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Le nouveau roman de de Monak à lire absolument

mercredi 21 décembre 2011

Les bûchers de Faaite… épilogue


La fin du cauchemar


A la fin du deuxième volet du témoignage de Monette Tetavahi, six personnes sont déjà mortes sur les bûchers de Faaite, il faut encore de longues heures avant que la gendarmerie ne sauve Monette et trois autres femmes.

Le livre de Bruno Fouchereau
Vers deux heures du matin, dans la nuit du 3 au 4 septembre 1987, Monette Tetavahi, de l’intérieur de son fare, entend les hurlements de Cyrenia Teata sur le bûcher, devant l’église de Faaite…

Elle est effrayée mais ne peut le montrer : elle doit rassurer ses quatre enfants terrorisés. Et son mari n’est pas là : il fait partie du groupe des illuminés

En attendant le matin du 4 septembre 1987


« (…) J’étais dans la maison avec mes enfants qui pleuraient. J’avais peur. Je ne savais pas comment faire pour les rassurer. J’entendais Cyrenia Teata qui hurlait parce qu’elle souffrait dans le feu, Un jeune la regardait en lui criant "Demande pardon à la vierge ! Demande pardon à Marie !"(…)

Douloureusement, Monette se souvient...
Je me demandais où était mon mari et ce qu’il faisait. Je savais qu’il était allé chercher tout le bois pour les feux. Que c’est lui qui avait amené ceux qu’on avait brûlés, et lui aussi qui avait aidé à construire les bûchers (…).

Comment il avait pu changer comme ça ? Il ne m’avait jamais battue, il n’avait même jamais crié sur moi. Et là, les rares moments où je le voyais, il était dur avec moi. Il ne faisait que me crier après pour que je prie encore, pour que je cesse de lui dire d’arrêter tout ça. Il m’a même frappée. Je n’ai presque pas dormi cette nuit là (…).

L’espoir déçu du passage de la goélette


Le matin, quand les gens ont commencé à se réveiller, ils ont vu l’horreur qui s’était passée pendant la nuit, mais ils n’ont pas compris. Ils avaient peur. Tout le monde avait peur. Alors il y en a qui ont voulu appeler les secours de la gendarmerie, et c’est seulement là qu’ils ont vu que la CB était cassée.

Heureusement, on savait que cette semaine là la goélette devait venir, alors certains sont allés au récif pour surveiller. Ce sont des enfants qui l’on entendue les premiers. Ils ont crié et on a fait des signes, mais ça n’a servi à rien.

Quelques notes de Monette à mon intention
Après on a su : les gens du bateau avaient seulement vu un énorme nuage de fumée noire, ils avaient essayé de nous contacter avec la CB et, comme nous ne répondions pas, ils ont averti les gendarmes en prévenant Mahina Radio (le poste centralisant tous les appels radio des bateaux dans la zone Polynésie française).

Ils voulaient entrer dans le lagon pour savoir ce qui se passait, mais ils ont dit qu’il y avait tellement de fumée qu’ils ne voyaient même pas la passe. Nous, on ne savait pas s’ils nous avaient vus. On a seulement entendu le bateau s’éloigner (…).

Le supplice de Monette Tetavahi


J’étais enfermée à la maison avec les enfants. J’avais peur. J’entendais les gens crier dehors, mais je n’osais pas sortir (…).

Après, ils sont venus nous chercher. On était quatre femmes, les quatre épouses des meurtriers. Ils nous ont emmenées sur la place, nous ont attachées et ils nous ont mises chacune au milieu d’une pile de pneus de Case (engins de chantier) pour qu’on ne puisse pas partir. Et là, ils nous ont arrosées d’essence.

Moi, ils m’avaient attachée avec mes quatre enfants serrés sur mon ventre. Ils étaient là, sur mon ventre et arrosés d’essence, comme moi. Tous les cinq ensemble.

C’est mon mari qui est venu nous chercher. C’est lui qui nous a attachés et qui nous a mis là. Il était très en colère et il disait que c’était de ma faute parce que je ne voulais pas adorer la Vierge Marie dans mes prières. Je ne reconnaissais pas mon époux (…).

