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samedi 28 avril 2012

Le 1er mai

La fête des travailleurs

Et oui : c'est la première contre-vérité  que certains (appuyés par la quasi-totalité des médias, il faut bien le dire) voudraient nous imposer, mais le 1er mai n'est pas la fête du travail.

Le 1er mai 2011 à Strasbourg, capitale de l’Europe
De nos jours, internationalement célébrée, elle porte le nom officiel de : Journée internationale des travailleurs, fête des travailleurs. Des travailleurs : pas du travail.

Et, à l'origine, elle avait été instaurée comme une journée de grève dans le cadre de la lutte pour la réduction du temps de travail…

Le muguet du 1er mai
La tradition du brin de muguet du 1er mai n'a rien à voir avec la fête des travailleurs, et elle est d'ailleurs bien plus ancienne. Ce fut longtemps un œillet rouge qui symbolisa la fête des travailleurs et le mouvement ouvrier ; tradition qui disparut, pendant la deuxième guerre mondiale suite à l’initiative du gouvernement de Vichy du Maréchal Pétain en 1941, au profit du muguet.

Charles IX fut aussi le père de la St Barthélémy
C'est le 1er mai 1561 que le roi Charles IX reçut un brin de muguet en guise de porte-bonheur. Touché par l'attention ainsi que le charme et le parfum de la fleur, il décide d'en offrir chaque année un brin à toutes les dames de la cour.

La tradition était née.

Une fête oui, mais d'abord un combat
C'est en France, en 1793 et à l'initiative de Fabre d'Eglantine, qu'apparait pour la première fois de l'histoire cette "fête du travail". Elle était fixée le 1er pluviôse (janvier).

Mais c'est aux Etats-Unis, en 1884, que les syndicats américains, au cours de leur congrès annuel, se donnent deux ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures. Ils choisissent de débuter leur action le 1er mai tout simplement parce que l'année comptable des entreprises américaines commence à cette date et que les contrats de travail ont leur terme ce jour-là.

Le massacre de Haymarket Square

Première victoire : le 1er mai 1886, la pression syndicale permet à environ 200 000 travailleurs d’obtenir la journée de huit heures. D’autres travailleurs, dont les patrons n’ont pas accepté cette revendication, entament une grève générale. Ils sont environ 340 000 dans tout le pays.

Première défaite : le 3 mai 1886, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester, à Chicago. Le lendemain a lieu une marche de protestation et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers.

Portrait d’Adolph Fischer

C’est alors qu'une bombe explose devant les forces de l’ordre. Elle fait un mort dans les rangs de la police. Sept autres policiers sont tués dans la bagarre qui s’ensuit. Conséquence de cet attentat : cinq syndicalistes anarchistes sont condamnés à mort (Albert Parsons, Adolph Fischer, George Engel, August Spies et Louis Lingg) ; quatre seront pendus le vendredi 11 novembre 1887 (connu depuis comme Black Friday ou « vendredi noir ») malgré l'absence de preuves, le dernier (Louis Lingg) s’étant suicidé dans sa cellule. Trois autres sont condamnés à perpétuité.

Deuxième victoire : en 1893, la révision du procès reconnaît l'innocence des huit inculpés ainsi que la machination policière et judiciaire mise en place pour criminaliser et briser le mouvement anarchiste et plus largement le mouvement ouvrier naissant.

Sur sa tombe sont inscrites les dernières paroles de l’un des condamnés, August Spies :
« Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui »

Le 1er mai en France

Dans notre pays c'est la IIème Internationale Socialiste qui, le 20 juillet 1889 à Paris, décide de faire de chaque 1er mai une journée de manifestation avec pour objectif la réduction de la journée de travail à huit heures (soit 48 heures hebdomadaires, le dimanche seul étant chômé).


En 1890, l'évènement est ainsi célébré dans la plupart des pays, avec des participations diverses.


Le 1er mai 1891 à Fourmies
C'est un nouveau drame, en France celui-là, qui va enraciner le 1er mai dans la tradition de lutte des ouvriers européens.

Le 1er mai 1891, à Fourmies, dans le Nord de la France, la manifestation tourne au drame : la police tire sur les ouvriers et fait neuf morts (voir la Fusillade de Fourmies et l’affaire de Clichy). Avec ce nouveau drame, le 1er Mai s’enracine dans la tradition de lutte des ouvriers européens.

Quelques mois plus tard, à Bruxelles, l’Internationale socialiste renouvelle le caractère revendicatif et international du 1er mai.

Le 1er mai 1919 à Paris sous la neige

C’est le 23 avril 1919 que le Sénat ratifie la journée de huit heures et fait du 1er mai suivant une journée chômée.


Plus tard, en 1920, la Russie bolchévique décide que le 1er mai sera désormais chômé et deviendra la fête légale des travailleurs. Son exemple est suivi dans la plupart des autres pays.

Les tentatives de récupérations du 1er mai
Ils furent nombreux, les dirigeants politiques qui tentèrent de récupérer le mouvement ouvrier et ses actions à des fins bassement politiciennes. A commencer par le Maréchal Pétain.

Le Maréchal instaure officiellement le 1er Mai comme « la fête du Travail et de la Concorde sociale » le 24 avril 1941. Par la même occasion, le jour devient férié, chômé et payé. Et la radio ne manque pas de souligner que le 1er mai est également la fête du saint patron du maréchal…

1er mai 2011 à Paris
À gauche, beaucoup voudraient que la fête du Travail redevienne la fête des Travailleurs, rejetant ainsi les mesures de Pétain.

Pour la petite histoire, en 1955, Pie XII institue la fête de saint Joseph, artisan, destinée à être célébrée le 1er mai de chaque année…

Le 1er mai aujourd’hui
En France, depuis quelques années, la journée du 1er mai et ce qu’elle représente font l’objet de toutes les convoitises. Et donc de toutes les tentatives de récupération.

Si la célébration de Jeanne d’Arc, ce jour-là, par le Front National est restée, jusqu’à présent, un événement anecdotique, il est, en 2012, une autre tentative qui elle a fait grincer les dents des syndicats, des travailleurs, des mouvements ouvriers et de la plupart des partis de Gauche.

Quand Sarkozy parle du « vrai travail »
Cette tentative, c’est la volonté du candidat à l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy, de célébrer à Paris, entre les deux tours de l’élection, les « vrais travailleurs ». Une annonce qui a provoqué un tollé chez tous les militants et représentants du monde du travail.

Lire le livre de Maurice Dommanget : Histoire du 1er mai



Un article de Julien Gué

1 commentaire :

  1. Hurstel Martine29 avril 2012 à 23:00

    Très bon article qui remet les choses à leurs places !

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