Le 5 mars 1797 arrivait l’évangile
Il y a 215 ans,
dix-huit missionnaires britanniques débarquaient à Tahiti, dans la baie de Matavai.
L'évangélisation de la Polynésie venait de commencer...
La rencontre
entre les « sauvages » et les Anglais à Tahiti
En ce mois de mars 1797, un navire
battant pavillon de la couronne d’Angleterre mouille dans la baie de Matavai, à
quelques encablures de la plage de la pointe Vénus, sur la côte est de Tahiti.
Commandé par l’explorateur James
Wilson, ce même navire, le Duff, fera plus tard escale dans l’archipel des Gambier, donnant au
passage son nom au plus haut sommet de l’île de Rikitea. Mais là, ce sont des missionnaires catholiques français qui débarquèrent...
Le jour qui transforma les Polynésiens
Sur les trente missionnaires de la
London Missionnary Society qui se trouvaient à bord du Duff, dix-huit
avaient pour mission de débarquer à Tahiti, d'y établir
une mission et d'évangéliser les «sauvages» qui peuplaient cette île déjà
mythique.
La plaque avec le nom des 18 premiers missionnaires
La mission évangélique avait à sa
tête le pasteur John Jefferson. Sur les dix-huit membres du groupe, seuls quatre
étaient considérés comme lettrés et instruits. Les autres missionnaires, bien
que sachant tous lire et écrire, étaient relégués à des travaux manuels ou
subalternes.
Sur la plage, le comité d’accueil
avait à sa tête le jeune roi Pomare II et son épouse, la belle Tetua-nui
Taro-vahine (dite Tetua Tetua), tous deux juchés sur les épaules de solides
jeunes hommes…
La plage de la pointe Vénus aujourd’hui
Toutefois le succès, incontestable
aujourd’hui, de cette mission d’évangélisation fut long à se dessiner.
Henry Nott, l’homme qui convertit le roi
Parmi les dix-huit hommes qui
débarquèrent du Duff s'en trouvait un qui transforma le destin de la
Polynésie et des Polynésiens: Henry Nott, maçon de son état.
Henry Nott, l’homme par qui arriva l’évangile
Son premier exploit fut,
incontestablement, d’avoir obtenu la conversion du roi Pomare II. C’est en
effet cette conversion qui, lentement mais sûrement, fit tache d’huile et
provoqua la transformation profonde des sociétés polynésiennes.
Mais Henry Nott est surtout connu
pour avoir, aidé dans sa tâche par un autre missionnaire, John Davies, et par
le Polynésien Tuahine (originaire de Raiatea), traduit la Bible en langue
tahitienne.
Pomare II, le premier converti
Il fallut de longues années pour
que le travail de nos premiers missionnaires porte ses fruits. Mais le résultat
est là aujourd’hui, incontestable. La quasi-totalité de la population
polynésienne est soit catholique, soit protestante, soit membre de l’une ou
l’autre de ces églises issues de ce tronc commun (mormons, témoins de Jéhovah,
adventistes, etc.).
Le roi Pomare II après sa conversion
Pour le roi Pomare II, qui franchit
le pas en reniant les croyances de ses ancêtres, les choses ne furent pourtant
pas faciles. Il lui fallut lutter contre tous pour imposer son choix. Il y
parvint essentiellement grâce à un élément majeur présent dans la nouvelle
doctrine, qui était totalement nouveau pour les Polynésiens: le pardon.
Les sujets du jeune roi, séduits
par la nouvelle foi, mais aussi sans doute pour rester dans les bonnes grâces
de leur souverain, étaient de plus en plus nombreux à se convertir. Un
phénomène qui ne plaisait guère aux représentants des cultes traditionnels,
évidemment.
Le domaine de Pomare peint en juin 1846 par Cyprian Bridge
Les conflits se multiplièrent et
gagnèrent en violence. Au petit jeu sanglant de la guerre de religion, ce sont
les chrétiens de Pomare qui l’emportèrent. Et c’est à ce moment-là que Pomare
anéantit tous les espoirs de ses opposants. Car, contrairement à la coutume de
l’époque en de telles circonstances, il interdit le pillage, la capture des
vaincus et même le massacre qui aurait dû avoir lieu… Il alla jusqu’à organiser
un culte d’action de grâce…
Les dés étaient jetés.
Le 5 mars aujourd’hui en Polynésie
En 2012, en Polynésie française, ce
jour anniversaire de l’arrivée de l’Evangile est un jour férié et chômé, à
l’instar de Noël ou du 1er mai.
S’il s’agit, originellement, d’un
événement concernant les membres des églises protestantes uniquement, il est
aujourd’hui l’objet de nombreuses cérémonies œcuméniques et de moult manifestations,
rencontres, offices et cultes de toutes sortes.
Une cérémonie commémorative à Tahiti
Cependant, la plus importante
reste, bien évidemment, celle qui réunit chaque année, sur les lieux de cette
arrivée, c’est-à-dire sur la plage de la pointe Vénus à Mahina, plus d’un
millier de fidèles regroupés pour commémorer l’événement avec l’Eglise
Protestante Ma’ohi.
La Polynésie totalement évangélisée
Un peu plus de deux siècles après
le débarquement des premiers missionnaires du Duff, la Polynésie
(devenue française entre temps) est un rare exemple d’une évangélisation
totale. En effet, sur l’ensemble des cent soixante-dix-huit îles polynésiennes,
on peut considérer comme quantités négligeables les personnes ne relevant pas
d’une foi chrétienne.
Par contre, phénomène révélateur,
certains mouvements ailleurs considérés comme des sectes, et à ce titre
interdits, sont ici reconnus en tant qu’églises à part entière. Ainsi en
va-t-il, par exemple, des Témoins de Jéhovah, de l’Eglise Mormone, etc.
Le temple Paofai à Papeete
Il est, par ailleurs, intéressant
de noter qu’en Polynésie française, alors que la misère touche chaque jour de
plus en plus de monde, les temples et les églises ne désemplissent pas et
qu’ils sont, de très loin, les bâtiments les mieux entretenus de tout le pays…
Un
article de Julien Gué
Quelques sources :
Rillietta
RépondreSupprimerC'est vraiment dommage à la polynésie d'avoir perdue leur propre culture, les religions gachent tous!
quel gâchis , tuer la culture d'une civilisation,
RépondreSupprimerDEUIL TERRITORIAL devrait être le nom de ce 5 mars ...