L'or noir
des lagons polynésiens
Les
Polynésiens auraient découvert l'huître perlière bien avant l'arrivée des
Européens. Ils en utilisaient la nacre pour fabriquer des armes et des
ornements.
Ce sont les
Chinois qui inventèrent la perle de culture en introduisant dans le manteau de
l’huître une figurine de plomb à l’effigie de Bouddha, autour de laquelle la
nacre venait se déposer.
Une ferme perlière dans le lagon de Mangareva, aux îles Gambier |
Mais l’invention
véritable du procédé revient incontestablement à trois Japonais qui
découvrirent en 1904, sans se connaître et simultanément, le secret de la
greffe.
En 1960, un
certain Jean-Marie Domard importe en Polynésie les techniques employées au
Japon. En 1962, il réussissait à « nucléonner » plus de cinq mille huîtres.
Trois ans après, il obtenait plus de mille perles de très haute qualité.
Mythologie
La mythologie parle des perles noires comme des écrins de lumière qui furent donnés par le créateur à Tane, dieu de l’ordre et de la beauté. Il en fit les étoiles qu’il envoya à Rua Hatu, dieu de l’océan, pour qu’il éclaire son domaine.
Ensuite le dieu
Oro, divinité tutélaire de la guerre et de la paix, les offrit aux femmes qu’il
convoitait. A l’achèvement de son œuvre, il confia l’huître perlière, « Te ufi
», aux humains en souvenir de son passage. Depuis, « Te ufi » prospère dans les
lagons de Polynésie.
Ce trésor,
secret des îles de corail, a longtemps été considéré comme un symbole royal.
Naissance d’une perle
Une perle naturelle naît lorsqu'un grain de sable vient à pénétrer dans la coquille de l’huitre. Elle va alors le recouvrir de couches successives de nacre jusqu'à ce que l'intrus en soit entièrement recouvert, ce qui prendra des années.
Des nacres en attente de la greffe |
La collecte du naissain
Le naissain d'huître est la matière première des élevages. Les collecteurs (bandes de matière synthétique) sont suspendus quelques mètres sous la surface du lagon. Ils restent entre 12 et 24 mois sous l'eau pour produire des juvéniles de 5 à 10 cm.
Les précieuses nacres sur une filière avant d'être replongée dans le lagon |
La greffe
Il s’agit d’insérer dans la "poche perlière" un nucléus (il jouera le rôle du grain de sable) et un greffon (morceau de tissu organique découpé dans le manteau d'une huître donneuse).
Le primordial mais très délicat geste de la greffe |
L'opération de
greffe est un processus traumatisant. Les huîtres qui survivent et retiennent
le nucléus sont élevées en chapelet sur filières. Il faut environ 18 mois pour
former une couche de nacre d’une épaisseur de 0,8mm.
Sur cent
individus greffés, seules vingt-cinq à trente huîtres donnent des perles
commercialisables.
La récolte
Dix-huit mois après la greffe, c’est la récolte sans sacrifier l'huître. Si la perle est de qualité exceptionnelle, une seconde greffe est réalisée avec un nucléus de la taille de la perle récoltée. Les huîtres peuvent être greffées deux à trois fois.
La beauté d'une
perle dépend des critères suivants : sa forme, l'état de sa surface, sa
couleur, son orient, sa couleur, son lustre... Plusieurs défauts peuvent
apparaître : cerclages, piqûres, comètes, boursouflures, absence de lustre et
de pigmentation.
Afin d’assurer
une qualité reconnue à la perle noire de Tahiti, ont été définies des règles de
classification des perles:
Un nucléus et une très belle perle noire de Tahiti |
- le diamètre : il varie de 8 à 18 mm et la couche de nacre déposée autour du nucléus ne doit pas être inférieure à 0,8 mm;
- le poids moyen : Il doit être voisin de 1,6 g ;
- la forme : les perles sont classées en rondes, semi-rondes, semi-baroques, baroques et cerclées ;
- la qualité : elle dépend de l'état de surface et du lustre.
Selon les
chiffres publiés par le service de la perliculture, sur cent huîtres greffées,
vingt cinq donneront une perle commercialisable, mais seulement cinq seront
considérées comme parfaites.
La perle et l’économie
La perliculture était, jusqu'à il y a peu, l’une des ressources principales de la Polynésie française. Elle employait environ sept mille personnes réparties, pour l’essentiel, entre les archipels des Tuamotu, de la Société et les îles Gambier.
Après avoir
débuté avec moins de deux kilos en 1978, en 2005 la production a atteint les
cinq tonnes de perles. L’essentiel de cette production est exporté vers l’Asie
et les Etats-Unis après des ventes aux enchères en Polynésie et à Hong-Kong.
La magie irisée des perles noires de Tahiti |
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