Les trois rois de la République française
Territoire français du Pacifique Sud,
l'archipel de Wallis et Futuna vit pourtant sous l'autorité de trois monarchies
avec la bénédiction de la République !
L’archipel de Wallis et
Futuna a fait la une de la presse française pendant quelques jours grâce à
la notoriété du cyclone
Thomas qui y a fait d’important dégâts, mais heureusement pas de victimes.
Wallis et Futuna, France, c'est où ?
Cependant
qui, en dehors des philatélistes et des médias en cas de catastrophe, connaît
cet archipel du Pacifique-Sud ?
Géographie
de Wallis et Futuna
Situées
entre les îles Fidji à l’ouest, les îles Samoa à l’est et les îles Tonga au
sud-est, plus de 2 000 km séparent Wallis et Futuna de la Nouvelle-Calédonie.
Ce
petit archipel fait partie de ce qu’il est convenu d’appeler le triangle
polynésien.
La carte des trois royaumes de
Wallis et Futuna
Le
T.O.M (Territoire d’Outre-Mer) de Wallis et Futuna est en réalité composé de
deux archipels distincts éloignés d’environ 230 km l’un de l’autre :
·
Les
îles Wallis au nord-est, regroupant les îles de Uvea (9 000 habitants environ)
et Nukuatea, ainsi qu'une dizaine d'îlets et motu, tous inhabités;
·
Les
îles Horn avec Futuna (moins de 5 000 habitants) et Alofi (1 habitant permanent
!)
De
formation géologique relativement récente, le plus haut sommet de l’archipel,
le mont Puke, sur Futuna, culmine à 524 m contre 417 m pour le mont Kolofau, à
Alofi.
L'île de Wallis vue d'avion
Avec
13 445 habitants au dernier recensement (dont environ 70 % vivent à Wallis),
l’archipel connaît, pour la première fois depuis son annexion à la France, une
baisse significative de sa population puisque l’on y dénombre 1 500 habitants
de moins.
Histoire de
Wallis et Futuna
S’il
est impossible de dater précisément le moment où les premiers hommes posèrent
le pied sur ces îles du Pacifique-Sud, on estime la période au courant du
premier millénaire avant Jésus-Christ.
Ce
sont les mêmes marins exceptionnels, à bord de leurs grandes pirogues de
voyage, qui peuplèrent l’ensemble du triangle polynésien, en provenance d’Asie.
Ils venaient de Tonga pour Wallis et des Samoa pour Futuna.
Louis Antoine de Bougainville
Les
premiers occidentaux à y poser le pied sont les Hollandais Willem Schouten et
Jacob Le Maire, qui découvrent Futuna le 22 mai 1616.
L’île
de Wallis ne fut découverte que 150 ans plus tard par le Britannique Samuel
Wallis, dont elle porte le nom.
Le
premier Français à y aborder fut Louis Antoine de Bougainville, le 11 mai 1768.
Pourtant,
il faut attendre l'implantation de missionnaires catholiques au XIXe siècle
pour constater sur l’archipel une présence européenne significative.
Ce
n’est qu’en 1887, à la demande de la reine Amélia, que les royaumes d'Uvéa à
Wallis, d'Alo et de Sigave à Futuna signent un traité de protectorat avec la
France.
Enfin,
c’est en 1961 que l’archipel devient un Territoire d’Outre-mer (TOM).
Une seule
richesse, la nature
Wallis
et Futuna sont des îles assez pauvres, essentiellement en raison d’accès
dangereux et d’un cruel manque d’eau douce. C’est d’ailleurs pour cette raison
que certaines des îles (comme Alofi) restent inhabitées.
Poi, capitale du royaume de
Futuna
Ces
particularités ne permettent qu'une économie rurale axée sur la pêche lagonaire
artisanale et une agriculture vivrière.
Au
sein de cette population très pauvres, 70 % n’a pas accès à l’économie
monétaire. Et sur les 2 000 emplois de l’archipel, 1 100 sont des postes de
fonctionnaires.
Certaines
ressources proviennent de pavillons de complaisances et de taxes annuelles forfaitaires
sur des sociétés extraterritoriales n’ayant aucune activité sur le territoire
de Wallis et Futuna : des sociétés offshores. Ces ressources devraient
disparaître rapidement en raison de la réglementation européenne dans le cadre
de la lutte contre le blanchiment d’argent.
Les trois
rois de la République française
Si
l’archipel de Wallis et Futuna est bien un territoire français, et à ce titre
soumis aux règles de la Constitution française, il dispose d’institutions très
particulières.
Ainsi,
si les pouvoirs de la République sont concentrés dans la personne de
l’administrateur supérieur, l’archipel est découpé en trois monarchies
traditionnelles. Les royaumes d’Uvea (à Wallis), Alo et Sigave (à Futuna).
Ce
sont ces trois monarques qui, avec des conseillers élus et le représentant de
l’Etat, gouvernent l’archipel.
Kapeliele Faupala, nouveau roi de Wallis
Attention,
il ne s’agit pas de monarchies héréditaires mais aristocratiques : ce sont les
familles nobles, les Aliki, qui élisent ou destituent les rois.
Le
pouvoir coutumier est important mais décentralisé : du côté de l'enclume, les
rois doivent négocier avec les chefs de village et répondre aux demandes des
Aliki qui les élisent et dont l'autorité morale s'appuie sur la population. Du
côté du marteau, ils doivent également négocier avec le représentant de l'État
pour obtenir les budgets de développement du territoire.
Afin
de couvrir leurs frais, les rois disposent d'une dotation annuelle de la
République qui indemnise également les ministres royaux et les chefs coutumiers
de districts et de villages.
Ainsi,
pour avoir guillotiné son dernier roi, la République française n’en reste pas
moins attachée à une certaine idée de la monarchie.
Jour de fête dans une école de Wallis
D’ailleurs, le système monarchique de
Wallis et Futuna ne paraît pas si délirant : entre un roi élu et un président
de la Vème République
aux pouvoirs quasi-absolus, y a-t-il une si grande différence ?
Un article de Julien Gué
merci pour cet article. www.siapo.fr
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