La révolution volée
Outrageux silence médiatique sur la
façade nord de la Méditerranée. L’hexagone roupille et fait la sourde oreille à
la porte démocratique que la Tunisie s’est faite claquer au nez en cette fin de
Constituante annoncée.
L’échéance
d’un an, certifiée par la troïka en début d’exercice, s’est vue confisquée pour
une prolongation illégitime qui prend l’allure d’un coup d’Etat.
Les élections pipées |
La
veille du 23 octobre, le siège du gouvernement s’est entouré de murs d’enceinte
et s’est érigé de barbelés, soutenu par la présence de l’armée. La veille encore,
black out total des chaines de télévision… Le scénario est bien connu. Restent
en première ligne, les protestataires et leur isolement.
La
Tunisie paisible ?
Ce
même 22 octobre, les manifestations pacifiques, largement suivies n’ont fait
qu’entériner une situation plus que grave de soumission aux forces occultes. Les
appels à la Non-violence ne servant que de constat à la violence grandissante,
elle a envahi tous les secteurs institutionnels : de l’éducation à la
justice, la victime devient l’accusée ; du vêtement à l’opinion, un
ratissage monolithique ; de l’égalité à la diversité, se profile la
théocratie.
Suite
au sabotage du fait artistique, répond l’assassinat des leaders politiques de
l’opposition démocratique (Nida). Et en sous-main des exactions des hordes
sectaires et de la police, se congratule l’incompétence des élus de pacotille.
Le radotage contre la violence (22 oct) |
La
paix en est-elle préservée pour autant ?
Les prochains jours nous le diront. Toujours est-il que le « tanbir
tounsi » - rabâchage
des révolutionnaires de la dernière heure- fait stagner la situation depuis
des mois.
Une fin avortée
Il
semble que suite aux admonestations proférées par la Troïka et Ennadha à
l’encontre de tout mouvement contestataire, les partis démocratiques et la
société civile aient renoncé à la mobilisation.
Le dessin du jour : Dégage |
En
ce matin du 23 octobre 2012, les médias tunisiens et les réseaux internet ont
largement alerté sur les risques imminents d’affrontement. En début de journée,
des échauffourées avaient secoué Gabès, ville emblème d’une région ouvrière à
problème, et donc militante.
D’une
part, la manifestation de masse, chaude, mais sans véritables incidents, aux
cris de « Dégage ». De l’autre, autour de l’Assemblée Nationale
Constituante, trois cents fidèles, difficilement rameutés par Ennadha.
Manifestation anti-gouvernementale du 23 octobre
La rue s’est affirmée face au gouvernement
s’accrochant à son siège. Et la vigilance est devenue son mot d’ordre. De quel
pouvoir réel de persuasion dispose-t-elle ? Nul ne le sait.
La dérision thérapeutique
Faute
de mieux, le net se gausse depuis deux jours. Absence presque générale
d’opinion, l’heure est à la blague. Des plus anciennes aux récentes, on ne
saurait se consoler du traumatisme :
Pour
exemple : « (parue le 4/03/2012) Un homme va au ciel et rencontre un
ange à côté de plusieurs horloges ; il demande "ça sert à quoi?"
L'ange répond : "L'aiguille bouge à chaque fois que quelqu'un
ment". L'homme dit : "Où est celle de Rached Ghannouchi?"
L'ange répond : "On s'en sert comme ventilateur".
Haaaaaaaaaaaaaaaa, el fahem yéfhem (Comprenne qui pourra) »
Super Tunisian, c’est pour demain ? |
Mais
ce qui est paradoxal, c’est que Super-Tunisian,
l’héroïne de la révolution en marche, la vidéo
sur les performances de l’artiste Moufida Fedhila en campagne pour conscientiser
ses semblables est sélectionnée au festival Impakt à Utrecht au Pays-Bas !
Mais que dans le même temps :
« Quand
des longs métrages comme Maudit soit le
phosphate de Sami Tliliet (meilleur film documentaire du monde arabe au
festival du cinéma d'Abu Dhabi), Babylon"
de Ismael Youssef Chebbi, Alaedine Slim et Ismail (Grand prix de la compétition
internationale au FID Marseille) sont hors-compétition... et un film comme Fallega 2011 de Rafik Omrani (grand prix
de la 5ème édition de Miroirs et cinémas d’Afrique) ne figure même
pas dans la sélection... je vous laisse le soin de juger de la crédibilité des
Journées Cinématographiques de Carthage » (Wassim Ghozlani).
Concluons
avec le programme d’El Teatro qui débute dès le 24 par le Concert de Baziz et Bendir
Man sur ce titre prometteur : « DORENAVANT,
TOUT SERA COMME AVANT ? »
L’insolence
est encore au pouvoir.
Un article de Monak
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