Le mémorial à l'emplacement du bûcher de Faaite
Nous sommes restés comme ça presque deux heures, moi, mes enfants et les trois autres femmes, pleins d’essence et en plein soleil.

Juste quand ils allaient nous brûler, on a entendu l’hélicoptère (…).

Les miraculés des « Bûchers de Faaite »


L’hélicoptère, on l’a entendu longtemps avant qu’il atterrisse. Il ne pouvait pas se poser dans le village : il est allé de l’autre côté du motu (…).

De ce moment là, ils ne se sont plus occupés de nous. Il y en a un qui est allé chercher le Case. Il a commencé à creuser un grand trou juste en face de nous, de l’autre côté de la place. Les autres ont fait le tour pour récupérer les corps des six qui étaient morts, ils les ont mis dans le trou et ils ont remis la terre par-dessus (…).

C’est seulement là que les gendarmes sont arrivés sur la place de l’église, qu’ils les ont attrapés et puis emmenés. Et c’est après seulement qu’ils nous ont délivrés (…).

Plus tard, il y a un juge, ou je ne sais pas ce qu’il était, qui est venu me voir et qui m’a dit: « Il faudra avoir le courage de dire la vérité, même si c’est votre mari ». Mais jamais personne ne m’a interrogée.

La nouvelle église Sainte Marie-Madeleine de Faaite
Pourtant j’étais tout le temps là, mais on ne m’a jamais rien demandé. Ni les gendarmes pendant qu’ils faisaient l’enquête à Faaite, ni après pour le procès : ils ne m’ont pas demandé de venir parler au tribunal. Pourtant moi je voulais parler, dire ce que j’avais vécu.

Jusqu’à aujourd’hui, j’ai toujours voulu dire parce qu’il y a des choses fausses qui ont été racontées, et les vraies coupables on ne leur a rien demandé, et ça ce n’est pas juste.

Aujourd’hui, je vis heureuse ici, mais j’ai besoin de raconter tout ça pour que les gens connaissent la vérité sur ce qui s’est passé à Faaite.

Moi j’ai failli mourir là-bas."

Remerciements à Monette Tetavahi pour sa confiance et sa sincérité. Mais aussi pour avoir eu le courage de se replonger dans l’horreur de ses souvenirs afin que le plus grand nombre sache ce qui s’est passé à Faaite en ce mois de septembre 1987.



Un article de Julien Gué



mardi 20 décembre 2011

Météo du théâtre

Il ne neige plus aux Tuamotu


Le samedi 17 décembre 2011 au soir, dans la salle comble du Petit Théâtre de Te Fare Tauhiti Nui à Papeete, les derniers flocons de neige sont tombés pour le plus grand bonheur des deux cents enfants présents, des nourrissons aux mataiapo…

De gauche à droite l'auteure, le metteur en scène et la chorégraphe
Il était une fois…

une auteure polynésienne nommée Ra'i Chaze qui rêvait d'offrir un vrai rêve de Noël à sa petite fille. Elle écrivit donc une histoire paumotu dans la plus pure tradition des contes pour enfant. Puis elle jeta son dévolu sur un metteur en scène et lui confia la lourde responsabilité de donner vie à cette histoire faite pour être lue.



Est-ce l'esprit de Noël qui tire toutes les ficelles ?

S'ensuivirent toute une série de rencontres magiques avec des acteurs, des musiciens, une chorégraphe et ses danseuses… et ne voilà-t-il pas que, quelques mois plus tard, il neigeait vraiment sur un atoll inventé des Tuamotu !

Alors vint la neige…

Il serait bien trop long et fastidieux de nommer ici tous ceux, et ils sont nombreux, qui nous ont permis d'aller au bout de cette aventure. Depuis celui qui, en amenant un camion de sable, nous permit de transformer la scène en une plage de sable blanc à celui qui, au sortir du théâtre, offrit un jus de fruit à tous les enfants ayant assisté au spectacle... Ceux qui bénévolement fabriquèrent les nombreux costumes, décors et accessoires, ceux qui simplement donnèrent de leur temps et de leur énergie... Bref : tous ceux qui nous supportèrent (dans tous les sens du terme !) du début à la fin du voyage.



Lorsque la marâtre fait son entrée en scène...

