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Le nouveau roman de de Monak à lire absolument

lundi 27 août 2012

Makatea, l’île minière


100 m au-dessus de l’océan Pacifique

 

Makatea est une île des Tuamotu à la formation géologique unique, au destin industriel exceptionnel et possédant le seul train de l'histoire polynésienne.

Cette île étonnante bouleverse toutes les images d’Epinal que l’on peut avoir en tête à propos de la Polynésie française.

Makatea, l'inaccessible atoll…
Imaginez un atoll qui s’élèverait jusqu’à 100 mètres au-dessus de l’océan Pacifique, posé comme un nid sur d’infranchissables falaises… Imaginez des installations minières d’un autre temps, intactes mais totalement désertées, musée grandeur nature à la gloire de l’ère industrielle… Imaginez une voie de chemin de fer de 7 km de long posée sur cette île minuscule des Tuamotu…

Quelques images et de la musique de Makatea 
Si vous arrivez à imaginer cela, alors vous commencez à avoir une petite idée de ce qu’est l’île de Makatea, archipel des Tuamotu, Polynésie française…

Makatea, une anomalie géographique


D’origine polynésienne, le mot "makatea" désigne un type d'atoll surélevé comportant en son centre les restes de l'ancienne île volcanique.

A l’origine donc, Makatea est un atoll comme les autres. C’est la naissance du volcan qui donna l’île de Tahiti qui est à l’origine du soulèvement de l’atoll de Makatea. Ensuite, l’érosion naturelle a fait le reste.

Partie intégrante de l’archipel des Tuamotu, Makatea est la seule île de Polynésie française de ce type géologique.

D’une superficie de 24 km², elle mesure 7,5 km du Nord au Sud et 7 km dans sa plus grande largeur, la partie sud de l’île.

Une carte qui en dit long sur une île pas comme les autres
La nature particulière du socle corallien exposé à l’air libre entraine un certain nombre de particularismes géologiques.

Tout d’abord d’infranchissables falaises, uniques dans toute la Polynésie, dont la hauteur varie entre 60 et 100 mètres de haut tout de même. La côte n’offre aucune baie, aucune plage qui permette de s’approcher en bateau et donc, à fortiori, d’accoster.

Ce qu'il reste du port de Temao aujourd'hui
Au centre de l’île, une vaste plaine située à 80 mètres d’altitude. Une seule plage sur la côte Est accueille le seul village de l’île : Moumu. Dans la partie Nord du plateau, le village minier de Vaitepaua totalement abandonné. Et pour finir, sur la côte Ouest, au pied de la falaise, juste en face de la seule passe qui permette d’approcher de l’île : le petit port de Temao où l’on peut encore voir les restes de la digue de chargement destinée au transbordement du phosphate.

Makatea, histoire d’un atoll pas comme les autres


C’est en 1722, après avoir découvert l’île de Pâques, que l'explorateur néerlandais Jacob Roggeveen devient le premier occidental à aborder Makatea.

L’île est tellement rébarbative avec ses hautes falaises et son absence de criques ou de baies pour mouiller sereinement qu’il ne fait rien de plus que de noter l’événement et la position géographique de l’atoll dans son livre de bord. Il le baptise "Aurora", ce qui signifie "l'île de la récréation".

La mine de phosphate à ciel ouvert de Makatea
Durant les 180 années qui suivent, Makatea, nommée "Papa Tea" (la roche blanche) par les Polynésiens, ne sera plus guère dérangée par grand monde, malgré les bouleversements considérables qui transforment l’ensemble de la Polynésie. Ainsi, ni l’évangélisation ni la colonisation ne changeront grand-chose au mode de vie des quelques dizaines de familles qui vivent sur cette terre étrange autant qu’inaccessible.

Le destin de l’île bascule dans les toutes premières années du 20ème siècle avec la mise en exploitation du gisement de phosphate, gisement qui aurait été découvert en 1860 par un certain capitaine Bonnet.

Dès lors, plus rien ne sera jamais pareil à Makatea… Du moins jusqu’en 1966, année où l’on cessa définitivement l’exploitation du phosphate de l’île.

