Peintre de la Révolution tunisienne
Au Centre d’Animation &
de Loisirs (CAL) du quartier Bon Voyage de Nice, le festival « Les
Intermêles Culturels » vient d’exposer les
œuvres de l’une des grandes figures de la Révolution Tunisienne.
Cette manifestation réunit aussi d’autres artistes tout aussi
engagés.
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Ceux qui avant, pendant
cette période et maintenant encore prônent les « valeurs
humanistes telles que la liberté, la tolérance, la justice
sociale, la solidarité… »
Plasticien
humaniste
Humaniste,
l’artiste plasticien Faouzi Maaouia, l’est depuis toujours. Il ne
risque pas d’endosser ce titre par escroquerie. Il ne ressemble en
rien à ceux qui font bonne figure morale, détruisent tout sur leur
passage, par brutale intolérance : ceux-là même qu’il
combat ; voir l’article du 8 octobre 2011 qui montre les
conflits d’intérêt entre humanisme et dogmatisme :
« On
ne le savait que trop bien quand la politique se fait au
nom de la religion, c'est la porte ouverte à tous
les dérapages possibles... Les" salafistes" se déchaînent
pour imposer leur loi et leur Nikab en usant de la
violence...»
Faouzi
passe, aux premiers jours de la révolution (décembre 2010), de
l’expression rudimentaire de l’émotion et de son affirmation à
chaud, à un mode plus élaboré. Son expression plastique passe
d’abord par une image calligraphique simplifiée : liberté,
dignité, hommage aux martyrs.
Elle
sert de slogan. Ebauche brute en état d’urgence, pas le temps d’y
mettre de la couleur ; tout s’effectue entre deux
mobilisations, rapidement « croqué ». L’heure est à
la survie et aux informations efficaces.
« Honneur aux Artistes Libres ! » Le 11.01.2011
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Ensuite,
il s’engage dans la marche de l’histoire et joue un rôle
politique prépondérant dans l’élaboration et la dynamique des
partis de gauche. Membre
fondateur de "l'Initiative
Citoyenne"
dès le 19 mars 2011, il continuera dans une coalition de gauche :
« Où
que vous soyez ! Si vous partagez les valeurs de citoyenneté, de
démocratie et de modernité du Pôle El Qotb… »,
s’adresse-t-il à ses concitoyens. Et suite aux résultats
électoraux inattendus, l’Initiative Citoyenne continue dans
l’opposition : « J'adhère!!! A une constitution qui
prolonge notre histoire, tout en préservant nos acquis, en
garantissant les droits fondamentaux à la liberté, à l’égalité
et à la démocratie... »
Pendant
de longs mois, il a troqué son temps d’artiste, de concepteur
visuel contre cette élaboration intellectuelle précise des
fondements d’une réelle démocratie.
Face
au Bougarnine
Faouzi Maaouia est le
peintre de la cité, comme le montre son
blogue : témoin de la communauté citoyenne, de
la ville, du côtoiement des arts, de la capitale, de ces quartiers
anciens de la Medina, qui font face aux deux pointes (2 cornes :
garnine* ou kornine*) du sommet de Bou Garnine, de l’autre côté
du lac de Tunis.
Et depuis la fin du
siècle dernier où il expose, le Mont dédié par les Puniques à
Baal, puis à Saturne par les Romains, hante ses toiles.
De l’environnement
citadin, il en tire l’esprit de rassemblement et de synthèse.
Historien de formation, c’est la civilisation de la délicatesse
artistique, de sa sophistication qui imprègne ses toiles, de la
référence culturelle, du patrimoine. Elle y est d’autant plus
rehaussée que Faouzi n’a jamais craint d’extérioriser la
contrainte, la censure en contrepoint sur ses toiles.
La nourricière 2
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A la fois graphiste et
coloriste, suivant le support, ses compositions épousent les
palpitations de la vie. Car la vision du plasticien tient compte des
paradoxes, ne s’en tient pas à une observation monolithique. Il
personnifie ses ruelles, du souffle de ses habitants.
La médina respire, se
boursoufle comme l’induisent ses contours. Elle semble se
contorsionner de contraintes, de douleurs, de silences, incarcérer
ses secrets… et à la fois éclater de musique, de soupirs, de
fêtes, de soleil.
Au
carrefour de l’Art moderne
Totalement libéré des
formes, le plasticien, joue avec le cubisme. Le trait s’entremêle
avec la couleur, à l’instar d’une réalité où modernité
s’appuie sur, intègre en douceur et
métamorphose le traditionalisme.
Le peintre explore le
négatif/positif, le plein et le vide, les formes imbriquées en
trompe l’œil. Les personnages sont composites, issus ou contenant
d’autres motifs emblématiques du quotidien, de l’aujourd’hui
des petites gens. L’humain est à la fois voile d’esquif, ville,
jasmin, oiseau et vague. Il semble résulter d’impressions
originaires de l’environnement proche.
Toujours l’élément
marin et plein vent comme pour déstabiliser et ouvrir les
perspectives offertes. Souvent cette contradiction s’installe entre
poids de muraille et horizon, entre clôture et échappée. La ville
est femme et elle s’affranchit.
Entre scènes de la vie,
toujours stylisées et moments furtifs, Faouzi se trouve au
carrefour de l’art moderne et de la transmission ancestrale. Les
motifs, les coloris, du tissage et des tatouages qui sont remplacés
par les ornementations temporaires de khôl et de harkous,
fonctionnent comme des langages à déchiffrer.
Dans nombres de ses
illustrations, de contes, d’essais, de spectacles, la colombe, la
paix, viennent habiter ses croquis, ses toiles ou ses aquarelles. Et
elle parcouèrt la Méditerranée.
Femme
et Cheval : des symboles ?
Il semblerait que Femme
et Cheval s’associent dans une symbolique de la liberté.
Cette quête de la
liberté est présente dans une grande majorité des œuvres du
plasticien. Elle apparaît dans la pose d’un corps, dans la
franchise ou la licence de son allure. Elle n’exclut personne.
Mais le tableau, même
s’il ne comporte qu’un seul sujet au résultat final, fonctionne
comme une histoire. Il semble découler de plusieurs épisodes que
pourra facilement reconnaître celui qui regarde.
« Liberté d’expression, liberté d'expression, liberté de création, liberté , LIBERTE !!! » |
Une série de modules
identiques, isolés, solitaires, à physionomie humaine a longtemps
interrogé la thématique de ses œuvres. Quelles raisons de vivre
pouvaient être octroyées par une Cité, sourde, muette et aveugle ?
Schématisant
l’immobilisme de la Cité pendant la période dictatoriale, ses
visages réellement « fermé » -biffés-, ses serrures,
ses barreaux d’entre les nuages la dénoncent. Elle a été suivie
par cette autre interpellation de l’enfantement, de la génération.
Une nouvelle
réinterprétation de la femme et du fruit défendu, de la jouissance
et de la mise au monde. A la thématique de l’écrasement suit
celle de l’éphémère, de la disparition. Et avec la révolution
les œuvres paraissent plus vigoureuses, et sans concessions pour la
représentation des victimes. L’œuvre se durcit.
La Terre, l’Amour, la
Mort, le fusionnel, le relationnel sont au cœur de l’œuvre du
plasticien, comme de la tâche du militant. En toute cohérence !
Un
article de MonaK
*
garnine et kornine : ces termes signifient chacun 2 cornes.
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