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Le nouveau roman de de Monak à lire absolument

jeudi 18 février 2021

18èFIFO suite & fin

 

Suite et fin

 

          Le 18ème FIFO 100% numérique terminé, reste à se demander si la formule particulièrement performante au niveau de la communication immédiate ne présenterait pas le danger de cantonner la culture à  une pratique exclusivement distancielle ?

 

           Évidemment, les circonstances de la pandémie, considérées par tous comme exceptionnelles, nous mettent devant le fait accompli d’une fermeture des lieux de culture ! Ce qui pousse les plateformes numériques à accroître leurs performances. Le résultat est là : nous avons bénéficié d’un accès accru à la culture et pour le FIFO de la diffusion et de la visibilité de l’événement en un simple click… et dans un fauteuil. Ce qui représente par ailleurs des contraintes financières.

 

 La magie sonore ?

            Sauf que la situation dure maintenant depuis un an et que personne ne sait quand va s’achever la crise sanitaire. Sauf que nous devons nous contenter de n’être que de simples voyeurs passifs et qu’un colloque, une table ronde, un atelier se dynamisent avec la participation effective du public. Bon d’accord, nous pouvons être reliés par téléphone au plateau comme dans Cross wires.

           Sauf que et enfin, si le numérique nous a permis de déguster les films du FIFO sur le mode intime… les écouteurs dans les oreilles, et d’entrer à plein dans la magie sonore - je pense à la composition électronique de Fabien Bourlier dans Eden Tribal -, l’expérience nous parque dans notre individualisme.

 

 Redéfinir la culture ?

            En fait, nous n’avons pas mis beaucoup de temps pour nous adapter au nouveau fonctionnement digital : juste un click ! et nous avons pu aménager notre propre planning de réception. Mais la culture peut-elle se suffire à l’unique consommation tout comme pour les musées et expositions en ligne ?  

         Addictes à nos écrans, la formation en ligne, on connaît, même que les Masters Culture se développent à vitesse grand V. Vrai que dénommer "festival 100% numérique" plutôt que "festival sans public", la frustration est moins grande ! Tu parles !

Comme des ombres

           Sauf que l’idée d’un festival étant de partager ses idées, pour qu’elles fusent, se renouvellent et explosent, le festival en ligne demeure une aberration. Sauf que les réalisateurs de documentaires restent à l’affût du public et que leurs œuvres, comme les nouvelles tendances, elles ne surgissent que de la confrontation avec le public : et pas sur les plateaux animant des salles vides ou dans les laboratoires du virtuel. 

 

La sélection : des critères ?

         La production des films documentaires étant ralentie, sinon quasiment stoppée comment vont se définir les critères de sélection pour la prochaine édition du FIFO ?

       Va tout de même falloir me dire pourquoi aucun des films sélectionnés toutes catégories au 18èFIFO ne traitent des mesures contraignantes de confinement édictées mondialement ? Aucun documentariste ne s’y serait aventuré ? Le sujet brûlant du démantèlement insidieux de nos sociétés ne concernerait personne ?

Eh oui ! rebondir...

            Les reportages qui circulent sur la toile seraient-ils par trop virulents ? Se seraient-ils sabordés qualitativement par manque de distance ? Manque de temps ? Pourtant chaque date butoir d’inscription se solde par un casse-tête. Serait-ce par censure ou autocensure : ne pas déranger l’ordre établi ? Le 1er confinement (mars 2020), pourtant moins drastique dans certaines régions a déclenché des rituels d’exception.

 

La connectivité, enfin !

        Nous n’avons plus qu’à souhaiter ou proposer que le 19ème FIFO soit 50/50 présentiel et distanciel : de façon à multiplier les voies d’accès et à nous en laisser le choix ponctuel. Qu’il fasse fructifier les avantages du numérique :  à la fois pour que nous puissions accéder librement aux connexions et nous permettre de participer aux moments forts, comme les débats.

