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dimanche 30 janvier 2022

19 ème FIFO en lice



Le Cinéma océanien piaffe !

 

            En ce matin ensoleillé du 25 janvier 2022, après une semaine en alertes rouges et autres, les Membres officiels de l’AFIFO – Association organisatrice du FIFO – nous livrent le Programme du festival devant un parterre clairsemé. Crise sanitaire oblige, les invités sont rares au Petit Théâtre de la Maison de Culture Te Fare Tauhiti Nui.

 

Faisant suite à la conférence de presse du 9 déc. 2021 qui lance la 19ème session du Festival International du Film documentaire Océanien, c’est dans une ambiance feutrée où le cadre de scène s’habille d’arcades bleutées, projetées par une découpe que nous parviennent reconductions et innovations. D’une part, l’équipe du FIFO, de l’autre les partenaires piliers de l’événement : Te Fare Tauhiti Nui et Polynésie la 1ère

 

L’AFIFO dans ses œuvres

Miriama Bono, Présidente de l’AFIFO, Mareva Leu, déléguée générale, Marie Kops, coordinatrice du programme professionnel, démontrent d’une main de maître leur détermination à s’adapter au mieux aux circonstances et à valoriser un événement-phare dans le monde de la culture du Pacifique. Privilégiant de nouvelles perspectives malgré les aléas de la 5ème vague du covid.

 

 

Les bonnes nouvelles

Reconnaissons à l’équipe du FIFO, son souci de la diffusion de la Culture pour tous et partout. S’il faut déplorer du côté des politiques le mépris quand il ne s’agit pas d’abus de pouvoir, privant une partie de la population de l’accès aux lieux de culture, notamment les restrictions concernant les réfractaires à la vaccination, notons que l’AFIFO réagit intelligemment : en maintenant l’accessibilité tous azimuts et en augmentant la diffusion numérique aux publics d’Outre-Mer…

Ainsi, l’accès gratuit aux sections Off, « Fenêtre-sur-Courts » et à la « 12ème Nuit de la Fiction » viendra certainement promouvoir l’engouement des amateurs pour le cinéma made in Oceania.

 

Les partenaires au taquet

De même, l’aménagement des modalités Scolaires en présentiel ne peut que favoriser l’importance d’une appropriation culturelle et susciter la nécessaire curiosité intellectuelle des plus jeunes. Une nouvelle section « Projections spéciales », parfois suivies d’une rencontre avec les réalisatrice ou productrice, mêlent la thématique « Du livre à l’écran » (Cousins) et le « Film d’impact » (#387). .

 

Les nouvelles mitigées

Les rencontres « Inside the Doc » se partagent entre présentiel sous le paepae a Hiro et entretiens en ligne. Les Ateliers publics se réduisent à « écriture de scénario » et « Reportage TV ». Les « Master Classes professionnelles » ne cessent de se multiplier en présentiel comme en numérique. Entre tendances actuelles – podcast, film d’auteur, film d’impact – le documentaire s’ouvre des perspectives insoupçonnées au-delà de la crise. De nouvelles stratégies et des plateformes de production se mettent en place pour pallier le déficit.

 

Photo de famille sans masque

Deux des membres du jury, l’australienne Hollie Fifer et la néo-zélandaise Kathryn Graham ne pourront rejoindre le Village FIFO pour cause de fermeture sanitaire des frontières aériennes. Dommage pour nous qui n’auront pas la joie de les découvrir dans leur rôle primordial.

Palpitez, Pitchez votre « projet de scénario » concernant la master classe « Du livre à l’écran », la nouvelle trouvaille FIFO en collaboration avec le Salon du Livre 2021.

 

Des Nouvelles qui ne fâchent plus ?

Même si certains peuvent se réjouir que « la jauge sanitaire des espaces soit atteinte à 100% avec les contrôles à l’entrée du site », nous l’avons un peu mauvaise.

Musardez à Te Fare Tauhiti Nui entre les banderoles qui s’agitent sous le vent, parmi les partenaires et les sponsors de plus en plus nombreux du Festival.

Découvrez la bande annonce du FIFO 2022 et autres annonces sur la page facebook officielle des teasers du FIFO.

Les redites qui fâchent

Redécouvrez avec l’hymne du FIFO, annonce Tepiu Bambridge, sous la casquette impromptue de la journaliste et présentatrice de Polynésie la 1ère (avant de regagner son mutisme de membre du jury du 19ème FIFO), informez-vous en direct sur les moments forts du Festival, grâce à Polynésie la 1ère radio.