Il était indispensable de leur rendre hommage à tous car, sans eux, ce spectacle n'aurait jamais vu le jour.

Et surtout nous n'aurions pas rencontré ce public qui, grâce au bouche à oreille, a fini par nous faire jouer à guichets fermés, refusant du monde chaque soir...



...et quand sa fille se montre un tantinet susceptible !

Ensemble nous avons ri, pleuré, rêvé... Nous avons chanté et dansé, portés par une formation musicale exceptionnelle et la voix d'une chanteuse hors norme.

Ensemble nous avons partagé des instants d'une intensité inimaginable dans les minutes qui ont précédé chaque représentation. Ensemble nous nous sommes donnés sans compter sur scène, et ensemble nous avons été récompensés par la chaleur de ce public magique.



Une nuit de Noël, l'esprit mutin décide de changer le cours des choses...

Certes, ils sont nombreux les Polynésiens déçus et frustrés de n'avoir pu participer à cette fête. Soit parce qu'ils vivent sur des îles bien trop éloignées de Tahiti, soit parce qu'il n'y avait plus un fauteuil de disponible. Mais tous ceux-là auront, grâce à la chaîne de télévision locale Tahiti Nui Télévision, la possibilité de découvrir l'intégralité du spectacle lors de sa diffusion sur la chaîne le soir de Noël, le 24 décembre 2011 !

Un peu plus tard, au début de l'année 2012, un DVD de la pièce avec des bonus de toutes sortes sera disponible à la vente. Mais c'est là une autre histoire.

Je vais maintenant vous quitter en vous souhaitant les plus belles de toutes les fêtes de fin d'année dont vous puissiez rêver. Puissent-elles vous donner le même sourire et la même joie qu'aux enfants que vous allez découvrir dans la courte vidéo qui suit...



Je vous jure que c'est vrai : Il a neigé aux Tuamotu !...




Un article de Julien Gué





vendredi 16 décembre 2011

Dans les journaux du matin


J'aime qu'ils disent du bien de moi !


Il y a longtemps que la presse polynésienne s'intéressait à d'autres que moi et, ma foi, je n'en dormais pas plus mal !

Tu dis que c'est déjà tout plein ?
Cependant, j'avoue humblement que cette avalanche de compliments et gentillesses ne m'est pas vraiment déplaisante. Après tout, un article comme celui-là pour accompagner le petit café du matin, cela ne peut pas faire de mal !

Donc, l'info du jour, c'est le long article de Faustine Bernard dans "La Dépêche de Tahiti" : Julien Gué, l’histoire d’un homme qui raconte des histoires

La dépêche de Tahiti du 16/12/2011
Mais hier, c'étaient "Les Nouvelles de Tahiti" qui consacraient une page entière aux musiciens du spectacle, à la conteuse et à la chanteuse. Que du bonheur quoi !

Les Nouvelles de Tahiti du 14/12/2011
Quelle promo quand on joue déjà quasiment à guichets fermés !

Heureusement que, pour tous les autres, il y aura la diffusion sur Tahiti Nui Télévision le 24 décembre 2011 et, en début d'année 2012, le DVD du spectacle avec plein de bonus !


Un article de Julien Gué



mercredi 14 décembre 2011

Le théâtre est en deuil


Roland Dubillard est parti


La nouvelle vient tout juste d'être annoncée à la radio. Le plus que célèbre auteur dramatique Roland Dubillard a baissé le rideau pour la dernière fois aujourd'hui. Il avait 88 ans.

Comment parler de cet homme plus que discret qui laisse derrière lui une œuvre considérable ?

Roland Dubillard en 2008
Afin de ne pas me lancer dans une litanie de titres tous aussi évocateurs les uns que les autres, je ne citerai que "La maison d'Os", "Les diablogues" ou encore "Naïves hirondelles"…

Quel acteur français, amateur ou professionnel, n'a jamais joué Dubillard ?

A un humour absurde et décapant, cet écrivain hors normes alliait une langue merveilleuse avec laquelle il jouait sans cesse, la torturant à l'extrême pour en extraire la "substantifique moelle".