D'un bout à l'autre de l'île, la route (Photo : Jan Erik Johnsen)
Lors du dernier recensement de la population polynésienne (2007), il restait 61 habitants permanents à Makatea.

Aujourd’hui, l’île ne reçoit plus la visite de la goélette (cargo mixte), et donc son ravitaillement, que deux fois par mois…

Richesses d’une île pas comme les autres


Il n’en reste pas moins que Makatea recèle des richesses étonnantes.

La côte (Photo Jan Erik Johnsen)
Ainsi, rongé par l’érosion naturelle, le socle de l’île est truffé de grottes dont certaines ne sont même pas répertoriées. D’autres, sous le niveau marin, n’ont jamais été visitées. Toutes alimentent les légendes et renforcent le caractère mystérieux de Makatea.

On raconte ainsi que pirates et galions espagnols y ont jadis caché des trésors. Certaines servaient de sépultures pour les hauts personnages des sociétés polynésiennes pré-européennes. Accrochés en altitude, leurs corps y étaient déposés par les "pirimato", êtres de légende capables de voler jusqu’aux endroits les plus inaccessibles. La grotte de Ana tau i ra’i, sur la falaise de Temao, est toujours tapu*.

En 1959, Yves Allégret tourne à Makatea
D’autre part, il est intéressant de noter que cet atoll si étrange a suscité l’intérêt de plusieurs cinéastes qui y ont situé l’action de leurs films. Dont « L’ambitieuse » de Yves Allégret avec Andréa Parisi , Richard Basehard et Gérard O’Brien tourné en 1959 en grande partie sur l’atoll de Makatea lui-même.

Ne reste plus qu’à découvrir l’aventure industrielle étonnante de Makatea qui, durant 60 ans, a été le principal moteur économique de toute la Polynésie française.

Un article de Julien Gué

Lexique :
*Tapu : tabou

Voir également l’article de Tahiti.tv agrémenté d’une vidéo de 5’ 30’’ réalisée à partir de passionnantes images d’archives en suivant ce lien : http://www.tahiti.tv/makatea-lile-phosphate-permalink-1351-2373-6624.aspx. Ainsi bien sûr que notre article consacré à "Makatea aujourd'hui".

mercredi 15 août 2012

Tunisie : L’après 13 août 2012


Sécurité ou incertitude ?

 

La 56ème Fête Nationale de la Femme s’est célébrée sur fond de revendications, dans les grandes villes du pays comme dans certaines capitales étrangères. Déploiement impressionnant des forces de police en vue d’intimidation, dès 17 heures. Pas d’incidents notoires pour cette nocturne ramadanesque.

 


Mobilisation pour les femmes, contre les islamistes

Aucune ambiguïté possible : la population tunisienne s’est mobilisée en masse ! De la frontière libyenne à l’algérienne, les villes ont défilé. Pas moins de 30 000 participants à Tunis, s’il faut s’en tenir aux estimations les plus basses. Mais les derniers chiffres tourneraient autour de : 100 à 150 000 personnes. Chiffre proche de l’affluence du 14 janvier 2011 (succès de la révolution) et de la Fête de l’indépendance (20 mars 2012). De « barbiphores », nulle trace.

 

C’est que, dans cette période de transition, le gouvernement provisoire mélange gouvernance et bagatelle. Le parti Initiative Citoyenne le souligne avec humour : « La femme tunisienne, conquête de la Tunisie » !

 

Pour les femmes contre les islamistes

La fête de la femme n’a donc pas rompu avec sa vocation. Elle reste encore nationale, bien que menacée. Tant que le Code du Statut Personnel n’a pas été effacé par les gestionnaires de l’actuelle pagaille, les femmes jouissent de ce droit d’égalité.

 

 Car la Constitution, née à l’Indépendance de la Tunisie, octroie, depuis près de 60 ans, un droit égalitaire entre les sexes pour l’accession à l’instruction, à la culture, à l’autonomie pécuniaire, vestimentaire et matrimoniale (concernant notamment l’âge nuptial).

 

Femme au sommet ! 

  Dans ce contexte, où les extrémistes au pouvoir lui contestent son intégrité légale, un collectif a divulgué une proclamation : Manifeste des Femmes Tunisiennes.

