
venue rejoindre son fils.
Un lieu symptôme, cette région, à l’instar du reste de la France où
Bayard, le Kosovar plaide la cause de nouveaux réfugiés, victimes d’exactions
serbes récentes, dans un contexte où la misère rendrait insensible.
La tranquillité rendrait apathique…
ou frileux.
Alors, ils s’organisent, les
mouvements de secours et de solidarité, nés ces derniers mois au cœur même de
la crise mondiale, pour préparer les recours et survivre, en attendant. Ils ne
sont pas issus d’offices gouvernementaux, non. Il semble que les mouvements de
protection de l’individu proviennent du bénévolat !
En attendant que soit recouvré par
chacun ses droits fondamentaux. Et qu’ils ne soient pas constamment bafoués par
ceux qui devraient en être les gardiens.
Une atmosphère
mondiale de méfiance.
Un article de MonaK
C'est en France...
RépondreSupprimerIls sont demandeurs d'asile, délaissés par les préfectures et mairies qui se déchargent sur les associations...
Ici à Rennes, l'exemple de Droit Au Logement (DAL) :
http://dal35.blogspot.com/2011/08/le-journal-de-bord-des-requisitions-du.html