Le festival des Arts 2011
Avec
le Festival International
du Film documentaire Océanien (FIFO) et le Heiva i Tahiti, le Festival des Arts des Marquises est l’une des trois manifestations
culturelles polynésiennes les plus connues dans le monde.
L’affiche du Festival des arts des Marquises, édition 2012 |
Elle
est incontestablement la plus authentique des trois, mais aussi la moins
accessible et donc la plus convoitée par un public venu du monde entier.
Un peu d’histoire
La
manifestation a été initiée en 1986 par l'association culturelle Motu Haka o te Fenua Enata, sous
l’impulsion d’un homme aujourd’hui vénéré par tous les Marquisiens : Lucien
Kimitete, dit Ro’o, disparu bien trop prématurément dans le même
« accident » d’avion qui emporta le prometteur homme politique Boris
Léontieff le 23 mai 2002, en pleine campagne électorale.
Lucien Kimitete, inventeur et fondateur du Festival |
Le
but initial poursuivi par les inventeurs du Festival
des Arts des Marquises était très simple et très ambitieux à la fois :
il s’agissait de célébrer la culture marquisienne sous toutes ses formes, mais
aussi et surtout de la maintenir en vie pour la transmettre aux jeunes
générations.
A
l’origine, il était prévu que le festival se tienne tous les deux ans sur une
île différente de l’archipel. La première édition ayant eu lieu à Ua Pou en
1987 sous
le nom de Matavaa o te Henua Enana
(L’éveil des îles Marquises).
Pour
des raisons évidentes de facilités d’accès et surtout de capacités d’accueil,
il a depuis été décidé de cantonner le festival sur les trois îles les plus
accessibles de l’archipel : Ua Pou, Nuku Hiva et Hiva Oa.
Ua Pou, l’île de la première édition du festival |
C’est,
par contre, pour des raisons financières qu’il a été décidé d’abandonner la
fréquence bisannuelle pour adopter un rythme d’une fois tous les quatre ans.
Cependant, intercalé entre ces éditions quadriennales, a été mise en place une
édition moins importante du festival qui, elle, se tient alternativement dans
toutes les autres îles habitées de l’archipel : Tahuata, Fatuiva (Fatu
Hiva) et Ua Huka.
En
raison de ces changements de périodicité, il n’y a donc eu, depuis la première
édition en 1987 à Ua Pou, que neuf éditions du Festival des Arts des
Marquises : 1989 à Nuku Hiva, 1991 à Hiva Oa, 1995 à Ua Pou, 1999 à Nuku
Hiva, 2003 à Hiva Oa, 2006 à Tahuata, 2007 à Ua Pou et enfin 2011 à Nuku Hiva.
Un festival qui se mérite
Si
le Festival des Arts des Marquises est une manifestation exceptionnelle,
pouvoir y assister n’est pas chose donnée à tout le monde, et ce pour bien des
raisons.
Le public de Nuku Hiva pour le festival 2011 |
La
première est due à l’éloignement et l’isolement de l’Archipel des Marquises. Ainsi,
l’île de Nuku Hiva (la plus importante et la plus habitée des Marquises) se
trouve à 1600 km de Tahiti, seul aéroport international de Polynésie française.
Ce sont les ATR 42 et 45 de la compagnie intérieure locale Air Tahiti qui
assurent la liaison à raison de 1 vol quotidien en temps normal. Bien sûr il y
a des vols supplémentaires pendant le festival, mais il faut s’y prendre très
longtemps à l’avance si l’on veut y obtenir une place. A cela il faut ajouter
le prix prohibitif des billets dû à la position de monopole de la
compagnie polynésienne. Ainsi, il coûte aussi cher, voire plus, d’aller de
Tahiti à Nuku Hiva (1 600 km) que de Tahiti à Los Angeles (6 600 km)
La
deuxième raison est le manque cruel d’infrastructures hôtelières et d’accueil
sur l’archipel. Essentiellement en raison du coût des transports, de
l’éloignement géographique, mais aussi d’une volonté délibérée du gouvernement
central à Tahiti durant de très longues années, le tourisme est en effet peu
développé aux Marquises. On n’y trouve donc quasiment pas d’hôtels et très peu
de pensions de familles.
