Un marin pas comme les autres
Si Alain Gerbault est incontestablement un des pionniers
de la navigation en solitaire, il est aussi un personnage très controversé en
Polynésie.
Auteur de la première traversée de l'Atlantique d'Est en
Ouest à la voile et en solitaire, Alain Gerbault reste, avant toute chose, un
des plus grands marins de la navigation de plaisance.
Alain
Gerbault : "à la vie, à la mer"
Né le 17 novembre 1893 dans une famille aisée d'industriels
de Laval, Alain
Gerbault a fini ses jours seul, le 16 décembre 1941, à
Dili, capitale du Timor oriental.
Entre ces deux dates, il a gravé son nom dans l'histoire
de la marine de plaisance, mais aussi défrayé la chronique polynésienne pour
des motifs pas toujours aussi glorieux.
Alain
Gerbault, un homme d'exception
Elève de l'École Nationale des Ponts et Chaussées à
Paris, il est engagé volontaire dans les rangs de l'armée de l'air française
dès le début de la guerre de 1914-1918.
Bien que totalement novice au début du conflit, il
s'illustre rapidement en remportant plusieurs victoires spectaculaires, se
faisant particulièrement remarquer par sa science tactique et son habileté dans
les acrobaties aériennes.
La guerre terminée, il se lance sans succès dans une
brève carrière d'homme d'affaires, tout en participant à de nombreux tournois
de tennis.
C'est en 1921 que sa vie prend le virage décisif qui va
le rendre célèbre.
Cette année-là, désireux de changer de vie, il se rend en
Angleterre et s'y porte acquéreur d'un vieux voilier de course datant de 1892
avec lequel il deviendra célèbre: le Firecrest.
Après avoir remis le navire en état et y avoir apporté
quelques modifications indispensables à la navigation en solitaire, il navigue
plusieurs mois en Méditerranée pour s'entrainer et prendre le Firecrest en mains.
Il ne prend vraiment le large qu'en 1923 et réalise, dans
la foulée, la première traversée d'est en ouest à la voile et en solitaire de
l'Atlantique en cent un jours.
La légende du couple Alain Gerbault-Firecrest était née.
Après un séjour aux États-Unis où son exploit lui a valu
quelque notoriété, il reprend le large, cap sur les mers du Sud.
Il réalise alors un tour du monde en solitaire (il est le
premier Français à accomplir cet exploit) qui lui vaut sa renommée
internationale et, accessoirement, la légion d'honneur et la vindicte du monde
des plaisanciers de l'époque. Tour du monde qui le ramène au Havre en 1929 via:
les Bermudes, le canal de Panama, les Galapagos, Tahiti, les îles Fidji, la
Réunion, Le Cap, l'Île Sainte-Hélène, les îles du Cap-Vert et les Açores.
C'est lors de ce périple qu'il découvre la
Polynésie française, événement qui marque tout le restant de son
existence.
Au cours de cette période il publie ses trois premiers
livres, grâce aux revenus desquels il finance la construction de son nouveau
bateau, le Alain Gerbault, et son
départ définitif vers les mers du Sud dont il ne reviendra jamais.
Alain
Gerbault et la Polynésie française
Parti de France en 1932, il atteint l'archipel
des Marquises en 1933, les
Tuamotu en 1934 et Tahiti en 1935. C'est toutefois de l'île
de Bora Bora, dans l'archipel
de la Société, qu'il fera son port d'attache et sa terre de
prédilection.
Fasciné par les sociétés traditionnelles polynésiennes,
il apprend la langue locale (le raromatai) et mène des recherches linguistiques
et ethnologiques importantes.
Parallèlement, violemment opposé au discours colonial qui
veut que la disparition des peuples polynésiens soit inévitable, il prend fait
et cause pour les habitants de ces îles qu'il aime tant.
Ainsi, il se bat pour que survivent traditions, chants et
danses interdits par les églises et l'administration françaises.
Afin de détourner les hommes (jeunes et moins jeunes) de
l'alcool qui commence à faire des ravages, il introduit à Bora Bora la pratique
du football, une découverte pour les Polynésiens qui fera son chemin.
C'est contraint et forcé qu'il doit fuir, à bord de son
bateau, la Polynésie en septembre 1940.
Cet ultime voyage le mène de Tahiti aux Samoa, puis aux
Tonga et enfin à Timor dont la moitié est portugaise et donc neutre dans le
conflit mondial.
C'est là qu'il s'éteint, épuisé et totalement ignoré de
tous. Son bateau, lui, a disparu.