 

Revendiquant les figures qui ont émaillé son histoire, la Tunisienne s’identifie à cette longue lignée :

« ° Elyssa je suis, celle qui selon la légende fonda Carthage il y a 3000 ans.
° Sainte Perpétue je suis, celle qui, native de Tébourba au troisième siècle, légua aux tunisiennes le premier ‘‘manuscrit’’.
° Kahéna la berbère je suis, celle qui combattit les invasions au septième siècle.
° Arwa la Kairouannaise je suis, celle qui imposa le contrat de mariage kairouannais et interdit la polygamie au 8ème siècle.
° Om Mlel Sanhaji je suis, celle qui gouverna la Tunisie pendant la période islamique il y a de cela plus d’un millier d’années.
° Sainte Aicha Al Manoubia je suis, celle qui au 13ème siècle dit non au mariage pour se consacrer à l’étude du Fikh avec Belhassen Chadli.

Depuis Tanit ! 

° Princesse Atef je suis, celle qui au 13e siècle se consacra à la science, à la connaissance et fondatrice de l’école Taoufikia.
° Aziza Othmana je suis, celle qui au 17ème siècle fit don de ses biens pour  construire un hôpital, aider les plus démunis et libérer les esclaves.
° B’chira Ben Mrad je suis, celle qui lutta et souffrit des affres de l’oppression (1913-1993).
° Nabiha Ben Miled je suis, celle qui lutta pour l’indépendance de son pays (1919-2009).
° Taouhida Ben Cheikh je suis, celle qui fut la première femme médecin tunisienne en 1934; l’hôpital de Montreuil porte mon nom.
° Habiba El Menchari je suis, celle-là même qui retira son voile en 1924 lors d’une réunion avec les dirigeants du mouvement national. »

Toutes générations confondues ! 

 « Toutes les femmes tunisiennes je suis
Celles qui depuis des milliers d’années
Ne cessent de crier
Non à la soumission
Citoyennes tunisiennes nous sommes. »

 

Pas de Tunistan, mais la Tunisie

Ce qu’elles exigent, avec ce petit signe qui les symbolise depuis Tanit, déesse de l’antique Carthage, c’est leur pleine entité. Elles ne sont pas moitié, elles ne sont pas inférieures, elles sont.

 

Nadia El Fani le relatait dans son film Tanitez-moi. Mais c’est dernièrement que la cinéaste pose l’équation insoluble de la république confessionnelle qui ne laisse de place à aucune autre alternative, ni à tous ses habitants. Laïcité Inch’Allah (2011) évoque donc les Tunisiens athées, juifs et chrétiens dont le sort n’est pas inscrit dans la Constitution.

 


Etat laïque ou confessionnel ?  (Ni Allah, ni Maître de Nadia El Fani)

Il semble que les citoyens se voient spoliés, de façon insidieuse, des droits dont ils étaient pourvus précédemment ou qu’ils ont arrachés avec la révolution.

 

En cette période cruciale de la Constituante, la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, tout comme les associations tunisiennes de libres penseurs et les partis d’opposition ne semblent plus assurés d’exercer pleinement leurs droits d’opinion ou d’expression, de même les artistes et les médias.

 

Lotfi Abdelli, au lendemain du 13 août, s’entend menacer de mort et se voit « interdit » de jouer son spectacle 100% Hallal. Une mise en scène de mercenaires extrémistes, orchestrée par un imam occupe les abords du théâtre.

 

Un cadeau empoisonné

Ni le ministre de la culture, ni le gouvernement, n’interviennent pour que soient respectés les engagements du festival vis-à-vis de l’artiste.

 

Après, le succès de la Journée Nationale de la Femme, force est de constater que le répit est de courte durée.

 

La dictature « des cons » ! 

En dépit des promesses et accords du gouvernement transitoire, annonce est faite que les élections, prévues pour octobre 2012 seront repoussées. « De quoi laisser du temps à Ennadha de prendre en main ce qui reste des leviers du pouvoir dans le pays ». Ce qui s’effectue en sous-main et au quotidien, par la destitution des élus.

 

Et pour couronner une situation qui sent le coup d’Etat, l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates est mise à l’index, incidemment.

