Ra’i Chaze : Nacre à Noël
Pour Noël, Ra’i ouvre sa boîte à
bijoux et offre une perle sur fond de flocons pour fêter l’archipel : Il
a neigé aux Tuamotu
Toujours autant envoûtée par
l’élément aquatique, l’écrivaine Ra’i
Chaze reprend sa plume de conteuse.
Une Histoire d’Eau
De la rivière à la
saison des pluies, des nouvelles au roman, vingt ans de publications et
cette continuité, ce fil de l’eau… autour, par-dessus et partout.
Sans cesse cette attirance-répulsion, cette
eau vitale, cette eau de vie, celle qui recèle ses richesses, se fait attendre
comme souveraine et peut causer des larmes.
Presque a contrario de son premier recueil de
nouvelles Vai, la rivière au ciel sans nuage, l’eau est celle qui
immerge, qui tue… mais celle aussi qui représente la survie.
« Mon amour pour les
Tuamotu (origine de ma famille) continue à s'exprimer. », précise Ra’i
Chaze. « Je voulais transmettre le bonheur et l'amour pour les Tuamotu aux
enfants et j'espère que le but sera atteint. »
Un archipel, des motu*, une vie
entre élément marin et eau douce des atolls : entre beauté et risques. « C'est
aussi mon père qui m'a entraînée dans le sillage de son amour pour les Tuamotu
et la mer ».
Conte des métamorphoses
Tout à fait comme l’eau qui présente
l’avantage de se transformer selon le climat, le conte s’amuse à tout modifier.
Ce qui est le propre des contes.
Et si au début du récit, les bouleversements
ne sont pas des plus joyeux, la baguette magique viendra commettre son petit
effet pour imposer des péripéties les plus heureuses. La greffe des
perles, les gouttelettes en flocons…
En fait, la mort semble s’apprivoiser dans
les contes du monde entier et auprès de leurs lecteurs privilégiés : les
enfants. Mais peut-être faut-il admettre actuellement que le lectorat des contes
s’augmente de la frange adulte.
Une crèche entre tupa et kaveu |
Car en cette
période de trouble et de tristesse que constate Ra’i en Polynésie, l’auteure se
doit de sortir son encre miraculeuse. Ainsi s’investit-elle au-delà du livre et
fait-elle projeter ses héros sur la scène du spectacle vivant. Le volume sort
en même temps que la pièce de théâtre. « Mon but initial était de transmettre
la joie de Noël aux familles de Polynésie qui sont bien tristes depuis quelques
années. Lorsque je les verrais quitter le théâtre la magie et le sourire aux
lèvres, de la neige et des étoiles plein les yeux, je saurai alors que j'ai
atteint ce but. »
Alors, l’auteure serait-elle tentée par
l’écriture dramatique ? Apparemment pas ; c’est à Julien Gué qu’elle confie le soin de l’adaptation
à la scène.
Le Merveilleux ?
Résolument, le merveilleux au milieu du
sordide : l’histoire rapporte ce double deuil d’une
fillette devenue orpheline ; auquel elle ajoute son rejet par la marâtre.
Si les enfants travaillaient plus jeunes à l’époque des contes ancestraux, nous
plongeons directement en pleine exploitation d’enfant. Les conditions de misère
vestimentaire s’y rajoutent. L’enfant réclame salaire : nous voilà au 21ème
siècle.
Le malheur se renforce des sarcasmes de la
marâtre. Le temps s’étire et ce n’est que le prodige climatique qui fait
basculer le sort de l’héroïne. La magie mystifie la raison. Les sentiments et
la réconciliation prennent le dessus.
Les esprits de neige … |
Tous les ingrédients du Conte de Noël, car il touche les espoirs des
petits. « J'aime Noël passionnément,
lance Ra’i Chaze. Il a été dans mon
enfance un moment que ma mère a su rendre magique. Je l'ai transmis à mes
enfants qui, à leur tour, le transmettent à leurs enfants. J'avais envie de
donner cela aux enfants de Tahiti et leur offrir un moment magique et féerique
pour ce Noël 2011. » Ce qui n’est pas du luxe pour nombre enfants de Polynésie
et de par le monde.
Pour Ra’i Chaze ce n’est pas une première, mais
la conviction que ce talent de conteuse
doit servir aux mieux-être, jouer un rôle. Peut-être l’envie de croire, d’entrevoir
et de concrétiser des moments qui proposent de nouvelles perspectives.
Entre perles et flocons, l’écriture
L’écriture comme témoignage déjà :
« J'ai encore tellement de contes et de romans historiques à écrire »,
dit-elle.
« Mon livre est dédié à mon
père qui a vécu aux Tuamotu et qui a créé la première ferme perlière de
Polynésie. Il a lancé l'industrie de la perle plaçant la Polynésie au 3° rang
mondial en tant que producteur, expérience exceptionnelle au niveau des
productions locales. »
Mais il abandonne le simple récit
de mémoire pour exploser dans l’imaginaire. Il fallait le trouver ce levier
créatif qui s’appuie sur la neige dans un climat et sous des latitudes qui ne
l’ont jamais connue ! Il fallait une certaine dose de vagabondage pour en
revenir à cette sorte d’adage « quand
il neigera aux Tuamotu ! » et en faire le véritable obstacle à un
soupçon de bonheur.
Et déjà le conte s’échappe vers
des zones de brillance à évoquer les nacres perlières. Tout comme les
illustrations de Vashee, insistent sur la blondeur du décor, pour faire place à
la clarté.
L’une des impressions majeures
qui ressort au final de ce conte, la féerie du scintillement des étoiles la
nuit de Noël, la luminescence des «esprits de neige», la blancheur étincelante
de la neige sur le lagon, les cristaux coruscants, le lustre de la perle, le
miroitement du motu et des nacres, l’or du soleil couchant sur le ponton, l’éclosion
des fleurs de neige sur les arbres, comme un clin d’œil aux pétales de tiare.
« Les plages retenaient la
lumière ». Tout s’achèverait-il en une apothéose ?
Un article de MonaK
Lire aussi : http://moniq-akkari.suite101.fr/rai-chaze---elle-exsude-son-coeur-et-chante-la-polynesie-a30505
Les ouvrages de Ra'i Chaze (et d'autres) sont à la vente sur le site des Editions présumées : http://www.leseditionspresumees.pf/
Les ouvrages de Ra'i Chaze (et d'autres) sont à la vente sur le site des Editions présumées : http://www.leseditionspresumees.pf/
magnifique....merci
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