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mercredi 15 août 2012

Tunisie : L’après 13 août 2012


Sécurité ou incertitude ?

 

La 56ème Fête Nationale de la Femme s’est célébrée sur fond de revendications, dans les grandes villes du pays comme dans certaines capitales étrangères. Déploiement impressionnant des forces de police en vue d’intimidation, dès 17 heures. Pas d’incidents notoires pour cette nocturne ramadanesque.

 


Mobilisation pour les femmes, contre les islamistes

Aucune ambiguïté possible : la population tunisienne s’est mobilisée en masse ! De la frontière libyenne à l’algérienne, les villes ont défilé. Pas moins de 30 000 participants à Tunis, s’il faut s’en tenir aux estimations les plus basses. Mais les derniers chiffres tourneraient autour de : 100 à 150 000 personnes. Chiffre proche de l’affluence du 14 janvier 2011 (succès de la révolution) et de la Fête de l’indépendance (20 mars 2012). De « barbiphores », nulle trace.

 

C’est que, dans cette période de transition, le gouvernement provisoire mélange gouvernance et bagatelle. Le parti Initiative Citoyenne le souligne avec humour : « La femme tunisienne, conquête de la Tunisie » !

 

Pour les femmes contre les islamistes

La fête de la femme n’a donc pas rompu avec sa vocation. Elle reste encore nationale, bien que menacée. Tant que le Code du Statut Personnel n’a pas été effacé par les gestionnaires de l’actuelle pagaille, les femmes jouissent de ce droit d’égalité.

 

 Car la Constitution, née à l’Indépendance de la Tunisie, octroie, depuis près de 60 ans, un droit égalitaire entre les sexes pour l’accession à l’instruction, à la culture, à l’autonomie pécuniaire, vestimentaire et matrimoniale (concernant notamment l’âge nuptial).

 

Femme au sommet ! 

  Dans ce contexte, où les extrémistes au pouvoir lui contestent son intégrité légale, un collectif a divulgué une proclamation : Manifeste des Femmes Tunisiennes.

 

Revendiquant les figures qui ont émaillé son histoire, la Tunisienne s’identifie à cette longue lignée :

« ° Elyssa je suis, celle qui selon la légende fonda Carthage il y a 3000 ans.
° Sainte Perpétue je suis, celle qui, native de Tébourba au troisième siècle, légua aux tunisiennes le premier ‘‘manuscrit’’.
° Kahéna la berbère je suis, celle qui combattit les invasions au septième siècle.
° Arwa la Kairouannaise je suis, celle qui imposa le contrat de mariage kairouannais et interdit la polygamie au 8ème siècle.
° Om Mlel Sanhaji je suis, celle qui gouverna la Tunisie pendant la période islamique il y a de cela plus d’un millier d’années.
° Sainte Aicha Al Manoubia je suis, celle qui au 13ème siècle dit non au mariage pour se consacrer à l’étude du Fikh avec Belhassen Chadli.

Depuis Tanit ! 

° Princesse Atef je suis, celle qui au 13e siècle se consacra à la science, à la connaissance et fondatrice de l’école Taoufikia.
° Aziza Othmana je suis, celle qui au 17ème siècle fit don de ses biens pour  construire un hôpital, aider les plus démunis et libérer les esclaves.
° B’chira Ben Mrad je suis, celle qui lutta et souffrit des affres de l’oppression (1913-1993).
° Nabiha Ben Miled je suis, celle qui lutta pour l’indépendance de son pays (1919-2009).
° Taouhida Ben Cheikh je suis, celle qui fut la première femme médecin tunisienne en 1934; l’hôpital de Montreuil porte mon nom.
° Habiba El Menchari je suis, celle-là même qui retira son voile en 1924 lors d’une réunion avec les dirigeants du mouvement national. »

Toutes générations confondues ! 

 « Toutes les femmes tunisiennes je suis
Celles qui depuis des milliers d’années
Ne cessent de crier
Non à la soumission
Citoyennes tunisiennes nous sommes. »

 

Pas de Tunistan, mais la Tunisie

Ce qu’elles exigent, avec ce petit signe qui les symbolise depuis Tanit, déesse de l’antique Carthage, c’est leur pleine entité. Elles ne sont pas moitié, elles ne sont pas inférieures, elles sont.