 

Sursaut ou mort de la démocratie ?

Coups de sonde, déclarations intempestives, retraits puis exactions, tout semble bon pour que la déstabilisation instaurée prépare le terrain au retour d’une dictature plus terrible encore. Car celle de la théocratie ne laisse pas de pardon.

 

En ce 14 août, le code du statut personnel est déclaré inepte, par un politicien véreux.

 

Tunisienne, une entité !

Que résulte-t-il vraiment de cette période qui devait accoucher d’une nouvelle constitution ? Une détermination de la population à ne rien lâcher, mais en même temps, le lent travail de sape de sectes occultes.

 

«Mon sentiment quant à la situation de la femme en Tunisie au moment où nous célébrons le 13 août est mitigé. Je suis à la fois rassurée et inquiète », répond à Leaders Bochra Belhadj Hmida, avocate et militante de premier rang de la cause féminine. Rassurée, poursuit-elle, en voyant que les femmes des zones les plus reculées du pays et des couches les plus défavorisées sont assez fortes. Elles ne sont pas dans la régression, mais dans la revendication, la contestation. J’ai rarement vu une femme remettre en cause ses acquis».

 

«C’est la situation sociale et culturelle qui continue à régresser au lieu d’évoluer. J’ai toujours considéré que les pays où la situation de la femme a régressé sont ceux dans lesquels il existe un grand écart social. »

 

Alors, Tunisie ou Tunistan ?

 

Un article de MonaK

mardi 14 août 2012

Tikehau, aux Tuamotu



Une carte postale d’atoll polynésien

 

Si une île de Polynésie française répond à tous les critères du « paradis polynésien », c'est bien l'atoll de Tikehau, dans l'archipel des Tuamotu.

L'aérogare de Tikehau : la porte du paradis…
Toute personne débarquant à Tikehau pour la première fois éprouve la même sensation d’intense soulagement : « Le paradis polynésien existe vraiment, et je viens d’y pénétrer ».

Que ce soit la forme ovoïde presque parfaite de son anneau corallien, la palette infinie des bleus de son lagon, le rose et blanc du sable de ses plages, l’absence de route et de voitures, la beauté de ses cocoteraies où la rareté de ses habitants, tout concourt ici à valider les écrits des premiers découvreurs de ces terres lointaines…

Tikehau, l’atoll parfait

A 340 km au nord de l’île de Tahiti et à 15 km de l’atoll de Rangiroa, dans la partie nord-ouest de l’archipel des Tuamotu, Tikehau est formé d’un anneau récifal de 75 km de circonférence.

La carte de l’atoll de Tikehau
Son lagon, l’un des plus poissonneux de Polynésie française, couvre une superficie de 461 km² et n’est accessible qu’en un seul endroit : la passe Tuheiava, à l’ouest de l’atoll.

Le plus grand des motu (îlet), celui de Haamea, se trouve dans la partie sud de l’anneau et mesure un peu moins de 5 km de long. C’est là que se trouvent le petit aéroport (inauguré en 1977) et le seul village de l’île.

En effet, si quelques-uns des 507 habitants (recensement de 2007) vivent isolés sur certains motu proches de la passe, dans leur quasi-totalité, ils sont regroupés au sein du village de Tuherahera.

La rue principale du seul village de Tikehau
Depuis le mois de juin 2001, un hôtel, le Tikehau Pearl Beach Resort, occupe l’un de ces motu magiques, créant ainsi une deuxième concentration humaine sur l’atoll. Mais cet hôtel de luxe est le seul de l’île.

Tikehau, une histoire sans histoire

Porutu Kai, ancien nom de Tikehau, est aperçu pour la première fois par le marin russe Otto von Kotzebue qui baptise l’atoll Île Krusenstern, en hommage à son compatriote l'explorateur Adam Johann von Krusenstern.

Otto von Kotzebue, le découvreur de l'atoll
C’est le 9 septembre 1839 que l’expédition Wilkes fait escale à Tikehau.

Beaucoup plus tard, en 1987, Jacques-Yves Cousteau en fit le but de l’une de ses plus grandes expéditions.

