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jeudi 13 février 2020

17ème FIFO et distorsions


Ô Papouasie Nouvelle-Guinée !


          Ophir, qui vient de remporter le Grand Prix FIFO 2020, se situe à l’est de la Papouasie Nouvelle-Guinée (PNG)… mais son autonomie annoncée n’est pas encore effective. En fait l’ensemble du pays est une véritable poudrière… multiplicité des ethnies, ingérences externes, pauvreté, tensions sociales, exode sylvestre…


           Pour faire simple, la violence est permanente, soit orchestrée par le gouvernement, soit par les tribus elles-mêmes. Après des années de conflit belliqueux, instrumentisées par les Grandes Puissances Océaniennes, le pays, à feu et à sang, subit encore les contre-coups de colonisations multiformes. Il n’est donc pas étonnant que les documentaires qui y sont réalisés proviennent d’initiatives étrangères, Australiennes en particulier… 

Sean Dorney, un journaliste engagé
Les deux documentaires suivants sur le sujet, tout comme Ophir, font appel à des journalistes dont le travail d’investigation n’est pas anodin, mais risqué, quand ils se trouvent sur le territoire de la PNG. Sean Dorney, Port Moresby, dans la section Hors-compétition, occulte le parcours dangereux de ce journaliste, pour se consacrer à ce moment très particulier de sa vie où il se replonge, à la retraite et diminué, sur les lieux qui lui ont été interdits aux moments forts de sa carrière…

Le second, Lost Rambos, entre format court et moyen-métrage, pourtant inscrit dans la section en compétition, semble correspondre à une sorte d’OVNI documentaire, passe la barre de l’incroyable et rend compte du summum de l’absurdité. On pourrait en rire, tant il est aberrant, on est glacé, tant il est trash…


Un humain parmi les humains

Sean Dorney dans le documentaire de Ben Hawke, en proie à une maladie dégénérative qui le laisse presque impotent, effectue son voyage de retour sur la Terre de sa jeunesse et de sa maturité… Mais, aléas de la censure journalistique imposant, il en a été expulsé en 84, par l’État de PNG, pour l’interview d’un chef rebelle papou, combattant le gouvernement indonésien… Tout comme plus tard, en 2009, il a été banni des Fidji.

Mais le propos de Ben Hawke, étant de nous montrer son intégration dans la communauté de son épouse, papou, journaliste radio de l’Île de Manus (encore !)… nous le voyons revivre par procuration les matchs de rugby dont il était capitaine en 1976, dans la ligue nationale.


Un beau parcours
L’important étant de nous faire percevoir, combien il fait partie de la communauté autochtone, accueilli, au centre des festivités, des rituels de transe destinés à l’accompagner en vue d’une guérison souhaitée. L’image inverse du colonisateur : un Blanc, résidant en PNG, engagé journalistiquement dans le démontage du système dominant. Ce qui n’est pas coutume…

Une tranche de vie où sont tues aussi, ses récompenses officielles… Un film dont l’impact du film sorti en 2018 induit le gouvernement de PNG à le décorer de l’étoile de Mélanésie en 2019 : ce qui nous laisse espérer en des jours meilleurs…


Le comble de l'irrationnel

Le documentaire Lost Rambos de Chris Phillips, s’il fallait le démontrer, expose, en passant d’une tribu à l’autre, l’ineptie de la guerre. Revancharde, elle ne prend en compte que les termes de l’hécatombe, du combat avec pour seule issue l’extermination.

À l’échelle tribale, elle ne conçoit la victoire que sans merci, qui efface l’attaque précédente par la disparition totale de l’autre. Les négociations de paix ne sont envisagées que par des compensations. Un sens de l’honneur exacerbé qui prend pour modèle, l’extrémisme du héros de film Rambo. La modernité ne sert qu’à radicaliser des armes à feu, récoltées sur d’autres champs de bataille et vendues par des forces de l’ordre peu regardantes.

Sans issue ?
Que la région soit ravagée ensuite, importe peu… En quelques images, la situation reste inextricable. Au passage, les femmes dénoncent le système patriarcal. Une situation qui semble hors du temps, hors de toute société, renie toute cohabitation… Des guerriers anachroniques qui semblent avoir déchanté depuis longtemps de toute réalité…

Un bizarre point final qui nous renvoie à notre manque d’humanité.


Un article de   Monak et  Julien Gué

Tous droits réservés à Monak & Julien Gué. Demandez l’autorisation des auteurs avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.


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