Publicité

Publicité
Le nouveau roman de de Monak à lire absolument

dimanche 20 novembre 2011

Faouzi Maaouia


Peintre de la Révolution tunisienne



     Au Centre d’Animation & de Loisirs (CAL) du quartier Bon Voyage de Nice, le festival « Les Intermêles Culturels » vient d’exposer les œuvres de l’une des grandes figures de la Révolution Tunisienne. Cette manifestation réunit aussi d’autres artistes tout aussi engagés.

Faouzi Maaouia, plasticien humaniste
       Ceux qui avant, pendant cette période et maintenant encore prônent les « valeurs humanistes  telles que la liberté, la tolérance, la justice sociale, la solidarité… »

Plasticien humaniste
      Humaniste, l’artiste plasticien Faouzi Maaouia, l’est depuis toujours. Il ne risque pas d’endosser ce titre par escroquerie. Il ne ressemble en rien à ceux qui font bonne figure morale, détruisent tout sur leur passage, par brutale intolérance : ceux-là même qu’il combat ; voir l’article du 8 octobre 2011 qui montre les conflits d’intérêt entre humanisme et dogmatisme :
       « On ne le savait que  trop bien  quand la politique se fait au nom de la religion, c'est la porte  ouverte à tous les dérapages possibles... Les" salafistes" se déchaînent pour imposer leur  loi et leur Nikab en usant de  la violence...»
     Faouzi passe, aux premiers jours de la révolution (décembre 2010), de l’expression rudimentaire de l’émotion et de son affirmation à chaud, à un mode plus élaboré. Son expression plastique passe d’abord par une image  calligraphique simplifiée : liberté, dignité, hommage aux martyrs.
    Elle sert de slogan. Ebauche brute en état d’urgence, pas le temps d’y mettre de la couleur ; tout s’effectue entre deux mobilisations, rapidement « croqué ». L’heure est à la survie et aux informations efficaces.
« Honneur aux Artistes Libres ! » Le 11.01.2011
      Ensuite, il s’engage dans la marche de l’histoire et joue un rôle politique prépondérant dans l’élaboration et la dynamique des partis de gauche. Membre fondateur de "l'Initiative Citoyenne" dès le 19 mars 2011, il continuera dans une coalition de gauche :
     « Où que vous soyez ! Si vous partagez les valeurs de citoyenneté, de démocratie et de modernité du Pôle El Qotb… », s’adresse-t-il à ses concitoyens. Et suite aux résultats électoraux inattendus, l’Initiative Citoyenne continue dans l’opposition : « J'adhère!!! A une constitution qui prolonge notre histoire, tout en préservant nos acquis, en garantissant les droits fondamentaux à la liberté, à l’égalité et à la démocratie... »
    Pendant de longs mois, il a troqué son temps d’artiste, de concepteur visuel contre cette élaboration intellectuelle précise des fondements d’une réelle démocratie.
Face au Bougarnine

    Faouzi Maaouia est le peintre de la cité, comme le montre son blogue : témoin de la communauté citoyenne, de la ville, du côtoiement des arts, de la capitale, de ces quartiers anciens de la Medina, qui font face aux deux pointes (2 cornes : garnine* ou kornine*) du sommet de Bou Garnine, de l’autre côté du lac de Tunis.

     Et depuis la fin du siècle dernier où il expose, le Mont dédié par les Puniques à Baal, puis à Saturne par les Romains, hante ses toiles.

    De l’environnement citadin, il en tire l’esprit de rassemblement et de synthèse. Historien de formation, c’est la civilisation de la délicatesse artistique, de sa sophistication qui imprègne ses toiles, de la référence culturelle, du patrimoine. Elle y est d’autant plus rehaussée que Faouzi n’a jamais craint d’extérioriser la contrainte, la censure en contrepoint sur ses toiles.
La nourricière 2
     A la fois graphiste et coloriste, suivant le support, ses compositions épousent les palpitations de la vie. Car la vision du plasticien tient compte des paradoxes, ne s’en tient pas à une observation monolithique. Il personnifie ses ruelles, du souffle de ses habitants.
    La médina respire, se boursoufle comme l’induisent ses contours. Elle semble se contorsionner de contraintes, de douleurs, de silences, incarcérer ses secrets… et à la fois éclater de musique, de soupirs, de fêtes, de soleil.

Au carrefour de l’Art moderne

    Totalement libéré des formes, le plasticien, joue avec le cubisme. Le trait s’entremêle avec la couleur, à l’instar d’une réalité où modernité s’appuie sur, intègre en douceur et métamorphose le traditionalisme.

   Le peintre explore le négatif/positif, le plein et le vide, les formes imbriquées en trompe l’œil. Les personnages sont composites, issus ou contenant d’autres motifs emblématiques du quotidien, de l’aujourd’hui des petites gens. L’humain est à la fois voile d’esquif, ville, jasmin, oiseau et vague. Il semble résulter d’impressions originaires de l’environnement proche.

    Toujours l’élément marin et plein vent comme pour déstabiliser et ouvrir les perspectives offertes. Souvent cette contradiction s’installe entre poids de muraille et horizon, entre clôture et échappée. La ville est femme et elle s’affranchit.

La Tunisie, Le pays sans bruit. (Jocelyne Dakhlia)
    Entre scènes de la vie, toujours stylisées et moments furtifs, Faouzi se trouve au carrefour de l’art moderne et de la transmission ancestrale. Les motifs, les coloris, du tissage et des tatouages qui sont remplacés par les ornementations temporaires de khôl et de harkous, fonctionnent comme des langages à déchiffrer.

     Dans nombres de ses illustrations, de contes, d’essais, de spectacles, la colombe, la paix, viennent habiter ses croquis, ses toiles ou ses aquarelles. Et elle parcouèrt la Méditerranée.


Femme et Cheval : des symboles ?

       Il semblerait que Femme et Cheval s’associent dans une symbolique de la liberté.
Cette quête de la liberté est présente dans une grande majorité des œuvres du plasticien. Elle apparaît dans la pose d’un corps, dans la franchise ou la licence de son allure. Elle n’exclut personne.

      Mais le tableau, même s’il ne comporte qu’un seul sujet au résultat final, fonctionne comme une histoire. Il semble découler de plusieurs épisodes que pourra facilement reconnaître celui qui regarde.

« Liberté d’expression, liberté d'expression, liberté de création, liberté , LIBERTE !!! »
    Une série de modules identiques, isolés, solitaires, à physionomie humaine a longtemps interrogé la thématique de ses œuvres. Quelles raisons de vivre pouvaient être octroyées par une Cité, sourde, muette et aveugle ?

      Schématisant l’immobilisme de la Cité pendant la période dictatoriale, ses visages réellement « fermé » -biffés-, ses serrures, ses barreaux d’entre les nuages la dénoncent. Elle a été suivie par cette autre interpellation de l’enfantement, de la génération.

      Une nouvelle réinterprétation de la femme et du fruit défendu, de la jouissance et de la mise au monde. A la thématique de l’écrasement suit celle de l’éphémère, de la disparition. Et avec la révolution les œuvres paraissent plus vigoureuses, et sans concessions pour la représentation des victimes. L’œuvre se durcit.

      La Terre, l’Amour, la Mort, le fusionnel, le relationnel sont au cœur de l’œuvre du plasticien, comme de la tâche du militant. En toute cohérence !

Un article de MonaK

* garnine et kornine : ces termes signifient chacun 2 cornes. 


Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire

Cet article vous a fait réagir ? Partagez vos réactions ici :