Il faut attendre 1949 pour que sa dépouille soit ramenée
à Bora Bora par la marine nationale française et y soit enterrée.
La
dernière croisière d'Alain Gerbault
Réputé
pour sa pingrerie, le marin n'a pas laissé que des bons souvenirs
dans la mémoire des Polynésiens.
Homosexuel notoire, il lui est reproché d'avoir abusé de
nombreux jeunes garçons lors de ses séjours en Polynésie et notamment à Bora
Bora. On le soupçonne ainsi d'avoir amené les jeunes de l'île au football dans
le seul but de satisfaire ses penchants particuliers.
La goutte qui fait déborder le vase et l'oblige à fuir la
Polynésie en catastrophe est son engagement farouche, en juin 1940, dans les
rangs du maréchal Pétain. Lorsque, le 4 septembre 1940, les Etablissements
Français d'Océanie se rallient officiellement à la France libre, il n'a plus
d'autre solution que de reprendre la mer pour sa dernière croisière.
Le
retour en grâce
Totalement écarté de la mémoire collective, il faut
attendre les premiers ouvrages de Bernard Moitessier à la fin des années
soixante pour que l'on rende à nouveau hommage à l'immense marin que fut Alain
Gerbault et à ses exploits.
En 2011, lors du 8e
Festival International du Film documentaire Océanien (Fifo) à Tahiti, était en compétition un film du réalisateur Philippe
Abalan rendant un hommage appuyé au navigateur: "Alain Gerbault: le
courage de fuir".
Aujourd'hui, sur la place du village
de Vaitape, à Bora Bora, il n'est pas rare de voir des visiteurs lointains se
recueillir devant la stèle du navigateur solitaire.
Un article de Julien Gué
Bonjour Monsieur,
RépondreSupprimerJe tenais à réagir sur votre article sur Alain Gerbault, j'ai une grande admiration pour ce grand navigateur et écrivain français. Je trouve vraiment consternant et pitoyable de votre part de parler de "pingrerie" "il lui est reproché d'avoir abusé de nombreux jeunes garçons lors de ses séjours en Polynésie et notamment à Bora Bora. On le soupçonne ainsi d'avoir amené les jeunes de l'île au football dans le seul but de satisfaire ses penchants particuliers" de "son engagement farouche, en juin 1940, dans les rangs du maréchal Pétain."
Ne pouvez pas respecter sa mémoire ? Avez vous des preuves de tout ce que vous avancez !!! Je trouve un peu facile de dire des choses sans preuves, ce ne sont que des allégations "gratuites" sans aucun fondement !!! Franchement vous devriez avoir honte de votre article, c est un tissu de mensonges cordialement
Très cher(e) anonyme,
Supprimerau risque de vous décevoir, je crois que vous avez mal lu mon article car j'ai toujours été (et suis encore aujourd'hui) un fervent admirateur de l'immense marin que fut Alain Gerbault. Tout comme je suis un admirateur inconditionnel de Céline lorsqu'il écrit "Voyage au bout de la nuit". Mais admirer l’œuvre ou les exploits d'un homme ne signifie pas qu'il faille l'absoudre de ses erreurs et/ou de ses travers.
Contrairement à ce que vous écrivez, je n'allègue rien du tout à propos de votre idole Alain Gerbault et tout ce dont je parle est de notoriété publique et accessible à tous les internautes comme à tous ceux qui se donnent la peine d'entrer dans une bibliothèque pour y consulter les ouvrages parlant de lui.
Admirer quelqu'un pour un exploit ou une œuvre ne signifie pas pour autant qu'il faille l'absoudre de toutes les erreurs ou infamies qu'il a pu dire et/ou commettre.
Mon travail de journaliste consiste justement à aborder les sujets que je traite sans rien en occulter. Et que cela vous plaise ou non, j'essaie de le faire le plus honnêtement possible.
Je ne suis pas romancier.
Ce qui me choque (et je pèse mes mots) dans vos propos, c'est que vous prônez tout simplement la censure. Et cela, je ne saurais jamais l'accepter, sous aucun prétexte.
Je ne suis en rien responsable de ce qu'à été Alain Gerbault et c'est mon travail que de le dire à mes lecteurs sans rien en cacher, que cela vous plaise ou non.
En espérant que vous vous rangerez à mes arguments, je continuerai donc à écrire comme je l'ai toujours fait car c'est la seule manière dont je conçoive mon travail. Travail que je signe de mon vrai nom, contrairement à vous qui restez prudemment anonyme.
Respectueusement votre,
Julien Gué