            Mais surtout, qu’il réhabilite la dimension humaine ! Que la résistance culturelle s’organise pour que nous ne soyons encore contraints de nous contenter des miettes que le politique nous jette en pâture. Bien sûr, nous avons évité la neige pour les uns, les trombes d’eau sous les tropiques, en nous calfeutrant bien au chaud derrière nos écrans !

Dans une autre vie

         Hypothèses bien vaines si les prises de conscience des organisateurs ne sont pas validées, entérinées et soutenus par les professionnels et les spectateurs.

           À moins que, justement, cette propension de toutes les catégories du 18ème FIFO à philosopher sur la mort… sur l’enfermement comme refuge, sur la survie post-traumatique à la promiscuité intrafamiliale dont l’inceste… n’ait été qu’une préfiguration à la mort de la culture !

            La connectivité humaine, que diantre !

Un article de  Monak

 

                  Tous droits réservés aux auteurs. Demandez leur l’autorisation avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.

 

en Compétition 18èFIFO

L'écriture de tous les destins

 

       Langage, communication ! Le cinéma a son langage : celui de l’image ; l’alphabet de ces signes ou de ces sens audiovisuels. Une écriture que capture la caméra et que restitue l’écran.  De quoi parle-t-on dans les films en compétition du 18ème FIFO ?

 

        Depuis sa création (2004) le FIFO a pressenti le rôle que pouvait jouer le film documentaire océanien : espace d’expression, vitrine d’exposition, il est aussi une tribune. Mais il ne s’en contente pas. Sa fonction ? conscientiser et engager le spectateur et le monde sur les réalités et les problèmes qui incombent, déséquilibrent et noyautent nos sociétés.

          Les évidences, la réalité océanienne, elles sont forcément identitaires. Qui mieux que soi pour parler de soi ! Que s’opère ce renversement du regard de l’Autre : passer enfin à l’ère de la culture qui éradique définitivement la doctrine de l’assimilation (qui se trouve loin d’être égalitaire !), comme la notion de civilisation dans les territoires anciennement ou encore colonisés.


                                    L’écriture de la Terre

Les pages d’histoire du 18èFIFO, rétrospectives ou contemporaines, avèrent parfois très crûment que « l’assimilation, ça signifie l’aliénation, le refus de soi-même », dixit Césaire que j’approuve. Rappelons : Eden Tribal (NK), Roch Pidjot, le souffle de la dignité (NK), The skin of others (AUS), et dans les Films hors compétition :  4 Nov 2018 – Le temps de l’identité (NK), Gambier, le crépuscule des idoles (PF), La route des Arts et enfin Tahiti, l’invention du Paradis (FR).

 

écrire au FIFO

Ou en d’autres termes : Quelle culture ? Citons à nouveau Aimé Césaire, puisque le FIFAC a ouvert cette 18ème session : « à tort ou à raison, j’ai toujours pensé que l’arme pour nous - on n’y croyait pas suffisamment -, c’est la culture. On opposait alors civilisation à sauvagerie.

Mais les ethnologues et l’expérience nous ont appris qu’il y a la culture. Je définis la culture ainsi : c’est tout ce que les hommes ont imaginé pour façonner le monde, pour s’accommoder du monde et pour le rendre digne de l’homme. »

                                                    L’identité culturelle n'est pas vénale

Et pour conclure : « Il faut relire le Discours sur le colonialisme [6] — nous sommes en 1955 — et sa dénonciation de la société occidentale, européenne et américaine, son ethnocentrisme, son idéologie « chrétienne » mystifiante, son « humanisme formel et froid » dans lesquels, dit Césaire, « la perte de l’Europe elle-même est inscrite » si elle n’y prend garde. » (Albert Gauvin)

        Ce qui présuppose une coopération évidente entre bailleurs de fond et réalisateurs qui peut s’avérer contradictoire : quand les demandes de subventions à la création soulèvent l’épineux dilemme de ne pas heurter la politique de l’état bailleur. À condition de ne pas se trouver en butte à la censure. Tel est le dilemme auquel se trouve confronté le film d’impact !

