Publicité

Publicité
Le nouveau roman de de Monak à lire absolument

samedi 8 février 2025

22èFIFO-Trans

COMPÈT’ GRAND FRISSON !

 

             Après un pannel OFFS de "oufS" de 4 jours, merci au Comité du FIFO 2025 qui nous livre, depuis le début de la semaine, une sélection de documentaires en compétition  –rarement aussi performante ! –... De dingue ! oui ! car la planète a rarement affiché autant d’aberrations au m3 (mètre cube) de cet Océan déchaîné. Heureusement que l’humour décapant de  MYTHS AND MAIDENS,   vient  sécher nos larmes de tant de drames océaniens déchirants. 

          Ces dames –dont la réalisatrice Lisa Taouma (NZ) & Mareva Leu (Pf), consultante culturelle FIFO entre autres...–, ne se gênent pas de casser l’image éculée depuis leur rencontre avec le Blanc–colonisateur missionnaire». Sans concession, elles font exploser leur statut de "bien mobilier", de poupée modèle, de "visage-pâle", crachent enfin sur leur make up d’anorexique occidentale-soit-disant supérieure que leur concoctent ces faiseurs de starlettes, stylistes, cultureux de tous bords qui ont jadis pris  à l’abordage les îles du Pacifique  pour les rendre "invisibles".  Quant au gabarit, couleur de peau, chevelure-dite-afro elles s’en réapproprient le critère d’Océanité ! Véritable bouffée d’air frais... elle se décrypte & se déguste au 5 ou 6ème degré du comique & de la provocation excessive & illimitée ! Merci Mesdames pour ce triomphe pour le moins  "durable"...                 


Aveuglez-vous sur nos sources...

      [Osons-le : "transcendantal" conviendrait parfaitement, à cette catégorie documentaire 2025 en compétition, tant les documentaristes de cette couvée n’hésitent pas à révéler du lourd, à nous en tordre les tripes, à nous tenir en haleine, au bord de l’évanouissement anxiogène jusqu’au bout de la résolution différée du drame, de l’enquête, du verdict & tutti quanti...] 

       Car la révolte gronde, bouillonne, déborde ! Vous l'appellerez comme vous voulez : déblayage féministe, protestation... Les documentaires se régalent avec le sujet, mais il atteint des paroxysmes...

      Il paraît justifié que Ben Salama, Président de ce Jury, vous ait déclaré  craindre pour les décisions finales...

 

Transitude, l’humain au cœur ?

        FIER.E.S  La voix du Pacifique, doc. de Raynald Mérienne sur les identités Queer, fonctionne, tels les laboratoires de Théâtre du Bloc soviétique (Stanislavsky), le Living Theatre ou l’Actor Studio : en exploitant ce que nous sommes allés puiser au fond de nous-mêmes... ce que nous voulions y enfouir pour l’oublier. La comparaison s’achève là, la plupart des exemples, ne s’appliquant pas totalement à leur modèle. C’est bien connu.

     Car, pour entendre enfin «ces voix du Pacifique», il nous faut les laisser parler dans leur intégrité. Elles n’ont cessé d’être étouffées, bafouées, démenties, condamnées. Et au moment de prendre la parole, demeure la terreur de revivre plein pot, le traumatisme initial & sa souffrance... Avant tout, il faut «briser la glace» et que la source jaillisse à nouveau, sous des torrents de larmes.

       Chacune des individualités représente un iceberg de solitude... Chacun.e intervient seul.e : obligé.e de se débrouiller seul.e. Trop jeune pour endosser le rôle d’éducateur à la place de parents abuseurs, infantilisés par «l’opium du peuple», d’adultes profiteurs, encensés, fermés, rigides, pervers... Trop prématurément vieilli pour retrouver l’innocence qui précède le viol (physique, psychique... subi.s )...


Parlez-nous de vous...

       D’où cette succession à l’écran, comme des points de suspension, d’êtres fortement exclus, inexistants, sauf pour se ramasser les coups... déréalisés dans leur bulle... cette suite de portraits, émergeant des abysses & de l’ombre...

        Les générations actuelles de Polynésie française aux genres et aux identités multiples, existant déjà, pour certaines, depuis la nuit des temps sous toutes les latitudes, –pour d’autres, à la même date que la décision des essais nucléaires, &de la création de la chaîne de télévision Polynésie la 1ère (excellent 60ème anniversaire pour les deux entités)–, connaîtront-elles un avenir plus serein à partir de la diffusion du documentaire  : FIER.E.S  ?    

       Équipe de tournage, Cartouche Louise-Michèle (photographe), individualités pressenties à l’écran, –en majorité, couleur locale–, & réalisateur, semblent avoir concrétisé au plus près leur unité.

      Pour un sujet traitant de la diversité identitaire, la combinaison s’avère remarquablement réussie, dans le rendu émotionnel de la prestation comme aux yeux du spectateur. Preuve, s’il en fallait une, que la cohabitation et l’intégration sociale ne s’arrachent pas par la violence, mais s’accomplissent dans le respect mutuel. «L’acceptance», le suggère Delphine Barrais.

       En explorant un peu les déclarations séparées du duo Cartouche-Raynald, en exposition chair intense à Hoa et des individualités Queer vous en comprendrez les enjeux mutuels : ce qui vous renvoie à la norme relationnelle idéale vers laquelle tend tout peuple fondé sur des valeurs dont il n’a pas été spolié ou une Constitution républicaine, laïque, égalitaire & solidaire.