Hormis quelques conflits inter-îles, l’atoll de Tikehau est resté en dehors des grands remous de l’histoire du monde et de la Polynésie, sans doute protégé par une situation géographique à l’écart des routes de navigation et par une seule passe étroite rendant l’accès au lagon en apparence dangereux.

Tikehau, un atoll riche et particulièrement bien préservé

Malgré la présence d’un hôtel de luxe, l’économie de Tikehau repose, aujourd’hui encore, essentiellement sur la pêche et la coprah-culture.

La goélette Dory 2 sur le seul quai de Tikehau
La zone océanique qui l’entoure et le lagon de l’atoll sont connus comme étant les plus poissonneux de Polynésie française. La pêche est donc, naturellement, l’activité économique principale des habitants. Les produits de cette pêche sont conservés vivants dans des parcs à poissons à proximité de la passe et remis, toujours vivants, à la goélette (cargo mixte desservant les îles éloignées de Tahiti) lors de ses passages réguliers. Tikehau est l’un des plus gros fournisseurs de poissons frais des marchés de Tahiti.

De magnifiques cocoteraies remarquablement entretenues et en parfaite santé sont exploitées sur la plupart des motu, ce qui donne à Tikehau cette verdure frappante lors d’une arrivée en avion.

Retour de pêche à Tikehau
En dehors de l’hôtel déjà cité, il existe à Tikehau quelques pensions de familles installées sur divers motu, mais essentiellement concentrées dans le village de Tuherahera. Si le tourisme représente un apport financier important, il est encore loin de remplacer la pêche comme ressource principale.

Pourtant, le profond lagon de Tikehau (au minimum 20 m en moyenne), comme la passe Tuheiava, sont réputés être des sites de plongée parmi les plus beaux et les plus riches des Tuamotu.

Les incroyables richesses sous-marines de Tikehau

Enfin, s’il existe quelques fermes perlières, la perliculture n’est qu’une activité d’appoint à Tikehau.

Un atoll modèle dans la protection de l’environnement

Le lagon de Tikehau est l’un des plus poissonneux de Polynésie française. On peut y rencontrer des raies aigle, des bancs de barracudas et de thons, des requins marteaux et des requins gris, des dauphins, des tortues...

Cette richesse avait frappé le commandant Cousteau lors de son expédition en 1987. Depuis, l’atoll est devenu un observatoire des écosystèmes coralliens surveillé et observé par de nombreux organismes scientifiques comme l’IRD (Institut de recherche pour le développement).

Une enfance au paradis
Cette démarche de protection et d’étude de l’atoll de Tikehau et de son milieu naturel particulièrement riche est activement soutenue par la population paumotu. Par exemple, depuis 2006, un programme de conservation des tortues marines est expérimenté à Tikehau.

La protection des tortues est confiée à la population de l’île, plus précisément à un "gardien des tortues" recruté parmi les pêcheurs locaux. Financé par le ministère de l’Environnement, ce programme est mené par l’association polynésienne Te Honu Tea qui s’appuie sur l’association de protection de l’environnement Tikehau Te Ora et la mairie de Tikehau.

Séjourner à Tikehau

Si l’hôtel de luxe de l’atoll est rarement complet, il est toutefois fortement conseillé de réserver son hébergement à l’avance, tout particulièrement si l’on opte pour la solution pension de famille.


Le Pearl Beach Resort : seul hotel de Tikehau
La compagnie Air Tahiti assure plusieurs vols hebdomadaires vers l’atoll au départ de Tahiti, mais l’on peut aussi y arriver en venant de Bora Bora ou de Rangiroa.

Il est également possible d’utiliser les services de la goélette Dory 2 qui peut embarquer quelques passagers.


L’une des pensions de l’atoll
A Tikehau, ni bar, ni boite de nuit, ni club de plage pour garder vos enfants à votre place. En revanche, en choisissant la solution pension de famille, vous découvrirez un peuple charmant menant une vie rude et sans confort mais ayant conservé très vivaces les valeurs paumotu traditionnelles.

Tikehau aux Tuamotu, un atoll carte postale
Calme et sérénité seront les maîtres mots d’un séjour auquel vous aurez bien du mal à mettre un terme…

 

Un article de Julien Gué


dimanche 12 août 2012

La journée de la femme en Tunisie


Fête ou défaite ?