 

                                                  Makatea : les blessures de la terre

Il est des tatouages qui blessent : la terre s’en souvient et peine à cicatriser ses injures : Makatea,terre convoitée ne peut en boucher tous les trous. Il est des pages que l’histoire n’aurait pas voulu tourner : soit qu’elle n’a pas fini de s’accomplir comme pour Roch Pidjot, le souffle de la dignité ; soit qu’elle s’inscrive autrement Loimata, Shot Bro.

 

écrire ou réécrire l'histoire

Il est des pages que l’histoire a souillées : et la honte résonne encore sur les générations sacrifiées. The skin of Others. Qui sont “ces autres” que la pudeur ne peut nommer. « cet autre soi-même, devenu étranger à soi». Ces autres humains auxquels ne sont accordées que des droits civiques tronqués.

          Comment l’histoire a-t-elle pu autoriser de telles abjections ? confiner les autochtones comme des animaux dans des concessions, les occulter comme le dénonce Roch Pidjot en 1945 ! à l’ère technologique, de la thermodynamique, des recherches spatiales, de tant de progrès…

 

                                                                " Deux couleurs, un seul peuple " 

          Comment a-t-on osé s’appuyer sur la théorie aberrante de l’infériorité des ethnies locales, du code de l’indigénat qui reproduit de fait le système de l’esclavage antique : où des privilégiés exploitent le travail d’esclaves qui n’ont pour tout salaire que l’aléa de survivre à la fosse aux lions des arènes officielles !

          Roch Pidjot assume, à la tête de l’UICALO (Union des Indigènes Calédoniens Amis de la Liberté dans l’Ordre) puis député (1964 à 86), malgré la surdité et les humiliations de la métropole, un rôle d’intégrité  en vue de la réappropriation d’un patrimoine en partie confisqué : dont le festival Mélanésie 2000 (en 1975) pourrait en être le symbole.

 

l'écriture de la vie 

Il est des parcours de vie que le suicide stoppe  brutalement. Jess Feast, la réalisatrice des fééries aquatiques de Mana Moana3, amorce Shot Bro (NZ) par une noyade sur fond d’incantations. Prenant le relais du one-man show de Rob Makaraka, elle nous alerte sur ce fléau qui ravage massivement les pays d’Océanie. Un taux impressionnant qui touche la minorité māori de Nouvelle-Zélande. La Polynésie française n’est pas épargnée.

Étonnant, - ce qui en fait sa force poignante -, le documentaire s’appuie sur deux fils conducteurs : il suit la tournée théâtrale de l’acteur, son investissement, la charge émotionnelle qui s’en dégage, les ressorts qui créent le contact direct ; d’autre part, il va investiguer les déclencheurs du suicide, les traumatismes refoulés, à travers le témoignage de Rob Makaraka, mais aussi dans les rencontres avec les publics vulnérables auxquels son spectacle est destiné : groupes de parole, Associations de prévention, centres de détention. 

 

                                                                  Le combat pour la vie   

            C’est que Rob Makaraka, survivant d’une tentative qui a défrayé la chronique en 2009, tente avec son spectacle de provoquer un dialogue interactif, de reconnecter, d’écouter ceux que le silence enferme dans la spirale du suicide. « Drôle, sombre, réaliste » sa pièce ; sincère, il se livre. Le retour est chaleureux.

 

l'écriture de soi

Il est des pages vierges où s’accomplir résonne à l’écho des voix de la communauté. Où l’espace de le faire est si proche qu’il vous entoure. Gerard Elmore vous convie à en découvrir le rituel avec Ka Huaka’i : The Journey to Merrie Monarch. C’est aussi l’histoire de la restructuration de la Troupe qui vous est contée, celle d’un idéal.

