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Le nouveau roman de de Monak à lire absolument

samedi 29 novembre 2014

Tahitian Black Pearl



Polynesian lagoons' Black gold

Polynesians have discovered the pearl oyster before the arrival of Europeans. They used the shell to make weapons and ornaments.

The Chinese are the ones who invented the cultured pearl by introducing in the mantle of the oyster a lead figurine with Buddha's effigy, around which the pearl had to settle.

But the real invention of the process amounts undoubtedly to three Japanese who discovered in 1904, and simultaneously, without knowing each other, the secret of the graft.

A pearl farm in the lagoon of Mangareva at the Gambier Islands
 In 1960, a certain Jean-Marie Domard matters to Polynesia, the techniques used in Japan. In 1962, he managed to make the "nucleate" of more than five thousand oysters. Three years later, he got more than a thousand high quality pearls.

Mythology
The Polynesian mythology talks about the black pearls as light caskets. They were given by the Creator to Tāne, a divinity of Harmony and Beauty. He made out of them the stars which he sent to Rua Hatu, God of the ocean for him to lighten his domain.

Then the god 'Oro, tutelary divinity of war and peace, offered them to the women whom he coveted. At the completion of his work, he gave the pearl oyster, "Te ufi", to the humans in memory of his passage. Since then, "Te ufi" thrives in Polynesian lagoons.

This treasure, a secret of coral islands, has long been considered a royal symbol.

Birth of a pearl
A natural pearl is born when a grain of sand comes into the shell of the oyster. Then the mother-of-pearl will cover with successive layers of nacre until the intruder is completely covered, what will take years.

Oysters awaiting the transplant
Today, all the "real" pearls, sold worldwide, are cultured pearls. Pearl farming requires the following three steps: collection of spat, transplant operations, harvesting.

Spat collection
     The oyster spat is the raw material of pearl-farming. The “collectors” (plastic bands) are suspended a few feet below the surface of the lagoon. They are between 12 and 24 months under water to produce juvenile 5 to 10 cm.

Precious pearls on a typical hanging net before being plunged back into the lagoon
To achieve the graft size between 9 and 11 cm, each shell is pierced at an "ear" and attached to a 2 m cord, which constitute a string suspended as a pocket-net during 3 to 12 months.

The graft
Grafting consists in inserting a nucleus into the "pearl pocket" of an oyster (it will play the role of a grain of sand) and a graft (piece of organic tissue cut from the mantle from a donor oyster).

The essential but very painstaking gesture of the graft
       The shell is slightly open to let the transplant tools through. Once inserted into the oyster, the graft fuses with living tissues and a pearl sac develops around the nucleus: this is the starting point for the future pearl.

The transplant operation is a traumatic process. The oysters that survive and retain the nucleus are bred on rosary chains. It takes approximately 18 months to form a layer of nacre thick 0.8mm.

    For every hundred oysters grafted, only twenty-five to thirty oysters give marketable pearls.

The harvest
      Eighteen months after the transplant, it is harvest without sacrificing the oyster. If the pearl is of exceptional quality, a second grafting is performed with a nucleus of the size of the harvested pearl. Oysters can be grafted two to three times.

The beauty of a pearl depends on a large number of criteria: its shape, the state of its surface, its color, its orient, its luster, its glow. Several faults can occur: hooping, pitting, comets, blisters, no luster and pigmentation.

The Tahitian cultured pearl is known in particular for the variety of its nuances of color 

A nucleus and a beautiful Tahitian black pearl
      To ensure a quality recognized to the black pearl of Tahiti, classification rules were defined:
• the diameter: it varies from 8 to 18 mm and the nacre layer deposited around the cores should not be less than 0.8 mm;
• the average weight: It must be close to 1.6 g;
• the form: the pearls are classified into round, semi-round, semi-baroque, baroque, and circled;
• quality: it depends on the surface finish and gloss.
According to figures published by the department of pearl farming, for twenty-five marketable pearls, only five will be considered perfect.

The pearl and the economy
Pearl farming was, until there is little, one of the main resources of French Polynesia. It employed about seven thousand people divided, essentially, between the islands of the Tuamotu, Society and Gambier Islands.

Having started with less than two pounds in 1978, in 2005, production of beads reached five tons. Most of this production is exported to Asia and the United States after the Polynesian auctions in Polynesia and Hong Kong.

The iridescent  magic of the Tahitian black pearls
While Polynesia remains one of the world's leading exporters of black pearls, she must now face competition from other countries in Oceania, particularly the Cook Islands, Fiji, Marshall and Solomon. But above all to the total and chronic lack of a coherent trade policy, the result of a very particular political situation
.

