La marche égalitaire
Ce
qui est cocasse et inconcevable à la fois, dans une république -française en
l’occurrence- qui avait aboli l’ingérence et les privilèges du religieux dans les
affaires de l’Etat, c’est le retour du refoulé sceptre et goupillon de notre
monarchie abolie ! L’invraisemblable, c’est qu’une caste de
hors-la-loi (loi n°82-683
du 4 août 1982) revendique le non-droit d’évincer du principe constitutionnel,
une frange de la population, pour ses pratiques sexuelles !
Droit
à l’homosexualité pleine et entière : le mot est lâché et ce n’est pas un
« gros mot » ! Fort heureusement, nous avons appris à affiner
notre perception, à penser autrement. Tant pis si les mots sont caducs et inadéquats!
L’homosexualité, ne se réduit pas à l’intimité des relations : ce qui ne
regarde personne. Il ne s’agit pas de sexe mais de genre. Elle est d’abord un
statut. L’inacceptable est que la France, pour des questions de préjugés,
compte parmi ses membres des sous-citoyens !
La Marianne phrygienne : un cœur à prendre… |
Selon
le principe de réalité, la nation se trouve donc assujettie à réajuster son
droit en matière d’homosexualité : régime politique destiné à tous, il se
doit de l’exercer en toute parité ; de combler le vide juridique
s’appliquant à 150 000
couples homosexuels ; d’en décréter les nouvelles applications
conformes à la norme.
Les
préjugés et la norme
Le grand débat qui agite la France depuis la campagne présidentielle de
François Hollande, et en sourdine depuis 31 ans que l’homosexualité n’est plus
un délit (27 ans qu’elle n’est plus une maladie), a fait surgir bien des
aberrations. Dès 1994, la Cour Européenne réclamait « l’égalité pour tous », comme
le souligne la Ligue des Droits de l’Homme.
Pour ne pas tomber dans le piège
des idées sans fondement, référons-nous aux spécialistes de la pensée, qu’ils
soient philosophes, ethnologues ou anthropologues. L’opinion publique a oublié que
la civilisation évolue par bonds. Ce qui a perturbé pas mal de citoyens.
La « nature » a été le premier argument des détracteurs du
« mariage pour tous » : mais ce qui nous distingue de la bête,
c’est une différence de nature. « L’animal
s’identifie à sa fonction vitale ». La nature humaine est
« sociale
et culturelle, en ce qu’il (l’homme) s’impose des règles et des
valeurs ». Réduire l’homosexuel(le) à sa fonction biologique (de procréation)
c’est, pour le moins, l’enfermer dans un bestiaire.
…et si les normes étaient repensées… |
La
seconde objection portait sur un réflexe d’anthropocentrisme : nous sommes
le centre du monde et n’est admis comme « valeur
ou vérité que ce qui nous ressemble ». Sauf que : « une
société qui prive certains de ses individus de ses besoins humains (amour,
travail, liberté) les réifie (les réduit à une chose) ».
La
troisième objection concerne la norme. Si le modèle « identitaire se
constitue par des groupes de substitution (race, religion, région), l’autisme
social peut en être l’écueil. Soit tu appartiens au groupe, soit l’autre en est
exclu et donc se trouve être un criminel en puissance ».
Enfin,
l’opposition au mariage gay ne tient que sur un vrai délire : « la
seule prohibition qui soit universelle (conclut Lévy-Strauss), c’est
l’inceste », parce que « le mariage est un échange ; il doit
donc s’effectuer hors de la famille ».
Le droit à
l’égalité
La dépénalisation de l’homosexualité aurait dû être suivie, dans la
foulée, d’un train de lois en assurant la viabilité. Le PACS de 1994 ne
garantit pas les droits des enfants, ni le droit de visite des parents séparés.
Les législateurs n’ont fait que répondre aux requêtes soulevées par les associations
homosexuelles.
Un héritage de la Bastille… |
Pourtant la révolution française avait montré le chemin : « La disparition de la sodomie du Code
pénal de 1791 est à replacer dans une œuvre de laïcisation du droit, car le
crime de sodomie est d'essence religieuse : il prend sa source dans les
textes bibliques. Au cours du XIXe siècle l'apparition de l'homosexualité dans
le domaine public se fait par les notions d'attentat à la pudeur, d'outrage aux
bonnes mœurs et de débauche de la jeunesse. Il s'agit des articles 330 à 334 du
Code pénal de 1810. Les bonnes mœurs sont celles en conformité avec la nature
de l'homme et les mauvaises mœurs sont celles qui y sont contraires »
(Thierry
Pastorello)
Quelle que soit la société ou la civilisation, « le corps » a
toujours été, « instrument de l’oppression religieuse et traditionnelle. »
déclare Martine
Gozlan, dans un autre contexte. Mais il est similaire, dans la mesure où il
s’agit de minorités ou de personnes qui, bien qu’adultes, sont considérées comme
mineures puisqu’elles ne disposent pas de tous leurs droits dans un contexte
universellement machiste.