Pour l'avoir lu intégralement, l'avoir joué et mis en scène un nombre incalculable de fois, je ne pouvais le regarder partir sans lui faire un petit signe de la main.

Dans l'instant, il y a cette réplique de "La maison d'Os" qui me chatouille l'esprit :
"(…) Et ça, c'est du solide ?
-                 Non. Mais je surveille…"

Sans doute sa vigilance a-t-elle été distraite par un trait d'humour, laissant ainsi à la camarde le loisir de lui jouer un tour à sa façon…

           
Un article de Julien Gué



mardi 13 décembre 2011

Les bûchers de Faaite, suite...


Le massacre des innocents

                                Voici comment notre interlocutrice raconte ce qu'il advint d'elle après le départ des « sorcières » de l'atoll de Faaite.

Le livre écrit par Bruno Saura
Dans notre premier article consacré au témoignage de Monette Tetavahi, nous l’avons laissée seule avec ses quatre enfants au sein de la communauté de Faaite.

Une communauté très perturbée par les deux semaines écoulées et par le discours religieux des trois missionnaires du Renouveau charismatique.

Alors qu’un groupe de jeunes hommes (dont le mari de Monette) est parti raccompagner les trois femmes à Fakarava, première étape de leur retour sur Tahiti, une ambiance étrange et lourde s’est installée sur le petit atoll des Tuamotu.

Rien n’a transpiré de ce qui a pu se dire entre les trois « sorcières » et les jeunes gens. Mais au retour de ces derniers à Faaite, plus rien ne sera jamais pareil sur l’atoll.

Le témoignage de Monette reprend au moment de ce retour.

De l’exaltation religieuse à la violence

(…) « Tu sais, j’ai vraiment été heureuse à Faaite.

J’étais complètement acceptée et j’ai appris beaucoup de choses là-bas. Et puis, j’aimais tellement mon mari.

C’est pour ça que j’en veux tellement à ces trois femmes. Ce sont elles qui ont tout détruit. Mais on ne peut rien leur reprocher, c’est ce qu’ont dit les gendarmes, Monseigneur Coppenrath et les juges puisqu’elles n’étaient pas là (...).

Combien de fois ai-je vu cette souffrance dans les yeux de Monette
Quand les jeunes sont revenus de Fakarava avec mon mari, je ne les ai pas reconnus. Même mon mari avait changé. Je lui ai dit : 'Tu te rends compte ? Tu viens juste de revenir et n’as même pas embrassé tes enfants. Comment ça se fait ? Qu’est-ce qui s’est passé ? (…)

Pourquoi ils ont changé comme ça ? Pourquoi ils sont devenus violents ? Moi je ne sais pas (…).

En tout cas, tout de suite, ils ont recommencé avec les prières charismatiques en disant qu’elles allaient nous guérir de toutes les maladies et nous purifier. Ils venaient dans toutes les maisons voir si on était bien à genoux en train de prier. S’ils n’étaient pas contents, alors ils battaient les gens. Mon époux aussi venait vérifier si on faisait bien nos prières. Ils allaient partout, même dans les fare (maisons), avec leurs lances. Ils menaçaient de nous tuer avec si on ne priait pas et il fallait baisser les yeux pour leur parler (…).

C’est à ce moment qu’ils sont allés à la mairie pour détruire la VHF (radio de haute fréquence de marine). Comme ça, on ne pouvait plus parler avec personne en dehors de l’île. Tu sais, là bas, il n’y avait pas de téléphone à cette époque.

Le premier Bûcher de Faaite

Alors le maire adjoint, Iaone Harrys, est allé les voir sur le quai pour leur dire qu’il fallait arrêter tout ça, attendre le retour du père Nicolas Jakimovicz et lui demander son avis sur ce qu’il fallait faire. Les six jeunes et Léonard (mon mari) n’étaient pas d’accord, alors ils l’ont attrapé…

Ici, un long silence pendant lequel Monette tente d’arrêter ses larmes

Moi, j’étais dans la chapelle en train de passer le balai. J’ai vu un des jeunes venir avec un bidon d’essence. J’ai pensé que le bateau allait ressortir. Mais non… J’ai demandé à Iaone : "Qu’est ce qui se passe ?" Mais il ne m’a pas répondu. Et moi je suis rentrée dans mon fare, juste en face. Et juste à ce moment j’ai entendu un grand boum ! Je me suis retournée et j’ai vu le feu.

