Sécurité ou
incertitude ?
La 56ème Fête Nationale de la Femme s’est
célébrée sur fond de revendications, dans les grandes villes du pays comme dans
certaines capitales étrangères. Déploiement impressionnant des forces de police
en vue d’intimidation, dès 17 heures. Pas d’incidents notoires pour cette
nocturne ramadanesque.
Mobilisation pour les femmes, contre les islamistes
Aucune ambiguïté possible : la population
tunisienne s’est mobilisée en masse ! De la frontière libyenne à
l’algérienne, les villes ont défilé. Pas moins de 30 000 participants à
Tunis, s’il faut s’en tenir aux estimations les plus basses. Mais les derniers
chiffres tourneraient autour de : 100 à 150 000 personnes. Chiffre
proche de l’affluence du 14 janvier 2011 (succès de la révolution) et de la
Fête de l’indépendance (20 mars 2012). De « barbiphores », nulle
trace.
C’est que, dans cette période de transition, le
gouvernement provisoire mélange gouvernance et bagatelle. Le parti Initiative
Citoyenne le souligne avec humour : « La femme tunisienne, conquête
de la Tunisie » !
Pour les femmes contre les islamistes
La fête de la femme n’a donc pas rompu avec sa
vocation. Elle reste encore nationale, bien que menacée. Tant que le Code du
Statut Personnel n’a pas été effacé par les gestionnaires de l’actuelle
pagaille, les femmes jouissent de ce droit d’égalité.
Car la
Constitution, née à l’Indépendance de la Tunisie, octroie, depuis près de 60
ans, un droit égalitaire entre les sexes pour l’accession à l’instruction, à la
culture, à l’autonomie pécuniaire, vestimentaire et matrimoniale (concernant
notamment l’âge nuptial).
Femme au sommet !
Dans ce
contexte, où les extrémistes au pouvoir lui contestent son intégrité légale, un
collectif a divulgué une proclamation : Manifeste des Femmes Tunisiennes.
Revendiquant les figures qui ont émaillé son
histoire, la Tunisienne s’identifie à cette longue lignée :
« ° Elyssa je suis, celle qui selon la légende fonda Carthage il y
a 3000 ans.
° Sainte Perpétue je suis, celle qui, native de Tébourba au troisième
siècle, légua aux tunisiennes le premier ‘‘manuscrit’’.
° Kahéna la berbère je suis, celle qui combattit les invasions au
septième siècle.
° Arwa la Kairouannaise je suis, celle qui imposa le contrat de mariage
kairouannais et interdit la polygamie au 8ème siècle.
° Om Mlel Sanhaji je suis, celle qui gouverna la Tunisie pendant la
période islamique il y a de cela plus d’un millier d’années.
° Sainte Aicha Al Manoubia je suis, celle qui au 13ème
siècle dit non au mariage pour se consacrer à l’étude du Fikh avec Belhassen
Chadli.
Depuis Tanit !
° Princesse Atef je suis, celle qui au 13e siècle se
consacra à la science, à la connaissance et fondatrice de l’école Taoufikia.
° Aziza Othmana je suis, celle qui au 17ème siècle fit don
de ses biens pour construire un hôpital, aider les plus démunis et
libérer les esclaves.
° B’chira Ben Mrad je suis, celle qui lutta et souffrit des affres de
l’oppression (1913-1993).
° Nabiha Ben Miled je suis, celle qui lutta pour l’indépendance de son
pays (1919-2009).
° Taouhida Ben Cheikh je suis, celle qui fut la première femme médecin
tunisienne en 1934; l’hôpital de Montreuil porte mon nom.
° Habiba El Menchari je suis, celle-là même qui retira son voile en
1924 lors d’une réunion avec les dirigeants du mouvement national. »
Toutes générations confondues !
« Toutes les femmes tunisiennes je suis
Celles qui depuis des milliers
d’années
Ne cessent de crier
Non à la soumission
Citoyennes tunisiennes nous
sommes. »
Pas de Tunistan, mais la Tunisie
Ce qu’elles exigent, avec ce petit signe qui les
symbolise depuis Tanit, déesse de l’antique Carthage, c’est leur pleine entité.