 

Nadia El Fani le relatait dans son film Tanitez-moi. Mais c’est dernièrement que la cinéaste pose l’équation insoluble de la république confessionnelle qui ne laisse de place à aucune autre alternative, ni à tous ses habitants. Laïcité Inch’Allah (2011) évoque donc les Tunisiens athées, juifs et chrétiens dont le sort n’est pas inscrit dans la Constitution.

 


Etat laïque ou confessionnel ?  (Ni Allah, ni Maître de Nadia El Fani)

Il semble que les citoyens se voient spoliés, de façon insidieuse, des droits dont ils étaient pourvus précédemment ou qu’ils ont arrachés avec la révolution.

 

En cette période cruciale de la Constituante, la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, tout comme les associations tunisiennes de libres penseurs et les partis d’opposition ne semblent plus assurés d’exercer pleinement leurs droits d’opinion ou d’expression, de même les artistes et les médias.

 

Lotfi Abdelli, au lendemain du 13 août, s’entend menacer de mort et se voit « interdit » de jouer son spectacle 100% Hallal. Une mise en scène de mercenaires extrémistes, orchestrée par un imam occupe les abords du théâtre.

 

Un cadeau empoisonné

Ni le ministre de la culture, ni le gouvernement, n’interviennent pour que soient respectés les engagements du festival vis-à-vis de l’artiste.

 

Après, le succès de la Journée Nationale de la Femme, force est de constater que le répit est de courte durée.

 

La dictature « des cons » ! 

En dépit des promesses et accords du gouvernement transitoire, annonce est faite que les élections, prévues pour octobre 2012 seront repoussées. « De quoi laisser du temps à Ennadha de prendre en main ce qui reste des leviers du pouvoir dans le pays ». Ce qui s’effectue en sous-main et au quotidien, par la destitution des élus.

 

Et pour couronner une situation qui sent le coup d’Etat, l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates est mise à l’index, incidemment.

 

Sursaut ou mort de la démocratie ?

Coups de sonde, déclarations intempestives, retraits puis exactions, tout semble bon pour que la déstabilisation instaurée prépare le terrain au retour d’une dictature plus terrible encore. Car celle de la théocratie ne laisse pas de pardon.

 

En ce 14 août, le code du statut personnel est déclaré inepte, par un politicien véreux.

 

Tunisienne, une entité !

Que résulte-t-il vraiment de cette période qui devait accoucher d’une nouvelle constitution ? Une détermination de la population à ne rien lâcher, mais en même temps, le lent travail de sape de sectes occultes.

 

«Mon sentiment quant à la situation de la femme en Tunisie au moment où nous célébrons le 13 août est mitigé. Je suis à la fois rassurée et inquiète », répond à Leaders Bochra Belhadj Hmida, avocate et militante de premier rang de la cause féminine. Rassurée, poursuit-elle, en voyant que les femmes des zones les plus reculées du pays et des couches les plus défavorisées sont assez fortes. Elles ne sont pas dans la régression, mais dans la revendication, la contestation. J’ai rarement vu une femme remettre en cause ses acquis».

 

«C’est la situation sociale et culturelle qui continue à régresser au lieu d’évoluer. J’ai toujours considéré que les pays où la situation de la femme a régressé sont ceux dans lesquels il existe un grand écart social. »

 

Alors, Tunisie ou Tunistan ?

 

Un article de MonaK

1 commentaire :

  1. Personne ne veut de démocraties à mi-mot, non merci, les citoyennes sont moitié du peuple, pas moins ! Encore moins de "démocratie masculiniste" (à l'athénienne antique sans les femmes et les esclaves) étouffant le principe d'égalité des sexes en glissant insidieusement dans la gorge constitutionnel le relativisme naturaliste en totale contradiction avec les pactes civils des Nations Unies (393 pays)
    En gazette pétitionnaire, en premier point, vous trouverez la pétition de refus de cette annexion des femmes en Tunisie http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/05/feminicidesgazette-des-petitions.html

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