La
troisième raison est une conséquence directe de l’importance du festival pour
les Marquisiens eux-mêmes. Il n’est en effet pas une île, pas une vallée, pas
un village de l’archipel qui supporterait de ne pas être présent au festival.
Il faut donc, avant toute chose, assurer l’accueil et l’hébergement des
artistes eux-mêmes et de leurs accompagnateurs.
Jour et nuit, la foule des spectateurs… |
Ensuite,
et en cela l’objectif premier des fondateurs du festival est largement atteint,
le public marquisien se déplace lui aussi en masse pour participer aux
festivités et assister aux nombreux spectacles. Et notamment les très nombreux
Marquisiens vivant à Tahiti ou dans d’autres archipels polynésiens. Il faut en
effet savoir que la diaspora marquisienne représente au moins deux à trois fois
la population vivant aux Marquises…
Il
reste donc peu de possibilités d’hébergement, et elles sont prises d’assaut de
longs mois à l’avance.
Le festival : l’affaire
de tous
Au-delà de
la participation de tous les Marquisiens, d’où qu’ils soient, le Festival des Arts
est aussi et avant tout l’affaire de toutes les générations.
Ainsi,
lors de l’édition 2011, Heetoua un jeune Marquisien de Ua Pou haranguait ainsi
la foule des spectateurs : « Garder notre culture
unique au monde, la fierté que nous portons en nous, nous la partageons avec
les autres peuples. Les six éléments qui composent les six îles de l'archipel
sont réunis aujourd'hui. Nous sommes vivants et nous posons toujours les
questions fondamentales : Qui sommes-nous? D'où venons-nous? Où allons-nous? Ce
festival est déjà une réponse. Nous sommes fiers de notre passé, de notre
langue et de nos danses. Les sites sacrés revivent et nous les avons toujours respectés.
Ils nous transmettent toujours des messages que nous donnerons aux nouvelles
générations. »
Le festival n’est pas une affaire d’âge !... |
A
chaque nouvelle édition, les groupes de danse, les musiciens, mais aussi tous
les artistes plasticiens (sculpteurs, bijoutiers, tatoueurs, etc.), sortant
d’une démarche strictement traditionnelle, sont de plus en plus nombreux à
proposer des créations originales, bien sûr directement inspirées de la
tradition, mais tournées vers l’avenir. Et cela est peut-être la plus grande
réussite des fondateurs.
Les impressionnants danseurs de Oparo (île de Rapa) |
D’autre
part, à chaque édition depuis quelques années, les Marquises s’ouvrent aux
autres cultures insulaires du Pacifique Sud. Ainsi a-t-on pu découvrir, au fil
des ans, des délégations des autres archipels de Polynésie française, mais
aussi de Hawaii, des Samoa, de Nouvelle-Zélande.
Pour l’édition 2011, ce sont les cousins de
Rapa Nui (l’île de Pâques) qui ont ébloui spectateurs et participants par
leurs danses très particulières, et surtout par leurs incroyables peintures
corporelles.
Le Festival des Arts des Îles Marquises 2011
s’est achevé dans une apothéose que nul de ceux qui ont eu la chance d’y
assister n’oubliera jamais.
Quelques images du Festival des Arts 2011
Il ne me reste plus maintenant qu’à souhaiter une très longue vie à cette manifestation exceptionnelle et tellement représentative de la créativité du peuple marquisien et de sa volonté de survivre, au-delà de toutes les pressions de la mondialisation…
Quant à vous, n’oubliez pas : si vous
souhaitez vivre cet évènement hors du commun, commencez déjà à vous y préparer
et à vous organiser, il n’y aura pas de place pour tout le monde non plus en
2015 à Hiva Oa !
Un article de Julien Gué
fantastic post, very informative. I wonder why the other experts of this sector do not notice this.
RépondreSupprimerYou should proceed your writing. I'm sure, you have a huge readers' base already!