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samedi 27 avril 2013

L’homosexualité, la norme et la loi



La marche égalitaire

Ce qui est cocasse et inconcevable à la fois, dans une république -française en l’occurrence- qui avait aboli l’ingérence et les privilèges du religieux dans les affaires de l’Etat, c’est le retour du refoulé sceptre et goupillon de notre monarchie abolie ! L’invraisemblable, c’est qu’une caste de hors-la-loi (loi n°82-683 du 4 août 1982) revendique le non-droit d’évincer du principe constitutionnel, une frange de la population, pour ses pratiques sexuelles !

Droit à l’homosexualité pleine et entière : le mot est lâché et ce n’est pas un « gros mot » ! Fort heureusement, nous avons appris à affiner notre perception, à penser autrement. Tant pis si les mots sont caducs et inadéquats! L’homosexualité, ne se réduit pas à l’intimité des relations : ce qui ne regarde personne. Il ne s’agit pas de sexe mais de genre. Elle est d’abord un statut. L’inacceptable est que la France, pour des questions de préjugés, compte parmi ses membres des sous-citoyens !

La Marianne phrygienne : un cœur à prendre…
Selon le principe de réalité, la nation se trouve donc assujettie à réajuster son droit en matière d’homosexualité : régime politique destiné à tous, il se doit de l’exercer en toute parité ; de combler le vide juridique s’appliquant à 150 000 couples homosexuels ; d’en décréter les nouvelles applications conformes à la  norme.

 

Les préjugés et la norme

Le grand débat qui agite la France depuis la campagne présidentielle de François Hollande, et en sourdine depuis 31 ans que l’homosexualité n’est plus un délit (27 ans qu’elle n’est plus une maladie), a fait surgir bien des aberrations. Dès 1994, la Cour Européenne réclamait « l’égalité pour tous », comme le souligne la Ligue des Droits de l’Homme.

 

 Pour ne pas tomber dans le piège des idées sans fondement, référons-nous aux spécialistes de la pensée, qu’ils soient philosophes, ethnologues ou anthropologues. L’opinion publique a oublié que la civilisation évolue par bonds. Ce qui a perturbé pas mal de citoyens.

 

La « nature » a été le premier argument des détracteurs du « mariage pour tous » : mais ce qui nous distingue de la bête, c’est une différence de nature. « L’animal s’identifie à sa fonction vitale ». La nature humaine est « sociale et culturelle, en ce qu’il (l’homme) s’impose des règles et des valeurs ». Réduire l’homosexuel(le) à sa fonction biologique (de procréation) c’est, pour le moins, l’enfermer dans un bestiaire.

 

…et si les normes étaient repensées…
La seconde objection portait sur un réflexe d’anthropocentrisme : nous sommes le centre du monde et n’est admis comme « valeur ou vérité que ce qui nous ressemble ». Sauf que : « une société qui prive certains de ses individus de ses besoins humains (amour, travail, liberté) les réifie (les réduit à une chose) ».

La troisième objection concerne la norme. Si le modèle « identitaire se constitue par des groupes de substitution (race, religion, région), l’autisme social peut en être l’écueil. Soit tu appartiens au groupe, soit l’autre en est exclu et donc se trouve être un criminel en puissance ».

Enfin, l’opposition au mariage gay ne tient que sur un vrai délire : « la seule prohibition qui soit universelle (conclut Lévy-Strauss), c’est l’inceste », parce que « le mariage est un échange ; il doit donc s’effectuer hors de la famille ».

 

Le droit à l’égalité

La dépénalisation de l’homosexualité aurait dû être suivie, dans la foulée, d’un train de lois en assurant la viabilité. Le PACS de 1994 ne garantit pas les droits des enfants, ni le droit de visite des parents séparés. Les législateurs n’ont fait que répondre aux requêtes soulevées par les associations homosexuelles.

 

Un héritage de la Bastille

Pourtant la révolution française avait montré le chemin : « La disparition de la sodomie du Code pénal de 1791 est à replacer dans une œuvre de laïcisation du droit, car le crime de sodomie est d'essence religieuse : il prend sa source dans les textes bibliques. Au cours du XIXe siècle l'apparition de l'homosexualité dans le domaine public se fait par les notions d'attentat à la pudeur, d'outrage aux bonnes mœurs et de débauche de la jeunesse. Il s'agit des articles 330 à 334 du Code pénal de 1810. Les bonnes mœurs sont celles en conformité avec la nature de l'homme et les mauvaises mœurs sont celles qui y sont contraires » (Thierry Pastorello)

 

Quelle que soit la société ou la civilisation, « le corps » a toujours été, « instrument de l’oppression religieuse et traditionnelle. » déclare Martine Gozlan, dans un autre contexte. Mais il est similaire, dans la mesure où il s’agit de minorités ou de personnes qui, bien qu’adultes, sont considérées comme mineures puisqu’elles ne disposent pas de tous leurs droits dans un contexte universellement machiste.