Le plan des lieux réalisé pour moi par Monette 
On m’a dit après qu’il avait été attaché et tué avant d’être brûlé, mais moi je n’ai pas vu ça : j’avais juste le dos tourné. Je ne l’ai pas entendu crier non plus (…).

Je suis revenue sur la place pour voir. La peur m’a prise.

Ce n’était pas possible : je venais juste de lui parler et il y avait seulement des flammes maintenant. Dès qu’ils m’ont vue, les jeunes sont venus vers moi avec leurs lances et ils m’ont dit : "Allez, tu rentres. Ne reste pas là ! (…)".

Les sacrifiés du 3 septembre

Le jeudi matin, ils ont attaché Katetika (le catéchiste) Tautu Tokoragi à un poteau juste devant ma maison. Il criait parce qu’il brûlait au soleil. Moi, j’étais enfermée dans la maison avec les enfants. Ils ont fait ça seulement parce qu’il a osé dire que ce n’était pas bien ce qui se passait là. Et puis, ils sont venus le chercher et ils l’ont brûlé juste devant ma maison. Mais je ne sais pas s’il était vivant ou non quand ils l’ont fait brûler (...).

Juste après, ils ont ramené Cyrenia Teata (la sœur du maire) au même endroit et ils l’on brûlée aussi,  vivante.  C’est  son  propre  fils, Tavita  Tapi, qui  l’a  jetée dans  le feu.  Pour  la « purifier », il a dit (…) !

L’après-midi, c’est Huatea Ragivaru qu’ils ont sacrifié, mais là je n’ai pas vu : je m’occupais de mes enfants qui pleuraient et qui avaient peur et qui demandaient pourquoi leur père était devenu méchant. J’ai seulement vu quand ils l’ont traîné avec le camion attaché par une corde autour du cou (…).

Monette m'expliquant, croquis à l'appui, ce qui s'est passé à Faaite
Plus tard, ils ont pris Pai Huri et ils l’ont brûlé devant l’église, comme l’adjoint au maire, sous les yeux de sa femme. Ils l’ont sacrifié parce qu’il était en colère après eux et qu’il voulait les faire arrêter. Je ne pouvais pas bien voir car c’était devant l’église, un peu plus loin de chez moi (…).

La dernière victime des Bûchers de Faaite

C’est au milieu de la nuit, vers deux heures du matin, qu’ils ont brûlé Simone Teata, la femme de Pai. J’ai vu : c’est son propre frère, William, qui l’a mise dans le bûcher allumé.

Elle, elle était vraiment vivante. Je l’ai entendue crier. Très fort et très longtemps… »


Un article de Julien Gué

Liens :
http://www.grands-reporters.com/Les-possedes-de-Faaite.html



lundi 12 décembre 2011

Fichage ou Sécurité ?

Les Droits de l’Homme dérangent !


« Fiché ou protégé ? » : Telle est la question que se pose le citoyen face aux nouvelles méthodes et techniques de sécurisation, celle que soulève la ligue des droits de l’homme.

Vigilance ou sécurité ?
            Et pour commencer, vérifions la légitimité de la Ligue, nommée in extenso, « ligue des droits de l’homme et du citoyen » ; l’intitulé, n’exhale-t-il pas déjà un relent d’idéal républicain ? Une conception valorisante de la Constitution : à la fois philosophique et universelle ?    

            La ldh figure, depuis sa création en 1898,  au fronton des  associations fondées dans et indépendamment d’un Etat, pour défendre non des intérêts politiques mais les droits essentiels que sont : la  justice, les libertés, l’impartialité des statuts économiques et sociaux de chacun, sans xénophobie, sans exclusion et sans ségrégation.

Raison d’Etat et nécessité
       
Curieusement !?! Par nécessité surtout ! Dans l’urgence de la nécessité de survivre, de continuer à vivre tout simplement ! La ldh  est née en s’opposant à la raison d’Etat !  En moins de deux siècles et en dépit de la simple intégrité des citoyens, la France a connu deux périodes où l’Etat a brillé dans l’exécution de ses procédés discriminatoires : l’affaire Dreyfus et le Régime de Vichy en sont les manifestations les plus spectaculaires.

