Le faux débat politique polynésien
Depuis des décennies, la classe politique polynésienne
occulte les vrais choix politiques en se réfugiant derrière un débat pourtant
simple à clôturer.
En Polynésie française, depuis Pouvana a
Oopa,
le paysage politique propose deux options, et deux seulement : être pour
l’autonomie ou pour l’indépendance du Pays.
L'assemblée de Polynésie à Papeete |
Au-delà de ce choix effectivement fondamental,
cependant, aucune des formations politiques disposant d’au moins un élu, que ce
soit à l’Assemblée de Polynésie ou dans les communes, ne propose le moindre
projet de société.
Les Polynésiens
sont tous indépendantistes
Est-il un seul homme, de quelque endroit de la
planète qu’il soit, qui puisse accepter l’idée que son pays soit dirigé par des
gens venus d’ailleurs, avec une autre langue, un autre passé, une autre culture
et un autre mode de vie ?
La mairie de Pirae (14 600 habitants)… |
Bien évidemment non, et les Polynésiens ne font pas
exception à la règle.
Pour preuve, le très controversé leader autonomiste
Gaston Flosse (85 ans cette année, moult fois condamné, aujourd’hui inéligible
mais quand même grassement rémunéré par l’Assemblée de Polynésie) a mené, de
modification des statuts en modification de la Constitution française, le
statut de l’autonomie polynésienne aux limites de cette fameuse indépendance.
Faisant, accessoirement, de la Polynésie
française
un Pays qui présente toutes les caractéristiques d’une république bananière.
Ceci avec la bénédiction du gouvernement central à Paris.
La vraie question est : à quoi ressemblerait une
Polynésie indépendante ?
A cette question, aucune des formations politiques
installées depuis 40 ans n’apporte la moindre réponse.
… et un fare comme il y en a tellement... |
A ce jour, pas un seul élu n’a jamais soumis à la
population la moindre proposition pour que la Polynésie retrouve ne serait-ce
qu’une parcelle de cette autosuffisance qu’elle a connue jusqu’à l’installation
du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP).
Le sujet de l’indépendance est en permanence au cœur
des débats de l’Assemblée. Pourtant, jamais les élus n’ont envisagé de demander
à la population, par voie de référendum, quelle serait sa réponse à cette
question.
Les élus
Polynésiens et l’économie
Depuis 1963, date d’installation du CEP, les élites
polynésiennes ont été habituées à vivre sous une perfusion financière plus que
généreuse de la part de la métropole française. Il faut dire que l’objectif,
jusqu’en 1995 (date du dernier tir souterrain à Moruroa), était clairement de
faire en sorte qu’il n’y ait aucun remous audible au-delà des îles concernées.
Ainsi, sans aucun contrôle d’aucune sorte, la France a
déversé des milliards pour pouvoir mener sa politique nucléaire.
Les Polynésiens, eux, se sont habitués à voir tous
les déficits comblés sans que jamais soit posée la moindre question. Mais
lorsque la France a sifflé la fin de la récréation pour cause de restrictions
budgétaires, les élus polynésiens n’ont rien voulu changer à leurs habitudes de « gestion ».
Gaston Flosse enfin définitivement condamné |
Puis la crise est venue, suivie en 2004 par le Taui
(changement) qui mit, provisoirement hélas, un terme au système Flosse.
Ces deux événements ajoutés à l’incompétence et à la
corruption des élus de tous niveaux ont plongé le pays dans une situation
dramatique. Au point que la note attribuée par l’agence Standard and Poors est
passée en moins de deux ans de AAA+ à BBB-.
Politique et
probité en Polynésie française
Sur ce plan, la situation est au moins aussi
inquiétante. Aujourd’hui, près de la moitié des élus de l’Assemblée de
Polynésie sont soit mis en examen, soit déjà condamnés dans des affaires de
corruption, d’abus de biens sociaux et autres motifs du même genre.
S’est déroulé à Tahiti le plus grand procès de toute
l’histoire judiciaire locale. L’affaire dite « des emplois fictifs », dont le
principal accusé est… Gaston Flosse, met en cause pas moins de 93 prévenus !
Six d’entre eux étant décédés au cours de l’instruction, ils étaient tout de
même 87 sur le banc des accusés du tribunal de Papeete.
... condamné mais toujours présent ! |
La corruption est présente à tous les niveaux des
services publics de Polynésie. Dirigeants comme bon nombre de citoyens sont
incapables de raisonner autrement qu’à travers le prisme du clientélisme.
Une économie
profondément malade
Avant l’installation du CEP, la Polynésie française
était, sur le plan alimentaire, autosuffisante à 95%. Le Pays aujourd’hui
importe 80 % de ce qu’il consomme alors que son agriculture est en crise et que
de nombreuses récoltes pourrissent sur les quais dans les ports des îles
éloignées.
Edouard Fritch, condamné mais président de la Polynésie |
Un autre poison de l’économie locale est
l’indexation des salaires. Cette indexation dont bénéficient tous les
fonctionnaires d’Etat (enseignement, police, armée, justice…) fait, par
exemple, qu’une femme de ménage employée par un établissement scolaire peut
avoir un salaire plus de trois fois supérieur à celui d’une de ses homologues
dans le privé avec un « contrat local ».
Les fonctionnaires territoriaux eux, bénéficient de
rémunérations calculées en fonction de leurs homologues fonctionnaires d’Etat.
Les commerces, les entreprises et les propriétaires de
logements locatifs ont établi leurs prix en fonction de ces sursalaires,
plongeant le reste de la population dans une évidente pauvreté.
Le fiu* des
Polynésiens
Aujourd’hui, les Polynésiens sont écœurés par les
agissements du monde politique et ne se reconnaissent plus dans aucun de leurs
élus.
Un profond désespoir gagne peu à peu l’ensemble de la
population, faisant craindre une aggravation irréversible de la situation si
aucun parti n’arrive à s’imposer avec des hommes nouveaux et un véritable
projet de société. Un projet qui serait à la mesure du pays et des enjeux qu’il
y a aujourd’hui à relever.
Hélas, la nouvelle loi électorale imposée par Paris par
les services de la ministre Marie-Luce Penchard, avec un seuil à 12,5 % des
électeurs inscrits pour accéder au 2ème tour, a sonné le glas de tout renouvellement significatif de l’Assemblée de
Polynésie.
Une image beaucoup trop fréquente à Tahiti |
La Polynésie française est en grand danger, et aucun
signe ne permet d’espérer la moindre amélioration avant les prochaines
élections.
Pour mémoire, rappelons ici que le Pays a connu huit
changements de majorité en sept ans sans que la population ait été consultée
une seule fois !
Le divorce entre la population et ses «
représentants » est clairement consommé. Hélas pour le Pays, rien ne se met en
place permettant d’espérer une évolution favorable, quelle qu’elle soit.
Lexique
:
*Fiu : Etre rassasié, fatigué,
las jusqu’à l’écœurement
Retrouvez toutes les données
chiffrées sur le site de l'Institut de la statistique de la Polynésie française
: www.ispf.pf/ISPF/Home.aspx
Un article de Julien Gué
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presse traditionnelle.
Hélas, que faire pour changer cela, si ce n'est de laisser courir jusqu'au jour où , avec espoir,
RépondreSupprimerun leader charismatique se présentera?
En attendant il n'y a malheureusement rien à faire que de subir , ce qui me rend malade !
Merci pour ce partage que j'approuve totalement!