         Renseignez-vous : réalisation & sujets partagent les mêmes intérêts.


Quelle image, quelle voix !?!

        Auraient-ils deviné de part & d’autre que le partage modifie les êtres & les situations... Le regard de la caméra comme l’objectif se polarise, la palette s’affinant au grain de peau près : entre douceur & gravité, sourire & larmes, vitalité & hébétude... élan parfois brisé...

     Esthétiquement soignés au niveau des contrastes, de la lumière, les portraits   s’enchevêtrent de façon délicate, sans bavure ; ils émergent de l’ombre, signifiant une réalité,  soudain lancée comme une flèche. Puis ne tenant pas la route, s’évanouissent. 

Cartouche fait la FIER.E.(S)

       Et si entre spectateurs et personnages se révélant sur scène après la projection du film, passait ce courant qui réconcilie & rassure ? Les larmes se sont lâchées, les voix se sont enrayées au micro, du côté des spectateurs au Grand Théâtre. Ce n’était pas pour leur «filmogénie», leur photogénie.

       Le réalisateur n’a pas joué ce jeu-là. Mais rien n’est gagné. Qui serait tenté d’exploiter encore & toujours de les victimiser ? Dans cette euphorie de fin de cycle au FIFO, rien n’est gagné : le combat n’est pas totalement gagné. Il laisse entrevoir des issues... Mais le monde de l’audiovisuel, avant tout implacable, jugeant en priorité sur l’apparence risque de reproduire encore cette discrimination qui en a tué tant d’autres...

     MYTHS AND MAIDENS nous montre de façon incontournable, combien l’Océanienne devra encore se «blanchir», «se rajeunir» pour se formater dans l’image hollywoodienne, même en feu !

   Inutile d’en rabaisser encore certaines ! Dans tous les cas, Elles surprennent. Les familles continueront pour un temps à faire taire les plus fragiles, comme les plus dérangeantes. Espérons le plus court !                                                           

La trans-attitude 

  En totale symbiose avec Mahe, Reretini, Jessica, Sailali,  Lalita & celles qui se sont suicidées, le public les a soutenues, encouragées, reconnues pleinement dans leur identité...


Quel panorama  pour  les familles ?

      La sacro-sainte famille, rigide, coercitive semblerait en voie de disparition... du moins, le croit-on en respirant l’adhésion d’un public mélangé entre ados & adultes de tous âges...  l’espace d’un festival...

    L’ère contemporaine approuverait-elle enfin la parentalité multigenre, tout comme jadis, elle avait dépassé sa phobie des trains pour entrer résolument dans l’ère des 1ers avions et plus invraisemblable encore, celle des fusées dans l’espace.  

   À quelques 4 000 kms de Tahiti, l’inclusion du couple transgenre reconnaît devoir se prémunir, même si rien ne le laisse prévoir. Anticiper le regard de l’autre, c’est avant tout éliminer tout risque de désagrément. La situation semble tellement inhabituelle, qu’elle en devient surréaliste. Ce n’est pas craindre le pire qui se profile , mais à se voir sans cesse obligé de se justifier du meilleur.



Enfer & destruction...
 ou saluer les choix ... Raynald

   Si un transgenre poilu, barbu, chauve, peut parvenir à mettre au monde un enfant parfaitement viable : ça peut surprendre, si on n’est pas au courant. Mais l’ignorance ne justifie ni la maladresse de la montrer, ni  une quelconque désapprobation.

  Pas moins d’angoisse donc pour ce couple de même genre, officiellement marié, qui pose les réajustements juridiques nécessaires à leur bien-être, en fonction des manquements que le parlement Néo-zélandais initie, et concernant la «trans-maternité ou la trans-parentalité» ; le processus étant en cours... Des points de vue à interroger & une prise de conscience à réinvestir pour  intégrer la nouvelle réalité de la gestation & de la mise au monde.  Des réflexes à gérer autant dans les unités médicales qu’en société.

Un choix personnalisé...de Râwa & Frankie

         Depuis, TRANS and PREGNANT (NZ), il  ne sera plus dit que le naturel d’une gravidité (prégnance ou grossesse + accouchement)  ne sera plus possible ! ! !  Un couple l’a réalisé (un homme et un transgenre –FTM–) avec une naissance réussie dans la piscine... L’enfant se porte bien. L’important étant d’être soutenu par un entourage qui comprend l’innovation de cet acte pionner...

La seule réponse  : l’avenir

Qui a jamais pu prévoir les découvertes... les progrès scientifiques & sociaux ?

Ils nous prennent de court.

En l’absence de toute certitude, préservons-les, préservons-nous.

Humain.e à part entière
 

Et face à l’intolérance, la haine de ce qu’on ne connaît pas :

Le maître-mot de ce 22èFIFO : CONFLUENCE ! RÉSISTANCE !

Un article de  Monak


NB- 1er Prix Spécial du Jury : Trans & Pregnant – Ramon TE WAKE

● 2ème Prix Spécial du Jury : Fier.e.s, la voix du Pacifique – Raynald MÉRIENNE

● Prix du Public : Fier.e.s, la voix du Pacifique – Raynald MÉRIENNE

 

      Tous droits réservés à Monak. Demandez l’autorisation de l’auteure avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire

Cet article vous a fait réagir ? Partagez vos réactions ici :