 

 « Le risque vital » dont elle parle s’applique tout autant aux homosexuel(le)s. S’affirmer en tant que tel dans une culture où se prône plus que jamais le mythe de la virilité (Roland Barthes) n’est pas sans danger.

 

Homosexuel(le), c’est risquer sa vie ?
L’homosexualité est une autre façon de se reconnaître et de concevoir son identité. Même si le gouvernement actuel ne se penche pas sur les questions, toutes les questions liées aux différents genres, faudra-t-il attendre le prochain gouvernement socialiste pour que la question des Transgenres soit réglée ? A savoir, une trentaine d’année, puisque la trans-identité vient tout juste d’être reconnue en France.

 

Qui a peur de l’égalité ?

Bien que l’homosexualité soit licite depuis plus d’un quart de siècle, « casser du pédé » fait partie du loisir des homophobes violents ou « Eddy» (dans le jargon homosexuel) en mal d’idéaux offensifs et guerriers. La Ligue des Droits de l’Homme condamne fermement ces exactions : « violences, ainsi que propos et actes homophobes, qui accompagnent les manifestations des opposants au mariage pour tous ».

 

Le malentendu le plus répandu vient d’une confusion lexicale : le tout-venant associant pédérastie à pédophilie. Il faut dire que la langue française n’est pas si limpide ! Larousse le montre avec évidence : pourquoi avoir tiré du grec antique paiderastês qui signifie « amoureux de jeune garçon » le second sens d’homosexualité ? Alors que son premier sens se confond avec son équivalent latin pédophilie qui sous-tend, le passage à l’acte d’un adulte sur un(e) enfant : acte répréhensible, bien entendu. Va-t-il falloir passer maintenant à  l’actualisation du dictionnaire ?

 

La traque homophobe, un relent de barbarie…

L’une des conséquences, et pas des moindres, se solde par la réappropriation langagière de toutes les insultes dont est affublée l’homosexualité : pédé, gouine et gay. Car la majorité des appellations manquent de neutralité dans la mesure où elles ont été créées à une époque où l’homosexualité était considérée comme scélérate. Les idéologies négatives ont la vie dure !

 

Au lesbianisme ou lesbisme (saphisme, uranisme, homosexualité féminine), répondent les appellations argotiques de butch et fem, androgynes, camionneuses, lipstick, jules et nanas, trans, queer, etc. Au palmarès des lazzis homosexuels s’en référer à la longue liste des homos, folles, daddy et autres termes issus du milieu carcéral.

 

Dans toute société, l’éducation a tendance à forger des modèles conformes à ses besoins. Tel apparaît le modèle dépassé traditionnel. L’homme au travail, la femme au foyer génère un clivage qui stigmatise la virulence masculine et la faiblesse féminine. L’égalité de droits n’est pas un copié/collé et tient compte des différences psychosomatiques.

 

A contrario, la notion d’unisexe, apparue fin des années 60, signifiait liberté de comportement indifféremment du sexe. Mais cette « utopie sociale » ne pouvait tenir longtemps, face aux affirmations de soi, au besoin d’épanouissement, aux différentes prises de conscience de soi. L’homosexualité est plus qu’une expérience de libération, plus que l’appropriation du plaisir, qu’une transgression des tabous (hippie). Elle est identité assumée. D’où, dans les mêmes années émerge la première Gay Pride à New-York.

 

Peine capitale sous certains cieux

La crise de la famille (qui se poursuit depuis la fin des années 70), ses échecs, ses ruptures et la dérive des enfants implique que la parentalité ne peut plus s’identifier comme une partition de rôles (liés au sexe : autorité/affect) mais comme une « répartition de savoir-faire, un consensus de négociation à deux : entre construction relationnelle (intégration du tiers) et révélation de soi, entre autorégulation et sensibilité, entre autonomie et interaction sociale. » En ce sens, le couple homosexuel correspond à l’image de cette évolution de la famille.


Des relents d’étoile rose

Pourquoi tant de haine, alors ? Le XXème siècle, prometteur de tolérance homosexuelle en ses débuts, se durcit avec la crise de 29. Les sanctions se multiplient sous le mandat de Pétain (dès 42), jusqu’aux camps de la mort nazis. Et à la « Libération », les survivants, de retour de déportation, sont incarcérés sous prétexte de  débauche !

