La perle ternie du Pacifique Sud
Mondialement
reconnue comme symbole du paradis terrestre, qui sait seulement que l'île de
Bora Bora se trouve en Polynésie française...?
Bora Bora vue d’avion, la perle ternie du Pacifique |
Incontestablement
la plus célèbre des îles polynésiennes, Bora Bora se trouve à deux cent
soixante kilomètres au nord-ouest de Tahiti,
dans le
sous-ensemble insulaire des Îles-Sous-Le-Vent qui forme la partie nord de
l’archipel de la Société.
De tous temps,
elle fut décrite comme la plus belles des îles. Mais c’est l’installation d’une
base militaire américaine en 1942 qui la fit connaître du grand public à
travers le monde.
Géographie de
l'île mythique de Bora Bora
De son vrai nom
Pora Pora ("première née", en langue Raromatai*), Bora Bora est aussi
parfois appelée Mai te pora ("créée par les dieux").
L’île est petite
puisque sa superficie totale ("motu"** compris) atteint à peine 38
km². Au cœur du lagon, la terre principale qui accueille les villages de
Vaitape, Faanui et Anau ne mesure que 8 km du nord au sud et 5 km d'est en
ouest.
Carte de l’archipel de la Société |
Malgré ses
petites dimensions, Bora Bora est dominée par deux sommets aux parois
impressionnantes : le mont Otemanu (727 m), sur l'île principale, et le mont
Pahia (661 m), sur le "motu" Nunue.
Lors du
recensement de la population de 2007, on comptait 8 927 habitants à Bora Bora.
Cependant, certains indicateurs plus récents semblent montrer une diminution de
presque deux cents personnes.
Toute proche de Raiatea
et Taha’a, le climat de Bora Bora est sensiblement le même que dans ces deux
îles.
L’ensemble de
l’île et des "motu" est protégé de la houle du Pacifique par un récif
barrière dans lequel ne s’ouvre qu’une seule brèche : la passe de Teavanui.
Bora Bora et
l’histoire
C’est autour du
IVe siècle de notre ère que les premiers colons polynésiens abordèrent à Bora
Bora, qu’ils baptisèrent Vava’u.
Le premier
navigateur occidental à signaler l’existence de l’île dans son livre de bord
fut le Hollandais Jakob Roggeveen, en 1722. Il fut suivi par James Cook, qui la
porte sur ses cartes en 1769 mais n’y débarque qu’en 1777.
De la longue
période qui précède le contact, nous ne savons que très peu de choses, les
généalogies ne remontant pas au-delà de Ofa'i-Honu, premier
"ari’i"*** connu. Il est toutefois intéressant de noter qu’il était
d’une lignée royale différente de celle qui régnait sur Havai’i (Raiatea),
pourtant très proche. Rapidement, les deux familles s’unirent par le biais de
mariages et régnèrent longtemps sur ces îles, étendant plus tard leur emprise
jusqu’à Tahiti.
C’est en 1842
que l’île de Bora
Bora passe sous protectorat français à la suite d’un épisode guerrier très
particulier.
Le mont Otemanu (727 m) à Bora Bora |
Après l’attaque
de Pearl Harbour en 1941, les Américains font de Bora Bora leur base militaire
dans le Pacifique Sud. C’est ainsi qu’y fut réalisé un aérodrome qui resta le
seul de Polynésie française jusqu’en 1962, date à laquelle fut réalisé celui de
Tahiti Faa’a afin de permettre l’installation du CEP et la réalisation du programme
nucléaire français dans le Pacifique Sud.
Pendant ces cinq
années d’occupation, ce sont près de cinq mille GI qui résidèrent sur l’île en
permanence, alors que la population polynésienne comptait à peine plus de deux
mille âmes…
En 1947, l’armée
américaine quitte les lieux, laissant derrière elle de nombreux souvenirs, pas
tous très glorieux.
Si l’aéroport de
Motu Mute et quelques autres infrastructures permirent un développement
économique beaucoup plus rapide que dans d’autres îles polynésiennes, ils
laissèrent aussi derrière eux des centaines de carcasses de voitures, des
bâtiments et des matériels hors d’usage, ainsi que bon nombre d’enfants qui ne
connaîtront jamais leur père…
Bora Bora, une
économie sinistrée
Les récits des
militaires américains firent de Bora Bora la destination touristique
polynésienne privilégiée. Au point que toute l’économie de l’île est,
aujourd’hui, exclusivement centrée sur cette activité - hélas déliquescente.