« Le risque vital » dont
elle parle s’applique tout autant aux homosexuel(le)s. S’affirmer en tant que
tel dans une culture où se prône plus que jamais le mythe de la virilité (Roland
Barthes) n’est pas sans danger.
Homosexuel(le), c’est risquer sa vie ? |
L’homosexualité
est une autre façon de se reconnaître et de concevoir son identité. Même si le
gouvernement actuel ne se penche pas sur les questions, toutes les questions
liées aux différents genres, faudra-t-il attendre le prochain gouvernement
socialiste pour que la question des Transgenres soit réglée ? A savoir,
une trentaine d’année, puisque la trans-identité vient tout juste d’être
reconnue en France.
Qui a peur
de l’égalité ?
Bien que l’homosexualité soit licite depuis plus d’un quart de siècle, « casser
du pédé » fait partie du loisir des homophobes violents ou « Eddy»
(dans le jargon homosexuel) en mal d’idéaux offensifs et guerriers. La Ligue
des Droits de l’Homme condamne fermement ces exactions : « violences, ainsi que
propos et actes homophobes, qui accompagnent les manifestations des opposants
au mariage pour tous ».
Le malentendu le plus répandu vient d’une confusion lexicale : le
tout-venant associant pédérastie à pédophilie. Il faut dire que la langue
française n’est pas si limpide ! Larousse le montre avec évidence :
pourquoi avoir tiré du grec antique paiderastês
qui signifie « amoureux de jeune garçon » le second sens
d’homosexualité ? Alors que son premier sens se confond avec son
équivalent latin pédophilie qui sous-tend, le passage à l’acte d’un adulte sur
un(e) enfant : acte répréhensible, bien entendu. Va-t-il falloir passer
maintenant à l’actualisation du
dictionnaire ?
La traque homophobe, un relent de barbarie… |
L’une des conséquences, et pas des moindres, se solde par la réappropriation
langagière de toutes les insultes dont est affublée l’homosexualité :
pédé, gouine et gay. Car la majorité des appellations manquent
de neutralité dans la mesure où elles ont été créées à une époque
où l’homosexualité était considérée comme scélérate. Les idéologies négatives
ont la vie dure !
Au lesbianisme ou lesbisme (saphisme, uranisme, homosexualité féminine), répondent
les appellations argotiques de butch et fem,
androgynes, camionneuses, lipstick, jules et nanas, trans, queer, etc. Au
palmarès des lazzis homosexuels s’en référer à la longue liste des homos, folles, daddy et autres termes issus
du milieu carcéral.
Dans toute société, l’éducation a tendance à forger des modèles conformes
à ses besoins. Tel apparaît le modèle dépassé traditionnel. L’homme au travail,
la femme au foyer génère un clivage qui stigmatise la virulence masculine et la
faiblesse féminine. L’égalité de droits n’est pas un copié/collé et tient
compte des différences psychosomatiques.
A contrario, la notion d’unisexe, apparue fin des années 60, signifiait
liberté de comportement indifféremment du sexe. Mais cette « utopie
sociale » ne pouvait tenir longtemps, face aux affirmations de soi, au besoin
d’épanouissement, aux différentes prises de conscience de soi. L’homosexualité
est plus qu’une expérience de libération, plus que l’appropriation du plaisir,
qu’une transgression des tabous (hippie). Elle est identité assumée. D’où, dans
les mêmes années émerge la première
Gay Pride à New-York.
Peine capitale sous certains cieux |
La crise de la famille (qui se poursuit depuis la fin des années 70), ses
échecs, ses ruptures et la dérive des enfants implique que la parentalité ne
peut plus s’identifier comme une partition de rôles (liés au sexe :
autorité/affect) mais comme une « répartition
de savoir-faire, un consensus de négociation à deux : entre
construction relationnelle (intégration du tiers) et révélation de soi, entre
autorégulation et sensibilité, entre autonomie et interaction sociale. »
En ce sens, le couple homosexuel correspond à l’image de cette évolution de la
famille.
Des relents
d’étoile rose
Pourquoi
tant de haine, alors ? Le XXème siècle, prometteur de tolérance
homosexuelle en ses débuts, se durcit avec la crise de 29. Les sanctions se
multiplient sous le mandat de Pétain (dès 42), jusqu’aux camps de la mort nazis. Et à la
« Libération », les survivants, de retour de déportation, sont
incarcérés sous prétexte de
débauche !
Lois
sur lois ont véritablement traqué l’homosexualité durant les années 60. En 68,
la France classe l’homosexualité au titre de « maladie mentale »
suivant la déclaration de l’OMS. Plus de prison à partir de sa réhabilitation
en 1982 (R. Badinter sous Mitterrand) mais l’asile psychiatrique jusqu’en
1985 (officieusement en 92) !!!
Et
maintenant ? Cible du clergé intégriste catholique exhortant ses brebis à
se garder des nouveaux Satan et rameutant ses alter-ego en bigoterie dans les péristyles
des imams « embarbés » et des rabbins « empapillotés », elle
essuie une véritable campagne médiévale d’exorcisme. Dans les rangs d’une
hostilité politique (qui nie la loi de 82) comme l’UMP, comme au sein des
associations initiatrices « bien-pensantes », on piaffe et on décoche
injures, admonestations et bousculades
en plein hémicycle !