See also:

An article of Julien Gué
Translated from French by Monak


Copyright Julien Gué. Ask for the author’s agreement before any reproduction of the text or the images on Internet or traditional press.


mercredi 26 novembre 2014

Abdelwahab Meddeb



Portrait d’un poète

Abdelwahab Meddeb, « le Voltaire musulman et adib oriental, c’est-à-dire lettré à la fois poète, penseur et savant dont s'enorgueillit la tradition arabe », fait partie de ces rares artistes-intellectuels qui défraient la chronique du syncrétisme en toute indépendance d’esprit.
Rare reste-t-il, parmi nombre de personnalités promues sur le devant de la scène, à se comporter avec douceur et circonspection, à s’effacer derrière les idées qu’il propose pour et avec les autres.

Oh ! Pourquoi je parle de lui au présent alors que nous sommes à la veille de l’hommage que va lui rendre l’Institut du Monde Arabe à Paris ? Peut-être parce que son chant, je veux dire ses œuvres, portées par une sensibilité indéniable font de lui une figure charismatique qui marque de ses Contre-prêches le siècle tourmenté.

Une signature interculturelle
Peut-être aussi parce que son prochain livre, Instinct Soufy, sortira fin novembre, confirme son frère Souhaib.
Peut-être parce qu’il continue à nomadiser sur les ailes de la poésie et que son avant-dernier recueil (Portrait du poète en Soufi, 2014) poursuit son voyage d’Orient en Occident, de Corée aux Caraïbes… et retourne vers Aya, l’héroïne de son second roman. 
Peut-être parce qu’il est l’image de cette quête d’un monde à ré-imaginer… d’un horizon qui ne cesse de se réinventer, d’un savoir qui respire les échappées, d’une identité mouvante sans cesse renouvelée.

... au creuset des cultures
Abdelwahab Meddeb (25 janvier 1946 – 06 novembre 2014) n’en a pas fini de chanter la fécondité de la différence, la saveur des altérités, la beauté des destins aux origines croisées. Ainsi se distingue comme lui, pour la cause majeure de rassembler les communautés, Françoise Atlan, ses mélopées mudéjares* et morisques chères à Abdelwahab…

Du poète au philosophe
Plus de vingt ans qu’Abdelwahab Meddeb jette un regard de laïc sur les « Cultures d’Islam », établit des rapports et des ponts entre les civilisations qui se méconnaissent tout en se côtoyant et prend position pour leur compréhension mutuelle et leur rapprochement.



Une attitude bien dérangeante pour les conservateurs de tous bords et les détenteurs de la pensée unique. Il assume sa liberté d’analyse, se prend même à critiquer les systèmes avec Sortir de la Malédiction (2008), les extrêmes avec La maladie de l'islam  (2002) et ose bousculer les a priori.

Un dialogue avec controverses
Engagé dans le combat pour un « islam éclairé », il connaîtra bien des détracteurs. Mais il n’est pas en peine de citer ses sources, de rétablir les visions erronées de l’histoire et d’approfondir des recherches, ses recherches, déjà fort bien étayées.

Il lui prend même l’audace de collaborer avec des auteurs divers, dont des juifs, ce qui déchaînera ses pourfendeurs. L’encyclopédie Histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours, codirigée avec Benjamin Stora, pourtant estampillée « en toute impartialité » par l’éditeur (2013), constituera un autre pavé dans la mare.

Analyste, devin ou génie ?
Mais ce n’est pas sur cet unique terrain qu’Abdelwahab Meddeb prend des risques. Ainsi s’aventure-t-il dans la chronique de l’histoire contemporaine : Le Printemps de Tunis (2011), Dégage ! Une révolution  (2012), d’autres écrits ou prises de parole encore… Et comme la Tunisie est dans le collimateur de l’actualité, ne se souviendra-ton que de ses appréciations, communiqués et recommandations sur le sujet.

Tunisie : un Printemps marchandé…
Dès les débuts de la révolution tunisienne, il dénonce la menace des partis religieux, la fragilité de ce début de démocratie, « la manière dont le référent islamique va être inscrit dans les lois fondamentales, en cours d’élaboration. ». L’Occident, la France en particulier, ne prendra pas au sérieux les termes de ce danger existentiel mis en lumière par Abdelwahab.

Révolutionnaire, il l’est. "Et le poète d’avoir une seconde fois raison, et de le clamer haut et fort, désormais : en 2007, au cours du procès intenté à «Charlie-Hebdo», en 2009, à propos du voile, en 2011 et 2012 lors du «règne» d’Ennahdha, après les assassinats de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, et pour «clore» en totale cohérence, en octobre 2014 (à la veille des adieux), à travers l’appel «JE VOTE» du 5 octobre dernier. Sincérité, lucidité, intégrité, de bout en bout : «l’islamisme est fascisme»… et fonde «une société close, régressive, archaïque, empêtrée dans la confusion de la politique et de la religion...", commente son frère Souhaib, en le citant.