Limité à Hawaï, pour qu’il garde son authenticité, le hula ancien, marque de la troupe, varie selon la lignée familiale : ici, la transmission est féminine. Gestuelle, pas, déhanchement, chants et interprétation rigoureusement codés racontent une histoire destinée à informer, passer un message ou s’entretenir avec les dieux. Seuls pahu et pūʻili les cadencent. Disparu sous la pression religieuse, illégal même, il revient en force à partir de 1874. Monarch ? car il est dédié au roi qui le réinstaura.

 

                                                                Un voyage transcendantal

        Que cherchent Tatie Launa et les danseurs aguerris ? au-delà de la technique, le dépassement, une fusion mystique, un voyage transcendantal.

         De plus en plus impacté et impactant, le film documentaire océanien soulève de plus en plus de problèmes de fond. Son propos se durcit et ménage de moins en moins d’instances. Belle évolution que ce 18èFIFO ! 

 

Un article de  Monak

 

          Tous droits réservés aux auteurs. Demandez-leur l’autorisation avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.

 

À voir absolument : Shot Bro  https://storybox.co.nz/project/shot-bro/

 

 

mardi 16 février 2021

Plein cœur 18ème FIFO


En  arts et en lumière


 

        9 Films "en compétition" pour le 18ème FIFO.  Sourire amusé pour ces chiffres qui jonglent entre eux, un peu coincé pour ceux qui depuis le 6 février 21 attendent le verdict du 12 : les réalisateurs.

 

          À balayer l’ensemble de ces 9 longs-métrages documentaires, se relève un panel représentatif des pays de la sphère océanienne participant à cette édition exclusivement numérique du festival : avec, par ordre de figuration La Nouvelle Zélande (3) avec une incursion vers Samoa, l’Australie (2), la Nouvelle Calédonie (2), Hawaï (1) et la Polynésie française (1).

 

                                 au coeur de la composition 

           Parmi les “grosses pointures” du 18eFIFO, un trio indéniable de réalisatrices(teurs) se distingue pour la profondeur même du propos. La trame filmique doublée d’une mise en abyme  est sous-tendue par une allégorie qui la structure : les équipiers du waka pour Loimata, le double (l’incrust), l’ombre dansante pour Freeman, le roc fondateur ou meurtrier pour The skin of others.

 

          De fait, la catégorie "en Compétition" du 18ème FIFO, nous révèle des documentaristes-créateurs qui alliant audace et brio, pour relater le fait social, l’essence et l’interprétation symbolique d’arts voisins : la voile, la chorégraphie, le travail d’acteur. Ce qui  montre la qualité et l’inépuisable talent des réalisateurs.

 

Mon coup de coeur

Mon coup de cœur se nomme The Skin of Others (Australie) ou comment aller au bout d’un rêve. Dr Tom Murray, réalisateur, ne pouvait mettre au panier le projet de porter à l’écran, l’enfant du Bush à la famille massacrée (#1887 ) - Douglas Grant - , sous les traits de  Balang T.E. Lewis, l’acteur aborigène qui devait en incarner le rôle.  Le réalisateur, au décès de Balang (2018) en plein tournage, conçoit une mise en écho des deux destins, distants d’un demi siècle, mais si semblables dans cette Australie de l’apartheid non déclaré.

 

                          la mise en abyme d'un double drame

énorme travail de restructuration, le film prévu initialement, prend la forme d’une mise en abyme, en axant sur les rushs précieux où l’acteur devenait le guide de la mémoire aborigène du Bush et inversement sur le plateau se pliait aux directives de Tom Murray pour rendre plus réalistes l’accent écossais de Doug Grant ou l’interprétation de ballades à la cornemuse…

« Un nègre écossais » : lance Doug Grant en écosse, bercail de sa famille d’adoption, après avoir été libéré et décoré de la Grande Guerre où il avait été capturé à Bullecourt (1917), prisonnier en Allemagne où il avait été relativement mieux traité : ça passe ou ça craque !  à l’époque des zoos humains de l’Occident colonial.