 

La Journée Nationale de la Femme en Tunisie, 56ème du nom, est singulièrement déterminante en cette année 2012. Célébrant l’avènement du Code du Statut Personnel, loi laïque qui consacre l’intégrité pleine et entière de la femme et l’entrée de la Tunisie dans une ère moderniste, elle semble particulièrement menacée par le gouvernement provisoire.

 

Manif de femmes en Tunisie dans les années 60

En plein ramadan, les appels à la mobilisation marquent donc les semaines qui précèdent une fête largement commémorée sous les deux  présidences précédentes et la première année de la « révolution de jasmin ».

 

Une mobilisation antisexiste

Particuliers, associations (pas moins d’une trentaine), partis démocratiques, syndicats de gauche et modérés, collectifs d’artistes s’unissent pour maintenir les acquis d’une loi passée dans les mœurs. La toile, relaie les médias censurés ou censeurs. Les pétitions de tous ordres parviennent aux instances nationales, comme aux internationales prônant les droits de l’homme.

 

« Message à toutes les femmes qui hésitent encore : Toi femme, femme émancipée, femme militante, tu te demandes s'il faut être le 13 août dans la rue ? Tu te demandes si d'autres causes ne sont pas plus importantes. Rien ne peut se construire sans la femme, sans une femme libre et égale de l'homme. Une femme "écrasée" comme le souhaitent les islamistes, équivaut à la mise en place de l'obscurantisme.

 »

Habiiba Ghribi, le symbole de la nouvelle Tunisie

 « Bien sûr faut-il que demain, toi femme, avec les hommes qui aiment leur pays, sois à l'Avenue Habib Bourguiba et pas à l'Avenue Med V. Il ne faut pas hésiter. La Tunisie a besoin de tous. Les libertés sont menacées et les femmes encore davantage. Demain tu as un devoir à accomplir : être dans la rue, être à Habib Bourguiba, celui qui t'a permis justement aujourd’hui de te poser ce genre de question ! »

 

Ainsi s’adresse un citoyen tunisien à ses compatriotes la veille de la Journée Nationale de la Femme.

 

Une culture du féminisme

Tout comme pour le politicien du 19ème siècle, Tahar Haddad, l’histoire de la Tunisie ne peut que se vivre au présent du féminisme. Les Hommes lui sont ses plus fidèles alliés. Dès 1930, il écrit dans le volume Notre femme dans la législation islamique et la société :

 

 « Le devoir nous appelle aujourd’hui plus que jamais à sortir la femme de cet obscurantisme des siècles passés et à la considérer comme membre vivant et un partenaire égal à nous dans la vie… je la vois s’avançant sur le chemin du savoir et de l’éducation… Notre salut et notre liberté sont à ce prix. »

 

La tunisienne et son combat pour l’indépendance

 L’ère de la république tunisienne s’ouvre, quatre mois après l’indépendance, sur une société égalitariste. La date du 13 août 1956 en est la promulgation par le Code du Statut Personnel : son instigateur, le président, Habib Bourguiba.

 

Si ce code n’est pas parfait, le « combattant suprême » en fait graver de son vivant le principe émancipateur sur son mausolée : « libérateur de la femme ». Et dès les premières années de son mandat, nomme-t-il des femmes au rang de ministre.

 

Continuité ou rupture ?

Le processus de l’égalité, lancé simultanément avec la décolonisation, se poursuit encore actuellement. Pour en protéger les acquis, avec l’appui du syndicat de gauche le plus efficace, l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), la société civile poursuit sa lutte d’émancipation. Car les menaces de rétrogradation sont bien présentes.

 

Les Tunisiennes se battent aussi à Paris

Ainsi l’affirme l’analyse de l'économiste Mahmoud Ben Romdhane : « Est-il nécessaire de préciser que l'UGTT représente la colonne vertébrale de la société civile, qu'il a constitué, tout au long de l'histoire du pays, un véritable repère, un défenseur des acquis du pays et une protection contre les projets manichéens ou totalitaires. Dans la transition démocratique, il pèsera probablement d'un poids très lourd et sera un point de passage obligé, incontournable ».