Pour autant, pouvait-on estimer que le citoyen était protégé contre toute loi scélérate avec le Conseil Constitutionnel ? Pas si sûr. Nul n’est à l’abri. Depuis 2004, il est impératif de se prémunir (protéger) contre certaines instances dites de protection et « de confort sécuritaire ».

Croiser le fer ou le forger ?


l’association contre les dérives sécuritaires, ne voit le jour que ces dernières années, en juin 2010, pour lutter contre les abus. Une urgence trop souvent démontrée…

…Pour pallier la non-application de la loi ? L’image de soi, l’enregistrement par caméra de surveillance est soi-disant astreint à un laps de temps n’excédant pas trois semaines. Et pourtant les images ne sont pas effacées. Elles sont emmagasinées, dieu sait où ! Parallèlement tout citoyen a droit à l’accès, au visionnage, au gommage de ces ressources visuelles !
 Nombre municipalités utilisant des caméras de surveillance ne s’y conforment, ni ne s’y soumettent. Qui quérir pour faire respecter la loi, dans ces cas multiples ?

Contre toute discrimination citoyenne La Halde, elle aussi, s’est vue réduite et dépourvue de ses compétences.  La  ldh ? En principe, ce rôle lui revient !

Et pourtant, elle gêne !

Un pouvoir dérangé…

             Dérangé, le pouvoir ! Et dans les deux sens du terme. Il l’est face aux organismes qui le remettent en question. Il l’est, par son inconscience face à la loi qu’il ne respecte pas ; il multiplie les réactions les plus contradictoires -voire le succulent et improbable « respect du droit des tiers-, aux différents échelons de sa hiérarchie !

… du flou à la transparence ! L’Etat ne joue pas franc jeu !

              Certains de ses représentants, élus dans cette province -sinistrée économiquement depuis les années 60 et véritablement désolée et désolante, car elle constitue un incontestable mouroir à l’entreprise et aux initiatives besogneuses- ne sont pas en manque de prises de paroles arrogantes, agressives et qui cherchent à avilir ou discréditer l’interlocuteur.

               Une collection impressionnante de données privées se répandent et circulent sur les fichiers informatiques. Sans cesse accrues dans tous les domaines d’activités des concernés : opinion, origines, déplacements, personnes fréquentées, engagements politiques, vaccinations, maladies contagieuses, semblants d’évaluations psychiques ou diplômantes. Le tout aboutit bien entendu dans les dédales du Ministère de l’Intérieur.

              Jusqu’aux données concernant les enfants, et qui restent inconnues des parents.  Les fichiers suivent les élèves depuis le début de leur scolarité, tentant d’établir des critères de délinquance et de risques de déviances. Le logiciel Base élèves, est contesté depuis sa généralisation en 2007.

Chasse à l’homme ?

              Les risques « rappellent le goulag, la société de Big Brother (1984),  ou du Meilleur des Mondes » n’hésite pas à faire remarquer le public présent dans cette « Salle d’armes ( !) » de la Mairie de Gérardmer. N’oublions pas que l’œuvre de fiction d’Aldous Huxley est parue en 1932 et1984 de George Orwell en 1949 !!!!  Mais la réalité semble déjà les dépasser ! En horreurs et erreurs judiciaires
              
…Qui s’attaque aux bénévoles de la Ligue
          
           Le conférencier, Jean-Claude Vitran -autant représentatif que le fut Zola-, responsable et tâcheron depuis plusieurs années au sein du groupe de travail  «Liberté et Technologie de l’Information» (LDH) est soupçonné d’incompétence, sous le prétexte fallacieux de la caution des experts, lancé comme une insulte.
         
            Pourtant la tâche ne manque pas avec les différents fichiers de contrôle du citoyen, mis en place depuis Pompidou. L’article du Monde, «Safari ou la chasse aux Français» paru en 1974, fit reculer le président de l’époque. Mais, en gros, il fut bien le seul à se rétracter.

