La Tunisie des
régions
Si la Tunisie est découpée administrativement
en vingt-quatre gouvernorats* qui portent le nom de leur chef-lieu, on peut les regrouper
en unités régionales :
leurs spécificités sont repérables.
Elles englobent le paysage, le climat et l’environnement agro-écologique.
Les Gouvernorats Tunisiens, cliquez pour découvrir les différentes régions |
Les gouverneurs,
nommés par le président de la République sont entourés de Conseils Régionaux
chargés « d’examiner toutes les questions intéressant le gouvernorat dans
les domaines économiques, sociaux et culturels. »
La Tunisie
peut ainsi se subdiviser du Nord au Sud, en six unités régionales
reconnaissables par leurs caractéristiques. Mais il ne faut pas oublier que
toute la bordure Est constitue l’essentiel de la zone urbanisée, même si le
relief côtier ménage encore des zones libres entre des occupations destinées au
tourisme.
Le Nord-Est, entre cité et verte campagne
Le Nord-Est se répartit en deux pôles
littoraux : la concentration urbaine de la capitale autour de Tunis et une
bonne partie de la contrée horticole et céréalière de la Tunisie.
Le
Grand Tunis comprend les gouvernorats de Tunis, de l'Ariana, de La Manouba et de Ben Arous. Ces gouvernorats marquent la
prépondérance de leur activité en matière politique et intellectuelle. Ils rassemblent
l’essentiel de la population citadine. Cœur administratif et institutionnel du
pays, ils absorbent la majorité des
Centres Universitaires, des Grandes Ecoles et des services du secteur
tertiaire.
Les orangeraies du Cap Bon |
La
population y offre l’un des mélanges les plus évidents : tous les
provincialismes s’y trouvent représentés. Son urbanisation retient souvent les
jeunes générations après leurs études. Le paysage urbain y présente des
innovations architecturales et les manifestations culturelles y sont fortement
centralisées.
En
prolongement et sur l’arrière-pays, avec les gouvernorats de Bizerte, Zaghouan et Nabeul, la concentration des activités se
répartit entre tourisme et horticulture. Le Cap Bon (Nabeul) offre l’éventail
le plus varié en productions d’agrumes, mais aussi en vignes et en fleurs à
distiller en parfums.
L’habitat
s’éclaircit en gros villages et sur la côte particulièrement découpée en
criques, les sources chaudes de Korbous, témoignent d’une fréquentation
thermale depuis l’antiquité. On y élève des faucons et la pêche au thon prend
l’aspect particulier de la matanza. Tunisie des héritages ancestraux et
hospitalité réaménagée « à la moderne ».
Le Nord-Ouest, de forêts en falaises
Le Nord-Ouest découpe
ses collines forestières en falaises pour les gouvernorats de Jendouba et de Béja. L’agriculture céréalière y perdure depuis
des millénaires. En lisière des terres intérieures, pins et chênes-lièges
abritent une faune sauvage dont raffolent les chasseurs de sangliers.
De la campagne à la montagne (El Kef) |
Bien arrosée,
la région bénéficie d’un climat moins rigoureux que les gouvernorats de
montagne qui la côtoient : Le Kef et Siliana. L’agriculture plus aléatoire dans
les petites cuvettes, bien que céréalière comme dans la campagne contiguë à
l’Est, fait place à un élevage dont les produits dérivés alimentent toutes
sortes d’artisanats (de la laine à la corne).
Le Centre-Est, commerce et tourisme
Le Centre-Est
littoral est largement tourné vers le commerce maritime depuis des siècles. Au climat
qui se réchauffe, les gouvernorats de Sousse, Monastir, adaptent un tourisme somptueux.
Mais chacun
des terroirs se distingue aussi par le patrimoine monumental qui s’intègre à
son site. Mahdia restera toujours, dans l’inconscient
collectif, un port de pêche… et son « cimetière marin » ne cessera de
susciter les événements poétiques que génèrent et font vivre les artistes.
L’oliveraie en plaine côtière |
Sfax assied beaucoup plus sa notoriété sur des
milliers d’hectares de terre bistre et ocre plantée d’oliviers. Toute
l’économie du gouvernorat est dynamisée autour de l’agroalimentaire de l’olive.