Une maison classique à Bora Bora |
Annonçant la fin
des vaches grasses, le Club Méditerranée a fermé ses portes le premier, en
2009. Depuis, d’autres hôtels de luxe ont suivi et parmi ceux qui fonctionnent
encore, certains ne devraient pas survivre très longtemps faute d’une relance
significative du secteur.
Si ces
infrastructures hôtelières ont permis quelques décennies d’une indéniable
richesse, ce n’est pas sans conséquences.
L’économie
traditionnelle fondée sur la pêche et une agriculture vivrière n’existe
quasiment plus. L’écosystème lagonaire a été très fortement touché par la
construction de ces hôtels. Ainsi, les merveilleux bungalows sur pilotis ont
fait fuir les raies manta qui ont déserté Bora…
A deux ou trois
exceptions près, tous les motu ont été consacrés à la construction d’hôtels,
les rendant ainsi interdits d’accès à la population, détruisant de fait la
ressource liée aux cocoteraies qui y avaient été plantées. Les hôtels sont
fermés, mais les motus sont toujours propriété des chaînes hôtelières. Les
seules plages de sable fin sont donc elles aussi inaccessibles aux habitants.
L’île principale
a perdu l’essentiel de son charme à cause d’une urbanisation totalement non
maîtrisée, les infrastructures très mal entretenues se délabrent, la propreté
même de l’île et de ses rares plages est à peine assurée…
Enfin, toujours
portés par les rêves d’une époque faste révolue, les prix à Bora sont les plus
élevés, et de loin, de toute la Polynésie française.
Bora Bora ou le
rêve assassiné
Si le lagon de
Bora est encore relativement préservé, il est lui aussi gravement menacé par la
pollution due à une urbanisation non maîtrisée et un incivisme écologique
patent de la population.
Les motus privés des hôtels de Bora Bora |
Aujourd’hui, les
meilleurs souvenirs que l’on garde d’un séjour à Bora Bora sont les somptueuses
images que l'île offre lorsqu'on y arrive et qu'on en repart en avion.
Vision hélas
trompeuse de ce qui fut l’une des plus belles îles de la Terre…
Lexique :
*raromatai:
adjectif désignant tout ce qui relève des Îles-Sous-Le-Vent.
**"motu":
ilots ou ilets le plus souvent situés sur la barrière de corail.
***
"ari’i": chefs, rois dans la société traditionnelle.
Un article de Julien Gué
Julien Gué porte un surnom!: HIBOU LUGUBRE du Pacifique!
RépondreSupprimerVoilà un titre de remplacement à Bora-Bora,la Perle "TERNIE"....
Mes amis Polynésiens de Métropole et du Fenua te répondons que tu est certes,un journaliste avec toute la liberté que cela comporte,mais que tu répand tout de meme une ambiance négative avec tes termes de "popaa" disloqué.Que penseraient Alain Gerbault et Paul Emile Victor,des passionnés du lieu et beaucoup d'autres encore,célèbres ou pas?
Bien sur que Bora-Bora n'est pas un endroit parfait..tout comme ma vénérée Cote d'Azur,ou je réside actuellement!Je te l'avais dejà souligné,il existe des défauts de partout,mais de là à qualifié de "TERNIE",notre Perle Bora-Bora,nous crions :TABU.. toi Alain gué,"pas toucher"!
A bon entendeur,penses ce que tu veux et réfléchis avant de blogger des termes impropres aux yeux des amis de l'Océanie dont tu a du mal à adhérer toi meme!
Norbert Martin Galea et de la part de tous les amoureux "fidèles" de la POLYNESIE
La Réalite de ce qui se passe vraiment dans notre cher Fenua et ses îles, est toujours mal perçu quand on ne voit QUE ce qu'on veut bien voir et croire. Mais "hakuna matata". Il faut apprendre à voir...! Bora Bora est TERNIE comme tous les autres îles de la Polynésie Française. A bon entendeurs...
SupprimerMon cher Norbert, pour avoir séjourné à Bora Bora il y a peu, je persiste et signe : il s'agit bien d'une perle ternie et il faudrait que ses habitants prennent le problème à bras le corps maintenant s'ils veulent sauver leur île et son image.Contrairement à toi, je vis à Tahiti et je suis un amoureux passionné de ce pays que j'ai choisi pour y vivre. Nul n'est obligé de partager mon avis : cela s'appelle la liberté d'opinion. Nul n'a le droit de m'interdire de dire ce que je pense : cela s'appelle la liberté d'expression. Prétendre vouloir faire taire la critique relève de méthodes profondément antidémocratiques que je réprouve totalement. Au point, vois-tu, que j'ai publié ton post. Mais je reste convaincu que tu as tort de réagir ainsi : ne pas dire à ceux que l'on aime qu'ils font une bêtise est la pire preuve de désamour que l'on puisse donner.
