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dimanche 28 octobre 2012

Tahiti et la guerre de 14 / 18


Papeete bombardée par la marine allemande

 

Le 22 septembre 1914, Papeete subit le feu de navires allemands "Scharnhorst" et "Gneisenau". Tahiti est sauvée par le capitaine Destremau.

Le samedi 1er août 1914, tandis qu'il fait grand jour en France où l’on annonce la mobilisation générale, à Tahiti, c’est la nuit. On danse sur le Montcalm, croiseur-amiral français de la division d'Extrême-Orient en escale ici.

La canonnière la Zélée au large de Tahiti

Le seul autre navire militaire français présent en Polynésie est la vieille canonnière Zélée, commandée par le capitaine Destremau.

A l’époque, en Polynésie, il n’existe même pas un poste de TSF. Les nouvelles mettaient du temps à arriver jusque dans ces îles lointaines.

Après une escale à Raiatea, le Montcalm quitte la Polynésie et met la cap sur Nouméa, laissant la défense des 118 îles polynésiennes aux bons soins de la seule Zélée.

Le capitaine Maxime - François Destremeau
Celle-ci, ralentie par de nombreux problèmes de machines, ne parvient à remettre le cap sur sa base de Papeete que le 7 août.

En chemin, elle arraisonne le cargo allemand Walkure au large de Makatea et le ramène avec elle à Tahiti, ce qui va s’avérer de la toute première utilité par la suite.

 

Tahiti se prépare à la guerre

A Papeete, la Zélée était impatiemment attendue. En effet, si Paris a oublié de prévenir le gouverneur colonial Fawtier, à Papeete, tout comme les autres colonies françaises du Pacifique d’ailleurs, le consul d’Angleterre, lui, vient de recevoir de Londres l’avis de la déclaration de guerre.

La Zélée ramène la Walküre à Papeete

Pour organiser une quelconque défense de Tahiti, on ne peut compter que sur la Zélée, son équipage, et une soixantaine de « coloniaux » récemment arrivés de Nouméa.

Malgré l’opposition d’une partie de la population européenne de l’île, il s’agissait de se mettre en mesure de se protéger d’une quelconque menace venue de la mer. Et cette menace n’est pas à prendre à la légère.

En effet, contrairement à la France, l’Allemagne dispose dans le Pacifique Sud de cinq de ses plus belles unités, dont les deux grands croiseurs cuirassés Scharnhorst et Gneisenau, tous deux très lourdement armés.

Le pont lourdement armé du cuirassé Scharnhorst

En conflit ouvert avec le capitaine Destremau, c’est avec beaucoup de mauvaise grâce que le gouverneur Fawtier confie à ce dernier la délicate mission d’assurer la défense de Tahiti.

Pour cela, Destremau ne dispose que des armes embarquées à bord de la Zélée. Il existait bien quelques pièces d’artilleries, mais elles avaient depuis longtemps été abandonnées à la luxuriante végétation tropicale et à la rouille.

 

Le dispositif du capitaine Destremau

Pour commencer, Destremau prévoit de bloquer la passe du port de Papeete avec le Walkure.

Ensuite, afin de disposer d’un semblant d’artillerie, il fait démonter les dix pièces qui arment sa vieille canonnière (deux canons de 100, quatre de 65 et quatre de 37).

Aux prix d’efforts incroyables, il fait installer l’un des canons de 100 et les quatre de 65 à l’emplacement de l’ancienne batterie qui domine la passe de Papeete.

Le cargo Walküre coulé dans la passe de Papeete

Le tout est réalisé en cinq jours seulement.

Il ne reste plus qu’à guetter l’arrivée des navires du comte Von Spee, commandant en chef de l’escadre allemande.

On a en effet appris que les deux croiseurs allemands, en se faisant passer pour des navires Anglais, ont réussi à se ravitailler à Bora Bora. Aux dernières nouvelles, ils ont mis le cap sur Tahiti…

 

La bataille de Papeete

Le 22 septembre 1914, les cuirassés Scharnhorst et Gneisenau se présentent devant la passe du port de Papeete. A 2000 m du récif de corail, ils essuient trois salves de la batterie installée par Destremau. Fort surpris, mais confiant dans son artillerie infiniment supérieure (16 pièces de 210 et 12 de 150), Von Spee s'écarte et tire plusieurs salves sur la forêt. Puis il se présente à nouveau à l’entrée de la passe.

Papeete après le bombardement

Afin de leur en interdire l’accès, le capitaine Destremau saborde le cargo Walkure dans le port, n'ayant pu le faire dans la passe elle-même. Dans le même temps, il met le feu au dépôt de charbon du port. Afin de ne pas montrer ses forces réelles, il laisse ses canons silencieux.

Le charbon est la principale raison qui attire les navires allemands à Tahiti. Dès lors qu’il n’y en a plus, l’enjeu n’est plus du tout le même. D’autre part, le silence de l’artillerie française inquiète Von Spee qui soupçonne un piège.

Craignant de perdre bêtement un bâtiment pour rien, puisque le charbon est en feu, Von Spee lance plusieurs salves de son artillerie sur la ville de Papeete qui s'embrase, tandis que deux obus touchent la Zélée qui coule, pavillon haut. Puis, il fait demi-tour et s'éloigne.

Le petit lieutenant de vaisseau Destremau a sauvé Tahiti.

Le bombardement de Papeete raconté en 58 secondes…
Cependant, un tiers de Papeete est en cendres et il y a eu deux morts dans les ruines du marché frappé de plein fouet par plusieurs obus.

Destremau décèdera en mars 1915 lors de son retour en France, injustement dénigré par les autorités civiles de Tahiti qui n'avaient songé qu'à fuir.

Lire le livre de Michel Gasse : « Tahiti 1914 – Le vent de guerre »

 

Un article de Julien Gué


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