Les très étranges habitants de Rangiroa
Et
si l’atoll de Rangiroa offrait au visiteur bien plus que quelques uns des plus
beaux sites de plongée de la planète ?...
Bien
des gens passent Noël sous la neige, en montagne, blottis devant une cheminée…
Pour ma part, en cette fin d’année 2012, j’ai eu le privilège d’être invité à
passer quelques jours à Rangiroa,
plus grand atoll de l’archipel
des Tuamotu…
A la frontière de trois univers : le Mérou bleu |
« Maeva
i Rangiroa, Julien ! » Ainsi ai-je été accueilli à l’aéroport de
Rangiroa par l’adorable Sonya Friedrich. Une fois mon sac embarqué dans sa
voiture, nous voici engagés pour le long périple de 5 km qui nous mène, après
la traversée du village, sur le bord de la passe d’Avatoru. Autrement
dit : le bout du bout monde…
La traversée
d’Avatoru
De
l’aéroport au village, les quelques kilomètres de ligne droite font prendre
pleinement conscience de ce qu’est un atoll : à gauche de la route, des
cocotiers émergent d’une végétation clairsemée et laissent entrevoir les bleus
improbables du lagon. A droite de la route, la même végétation coiffée des
mêmes cocotiers découvre discrètement la barrière de corail et sa crête blanche
de l’écume du géant Pacifique.
Une boutique à Avatoru, et la gentillesse des Paumotu |
Sans
que rien ne le laisse présager, nous voici dans le village. Fare blottis dans
les bras d’une végétation pauvre et luxuriante à la fois, silhouettes furtives
glissant dans l’ombre pour éviter la chaleur écrasante de ce milieu
d’après-midi, Avatoru donne un peu la sensation d’une cité fantôme. Notre halte
pour acheter quelques fruits montre combien il ne faut jamais s’en tenir à ses
impressions premières…
Nos
emplettes terminées, nous reprenons la route, passons devant la mairie, les
magasins chinois, l’église (déserte elle aussi à cette heure-là) et nous nous
engageons sur un chemin qui zigzague entre les arbres et les fare. Nous n’irons
pas bien loin…
Au bout du sentier : la passe d’Avatoru |
En
effet, la route (en soupe de corail) s’arrête ici : frontière improbable
entre la terre, le lagon et l’océan Pacifique.
Le Mérou bleu
Nichée au creux des filaos et des
cocotiers, la
pension Le Mérou Bleu cache ses bungalows traditionnels au bord de la passe
d’Avatoru, comme pour ne surtout pas déranger les dauphins qui jouent avec la
vague quand les surfeurs ne sont pas là. Car nous sommes juste devant l’un des
spots de surf les plus prisés de l’atoll.
Les dauphins dans la passe d’Avatoru |
Sans
que je m’en aperçoive, j’ai dû pénétrer dans une carte postale. Il y a en effet
quelque chose d’irréel, de magique dans cet endroit.
Certes,
la construction traditionnelle des fare couverts en niau comme blottis dans la
végétation doit y être pour quelque chose. Comme le regard débonnaire des chats
à moitié endormis en divers endroits du lieu.
Il est vrai qu’ici, il est bien difficile de savoir où s’arrête la
nature et où commence le domaine des hommes. C’est un peu comme si les fare
étaient les fruits même des arbres…
Mais où s’arrête la nature et où commence le domaine des hommes ? |
Ici,
le temps lui-même n’a plus le même sens. Il en va ainsi de certains lieux
auxquels les occupants ont su insuffler quelque chose d’indicible que d’aucuns
appelleraient une « âme »…
Mais
ce qui fait du Mérou Bleu un endroit exceptionnel, au-delà de tout ce qui a été
dit jusqu’ici, tient je crois à des êtres étranges nés de l’imaginaire et des
mains de Sonya et dont elle me dit qu’ils sont les gardiens et les protecteurs
du lieu…
Les pirates du Mérou
bleu
En
vous approchant du cœur de l’endroit, je veux parler du fare de Sonya, il vous
est impossible de ne pas les voir.
Première rencontre avec les pirates du Mérou bleu |
Impassibles
gardiens de la sérénité des lieux, silencieux, ils se balancent mollement au
gré de la brise. Mais ne vous y trompez pas : sous leurs airs débonnaires
ils sont capables de bien des maléfices pour peu que vous tentiez de porter atteinte
au bonheur tranquille qui vous entoure.
D’ailleurs, par crainte de provoquer leur
courroux, je vais m’en tenir là dans mes propos. Il se pourrait en effet qu’en
les dérangeant ils décident, à l’avenir, de m’interdire l’accès à leur domaine,
m’interdisant par là-même de revoir mon amie Sonya…
Les pirates du Mérou
bleu…
En
guise de conclusion, je ne puis que vous conseiller d’aller leur rendre visite,
à eux et à Sonya. Mais surtout : soyez prudents ! Ne les dérangez
pas. Ni eux, ni elle…
Nul
ne sait vraiment de quoi sont capables les pirates du Mérou Bleu…
Un article de Julien Gué
merci pour la visite..on repart sur la pointe des pieds pour ne pas déranger l'harmonie des lieux...
RépondreSupprimerkura Ora Sonya <3
RépondreSupprimerJe transmets... La demande est dans l'air... je n'hallucine ni ne suis sous le coup des maléfices des "Pirates du Mérou Bleu"
RépondreSupprimermais ... les adultes qui n'aiment pas lire, ainsi que les enfants à qui j'ai lu ton article, ont senti le bonheur d'entendre ta façon de conter...
aventures d'un voyageur à la rencontre des esprits marins, venus d'ont ne sait où, écumeurs des mers, défenseurs de l'île protégeant la sauvageonne Sonya
(je ne fais que reprendre le résumé d'un enfant de 5 ans ... )
Merci à Sonya pour ses petits êtres mythiques
Merci aux charmes de l'atoll de Rangiroa
Merci à toi Julien
"comme si les fare étaient les fruits même des arbres…" ( énonce Julien), voilà pour un article envoûté... apparemment et pleinement en communion avec la "pirateuse", l'atoll, et ces incursions d'aventuriers mythiques... déposés par le vent marin... Très fort, l'article, envoûteur! Du coup tu nous a plongés dans une légende à faire... d'habitude elles sont noyées dans le passé... Ici, la sauvageonne dialogue avec ses fétiches et demain est un mystère ! La suite, monsieur le conteur, pourrait-on te demander : en fait tu nous as donné tous les ingrédients pour que notre imagination fasse le reste ... (la Légende en train de se faire, comme le Livre en train de se faire)..."Les pirates du Mérou Bleu" restera (resteront), à l'instar de la merveilleuse" Histoire sans fin", la légende qui ne lasse pas, car elle prend les couleurs changeantes du reflet des vagues ... et des bribes de paroles envolées... Merci
RépondreSupprimerQue de souvenirs à Rangiroa...
RépondreSupprimerJ'avais passé un séjour magnifique, tous invités chez les parents d'un élève de ma mère dans un tout petit fare.
On avait pêché 50 fois de suite le même requineau avec le gamin !
Et les baignades dans la passe au milieu de sees congénères plus gros, fabuleux !
J'en garde un souvenir merveilleux...
Some truly interesting details you have written.Helped me a lot, just what I was searching for :D.
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