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vendredi 21 octobre 2011

L'archipel des Australes

Les îles oubliées de Polynésie française


Très loin dans le Pacifique Sud, éparpillées sur l'océan, les îles Australes sont presque aussi éloignées les unes des autres qu'elles le sont de Tahiti.

Archipel des Australes, une baie de Raivavae
Orientées sur un axe Nord-Ouest Sud-Est, l’archipel des Australes s’étirent sur plus de 700 kilomètres au sud de Tahiti, à cheval sur le tropique du Capricorne. S’il n’est pas le plus éloigné de la capitale polynésienne, il en est bien le plus isolé, le moins connu et le moins visité.
  
Les Îles Australes et la géographie

Composé de cinq îles hautes, d’un atoll et d’un îlot, l’archipel dans son ensemble représente à peine 140 km² de terres émergées.

Etirées comme un chapelet, les cinq îles principales des Australes sont encadrées au nord-est par les Îles Maria (Nororotu) et les îlots de Bass (Marotiri) à l’extrême sud-est. Ces deux derniers groupes étant inhabités. Cette situation géographique fait des Îlots de Bass les terres les plus sud de toute la Polynésie française.

L'archipel des Australes, le plus isolé et le plus au Sud de Polynésie
Formées de quatre îlets enfermés dans un même lagon, les Îles Maria sont le seul atoll de l’archipel. Les quatre Îlots de Bass, quant à eux, représentent ensembles une surface de terres émergées à peine supérieure à quatre hectares…

Du nord au sud, les cinq îles habitées des Australes sont : Rimatara, Rurutu, Tubuai, Raivavae et Rapa. A elles cinq, elles représentent à peine plus de 6300 habitants (recensement de 2007).

Aujourd’hui, seules Rurutu, Tubuai et Raivavae disposent d’un aéroport et il n’existe aucune liaison maritime interinsulaire. C’est une goélette (cargo mixte), et elle seule, qui approvisionne l’archipel et permet de se rendre à Rapa.

Beaucoup plus frais qu’à Tahiti, le climat tempéré de ces îles en a fait le potager de Tahiti et Moorea.

Petite histoire de l’archipel des Australes

Comparées aux autres archipels polynésiens, c’est très tardivement que les Îles Australes auraient été peuplées. Selon les sources, ce peuplement se serait fait entre le XIe et le XIVe siècle. Aucune recherche archéologique approfondie n’a cependant encore été menée permettant de répondre à cette question.

Ce que l’on sait avec quasi certitude, c’est que les premiers habitants de ces îles venaient de Tahiti.

Rapa, la moins connue des îles Australe
 C’est James Cook, encore lui, qui est le premier Européen à découvrir une île de l’archipel. Nous sommes le 13 Août 1769 et il s’agit de Rurutu qu’il baptise Oteroah. Il tente bien d’accoster en envoyant une baleinière, mais ne peut y parvenir à cause de l’hostilité des habitants.

C’est lors de son troisième et dernier voyage qu’il découvre Tubuai le 8 Août 1877. S’il n’accoste pas, les insulaires viennent à sa rencontre. Hélas, une large barrière de corail rend l’île inapte au mouillage. C’est d’ailleurs cette caractéristique qui décida les mutins de la Bounty à s’y réfugier.

Les dernières à être portées sur une carte furent les Îles Maria par l’américain Georges Washington Gardner en 1824.

L’art et la culture dans l’archipel des Australes

Les œuvres d’art produites par le peuple des Australes sont souvent considérées comme les plus remarquables que l’on ait trouvées en Polynésie. Hélas, la quasi-totalité de ces œuvres sont disséminées dans les plus grands musées occidentaux ou dans des collections privées. L’archipel a littéralement été pillé de son patrimoine dont il ne reste pratiquement plus rien sur place.

En effet, si les autochtones firent présents de nombreuses pièces aux marins de passage, certains sites ont été purement et simplement dépouillés, notamment par les missionnaires de la London Missionary Society.

Une plage de Rurutu dans l'archipel des Australe
 Ces derniers étaient particulièrement soucieux de faire disparaitre la moindre trace des anciens cultes. Ainsi, par exemple, sur les 62 marae recensés au début du XXe siècle à Raivavae, il n’en reste, encore visibles aujourd’hui, plus que 23.

La plus célèbre des œuvres volées aux Australes se trouve aujourd’hui au British Museum de Londres. Il s’agit d’une sculpture du dieu A’a découverte à Rurutu dont il existe une reproduction sur l’île.

Très célèbres aussi sont les pahu (grands tambours verticaux) qui accueillaient les navires de passage.

De très nombreux objets, de toutes sortes et d’une grande beauté, furent ainsi disséminés qui montrent une expression artistique particulièrement développée et raffinée.

Les îles Australes et l’économie

Au-delà d’une agriculture vivrière vitale pour l’ensemble des habitants de l’archipel, c’est l’agriculture qui est la principale ressource de ces îles.

Grâce à un climat beaucoup plus tempéré que le reste de la Polynésie, l’importante production maraîchère des Australes est exportée vers Tahiti, assurant l’essentiel des revenus financiers des habitants.

La pêche et l’élevage sont les activités principales des insulaires. Il est à noter que l’on trouve dans l’archipel le seul producteur de fromages de chèvres de Polynésie.

La plupart des familles consacrent une bonne partie de leur temps à un artisanat riche et très apprécié à Tahiti, tant par les Polynésiens que par les touristes. Les artisans des Australes sont particulièrement réputés pour une production de vannerie particulièrement riche et fine.

Malgré de très nombreux attraits, l’archipel des Australes est très peu fréquenté par les touristes. Deux raisons essentielles à cela : les transports et l’hébergement.

La baie des vierges à Rimatara, îles Australes
 Les liaisons aériennes sont rares, difficiles et très chères. D’autre part, aucune liaison inter-îles n’existant, il est impossible de visiter les îles de l’archipel dans un laps de temps raisonnable. Le seul moyen de le faire est d’utiliser les services de la goélette, ce qui implique d’avoir le temps, mais la plupart des visiteurs n’en disposent pas.

Si la qualité de l’accueil y est légendaire, les infrastructures hôtelières y sont pratiquement inexistantes. Les deux seules solutions sont les rares pensions de familles et l’hébergement chez l’habitant.

Si, en février 2010, les îles Australes ont été très durement frappées par le cyclone Oli, l’archipel des Australes n’en demeure pas moins l’une des destinations les plus surprenantes et les plus marquantes de Polynésie française. Il est vrai que c’est sans doute là que les habitants ont su le mieux conserver leur identité et des modes de vie bien loin de ceux qui se sont développés à Tahiti par exemple…

Quiconque a pris le temps de faire ce voyage en est revenu marqué à jamais.

Un article de Julien Gué


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