 

Un pont sur Sydney

   Ce n’est pas le seul pont que lance le réalisateur au cours de son film, tout comme Doug, qui, de retour (19), ne cesse d’invectiver le gouvernement (jusqu’en 29) par des articles militants en faveur de la reconnaissance des Autochtones et qui lui valent quelques ennuis : « L’Australie est aborigène de naissance, les Australiens par adoption… Après 150 ans, le gouvernement peut certainement voir s’éclaircir la voie à suivre pour émanciper les aborigènes australiens »

Le relais ne cesse de passer de Doug à Balang, des lectures des poètes du Bush à la rencontre d’Henry Lawson (1867-1922), de la faille à la fêlure. Brisé, muet, il sombre dans l’alcool et la dépression.

 

                                         La photo de famille... évanouie

Du pont de Sydney à la maquette édifiée par Doug au-dessus du bassin de l'hôpital psychiatrique - où il était patient -, et consacrée "à la fierté de ceux qui ont fait le grand sacrifice", les voies de la biculture...

Du "chant of Jimmie Blacksmith" à la réplique de Balang "Blanc de cœur et noir de peau": "The Ballad of the Bridge Builders", co-écrite par Dr Murray et David Bridie, élue "meilleure musique originale composée pour l'écran" au 2020 APRA Screen Music Awards.

 De l’empreinte de pied datant de l’âge de pierre que refuse le musée à Doug à celle de Balang…

 

Vogue va'a

Merci à Moana'ura Tehei'ura pour un "Inside the doc : Loimata, The sweetest Tears" absolument époustouflant d’acuité et d’analyse précieuse.

S’il est un moment, une atmosphère, une perception vécue dans notre quotidien et que la réalisatrice a su faire passer à l’écran, c’est cette « connectivité enracinée dans la culture des îles océaniennes, ce , (ce non-vide qui unit les êtres et les éléments) », (pour reprendre les termes de l’interview avec Anna Marbrook*).

 

                                               La connectivité

Toute la différence avec le rationalisme à l’occidentale et notre destinée qui nous fait naviguer dans ce va’a ou waka (pirogue océanienne) de la vie.

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Un article de  Monak

 

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dimanche 14 février 2021

Les"Hors-Compétition" du 18ème FIFO

Un  panaché

 

            La section "hors-compétition" du 18ème FIFO est assez complexe. S’y côtoient manifestes artistiques, idéaux de vie ou revanches sur le handicap, rétrospectives historiques et paris sur l’avenir, legs ancestraux de bien-être et… l’éloquente démystification du paradis tahitien !


Tout repose sur cette coïncidence entre Comité de sélection et film proposé par candidature . Rien ne semble fixé au préalable. L’esprit de la section résulte de l’amalgame qui en ressort. Ce qui attise la curiosité mais n’est pas forcément apprécié pleinement par les participants : surtout quand les films peuvent traiter de sujets trop voisins.

L'identité calédonienne impossible  ?

De la variété découle le succès, précisément de ce festival 100% numérique. Les statistiques, en pleine pandémie annoncent un chiffre supérieur de 5000 spectateurs au score de 2018 : soit 35000, juste après la diffusion du palmarès. Reste le week-end pour entériner ce scoop et que la plateforme numérique polynésienne puisse marquer des points. Ne rêvons pas cependant, vu les déconnexions coutumières inter-archipels. Quant au reste du monde cinéphile, peut-être mieux équipé et surpris par l’aubaine, je lui souhaite le réflexe du click pour découvrir les prolongations.

L’unité de la section "Hors-compétition"présente, s’il faut en trouver une tiendrait peut-être dans cet écho entre fresque historique et analyse des phénomènes, fondements ancestraux et regains actuels.

 

Du collectif ...

Pour en finir donc avec les utopies, citons  : 04 novembre 2018 – le temps de l’identité* (NK) de Maxime Le Braz, autopsie du referendum de Nouvelle-Calédonie. Il ne fait qu’entériner l’illusion d’une identité commune et le clivage loyalistes/indépendantistes. Le cas d’un état dont 40% de la population originelle se trouve soumis aux lois d’une minorité inégalitariste. Le soutien financier étatique ne peut en aucun cas acheter les habitants. Le code indigène  est périmé depuis 1946 !

