Les merveilleuses baleines à bosse
de Polynésie française
Chaque année, de juin à novembre, les baleines à bosse viennent séjourner depuis toujours dans les eaux polynésiennes, devenues un sanctuaire.
Il fait beau sur
Tahiti ce matin. Un vent d’Est vif et frais soulève une houle courte mais
violente sur le Pacifique. Cependant pas de quoi nous empêcher d’embarquer avec
Michel Fayadat pour quelques heures de pur bonheur à
la rencontre des baleines à bosse…
La rencontre avec les cétacés est un moment unique d’intense émotion que rien ne saurait vraiment décrire.
Aujourd’hui, nous avons le bonheur de contempler les ébats d’une mère et de son petit, accompagnés (chose très rare) d’un mâle en quête d’une compagne. Un peu plus tard, nous croisons la route d’une autre baleine accompagnée de son rejeton…
Un instant d'une émotion intense et unique entre Tahiti et Moorea |
Les baleines à bosse en Polynésie
Chaque année, depuis des temps immémoriaux, les baleines à bosse viennent se réfugier dans les eaux polynésiennes afin d’y mettre leur petit au monde, loin de la nuit glaciale des eaux antarctiques.
Ainsi, de juin à
novembre, il est possible de contempler ces fabuleux mammifères tout près des
barrières de corail. Si l’archipel
des Marquises est le seul à être délaissé par les baleines, il est possible
de les rencontrer dans les quatre autres. Toutefois, curieusement, la zone la
plus fréquentée par les cétacés est celle qui entoure les îles sœurs de Tahiti
et Moorea, soit celle qui est la plus habitée et où circulent le plus
d’embarcations de toutes sortes.
La baleine à
bosse est un animal qui ne change pas facilement ses habitudes. Ainsi, chaque
année, elle revient dans ces mêmes eaux où elle est née pour y mettre au monde
son petit et lui permettre de grandir et grossir avant de retourner se nourrir
à proximité de l’Antarctique. Et lui-même reviendra inlassablement au même
endroit, chaque année, durant toute sa longue vie de baleine.
Une baleine et son baleineau entre Tahiti et Moorea |
On estime
actuellement à un millier le nombre de baleines ayant élu la Polynésie
française comme lieu de villégiature.
Les raisons de la migration des baleines à bosse
Si la baleine à bosse vit essentiellement dans les eaux glaciales de l’océan Austral, c’est qu’elle y trouve sa nourriture : le krill.
Le krill (euphasia superba) est une petite crevette des eaux froides qui constitue l’essentiel de l’alimentation de nos baleines. Pour la petite histoire, il faut savoir que pour grossir d’un kilo, notre cétacé doit avaler cent kilos de sa crevette préférée !
Lorsque la zone antarctique entre dans sa longue période d’obscurité, la densité de krill diminue considérablement et la baleine n’y trouve plus de quoi satisfaire son appétit.
Le minuscule krill, aliment de base des baleines à bosse |
Dès lors, elle
rejoint les eaux plus chaudes du Pacifique Sud où sa dépense énergétique est
beaucoup moins importante.
Elle profite du voyage pour donner naissance au petit qu’elle porte durant une longue gestation de onze mois et demi et, lorsqu’il est temps pour elle de le faire, d’en concevoir un autre…
Durant les quatre ou cinq mois que dure son séjour dans les eaux chaudes, la baleine à bosse ne se nourrit pratiquement plus.
Protéger les baleines : un immense défi
Ce n’est que le 13 mai 2002 que l’assemblée de Polynésie a voté un texte faisant des eaux polynésiennes un sanctuaire pour les baleines à bosse et autres mammifères marins.
Ce point essentiel du « Code de l’environnement en Polynésie française » (art. A 121-3), s’il faut d’évidence le saluer, s’avère, hélas, bien difficile à faire respecter.
Territoire français comprenant cent dix huit îles, la Polynésie française représente la plus vaste zone maritime exclusive de la région. Si la surveillance du territoire fait partie des compétences régaliennes de l’état français, il s’agit là d’une tâche impossible à remplir par manque de volonté politique, et donc des moyens nécessaires pour la mener à bien.
La Polynésie restera-t-elle un sanctuaire pour les baleines ?... |
Outre les problèmes de pollution tout aussi préoccupants en Polynésie qu’ailleurs, et peut-être même plus compte tenu de la fragilité des écosystèmes insulaires, l’autre grande menace qui pèse sur les baleines à bosse est l’intérêt qu’elles suscitent, tant auprès des populations locales que des touristes. Ces derniers payant parfois très cher le droit d’approcher de près les cétacés.
Les activités d’approche des baleines et autres mammifères marins sont, elles aussi, très réglementées (Art. A 121-35 à 121-43 du code de l’environnement). Hélas, bien des gens ne respectent en rien ces règles pourtant de simple bon sens, à commencer par un certain nombre de ceux qui louent leurs services et leurs bateaux pour emmener curieux et touristes contempler les baleines.
Combien de temps encore pourront nous les contempler ainsi ?... |
Est-ce seulement
par manque de moyens que les forces de l’ordre ne sont jamais présentes pour
faire respecter ces règles pourtant souvent de simple bons sens ? Cette absence
de moyens ne cache-t-elle pas une cruelle absence de volonté et de courage
politique ?
La question est bel et bien posée, et l’avenir des baleines à bosse en dépend.
Mes plus
chaleureux remerciements à Michel
Fayadat (Easy
boat) pour sa gentillesse, sa compétence et son respectueux amour des
baleines à bosse. http://fr-fr.facebook.com/pages/Papeete-French-Polynesia/Easy-Boat-Tahiti/190594665826?ref=ts
Un article de Julien Gué
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