             La Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (cnil 1978) -autorité administrative indépendante à l’origine-, ne fait qu’être rognée depuis 2004 et ne se borne plus qu'à un rôle consultatif (!). Première-née dans le monde, elle est rapidement passée à la traîne des autorités indépendantes garantissant l’existence même du citoyen.

« Salle d’Armes » pour Ligue des Droits de l’Homme

             En l’absence de garde-fou, le présumé innocent devient « coupable potentiel » ; dans une situation de crise économique où le chômage s’est multiplié par 10 (de 500 000/1974 à 5 millions/2011) la précarisation galopante entretient un tissu de peur individuelle, d’isolement ; les moyens de « surveillance » s’accroissant, développent un climat de dangerosité.

Le curseur des libertés s’affole  

                Le « curseur de Liberté » s’affole en France. Il ne fait que pointer sa rétractation depuis quarante ans. Trois systèmes de fichage participent de cette décroissance : les fichiers de police, les fichiers administratifs, et les fichiers marchands.
              
               Conçus à l’origine pour faciliter les repérages, ils s’avèrent rapidement susceptibles de catégoriser les individus ou les groupes. L’atteinte à la vie privée et aux libertés individuelles n’a cessé d’augmenter depuis 1971, date de la naissance du microprocesseur.

                Victimes et témoins y figurent au même titre que les contrevenants. Les données génétiques sont passées de 1500 à 2 millions de noms (toutes catégories confondues). Les archivages visuels ne cessent de se multiplier, mais les 684 caméras de surveillance de Nice n’ont pas éradiqué les exactions. « Elles ne peuvent en rien les contrecarrer. C’est le rôle des humains, pas des machines enregistreuses. Elles sont inefficaces sur le plan de la protection.»

La vidéosurveillance : un cadeau empoisonné ? 
Une démocratie anormalement exsangue

                Et qui l’aurait vampirisée ? Les lois et commissions abusives qui fonctionnent comme outil de l’exécutif, mais aussi le marché juteux qui se développe autour des nouvelles technologies.
« Les verrous protecteurs sont déverrouillés »                                                                                              . « Il faut réaménager la ville, sa conception, ainsi que le tissu associatif »                                                 . « Le déterminisme est incompatible avec la démocratie », dit Jean-Claude Vitran.
Il semble que ce ne soit pas l’avis d’un certain président.

Un article de MonaK




samedi 10 décembre 2011

Au théâtre ce soir


Quand la neige réchauffe les coeurs


Voilà déjà quelques temps que nous vous parlons de notre dernier né, le spectacle "Il a neigé aux tuamotu".

Il reste encore quelques places, mais pas beaucoup...
Après l'article de Monak (qui avait participé activement aux premières séances de travail en août dernier), les premières réactions de la presse polynésienne et quelques photos, nous vous offrons aujourd'hui une séquence vidéo de plus de quatre minutes !

Une scène entière du spectacle, la seule où tout les protagonistes sont sur scène sauf un : Tiaki, le père de l'héroïne, disparu en mer.

Le himene rua'u : l'un des moments les plus émouvants du spectacle. Paroles et musiques sont de Libor Prokop. Un fantastique travail puisqu'il a réussi, en quelques séances de travail seulement, à faire interpréter par toute la troupe du spectacle un chant techniquement particulièrement compliqué.

Et bien sûr la merveilleuse chorégraphie de Mateata Le Gayic et ses danseuses : Naiki Barrier, Poerava Levy, Tapuata Lenoir et Rohotu Fong.

J'espère que vous nous pardonnerez la qualité médiocre de ces images (et surtout du son), mais séquence a été filmée (par votre serviteur) lors de la représentation du  8 décembre 2011 au Petit Théâtre de la Maison de la Culture de Papeete depuis la cabine de régie avec un appareil photo numérique. Ce qui explique en grande partie la mauvaise qualité des images et du son.



Un autre cadeau : l'interview de Raipoe Adams, notre Kipakipa, par Richard Allouch et publiée par "Les Nouvelles de Tahiti" cette semaine.

Les nouvelles de Tahiti du 8 décembre 2011
Ce qui est certain, c'est que le plaisir des acteurs à être sur scène est vraiment partagé par le public...

Tout est bien qui finit bien au pays des contes...



Un article de Julien Gué