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lundi 3 février 2020

FIFO, 11ème Nuit de la Fiction


Une nuit agitée !


La 11ème Nuit de la Fiction, ouverture sur l’imaginaire océanien, n’a pas manqué de surprendre, comme à son habitude. En ce 1er jour du FIFO, soumis aux turbulences météos à Tahiti, l’écran s’est montré notablement dramatique.

Séance particulière donc, où la salle du Grand Théâtre s’est partagée entre sujets brûlants d’actualité, spectateurs sous projecteurs, attentifs et bienveillants, et chute accidentelle d’une spectatrice évacuée par les secours… Nous lui souhaitons prompt rétablissement.

« Our Father »… une figure effrayante
            Signe des temps, ces courtes fictions abordent sujets sociétaux, clivages sexistes, ethniques et reconnaissances mutuelles. Ils pourraient se regrouper globalement autour de la difficulté de se réaliser : qu’il s’agisse d’enfants, d’ados, de femmes, toutes générations confondues.

La palme des participations revient à la Nouvelle-Zélande, suivie à égalité par l’Australie et Hawaï, une percée de Fidji et… une seule production de Polynésie… 

Du présent au comique...

Le présent n’est pas des plus gai : il s’affronte aux résidus du colonialisme (Liliu, Samoa-N-Z), aux impératifs de la vie moderne (Go to Bac, N-Calédonie), aux démons de l’addiction (All these creatures, Australie), à l’improbable réinsertion (Moloka’i Bound, Hawaï), à la résilience (Our Father, N-Z)… Les réalisateurs optent souvent pour un traitement psychologique, à travers les sentiments plus ou moins déclarés des jeunes…

Face à l’incompréhension des adultes ou leurs abus… Les atmosphères sont étranges, lourdes, entourées d’ombre, d’incompréhension, de secrets et de mystères… Les non-dits y prennent toute leur place. Walk a Mile (N-Z) pourrait seul détenir un peu de positivité, sinon que le contexte est celui de la rédemption après le deuil… ce qui n’est pas profondément réjouissant, avouons-le.

“All these creatures”... Où est le réel ?
           L’amour a besoin de la mort pour se déclarer, l’humour est remplacé par la dérision. Personne ne semble épargné. Sur fond d’incompréhension de couple, éternel problème, #Collapsingempire (N-Z) en est une caricature. Traitée au second degré, elle est bien l’unique fiction à se résoudre par un humour grinçant.

Du fantastique à l'anticipation...


Comme le présent ne propose pas de réelles solutions, il semble que les réalisateurs puisent dans l’ailleurs ou la projection vers un autrement, pour résoudre les problèmes comportementaux de notre humanité. Troll Bridge de Daniel Knight (Australie) joue sur les références légendaires universelles et leur réactualisation par les jeux vidéo pour nous révéler un avenir sans issue. Notre barbarie, notre sens déformé de l’héroïsme bataille avec des tas de jeux de mots (Cohen le barbare-Conan le rebelle), jeux de situations (dialogue avec le cheval…) dans un combat sans issue.

Des légendes scandinaves au troll d’internet, c’est-à-dire le polémiste… toute une suite de clins d’œil hilarants… Du point de vue technique, une petite réussite. Et n’oublions pas : « Un troll sommeille en chacun de nous »…

« Love Bytes » notre miroir ?
          Love Bytes de Sam Prebble (N-Z) ou l’impossible quadrature du cercle. N’y aurait-il que les robots qui puissent prétendre au bonheur ? Inversement, les humains n’y croient plus que de façon virtuelle ! La preuve… ils sont totalement éradiqués. Et nous ne passons pas au travers de ce portrait de nous ! Les robots sont notre portrait. Technique, effets spéciaux, astuce et humour noir assurées :  il s’agit bien de nous ! Quel autre sort pourrait encore nous être réservé ? Vous ne le saurez pas plus avec Kālewa (Hawaï)

Demain serait poétique ?

Alors, que nous reste-t-il ? Chanter avec nos ancêtres des litanies sur la soumission des femmes (You, the Choice of My parents, Fidji) ? S’accrocher à son désir d’épanouissement, malgré le handicap, forcer le destin, puiser en soi, dans les méthodes de pointe ou revenir aux fondamentaux de la culture ancestrale, de la nature, le legs affectif, avec ‘Ori (Polynésie).

Juste que Manuarii Bonnefin entre à plein dans la poétique du mutisme. Du coup, il valorise le corps et son rapport avec une conscience qui prend pied dans le ressenti. Il est vrai que son image est parlante, que les sentiments y sont intensément moteurs : c’est le genre qu’il semble affectionner tout comme la réalisatrice fidjienne, Meli Tuqota tisse le tapa de ses mots. Et puis, Ce qui nous émeut particulièrement, c’est que pour ces deux réalisateurs, nul besoin de passer par un imaginaire universel.

‘Ori… à fleur de sens
           Les fictions courtes semblent s’inscrire, pour leur majorité dans le contexte océanien. En effleurant un aspect qui pourrait passer inaperçu d’ordinaire, ils l’inscrivent dans le patrimoine audio-visuel de la région. Dommage que nous n’en sachions pas plus sur les réalisateurs.


Un article de  Monak et  Julien Gué

          Tous droits réservés à Monak et Julien Gué. Demandez l’autorisation des auteurs avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.



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