Les hors-la-loi de la « famille-patrie » |
Plus
acerbes encore, les groupuscules d’extrême-droite (GUD :
Groupe union défense) et les bandes de « petites-frappes »
inorganisées ressortent le triangle rose de l’Allemagne nazie pour embrigader
leurs militants dans de brutaux coups de main, pendant ou hors des
« manifestations pour tous ». La dérive à la violence sera identique
avec les autres associations
anti-mariage gay, dites plus modérées.
Une loi
tachée de pourpre…
Bilan ?
Si la loi « autorisant
le mariage homosexuel et l’adoption » est passée le 23 avril 2013,
après de longs mois de vives controverses, elle est à l’image d’une France qui
s’est toujours scindée en deux pour toutes les questions de culture et de
fondement national. (Le score se solde à l’Assemblée nationale par 331 oui
contre 225 non et 10 abstentions ; soit une proportion de 58,48 contre
39,75 %).
Elle
a fait resurgir tous les vieux cauchemars de plus d’un siècle de débordements
discriminatoires sur des minorités... (ségrégations raciales, ethniques,
sexistes, à l’amour, etc…). Contre tout respect des droits de l’homme, de la
loi même, contre toute dignité politique… s’empoignant sous la coupole… les clans homophobes se sont défoulés sur ce
nouveau « bouc émissaire » qu’est l’homosexualité.
Taubira : «Pour les enfants», pour aujourd’hui et
demain
Trop
de souffrances inutiles pour une loi qui n’est qu’une étape et positionne la
France en 9ème place des pays Européens, et en 14ème
place mondiale, dans cette voie égalitaire.
23
avril ? Date anniversaire de la libération du camp de concentration de
Ravensbruck, 1945. Dans ce camp de femmes,
encore une page, sur l’homosexualité forcée…
Mardi
23 avril ? « Quand il pleut à la Saint-Georges, sur cent cerises l’en a
quatorze » (Proverbe). Hasard d’un dicton populaire qui m’a renvoyée,
petit pincement au cœur, au « temps des cerises ». « Christiane
Taubira, ton lyrisme, ta qualité d’être nous a émus au plus profond ! Que
tu sois remerciée pour ta chaleur humaine et ta clairvoyance. »
Une évolution goût cerise… |
Avec
le « Rassemblement contre la haine » du 21 avril à Paris, l’atmosphère
était lourde, les mines graves, le « Génie de la Bastille », les
ailes plombées du sang des victimes terrassées par la bassesse de leurs
semblables.
« C’est de ce temps-là que je garde au
cœur
Une plaie ouverte. »
(J-B
Clément/A Renard)
Un article de Monak
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de l'auteur avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur
Internet ou dans la presse traditionnelle.
Voir aussi :
-Transidentité : http://tahiti-ses-iles-et-autres-bouts-du-mo.blogspot.fr/2013/01/transidentite.html
-*Députés
UMP, s’étant battus (le 22.04.2013) à l’Assemblée Nationale et pénalisés d’«un rappel à l’ordre» : Yves Albarello,
Daniel Fasquelle et Marc Le Fur
-La déportation de milliers
d'homosexuels par les nazis :
« Entre femmes
La question de l’homosexualité
féminine dans un camp comme celui de Ravensbrück est complexe, parce que
taboue. Des lesbiennes y sont détenues parce que lesbiennes et à ce titre
considérées comme asociales : dans le langage du camp, les deux lettres LL
renvoient à «Lesbiche Liebe» («amour lesbien»), dont on ne sait pas si elles
ont effectivement figuré sur des triangles noirs, alors que les hommes au
contraire sont singularisés par le triangle rose. Si les homosexuelles
allemandes ne sont pas concernées par le paragraphe 175 interdisant les relations
sexuelles entre hommes, il n’en est pas de même par exemple pour les
Autrichiennes visées par une répression homophobe ne faisant pas de distinction
de sexe. Parmi les droits communs figurent aussi des lesbiennes, sans doute
nombreuses parmi les prostituées. Enfin, parmi les milliers de résistantes
figurent (forcément) des lesbiennes, qui ne sont pas identifiées comme telles.
La caractérisation de certaines détenues comme lesbiennes peut découler de
l’histoire et des circonstances de leur déportation, ainsi que de signes
extérieurs (l’allure masculine) qui jouent un rôle très important. Dans le
Verfügbar, «les julots», «gras» et «chics», ont des «cheveux plaqués» avec une
coupe «garçonnière», «des chaussures civiles éclatantes de cirage», une
ceinture très serrée, la cigarette aux lèvres… Le naturaliste de l’opérette ne
peut que constater «des velléités de virilisation dans la variété des triangles
noirs germaniconus»…
Voilà qui remettra les pendules de l'histoire a l'heure et soulèvera un peu le lourd voile d’incompréhension ..
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