 

Sous le banian désert

Jouez la carte de l’immersion documentaire océanienne, sur place ou chez vous. C’est bientôt, dans quelques jours : du 5 au13 février. Et bon FIFO 2022 !

 

Un article de  Monak

 

Tous droits réservés aux auteurs. Toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs requiert leur autorisation.

 

Le droit à l’intégrité LGBTI en Polynésie


Te fare te Anuanua

 

            Te Fare Anuanua, le Centre Arc-en-Ciel LGBTI de Polynésie inaugure son local à Papeete ce 22 janvier 2022. Face au chevet de la Cathédrale, il existe, enfin, un lieu d’écoute, de réunion, d’information, d’entraide et d’assistance. Soyons lucides, les droits de l’homme sont loin d’être respectés – sur la terre comme au ciel, ajouterai-je, hélas ! – en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre : maltraitances, violences et ségrégations professionnelles ou sociales victimisent jeunes et adultes

 

Plus communément connue sous l’appellation Cousins Cousines de Tahiti, l’Association créée en mars 2007 rassemble toute diversité de genre : car il s’agit pour elle de promouvoir l’égalité individuelle pour tous, selon la norme légale et de traiter de toute forme discriminatoire. Notons qu’ici comme souvent ailleurs la communauté LGBT a mauvaise presse dans l’opinion publique. Grâce à la reconnaissance étatique, à son soutien, elle a enfin pignon sur rue.

 

Expliquer, comprendre : tout un programme

Comme pour tout autre territoire de par le vaste monde, la société polynésienne se trouve confrontée à l’émergence de l’identité de genre, à sa légimité, à sa protection juridique et, à l’inverse, à sa discrimination. La notion n’est pas nouvelle : elle date du 19ème siècle où scientifiques et juristes se penchent sur la question. Ce n’est qu’à la moitié du 20ème siècle que la dimension humaine – biologique, psychique et éthique – sera totalement perçue.

 

Même la catégorie traditionnellement ancrée dans la culture tahitienne, attestée par les légendes depuis la nuit des temps, – les hommes efféminés ou māhū – ne sont pas plus épargnés par les mentalités comme dans la cellule familiale. Eux aussi se font agresser.

Nombre cris de détresse se font entendre sur le téléphone de l’Association, nombre appels… trop de situations dramatiques,  d’agressions, de traques haineuses… insensées, aberrantes !

 

Un Refuge !

La différence inquiète ; pire, elle terrifie. Dans la pratique, elle exacerbe. Objet de déni, elle engendre toute une série de comportements malveillants et castrateurs. Chacun se targuant de mettre bon ordre à ce qui est réprouvé expéditivement par une soi-disant morale, surannée tout de même !

Inutile de décrire les maltraitances que peuvent subir tout Polynésien, fille ou garçon, en matière de rejet, d’abus ou de violence. Au collège, même si manquent totalement les statistiques, nombreux sont les adolescents dont le parcours est connu des copains et du corps enseignant et dont les signalements restent lettre morte : véritables esclaves sexuels ou domestiques au sein des familles, ils subissent les pires opprobres en raison de leur orientation identitaire.

 

Fugues, châtiments, représailles sont le lot quotidien de jeunes qui ne savent plus où se faire entendre, s’ils ne sombrent pas dans la dépression ou le suicide.

 

Petit local pour grands espoirs

Bien que les différentes catégories soient répertoriées et normées du point de vue juridique, les parents s’attribuent le droit de jeter à la rue leur progéniture, pour des convictions religieuses ou par simple ignorance – interrompant leur scolarité – sans que les jeunes puissent demander protection auprès des services sociaux.

D’autre part le harcèlement « genré » ne touche pas que les mineurs, il sévit aussi dans le milieu professionnel.

Le tout étant soigneusement occulté : soit pour des prétextes moraux, perçus comme des tabous, soit par excès de pudeur.

 

Question de culpabilité ?

Les questions-tabous – celles que ne peuvent poser les enfants à leurs parents, celles que refuse d’entendre une bonne partie des adultes – génèrent chez les « personnes différentes » un complexe de culpabilité. Durant l’enfance, qui ne se sent pas en conjonction avec son corps de naissance ou avec une orientation sexuelle conformiste se sent rejeté, sans pouvoir même l’exprimer.