Le Centre-Ouest, de montagnes en déserts
Le Centre-Ouest,
gouvernorats de Kairouan, Kasserine et Sidi Bouzid subit une aridité qui ne
cesse d’augmenter avec l’avancée du désert et l’altitude qui se prolonge. Une steppe
d’alfa maintient le paysage dans une sévérité uniforme.
C’est dans le
Gouvernorat de Sidi Bouzid, région sans véritables débouchés économiques aux
conditions de précarité plus que dramatiques, qu’a démarré la révolution
tunisienne, le 17 décembre 2011.
Un coupe-vent en sac d’engrais, le chaperon noir poubelle |
La population
ne trouve du travail que dans la région minière qui l’entoure au Nord, mais
surtout au Sud et au Sud-est, avec le fer, le phosphate, et plus récemment le
pétrole.
Le Sud-Ouest, de désert en désert
Le
gouvernorat de Gafsa, région
présaharienne entretient une activité industrielle pénible, voire insupportable
par manque d’eau. Source de nombreux conflits sociaux, la mine fait l’objet
d’un film d’Ali Labidi : Redeyef 54, avec
à l’affiche le jeune Abdelwaheb Jemli (trop tôt disparu fin 2011).
L’oasis de
Gafsa avec ses plantations d’arbres fruitiers (abricotiers, agrumes), sous
palmiers-dattiers et son système d’irrigation paraît un havre bien appréciable.
Plus au Sud, le
Jérid surchauffé et désertique -gouvernorats de Tozeur
et de Kébili-,
s’émaille d’oasis, dans un relief accidenté. Les systèmes d’irrigation
assurent aux palmiers dattiers cette qualité de « dattes de lumière »
(Deglet Nour) et les grands
arbres garantissent une fraîcheur vivable.
Une cascade en plein désert |
La moyenne
annuelle à Kebili est autour de 30°, mais les écarts de température peuvent
varier de 50° (en plein soleil) et descendre en-dessous de zéro en hiver.
Le Sud-Est, du désert à la mer
Plus on se
rapproche du Golfe de Gabès, plus les plateaux vont s’abaisser et plus le
climat subtropical bénéficie d’un peu d’humidité. Les oasis s’entourent
d’immenses palmeraies dans la région des Chott et du Nefzaoua.
Le gouvernorat de Gabès est en pleine mutation depuis des années :
le nomadisme se perd mais les conditions saisonnières, elles, ne changent pas.
De l’habitat
léger de tentes, on passe aux huttes puis aux ksars -greniers fortifiés
compartimentés en cellules, ghorfas-. Les plateaux et la « caillasse »,
entre roc et sable pétrifié, sont creusés d’habitations troglodytes. Les
gouvernorats de Médenine et de Tataouine constituent la dernière
frontière qui sépare la Tunisie de la Libye.
Aux îles de Kerkennah, c’est le retour à la mer |
Plein Est, le
panorama
s’ouvre sur la Méditerranée. Bouffée vitale, elle baigne un plateau continental peu profond
enserrant des îles. La Tunisie : entre vastes espaces vierges inoccupés et
hospitalité à la carte, un mode de vie.
L’impression
qu’elle serait davantage peuplée, un mirage ?
Un article de MonaK
*Les vingt-quatre gouvernorats tunisiens sont :
Tunis (تونس), Ariana (أريانة), Ben Arous (بن عروس), La Manouba (منوبة), Béja (باجة), Jendouba (جندوبة), Le Kef (الكاف), Siliana (سليانة), Bizerte (بنزرت), Nabeul (نابل), Zaghouan (زغوان), Gafsa (قفصة), Kairouan (القيروان), Kasserine (القصرين), Mahdia (المهدية), Monastir (المنستير), Sfax (صفاقس), Sidi Bouzid (سيدي بوزيد), Sousse (سوسة), Gabès (قابس), Kébili (قبلي), Médenine (مدنين), Tataouine (تطاوين) et Tozeur (توزر)
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire
Cet article vous a fait réagir ? Partagez vos réactions ici :