RépondreSupprimerJulien n'a pas tord du tout, moi aussi j'ai vécu à Bora Bora, pas longtemps, mais suffisamment pour dire qu'elle est bien ternie la sois disant perle du Pacifique....
RépondreSupprimerLa seule chose de beau qu'il reste à Vavau c'est son lagon, pour le reste....
Tout y est extrêmement cher....
Les hôtels de luxe pullulent sur les motu de Bora Bora, et c'est bien dommage!
Ayant résidé à Bora pendant quelques années je confirme les propos de Julien Gué en ajoutant que la triste vérité est bien pire que la description qu'il en donne, les responsables ne sont pas uniquement les grands groupes hôteliers qui profitent des lois de défiscalisation mais aussi les habitants de ce pseudo paradis terrestre envahi de chiens errants et de détritus de toutes sortes, prompts à vous chasser avec violence si vous posez le pied sur un motu dont ils sont "propriétaires", le popaa est apprécié à son arrivée et davantage à son départ!
RépondreSupprimerToujours aussi beau, et merci pour tes magnifiques photos, ainsi que tout le travail "de fond" que requiert ton article!!
RépondreSupprimerIaorana...j ai trouvé cet article intéressant et les images sont très belles et je comprends tout à fait le révolte des polynésiens de souche, j ai eu la chance de connaître certaines îles à l époque où le tourisme ne les avaient pas touchées....c 'était sublime et j avoue que Bora Bora ne m avait pas emballée particulièrement.Non que l île fut très aussi somptueuse qu une autre, mais parle fait que le tourisme excessif en avait terni la beauté!!!j ai même rencontré des îles ou la mer ramenait toutes sortes d immondices, style machine à laver ou autre.L abus tue et si cela peut vous rassurer , vous n êtes pas les seuls!!!!Le Midi de la France est entrain d être envahit d infrastructures qui abîme ce que l on aime.Cest le dur retour du progrès...mais sommes nous capable d effectuer un retour en arrière véritable? La terre va nous mettre devant le fait accompli, c est ma certitude....elle se révolte!!! Maruuru et Nana
RépondreSupprimerJe reviens de Bora et confirme les propos de Julien Gué. Sans avoir lu auparavant ce qu'il a écrit, j'ai fait le même constat: carcasses de voitures sur la route qui mène à Vaitape, habitants pas sympas du tout par rapport aux autres îles, prix élevés et la "superbe carte postale du cocotier sur un sable d'or" réservée aux clients de hôtels installés sur les motu.
RépondreSupprimerLe gag c'est l'équipe qui était a l'arrivée de la Hawaiki Nui Va'a, arborant des tee-shirts "Bora Bora pavillon bleu" alors qu'à 200mètres de là, on voit des conduites d'eaux usées brisées qui se déversent dans le lagon...
Bora, c'est quand même la seule île de ploynésie sur laquelle les autochtones te font des doigts d'honneur quand tu fais du stop. 1 heure avant que la première voiture ne te prenne, alors qu'il n'y a qu'une route. Le fric a fait beaucoup d'aigris...
RépondreSupprimerJ'ai eu le plaisir de séjourner à Bora Bora en 1971.
RépondreSupprimerJ'ai un vague souvenir d'ou nous avions atterri en provenance de Tahiti.
Je peux dire que ce fut un temps de rêve.
La plage de Matira Point était notre plage, face a 4 bungallows ou nous residions.
Nous n’avions personne autour de nous.La plage n’était que pour nous.
J’aimerai prendre contact avec quelquun qui ai vécu ou bien connu les années 60 et 70 à Bora Bora afin de revivre ces temps merveilleux, aujourd'hui inviable de la même façon.
Est ce que un de vous peut prendre contact avec moi?
Louis Bellocq,
bellocq@interpro.es
Voilà, cher Louis Bellocq : votre appel est lancé ! Nul doute que cette bouteille lancée au lagon de Bora Bora aura des échos...
SupprimerTenez-nous au courant de ces retours...
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