 

Le film de Salma Baccar Fatma 75, sorti en 1976, relate le rôle important assumé par la femme dans l’histoire du pays.


De même, ce 12 août, le Festival International de Hammamet accueille, dans le cadre de sa Semaine de la Femme Créatrice, le documentaire Militantes de Sonia Chamkhi et la pièce de théâtre Taba Taba de Khaoula El Hedef : questions  et contradictions sur la toute récente révolution.

 

La parole et l’humour 

Parmi les dernières conquêtes de la révolution, celle de la parole publique. De la laïcité à la libre pensée, les courants se révèlent sans crainte. L’écriture féminine s’était affirmée plus de trente ans avant la fin du siècle dernier. L’accueil n’en était pas toujours des plus débonnaires.


 

Willis, le chat de Nadia Khiari caricature l’autoritarisme

Elle se permet tous les créneaux de la représentation humaine. De la sculpture au trait, l’expression artistique se donne le droit à la critique : la caricature politique bat son plein avec le chat Willis.

 

 Les thèmes abordés repoussent les tabous. Dans la mesure où la sexualité devient objet de tergiversation intégriste, l’excision insinuée, la réponse ne se fait pas attendre. L’intégrité de la personne, le droit à l’enfance, la liberté du choix professionnel et conjugal refusent tout compromis.

 

Touche pas à mon intégrité !

Le scandale de l’inégalité, concrétisée par cette notion de « complémentarité », va se jouer en cette journée de la femme, à n’en pas douter.

 

Sefirates et femmes tunisiennes en colère

A la veille de cette fin de gouvernement transitoire, la justice –déclarée séculaire depuis Bourguiba-, se voit entachée de tribunaux d’ordre religieux.

 

La femme se voit insultée en haut-lieu du terme de « dévergondée » (nue-tête), dans une culture qui ne se couvre de voiles qu’à un certain âge.

 

Un honneur sans voile : la Safira, les Séfirates

Le surnom de Safira accompagne bon nombre de prénoms et se revendique comme une fierté. Certaines associations masculines en affublent leur intitulé. Des collections de photos d’art et de tableaux sur le sujet ne cessent de s’afficher, dans les galeries comme sur le net.


Voir les cinquante-six femmes actives et créatrices de l'album "Les Sefirates" de Mahmoud Chalbi. Album achevé momentanément le jour du 13 août 2012.

 

La Journée de la femme : son avenir ?

La résistance s’installe. La journée nationale de lafemme 2012 va être décisive. Soit la volonté des concernées est entendue, soit la situation risque d’être tendue.

 

Elle est l’occasion de soutenir une législation menacée de disparition et d’affirmer le refus total de la soumission de la femme par toute violence, quelle qu’elle soit.

 

Le combat pour les droits continue !

 « Les risques de régression ne concernent pas uniquement les droits de la femme puisqu’il s’agit en fait d’une remise en cause de tout un modèle de société initié en 1956 avec l’édification de la Tunisie moderne » a renchéri le doyen Sadok Belaid intervenant vendredi lors d’une rencontre organisée par le CREDIF* sur le thème « Le CSP: questions actuelles ».
« Le CREDIF œuvre à impulser le processus moderniste des droits des femmes à travers le développement d’une réflexion profonde sur les principales questions d’actualité, a expliqué Dalenda Larguech, directrice générale du Centre. »

 

Le droit d’être Femme

 « Le projet de la nouvelle constitution fait peur. Nous nous battrons pour que la Tunisie ne régresse pas », affirment ce vendredi les trois associations dont l’ATFD (Association tunisienne des femmes démocrates), la LTDH (Ligue tunisienne des droits de l’Homme) et l’AFTURD (L’Association de la femme tunisienne pour la recherche et le développement), lors d’une conférence de presse tenue du 13 août pendant laquelle la Tunisie fête  le 55ème anniversaire de la promulgation du Code de statut personnel (CSP).

 

La liberté n’est-elle ce droit d’être femme à part entière ?

 

Un article de MonaK


*CREDIF : Centre de Recherches, d’Etudes, de Documentation et d’Information sur la Femme