Un penseur des latitudes…
Ce n’est pas nouveau pour Abdelwahab que la liberté se profile comme une valeur qui n’a pas de prix. La plus belle histoire de la liberté (2008), co-écrite avec A. Glucksmann et N. Bacharan, s’appuie sur des documents millénaires. Universitaire, féru dans les domaines de l’histoire, des cultures, des littératures d’Orient et d’Occident, enseignant, producteur-radio, auteur, fondateur de la revue Dédale, il ne manque pas d’arguments.

L’expérience de l’écriture
Quels que soient ses savoirs multiples et ses compétences en sciences humaines et linguistiques, Abdelwahab Meddeb « n’aurait jamais imaginé que le monde vivrait une telle régression », pas plus qu’il n’avait prévu de se voir confronté et d’œuvrer contre la déliquescence d’une société pourtant à la pointe du progrès dans le monde arabo-musulman.  

Déni ou cosmopolitique ?
Il avait commencé sa vie publique en tant qu’écrivain, avec toute la fougue créatrice où le poussait son talent. D’une écriture assez particulière, celle qui mêle les genres, il allie fiction et mysticisme, intrusions du réel et fantastique… Les critiques tunisiens n’ont pas été tendres avec lui, le taxant d’hermétisme.

De même le Prix François Mauriac de l’Académie française qui récompense un roman, a choisi un essai de Meddeb : La Maladie de l'Islam (2002) ; son recueil poétique Matière des oiseaux reçoit le Prix Max-Jacob (2002) ; le prix international de la francophonie Benjamin-Fondane lui échoit pour Contre-prêches (2007) ; et enfin le prix Doha pour l’ensemble de son œuvre qu’il partage avec Edouard Glissant (2010).

La poésie de Meddeb, jusqu’à son dernier recueil publié, joue avec les espaces multiples de l’imaginaire qui se mixent, s’enlacent, s’imbriquent… Elle se relance vers d’autres  plages de la sensibilité. Elle est à fleur de peau, elle paraît jaillir des dédales de la conscience.
11.
le monde est un tissu d’épiphanies
toute chose visible porte en elle
les traces de l’Invisible…

Un poète ardent…
De même ses romans ont la verve poétique des Filles du Feu de Nerval. Ils sont traversés par l’éphémère, suivent à la fois le parcours du narrateur et les rebondissements du récit. Leur univers est celui de l’étrange. Talismano (1979) nous embarque entre réel et fantasmé.

Phantasia (1986) répond à ce passeur des multiplicités : elle « se veut un creuset, un lieu de brassage et de métissage esthétique et linguistique rejoignant  le métissage racial, elle incarne une écriture voulant traduire les réalités d’une identité contemporaine multiple et polymorphe ».

Un écrivain riche de son originalité
Hermétique, l’œuvre littéraire de Meddeb ? Pas vraiment. Mais complexe car l’écrivain nous donne l’impression d’écrire devant nous au fur et à mesure que nous le lisons. Ce n’est pas banal, c’est vivant.

Il s’en explique dans Phantasia : « Penser c’est faire mémoire, reprendre-accepter-distordre. » Et de rajouter : « Notre condition est de voltiger d'une langue à l'autre au risque du vertige ». Il nous fait donc tourner la tête et les sens.

Et je laisse à Natacha Polony le soin de l’ultime hommage.

Fadhel Jaziri, une amitié indéfectible
« Il est des voix qui, lorsqu'elles s'éteignent, emportent bien plus que la chaleur d'un être, son histoire et ses liens innombrables. Il est des voix qui emportent avec elles la lumière qu'elles avaient fait naître, celle de l'espérance. Abdelwahab Meddeb n'est pas seulement la voix qui, sur les ondes de France Culture, dans son  émission « Cultures d'Islam », faisait entendre depuis des années avec la méticulosité précieuse de l'érudit et la fougue émue du passionné la richesse de la civilisation arabo-musulmane. Il était celui qui, à travers ses textes, ses tribunes, ses interventions, ébranlait inlassablement les certitudes de ceux qui veulent confondre, pour le revendiquer ou le dénoncer, l'islam et l'islamisme. »

Un article de  Monak

*Mudéjar : Se dit d'un art d'influence islamique, parfois combiné avec le gothique, qui s'est maintenu ou développé à partir du XIIIe s. dans les provinces reconquises par les chrétiens (Castille, Andalousie et Aragon).

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