Publicité

Publicité
Le nouveau roman de de Monak à lire absolument

lundi 23 avril 2012

Henri Hiro

L’empreinte du poète guerrier polynésien

Vingt ans après sa disparition, Henri Hiro n'en finit pas de remuer les consciences et les âmes des Polynésiens, tant par son œuvre que par sa vie.

Deux décennies après son décès, c’est toute la Polynésie qui rend hommage à Henri Hiro par une multitude de spectacles, de projections de films et d’expositions dont celle, particulièrement réussie, que lui a consacré le Musée de Tahiti et des îles.

Henri Hiro, le poète guerrier polynésien
Henri Hiro n’eut pas toujours droit aux mêmes égards de son vivant. Son combat en dérangeait beaucoup. Si, aujourd’hui, les médias se battent à coup de superlatifs pour parler de lui et de son œuvre multiple, lors de sa mort, le plus grand éloge qu’ils lui rendirent parlait de « premier poète polynésien »…

Henri Hiro, artiste et homme d’action

Comment parler d’un tel homme sans occulter une part de sa personnalité, sans omettre un pan de son œuvre, sans trahir sa pensée ?

Natif de Punaauia, Henri Hiro y passe toute son enfance. En 1967, grâce à l’aide financière de sa paroisse, il part pour la France afin d’y poursuivre des études à la faculté théologique protestante de Montpellier. Il en revient, diplôme en poche, en 1972.

Dès son retour, il marque les esprits en devenant, avec Jacqui Drollet, l’un des membres fondateurs du mouvement écologiste La ora te natura dont il est le président. C’est dans un constant et rigoureux souci du respect de l’environnement qu’il accomplit cette mission, exprimant notamment dans ses actions son profond rejet des expériences nucléaires du Centre d’Expérimentation du Pacifique.

Henri Hiro parle de la Maison de la culture en 1979
En 1974, il prend la direction de la maison des jeunes et de la culture, aujourd’hui Te fare Tauhiti Nui.

L’année suivante, dans le prolongement de son engagement anti-nucléaire, il participe à la création du parti politique La Mana te Nuna’a avec Jacqui Drollet.

A la même époque, symboliquement et dans le but de revaloriser la culture polynésienne, il choisit le pareo comme unique vêtement. Choquant et provoquant la raillerie à l’époque, la chose est totalement acceptée aujourd’hui.

Sa soif de savoir et de création est inextinguible et le pousse du cinéma à la danse, de la musique à l’écriture et au théâtre. Tous domaines dans lesquels il ouvre des portes et laisse des traces ineffaçables.

« Ariipaea-Vahine » est à l'origine un poème de Henri Hiro
Entre tradition et modernité : avec l’œuvre de Henri Hiro, cette expression galvaudée prend tout son sens.

Le retour aux sources de Henri Hiro

Les choses changent en 1984, à la suite d'un lynchage administratif en règle : la marmite à créer en ébullition permanente dont il avait fait la maison de la culture devenait par trop dérangeante.

Henri Hiro : l’enfance comme le plus grand espoir
En 1985, écœuré, il démissionne simultanément de tous ses postes « en ville » et se retire, avec femme et enfants, dans sa vallée nourricière de ‘Arei, sur l’île de Huahine. Il estime qu’en tant que Polynésien, la ville fait de lui un captif.

« Démentalisé de sa polynésianité », il se sent étranger parmi son entourage, étranger à lui-même.

Afin de ne pas se suffire de paroles, il façonne de ses mains son peho (vallée). Il ne vit pas à ‘Arei en rétrograde mais véritablement en homme-nature. Il tropicalise à la sauce ancestrale les confortables condiments des temps modernes afin de vivre en harmonie dans le contraste.

Face à l’occidentalisation de la société tahitienne et s’adressant aux popa’a*, il déclare un jour : "Si tu étais venu chez nous, nous t'aurions accueilli à bras ouverts. Mais tu es venu ici chez toi, et on ne sait comment t'accueillir chez toi"…

Auprès du vieux pêcheur Teihota’ata qui lui enseigne le parler tahitien, il apprend aussi que : « être bien dans sa langue, c’est être bien dans sa peau, c’est être bien avec les autres… un mot, une expression qui se perd, c’est un trésor social qui disparaît… »

Henri Hiro manifeste contre le nucléaire en 1980
« Au crépuscule du soir, le miracle du souffle » abandonne Henri Hiro à l’âge de 46 ans. Il repose au cimetière de Fa’ie à Huahine.

Que reste-t-il de Henri Hiro ?

Son œuvre, si le mot peut être juste, est avant tout multiple et polymorphe. Dans tous les espaces dont il s'est emparé, Henri Hiro vivait l’alchimie de son identité avec son temps. Il ne pouvait l’imaginer sans le combat qui va avec.

On peut trouver sur Internet un certain nombre de vidéos avec lui, parlant de lui ou montrant certaines de ses œuvres. A commencer par Te Ora, une série télévisée produite en 1988, écrite par Henri Hiro et réalisée par Bruno Tetaria. Principalement tournée sur l'île de Huahine, Te Ora fut coproduite par l'Association Harrisson W. Smith et l'ICA. Il s'agit de fables écologiques pour les enfants ayant pour héros les arbres du fenua.

Deux semaines seulement avant sa disparition, l’écrivain Michou Rai Chaze avait réalisé une interview de Henri Hiro publiée dans Les Nouvelles de Tahiti. Cet entretien a été repris dans le Bulletin de la société des études océaniennes (n° 240-250 de mai-juin 1990) consacré au poète alors tout juste disparu.

« Tarava » de Henri Hiro (1983)
Aujourd’hui, la poésie de Henri Hiro est enseignée dans les écoles de Polynésie. Hélas, pas son théâtre. Ni son sens de la beauté et de la justice.

Et encore moins sa vision d’un monde polynésien débarrassé de ses œillères.

Lexique :
*Popa’a : Blancs de métropole installés en Polynésie.

Un article de Julien Gué

1 commentaire :

  1. Hurstel Martine29 avril 2012 à 23:06

    Quel être magnifique, que sont à plaindre ceux qui sont passés à côté de lui sans lui donner l'importance qu'il aurait du avoir...

    RépondreSupprimer

Cet article vous a fait réagir ? Partagez vos réactions ici :