Elles ne sont pas moitié, elles ne sont pas inférieures, elles sont.
Nadia El Fani le relatait dans son film Tanitez-moi. Mais c’est dernièrement que
la cinéaste pose l’équation insoluble de la république confessionnelle qui ne
laisse de place à aucune autre alternative, ni à tous ses habitants. Laïcité Inch’Allah (2011) évoque donc
les Tunisiens athées, juifs et chrétiens dont le sort n’est pas inscrit dans la
Constitution.
Etat laïque ou confessionnel ? (Ni
Allah, ni Maître de Nadia El Fani)
Il semble que les citoyens se voient spoliés, de
façon insidieuse, des droits dont ils étaient pourvus précédemment ou qu’ils
ont arrachés avec la révolution.
En cette période cruciale de la Constituante, la
Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, tout comme les associations tunisiennes
de libres penseurs et les partis d’opposition ne semblent plus assurés
d’exercer pleinement leurs droits d’opinion ou d’expression, de même les
artistes et les médias.
Lotfi Abdelli, au lendemain du 13 août, s’entend
menacer de mort et se voit « interdit » de jouer son spectacle 100% Hallal. Une
mise en scène de mercenaires extrémistes, orchestrée par un imam occupe les
abords du théâtre.
Un cadeau empoisonné
Ni le ministre de la culture, ni le gouvernement,
n’interviennent pour que soient respectés les engagements du festival vis-à-vis
de l’artiste.
Après, le succès de la Journée Nationale de la
Femme, force est de constater que le répit est de courte durée.
La dictature « des
cons » !
En dépit des promesses et accords du gouvernement
transitoire, annonce est faite que les élections, prévues pour octobre 2012
seront repoussées. « De quoi laisser du temps
à Ennadha de prendre en main ce qui reste des leviers du pouvoir dans le pays ». Ce qui s’effectue en sous-main et au quotidien, par la destitution
des élus.
Et pour couronner une situation qui sent le coup
d’Etat, l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates est mise à l’index, incidemment.
Sursaut ou mort de la démocratie ?
Coups de sonde, déclarations intempestives, retraits
puis exactions, tout semble bon pour que la déstabilisation instaurée prépare
le terrain au retour d’une dictature plus terrible encore. Car celle de la
théocratie ne laisse pas de pardon.
En ce 14 août, le code du statut personnel est
déclaré inepte, par un politicien véreux.
Tunisienne, une entité !
Que résulte-t-il vraiment de cette période qui
devait accoucher d’une nouvelle constitution ? Une détermination de la
population à ne rien lâcher, mais en même temps, le lent travail de sape de
sectes occultes.
«Mon sentiment quant à la situation de la femme en
Tunisie au moment où nous célébrons le 13 août est mitigé. Je suis à la fois
rassurée et inquiète », répond à Leaders Bochra Belhadj Hmida, avocate et militante de premier rang de la cause féminine. Rassurée,
poursuit-elle, en voyant que les femmes des zones les plus reculées du pays et
des couches les plus défavorisées sont assez fortes. Elles ne sont pas dans la
régression, mais dans la revendication, la contestation. J’ai rarement vu une
femme remettre en cause ses acquis».
«C’est la situation sociale et culturelle qui
continue à régresser au lieu d’évoluer. J’ai toujours considéré que les pays où
la situation de la femme a régressé sont ceux dans lesquels il existe un grand
écart social. »
Alors, Tunisie ou Tunistan ?
Un article de MonaK
Personne ne veut de démocraties à mi-mot, non merci, les citoyennes sont moitié du peuple, pas moins ! Encore moins de "démocratie masculiniste" (à l'athénienne antique sans les femmes et les esclaves) étouffant le principe d'égalité des sexes en glissant insidieusement dans la gorge constitutionnel le relativisme naturaliste en totale contradiction avec les pactes civils des Nations Unies (393 pays)
RépondreSupprimerEn gazette pétitionnaire, en premier point, vous trouverez la pétition de refus de cette annexion des femmes en Tunisie http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/05/feminicidesgazette-des-petitions.html