Le mariage traditionnel en
Polynésie
Le
mariage traditionnel polynésien n'est plus aujourd'hui qu'un événement
folklorique, célébré surtout pour divertir les touristes.
Navenave, le mariage polynésien vu par Paul Gauguin |
De nos jours,
évangélisation et colonisation ont fait que le mariage (fa'aipoipora'a), en
Polynésie française, est devenu un engagement social et juridique identique à
celui de la métropole française. Le mariage religieux, lui, est celui célébré
selon les rites des différentes églises présentes au fenua, essentiellement
chrétiennes.
Du
mythe à la réalité
Les mœurs de nos
ancêtres étaient loin d’être aussi dissolues que le prétend la légende du
paradis polynésien. Ces récits laissent croire que le mariage chez les Ma’ohi
n’était qu’un accord formel avec très peu de sentiments, sans conséquence
sociale et religieuse, et dont l’acte sexuel était le principal aboutissement.
Cela est faux.
Si le nombre de
partenaires avant le mariage n’avait aucune importance, c’est que les jeunes
personnes n’étaient pas encore soumises aux règles sociales et religieuses. Le
mariage, lui, était une chose très sérieuse répondant à des règles précises et
codifiées : il marquait l’entrée dans l’âge des responsabilités.
Les futurs époux arrivent en pirogue |
Si les rites
étaient différents, et surtout d’un coût très variable selon la caste sociale à
laquelle appartenaient les futurs époux, le fondement religieux de l’engagement
étaient le même pour tout le monde : il ne s’agissait pas de prendre les choses
à la légère.
Les
fiançailles
Quand deux
jeunes gens décidaient de s’unir, il leur fallait obtenir l’assentiment de
leurs parents. Et, comme dans les sociétés occidentales, plus il y avait de
biens ou de pouvoir en jeu, plus les négociations étaient compliquées.
Il n’était pas
question de se marier en dehors de son monde, au risque de perdre son rang et
ses privilèges. Là comme ailleurs, plus l’enjeu était important et plus les
mariages « arrangés » étaient fréquents. L’union pouvait mettre un terme à des
guerres tribales, asseoir le pouvoir d’une famille sur un autre territoire, construire
ou augmenter des fortunes en réunissant des terres, en associant des titres de
noblesse, etc.
Ils sont accueillis par les amis et la famille |
Des négociations
avaient donc lieu entre les familles des prétendants à l’union pour définir les
termes et l’apport de chacune des parties dans la corbeille nuptiale. Cet
accord établi, chacune des familles plantaient une branche de ti (arbre sacré
servant aujourd’hui à faire des haies) devant son fare, acte symbolique rendant
la promesse sacrée. Alors les préparatifs du mariage pouvaient commencer.
Dans certaines
îles, le prétendant simulait, de nuit, l’enlèvement de sa belle. Bien entendu,
celle-ci était consentante et ses parents, parfaitement au courant du rapt
prénuptial, faisaient en sorte de ne pas risquer d’en perturber le déroulement.
Le
mariage aux temps anciens
Au premier matin
de la cérémonie, famille et amis de la future mariée se rendaient, sans elle,
chez le fiancé. Si le trajet nécessitait de naviguer sur le lagon, voire en
haute mer, des pirogues étaient construites spécialement pour l’évènement.
En route vers le lieu de la cérémonie |
Arrivés à
destination, on procédait à la remise des cadeaux selon un rituel défini par le
rang de chacun des membres de la délégation. Ensuite, la famille de la future
mariée rentrait chez elle et s’affairait aux derniers préparatifs de la
cérémonie prévue le lendemain.
Il était
primordial que l’union soit bénie par les dieux. C’est donc sur le marae* de la
tribu, ou le marae familial (en général de la lignée du futur époux) pour les
plus aisés, que se déroulait le rituel religieux.
Revêtu de
somptueux atours et parés de bijoux, de coquillages et de couronnes de fleurs,
le jeune couple et la procession se présentaient devant le prêtre pour la
cérémonie.
Il fallait tout
d’abord rappeler la lignée des ancêtres des deux futurs époux puis rendre grâce
aux dieux les plus importants, mais aussi à ceux qui apportaient leur
protection à chacune des deux familles comme à ceux à qui était dédié le marae.
Ensuite seulement, le prêtre procédait à la bénédiction des époux, rendant
ainsi leur union officielle, sacrée et indéfectible.
Sur la plage, les hommages aux nouveaux époux |
Ce n’est
qu’après cette très longue cérémonie, au cours de laquelle étaient faites de
nombreuses offrandes qui pouvaient aller jusqu’au sacrifice d’animaux, que les
festivités pouvaient commencer. Festivités organisées autour d’un grand tamara
(banquet) agrémenté de chants et de danses, les jeunes époux trônant aux places
d’honneur.
Le
mariage aujourd’hui
Aujourd’hui, le
mariage en Polynésie est d’abord un engagement civil validé par le maire de la
commune. Pour les croyants - la quasi-totalité de la population -, cet
engagement est béni au cours d’une cérémonie religieuse.
Si les religions
traditionnelles ne sont plus pratiquées et que l’essentiel de la mémoire des
rites qui les caractérisaient a été perdu, il est possible
d’organiser de telles cérémonies en Polynésie, comme par exemple au Tiki Village de Moorea,
qui fut le premier à proposer cet événement aux touristes…
Ces cérémonies
n’ont, bien sûr, qu’une valeur symbolique.
Les mariés en route vers leur nouvelle vie... |
Depuis le début
de l’année 2010, une loi permet toutefois aux étrangers de se marier légalement
devant le maire en Polynésie. Ce sont les Japonais qui sont les plus demandeurs
de ces mariages de rêves.
*Marae :
n.c. (PPN : MALA'E) Plate-forme
construite en pierres sèches et où se déroulait le culte ancien, associé
souvent à des cérémonies à caractère social ou politique.
Un article de Julien Gué
magnifique article et très joliment illustré
RépondreSupprimertrès bel article très belles photos merci !!!
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