Tahiti, centre du monde documentaire
Pour la
quatorzième année, Tahiti accueille le cinéma documentaire du Pacifique.
Incontestablement, avec le Heiva i Tahiti, l’autre événement de la saison
culturelle en Polynésie française. Mais que nous réserve cette nouvelle
édition ?...
Nous n’entrerons pas avec cet
article dans l’énumération du programme de ce FIFO 2017. En effet,
l’intégralité des projections, des ateliers, débats et conférences est parfaitement
présentée sur la page web du festival. Pour tout savoir dans le détail, il vous
suffit donc de cliquez ici : Tout
sur le 14ème FIFO.
On regrettera
toutefois que (et l’on se demande d’ailleurs bien pourquoi) seuls les films en
compétition bénéficient d’une bande annonce, à l’exclusion de tous les autres.
Organisation et jury
Cette édition est marquée par un
certain nombre de changements, tant dans l’organisation que dans les
orientations de la manifestation.
Le 14ème
FIFO se présente…
Premier élément majeur :
l’effacement cette fois total du fondateur de la manifestation Wallès Kotra. Si
l’événement était annoncé et préparé depuis deux ans, l’homme était bien
présent en 2016, même s’il n’occupait plus de fonction officielle. Évidemment,
tous nos vœux l’accompagnent dans ses nouveaux challenges, et qu’il sache que
nous regrettons déjà son influence et sa marque si particulière.
Autre événement, l’accession de
Miriama Bono à la présidence de l’AFIFO (Association
du Festival International du Film
documentaire Océanien). Cette
artiste polynésienne reconnue œuvrait déjà depuis quelques années à des postes
moins en vue de l’organisation. Nul doute que sa présence devrait, à terme, se
traduire par des changements. L’avenir nous dira lesquels.
La présidence du jury est, elle,
revenue à Stéphane Martin, ci-devant président du Musée du Quai Branly (depuis
1998) et qui fut déjà membre de ce même jury à quatre reprises.
Retour sur le
« mythe du cargo »
On notera également avec jubilation
la nomination au statut de juré de l’écrivaine polynésienne Chantal Spitz dont
la présence, n’en doutons pas, devrait animer les débats… Une Chantal Spitz que
l’on retrouvera avec plaisir dans le film de Cybèle Plichart (hors compétition)
« Te reo tumu – La langue maternelle ».
Au risque de paraître quelque peu
fat, signalons avec plaisir la soirée spéciale « Al Dorsey». Une co-production
franco-polynésienne dont les deux premiers épisodes seront présentés en avant-première
au FIFO le samedi 11 février à partir de 19h 30. Un véritable événement puisque
la dite série fut tournée au fenua en 2016 et que votre serviteur eut le
plaisir d’y interpréter un petit rôle…
« 100
Tikis » pour une histoire originale
Pour clôturer ce chapitre, un léger
bémol tout de même : Il nous sera impossible cette année de voir tous les
films présentés, et donc de vous rendre compte de manière exhaustive de ce
FIFO. La raison en est simple : l’organisation, depuis cette année, ne
délivre qu’une seule accréditation par média ce qui, pour une structure web
comme la nôtre qui ne compte que deux journalistes avec un seul moyen de
transport, rend irréalisable la couverture totale de l’événement. Et c’est bien
dommage…
À propos de la sélection
Premier constat, la sélection des
films en compétition présente, cette année, la particularité de n’être
sous-tendue par aucune thématique ou orientation, ce qui la rend un peu
difficile à appréhender. Mais pourquoi pas…
Deuxième constat : un seul film polynésien en sélection officielle. Et ce n’est certes pas lui qui créera le débat ou la polémique. Ni par son sujet, ni par la manière dont il est traité, ni par la personnalité « artistique » de son réalisateur. Il y a bien « Bon baisers de Moruroa » de Larbi Benchiha qui pourrait hérisser quelques poils. On aurait toutefois préféré que le sujet soit traité par un Polynésien plutôt que par un Français de métropole. Pour comparaison, il y a trois films polynésiens parmi les films hors compétition.
A Guam, l’histoire
est un combat au présent
Après avoir visionné l’intégralité des
bandes annonces, et sans préjuger de ce que sont réellement les films présentés
en deux ou trois minutes maximum, il nous reste comme une espèce de fadeur en
bouche. Rien dans tout cela qui soulève réellement l’enthousiasme (comme ce fut
le cas lors d’éditions précédentes) et pousse les festivaliers à réserver la
case en priorité dans leur emploi du temps de fifoteur assidu.
Les films à voir cette année
Malgré les réserves ci-dessus (qui ne
demandent qu’à être contredites !) Quelques films de la sélection
officielle ont retenu notre attention :
-
« Waiting For John » de Jessica Sherry. Le mythe du cargo et l’inénarrable
John Frum vus du point de vue d’une américaine : voilà qui devrait pour le
moins interroger les Ni-Vanuatu.
-
« 100
Tikis »
de Dan Taulapapa Mac Mullin, des Samoa américaines, est très certainement le
film le plus original et le plus étrange de la sélection, essentiellement par
l’originalité de son traitement de l’image et du montage. De fait, la bande
annonce nous a fait saliver…
-
« War for Guam » de Frances Negron Muntaner (USA). Encore une page de
l’histoire coloniale totalement méconnue et pas vraiment à l’avantage des
grands puissances occidentales, en l’occurrence le Japon et les USA. Le combat
du peuple Chamorro mérite au moins que l’on s’intéresse à leur histoire et leur
avenir…
« The
opposition » ou la fable du pot de terre version Pacifique
-
« The
opposition » de
Hollie Fifer (Papouasie Nouvelle-Guinée – Australie) traite d’un sujet récurent
dans nos paradis insulaires du Pacifique Sud : le combat d’une population
contre un pouvoir en place au service des intérêts financiers de promoteurs
immobiliers. Le sujet n’est pas nouveau, mais les colères s’amplifient en face
de ces abus…
Fifotez : il en restera toujours quelque chose !
Le 14ème FIFO commence ce
samedi 4 février 2017 par la 8ème nuit du court métrage océanien, la
délicieuse occasion de voir toutes sortes de films autres que des
documentaires : fictions, animations, etc. Et pas de raison de s’en priver
puisqu’en plus c’est gratuit !
Pour le reste, nous vous donnons
rendez-vous dans les salles obscures de Te Fare Tauhiti Nui toute la semaine
et, bien sûr, le vendredi 10 février pour l’annonce du palmarès et la remise
des prix.
Excellent FIFO à tous !...
Un article de Julien Gué
Tous droits réservés à Julien Gué. Demandez l’autorisation
de l’auteur avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur
Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.
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