Ô Papouasie Nouvelle-Guinée !
Ophir, qui vient de remporter le Grand Prix FIFO 2020, se situe à
l’est de la Papouasie Nouvelle-Guinée (PNG)… mais son autonomie annoncée n’est
pas encore effective. En fait l’ensemble du pays est une véritable poudrière…
multiplicité des ethnies, ingérences externes, pauvreté, tensions sociales,
exode sylvestre…
Pour faire
simple, la violence est permanente, soit orchestrée par le gouvernement, soit
par les tribus elles-mêmes. Après des années de conflit belliqueux, instrumentisées
par les Grandes Puissances Océaniennes, le pays, à feu et à sang, subit encore
les contre-coups de colonisations multiformes. Il n’est donc pas étonnant que
les documentaires qui y sont réalisés proviennent d’initiatives étrangères, Australiennes
en particulier…
Sean Dorney, un journaliste engagé
Les deux documentaires suivants
sur le sujet, tout comme Ophir, font appel à des journalistes dont le travail d’investigation n’est
pas anodin, mais risqué, quand ils se trouvent sur le territoire de la PNG. Sean
Dorney, Port Moresby, dans
la section Hors-compétition, occulte le parcours dangereux de ce journaliste,
pour se consacrer à ce moment très particulier de sa vie où il se replonge, à
la retraite et diminué, sur les lieux qui lui ont été interdits aux moments
forts de sa carrière…
Le second, Lost
Rambos, entre format court et
moyen-métrage, pourtant inscrit dans la section en compétition, semble
correspondre à une sorte d’OVNI documentaire, passe la barre de l’incroyable et
rend compte du summum de l’absurdité. On pourrait en rire, tant il est
aberrant, on est glacé, tant il est trash…
Un humain parmi les humains
Sean Dorney dans le documentaire de Ben Hawke, en
proie à une maladie dégénérative qui le laisse presque impotent, effectue son
voyage de retour sur la Terre de sa jeunesse et de sa maturité… Mais, aléas de
la censure journalistique imposant, il en a été expulsé en 84, par l’État de PNG, pour l’interview d’un chef
rebelle papou, combattant le gouvernement indonésien… Tout comme plus tard, en
2009, il a été banni des Fidji.
Mais le propos de Ben Hawke, étant de nous montrer
son intégration dans la communauté de son épouse, papou, journaliste radio de
l’Île de Manus (encore !)… nous le voyons revivre par procuration les matchs
de rugby dont il était capitaine en 1976, dans la ligue nationale.
Un beau parcours |
L’important étant de nous faire percevoir, combien
il fait partie de la communauté autochtone, accueilli, au centre des
festivités, des rituels de transe destinés à l’accompagner en vue d’une
guérison souhaitée. L’image inverse du colonisateur : un Blanc, résidant
en PNG, engagé journalistiquement dans le démontage du système dominant. Ce qui
n’est pas coutume…
Une tranche de vie où sont tues aussi, ses
récompenses officielles… Un film dont l’impact du film sorti en 2018 induit le
gouvernement de PNG à le décorer de l’étoile de Mélanésie en 2019 : ce qui nous
laisse espérer en des jours meilleurs…
Le comble de l'irrationnel
Le documentaire Lost Rambos de Chris Phillips, s’il fallait
le démontrer, expose, en passant d’une tribu à l’autre, l’ineptie de la guerre.
Revancharde, elle ne prend en compte que les termes de l’hécatombe, du
combat avec pour seule issue l’extermination.
À l’échelle tribale, elle ne conçoit
la victoire que sans merci, qui efface l’attaque précédente par la disparition
totale de l’autre. Les négociations de paix ne sont envisagées que par des
compensations. Un sens de l’honneur exacerbé qui prend pour modèle,
l’extrémisme du héros de film Rambo. La modernité ne sert qu’à radicaliser des
armes à feu, récoltées sur d’autres champs de bataille et vendues par des
forces de l’ordre peu regardantes.
Sans issue ?
Que la région soit ravagée ensuite, importe peu… En
quelques images, la situation reste inextricable. Au passage, les femmes
dénoncent le système patriarcal. Une situation qui semble hors du temps, hors
de toute société, renie toute cohabitation… Des guerriers anachroniques qui
semblent avoir déchanté depuis longtemps de toute réalité…
Un bizarre point final qui nous renvoie à notre
manque d’humanité.
Un article
de Monak et Julien Gué
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