« Dans notre société du non-dit, ce dont on ne parle pas est perçu comme mauvais. Et si le désir devient discriminatoire, la souffrance est d’autant plus forte qu’elle n’est pas expliquée »

 

Face à l’inaction des instances éducatives ou des pouvoirs sociaux, à l’abstention ou la non-intervention des témoins de scènes d’agression physique ou verbale en groupe se légitime l’existence d’une telle association : elle est d’abord espace de parole. Ensuite espace d’éducation. Enfin, espace de protection. Destinée aux jeunes comme aux adultes qui s’interrogent, l’association remporte le Prix 2019 pour le projet : « Le livre pour l’égalité et éduquer contre l’homophobie »

 

L’identité à part entière

Les cas de suicides pour « différence » étant pléthore en Polynésie, ainsi que les agressions discriminatoires, il est donc temps que la société polynésienne prenne en charge l’éducation des parents, l’information des éducateurs, la protection de chacun, quelle que soit son identité.

D’ici là, l’heure est à l’urgence. à signaler fort heureusement la prise de conscience et le sens de la responsabilité collective quand la récente 14ème Conférence des Femmes du Pacifique (avril 2021) soulève « l’égalité de genre ». Il ne faut donc pas désespérer !

Maltraitances LGBT font parfois l’objet de plaintes. Ce qui n’est pas toujours le cas et pose d’énormes problèmes aux mineurs du fait de la confusion entre autorité parentale et omnipotence. En principe, le préposé qui reçoit la plainte « doit » être un référent LGBT (dixit la loi depuis 2018 !).

 

Stop méfiance !

Ils sont différents, on s’en méfie ! Homophobie, transphobie : aversion pure et simple qui se traduit par du mépris ou de l’hostilité. C’est aussi un délit ! Et là, il semble que chacun s’en arrange sans aucun remords.

 

Santé physique, santé mentale ! il semble que le statut du genre soit à l’ordre du jour de la formation des professionnels de santé : « Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) remet ce jour son rapport - Prendre en compte le sexe et le genre pour mieux soigner : un enjeu de santé publique - au ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier VERAN et à la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, Élisabeth MORENO. » (le 15 déc.2020)

 

Face au refus, au rejet, au déni, une éducation préventive serait la bienvenue au sein des établissements scolaires, car il en va de l’avenir de nos enfants. « Dehors, jetés à la porte, déscolarisés, SDF : c’est ce qu’on offre à ceux que l’on a procréés ? »

 

Des livres pour le dire …

Ainsi, L’association, grâce à sa récente visibilité en plein cœur du Centre Ville de Papeete, se dote-t-elle d’ouvrages consultables sur place et qui puissent faire aussi l’objet de débats publics organisés. Des conseils, des questionnements : comment vivre sa différence dans un monde qui vous renie. Le droit à l’intégrité pour tous.

En ce jour d’inauguration du local, des parents se présentent déjà pour s’informer de la situation de leur enfant : un couple homosexuel vient chercher de la documentation pour garantir à leur enfant une forme de quiétude face au harcèlement qui pourrait lui advenir à l’école comme dans le voisinage. Rien n’est simple. Mieux vaut prévenir.

Les procédures de changement d’identité, les dépôts de plainte, les hébergements d’urgence, ce sera un autre jour – sauf impératif – l’heure est à la prise de contact. 

 

La Raeraephobie tue…

L’Association, actuellement présidée par Teriihauroa Karel Luciani, adopte ce principe de tolérance qui devrait être représentatif de la diversité de notre société : chaque genre ayant son siège au bureau, Shelby Hunter y représente les Trans.

 

Tout comme le paréo, vêtement unisexe – qui serait marque d’égalité – depuis des siècles dans la société traditionnelle polynésienne, souhaitons que cette sagesse ancestrale vestimentaire puisse prendre tout son sens symbolique et culturel et soit réappropriée par tous.

 

Un article de  Monak

 

Tous droits réservés à Monak. Demandez l’autorisation de l’auteure avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.

 

 

https://www.radio1.pf/un-espace-associatif-dedie-aux-lgbtqi-pour-plus-de-visibilite/

http://assocousinscousinestahiti.blogspot.com/2010/

sur le genre :  https://journals.openedition.org/revdh/755

https://www.facebook.com/cousinscousinestahiti