Premier
festival des arts polynésiens
En juin et juillet à Tahiti, amateurs et
professionnels offrent chaque jour d'éblouissants spectacles tous consacrés aux
arts traditionnels polynésiens.
Depuis
133 ans, chaque année durant deux mois, toute la Polynésie vibre au son des
to’ere*, ce qui fait de l’événement l’un des plus anciens festivals du monde.
Vous chantiez Et
bien dansez maintenant !
Musiques,
chants et danses bien sûr, mais aussi des sports traditionnels comme le lancer
de javelot, les courses de porteurs de fruits ou le lever de pierres sont à
l’honneur à Tahiti et dans les
îles de Polynésie française. Mais le point d’orgue de la manifestation,
objectif rêvé de toutes les formations de Polynésie française, c’est la
compétition officielle qui se déroule à Papeete, au mois de juillet.
Tiurai ou Heiva, qu’est-ce que c’est ?
Initialement
Tiurai (qui signifie juillet en Reo Tahiti) ou aujourd’hui Heiva (fête) sont
les deux noms portés successivement par la plus importante et plus ancienne
manifestation festive et culturelle de Polynésie.
L’histoire
commence avec l’évangélisation et ses interdits, matérialisés en 1819 par le
code du roi Pomare II interdisant et punissant lourdement (entre autres
choses) « chansons, jeux ou divertissements lascifs »… Tous ces interdits ayant
été dictés à Pomare par les missionnaires de la London Missionary Society. A cause de
cela, bien des choses se sont définitivement perdu des arts traditionnels
polynésiens.
La 130ème édition du Heiva i Tahiti
A
partir de 1880, c’est curieusement la célébration officielle de la fête
nationale française qui permet le retour de manifestations traditionnelles à
Tahiti. L’évènement est appelé Tiurai. Ce n’est qu’en 1985 que la manifestation
est rebaptisée Heiva i Tahiti.
Depuis
la première édition en 1880, il n’y aurait eu que deux années sans Heiva. Et
bien que ce décompte soit sujet à polémique, l’édition 2012 est officiellement
la 130ème du genre.
Danses, chants, musiques et cetera
Si
le point d’orgue de chaque édition du Heiva i Tahiti est bien le concours des
meilleurs groupes de chants et de danses traditionnelles, lequel ne représente
que sept soirées au mois de juillet, c’est une multitude de manifestations de
tous ordres qui sont proposées à cette occasion durant deux mois, à Tahiti et
dans les îles.
De
nombreuses îles organisent effectivement un Heiva, le plus médiatisé d’entre
eux étant celui de Bora
Bora et le plus authentique sans doute celui de Taha’a.
Spectaculaire épreuve du lever de pierre au Heiva
A
Tahiti, les festivités se déroulent sur les mois de juin et juillet. En plus du
concours déjà cité et qui clôture les manifestations, vont se succéder le Heiva
des écoles, puis les concours des sports traditionnels et d’artisanat, et enfin
le concours des troupes amateurs.
Sports et artisanat traditionnels
polynésiens
En
premier lieu, les impressionnantes courses de va’a* qui se déroulent
dans la rade de Papeete donnent lieu à des empoignades spectaculaires et
offrent l’occasion unique de voir évoluer les impressionnantes pirogues doubles
à seize rameurs. C’est également l’une des rarissimes occasions de contempler
en régate les quelques rares pirogues à voile traditionnelles encore existantes
en Polynésie française.
Ces pirogues à voiles ont, hélas, quasiment disparu…
Le
lancer de javelot (teka) consiste à percer, avec un javelot en bois de purau*
de 2 à 4 mètres de long, une noix de coco au sommet d’un mât de 9,50 mètres
dont les tireurs s’éloignent de 20 mètres.
La cible des lanceurs de javelots polynésiens
Les
courses de porteurs de fruits consistent pour les athlètes à porter en courant
entre 30 et 50 kilos de fruits sur une distance de deux kilomètres. Dans ces
épreuves, si être le plus rapide est important, le costume du coureur et son
habileté, comptent au moins autant que le résultat final.
Enfin,
l’épreuve la plus impressionnante : le lever de pierre (Amora’a ofai). Il
s’agit, en trois tentatives maximum, de poser sur son épaule en se tenant
debout et bien droit, une pierre posée au sol et pesant de 80 à 100 kilos. Le
plus rapide est le vainqueur. Par le passé, pour simplifier les choses, la
pierre était enduite de monoï !
Le concours de coprah lors du Heiva 2011
Sont
également organisés des concours de coprah ainsi que de très spectaculaires
marches sur le feu (umu ti).
Chants et danses polynésiennes au Heiva
Les
concours de chants comportent quatre catégories bien distinctes :
-
le himene tarava (chants traditionnels) est interprété par tout le groupe de
chant et dirigé par le ra'atira (chef de chœur).
Un himene tarava, moment unique du Heiva
-
le himene nota (chants religieux plus récents). Ce sont les seuls chants écrits
sur des partitions. Il se chante à quatre voix sans accompagnement
instrumental.
-
le himene ru'au (chants très anciens) s'interprète sans accompagnement à trois
ou cinq voix.
-
le ute est une chanson rythmée, interprétée par deux ou trois chanteuses
accompagnées d'une petite formation d'instruments à cordes (guitare, ukulélé).
Les paroles en sont totalement improvisées et basées sur des jeux de mots.
Pouvoir magique des danseuses polynésiennes...
Mais
le clou du Heiva reste bien évidemment les concours de danse. Chaque groupe
(qui peut compter plus de 80 danseurs et danseuses !) présente une prestation
évoquant le plus souvent des légendes anciennes mettant en valeur l’île ou le
district dont il est originaire.
Pour
l’attribution du titre de groupe de l’année, le jury tient compte de la
chorégraphie bien sûr, mais également des costumes, de l’orchestration et des
performances des danseurs.
Heiva : un rôle
essentiel
Au-delà
de son aspect strictement festif, le Heiva joue un rôle primordial pour la
transmission du savoir aux jeunes générations en leur permettant d’acquérir le
sens des traditions, une préoccupation majeure dans la Polynésie contemporaine.
Le groupe Manahau au Heiva 2011
Accessoirement,
le Heiva est également l’un des événements culturels phares de l’année et, en
cela, draine une part non négligeable des touristes qui visitent nos îles.
Un article de Julien Gué
Sources
:
« Tahiti aux
temps anciens » de Teuira Henry
Lexique
:
*to'ere : Le to'ere est une percussion
creusée dans un tronc d'arbre et dont la sonorité dépend de la taille. Il est
frappé à l'aide de deux baguettes et cet instrument est la base de toute la musique
polynésienne.
*va’a : pirogues polynésiennes à balancier
pouvant compter un, trois, six et jusqu’à douze rameurs.
Vous êtes de bons observateurs. j'aime votre reportage sûr Tahiti.
RépondreSupprimerEffectivemnt le Heiva est une fête très importante en Polynésie nous pouvons voir les divers talents des Polynésiens ainsi que leur belle culture.
Continuez à être des citoyens du monde amoureux de la terre et de ses habitants et à ne pas être d'accord avec l'injustice.
Vous avez fait le bon choix.
De nous le faire partager c'est formidable!
Mon coeur est dans le Pacifique...