        Pour tahiti, l’invention du paradis (FR) le réalisateur François Reinhardt  vide de sa chair avec véhémence le « lieu fantasmé de toutes les libertés, dont la France — pré-révolutionnaire — était alors privée. Un « mythe » qui semble résister à tout. »(1768). Pas de langue de bois  pour décrier cette escroquerie insultante et scandaleuse : « L’argent et les essais nucléaires sont venus souiller une société déjà largement acculturée par une longue présence coloniale et religieuse. »

 Tahiti lavée de l'imposture

Renouerait-on avec le mythe des grands découvreurs, des expéditions purement scientifiques et dont les visées n’auraient pas visé de conquêtes ? Lionel Boisseau en dévoile les intentions et les codes dans explorateurs russes en polynésie, l’histoire inconnue* (FR). Avec illustrateurs, poètes chroniqueurs, journaux de bord et instructions du tsar, une saga riche mais totalement abolie des mémoires.

À l’inverse, gambier, le crépuscule des idoles* d’Antoine Laguerre (PF) où la christianisation commencerait par une prédiction pour s’achever sur le démantèlement de toute trace religieuse traditionnelle dans l’archipel : quelques rares trophées de tikis rescapés des autodafés trônent au Vatican ! En passant, petit clin d’œil au livre de Nietzsche qui, lui, se contente de se casser les idées sans être le prédécesseur de ce genre de pratique (« ou comment philosopher avec un marteau » 1888).

Une note à peine plus sereine et moins amère pour clore cette sous-section. éric Beauducel, nous entrouve les voies du caillou (NC) : elles sont impénétrables, et l’avenir sombre. Exactement 4 ans après nickel, le trésor des kanak, grand prix du jury 14ème FIFO (présidé par Luc Jacquet) où elles étaient pavées de bonnes intentions !   

... au  particulier 

        …en conséquence, on aurait failli prendre : la route des arts – regards sur les objets polynésiens avec Frédéric Bouquet-Grili (FR) mais encore faut-il s’entendre sur les notions venues d’ailleurs et revendues ailleurs. Entre « arts primitifs » et « Tikis, Tapa, Tatouages » et autres objets cultuels ou  utilitaires : cherchez l’erreur...

     La voie de la guérison n’est pas plus simple dans le contexte tongan. Avec son approche ethnographique de the healer and the psychiatrist (RU), Mike Poltorak nous initiant en narrateur ponctuel, nous guide vers  cette compréhension du « rôle fondamentalement thérapeutique des éléments affectifs, non verbaux et sensoriels dans les rituels de guérison »

 Un architectea australien atypique

     Avec richard leplastrier – framing the view (AUS), un portrait ciselé et un concept architectural personnalisé, signés Anna Cater pour une étude étalée sur 15 ans. Sa spécialité le bois, son objectif un habitat adapté au vécu (personnalisé), fonctionnel, en symbiose avec la nature, ”sa clé, cadrer la vue” : un vrai créateur.

rebondir (NK), pour Florence d’Arthuys, c’est un challenge pour dépasser la mutilation et faire avec. Un moyen de se découvrir autre et de puiser en soi le courage de positiver son handicap.

Le Hors-compétition n’est pas le parent mal-aimé du FIFO. Il peut recevoir le Prix du public. « Il faut avoir une musique en soi pour faire danser le monde » (Niezstche).

 

 

Un article de  Monak  

 

Tous droits réservés. Demandez l’autorisation de l’auteur avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.

 

 

* https://outremers360.com/politique/web-doc-nouvelle-caledonie-4-novembre-2018-le-temps-de-lidentite

* https://lesfilmsdupacifique-tahiti.com/project/doc-crepuscule-idoles

* https://outremers360.com/fil-info-appli/documentaire-explorateurs-russes-en-polynesie-lhistoire-inconnue