L’écriture, une transhumance
L’écriture est affaire de vie, de présent. Jetée sur
le papier, elle s’étiole, se défroque, revêt d’autres lecteurs. Et
Marie-Christine Gordien de crayonner les volumes, d’entretenir le dialogue avec
les mots des autres. De dire, de décoller du papier :
«Les mots d’irrémédiables radios
M’usent le diable que j’ai au corps
Au juste, à fleur de peau»
(In Pollens p. 51, son dernier né.)
inédit
En lire…
La voilà déjà ailleurs, dans «l’ici» qu’elle écrit.
Résonnances de l’île
Un pied en Caraïbes, l’autre dans «les pâleurs
industrielles», elle est toujours en partance, nomade de l’exil.
Et dans ce paisible Salon du Livre de Barbentane,
elle emboitera autrement le pas à ses sautes d'humeur, ses emportements, ses
fougues d’origine. La lecture publique la propulse bien au-delà des élans
solitaires qui la mouvaient déjà. Car s’enchaînent les échos.
Lecture caribéenne
Comment se déprendre du sceau de l’esclavage tatoué
dans son corps ? Ainsi se ressent-elle de nulle part, en marge de toute
racine, de toute bouture, de tout surgeon.
Son horizon est d’océan, toujours en mouvance, en
quête d’île.
Isolée dans cette immensité triangulaire entre Les Antilles,
l’Afrique et cet aqueduc sur le Gard, symbole de la traversée du temps, elle
signe des moments balayés par le vent. Car rien ne se pose vraiment.
En instantané d’aquarelle…
Ses écrits, un mouvement perpétuel, fruits éphémères
vivipares, tel que l’annonce le mythe de la chayotte, témoignent de son
évolution. Rien ne se fige.
Ecriture du voyage
Le voyage est au quotidien de soi. L’écriture en
constante adéquation avec le moment, le vis-à-vis, l’environnement.
Pour Marie-Christine Gordien, l’évidence est de
dire, d’être en parole, de communiquer, d’échanger.
En croquer…
Se faire publier, c’était comme signer un arrêt. Elle
n’y avait jamais songé. Elle passe de la première moisson -Chayotte-, au printemps de la
fécondation : Pollens. De la
table rase aux recommencements.
L’écriture, comme une source d’eau, en paysages
changeants d’aquarelle.
Toute en énergie, en doutes, en questionnements,
elle se laisse guider par l’instant. Convaincue par sa maison
d’édition, elle se découvre une place : celle de la fracture.
En peut-être…
Rien n’est
plus éloigné d’un écrivain que son semblable : dans la manière de
pressentir et de goûter la mise en œuvre de ce qu’il va mener ou qui le mène. Et
Marie-Christine n’a pas l’appétit de l’ambition.
Au cœur de la création, une personnalité. Et pour
elle, tout est vibration, échos, devenir.
Alors, en
demains et en peut-être ?
Un article de MonaK
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