Lois sur lois ont véritablement traqué l’homosexualité durant les années 60. En 68, la France classe l’homosexualité au titre de « maladie mentale » suivant la déclaration de l’OMS. Plus de prison à partir de sa réhabilitation en 1982 (R. Badinter sous Mitterrand) mais l’asile psychiatrique jusqu’en 1985 (officieusement en 92) !!!

Et maintenant ? Cible du clergé intégriste catholique exhortant ses brebis à se garder des nouveaux Satan et rameutant ses alter-ego en bigoterie dans les péristyles des imams « embarbés » et des rabbins « empapillotés », elle essuie une véritable campagne médiévale d’exorcisme. Dans les rangs d’une hostilité politique (qui nie la loi de 82) comme l’UMP, comme au sein des associations initiatrices « bien-pensantes », on piaffe et on décoche injures, admonestations et bousculades en plein hémicycle !

Les hors-la-loi de la « famille-patrie »
Plus acerbes encore, les groupuscules d’extrême-droite (GUD : Groupe union défense) et les bandes de « petites-frappes » inorganisées ressortent le triangle rose de l’Allemagne nazie pour embrigader leurs militants dans de brutaux coups de main, pendant ou hors des « manifestations pour tous ». La dérive à la violence sera identique avec les autres associations anti-mariage gay, dites plus modérées.

Une loi tachée de pourpre…

Bilan ? Si la loi « autorisant le mariage homosexuel et l’adoption » est passée le 23 avril 2013, après de longs mois de vives controverses, elle est à l’image d’une France qui s’est toujours scindée en deux pour toutes les questions de culture et de fondement national. (Le score se solde à l’Assemblée nationale par 331 oui contre 225 non et 10 abstentions ; soit une proportion de 58,48 contre 39,75 %).

Elle a fait resurgir tous les vieux cauchemars de plus d’un siècle de débordements discriminatoires sur des minorités... (ségrégations raciales, ethniques, sexistes, à l’amour, etc…). Contre tout respect des droits de l’homme, de la loi même, contre toute dignité politique… s’empoignant sous la coupole…  les clans homophobes se sont défoulés sur ce nouveau « bouc émissaire » qu’est  l’homosexualité.


Taubira : «Pour les enfants», pour aujourd’hui et demain
Trop de souffrances inutiles pour une loi qui n’est qu’une étape et positionne la France en 9ème place des pays Européens, et en 14ème place mondiale, dans cette voie égalitaire.

23 avril ? Date anniversaire de la libération du camp de concentration de Ravensbruck, 1945. Dans ce camp de femmes, encore une page, sur l’homosexualité forcée

Mardi 23 avril ? « Quand il pleut à la Saint-Georges, sur cent cerises l’en a quatorze » (Proverbe). Hasard d’un dicton populaire qui m’a renvoyée, petit pincement au cœur, au « temps des cerises ». « Christiane Taubira, ton lyrisme, ta qualité d’être nous a émus au plus profond ! Que tu sois remerciée pour ta chaleur humaine et ta clairvoyance. »

Une évolution goût cerise…
Avec le « Rassemblement contre la haine » du 21 avril à Paris, l’atmosphère était lourde, les mines graves, le « Génie de la Bastille », les ailes plombées du sang des victimes terrassées par la bassesse de leurs semblables.

« C’est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte. »
(J-B Clément/A Renard)

 

 

Un article de Monak


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Voir aussi :

-*Députés UMP, s’étant battus (le 22.04.2013) à l’Assemblée Nationale et pénalisés  d’«un rappel à l’ordre» : Yves Albarello, Daniel Fasquelle et Marc Le Fur

-La déportation de milliers d'homosexuels par les nazis :
« Entre femmes
La question de l’homosexualité féminine dans un camp comme celui de Ravensbrück est complexe, parce que taboue. Des lesbiennes y sont détenues parce que lesbiennes et à ce titre considérées comme asociales : dans le langage du camp, les deux lettres LL renvoient à «Lesbiche Liebe» («amour lesbien»), dont on ne sait pas si elles ont effectivement figuré sur des triangles noirs, alors que les hommes au contraire sont singularisés par le triangle rose. Si les homosexuelles allemandes ne sont pas concernées par le paragraphe 175 interdisant les relations sexuelles entre hommes, il n’en est pas de même par exemple pour les Autrichiennes visées par une répression homophobe ne faisant pas de distinction de sexe. Parmi les droits communs figurent aussi des lesbiennes, sans doute nombreuses parmi les prostituées. Enfin, parmi les milliers de résistantes figurent (forcément) des lesbiennes, qui ne sont pas identifiées comme telles. La caractérisation de certaines détenues comme lesbiennes peut découler de l’histoire et des circonstances de leur déportation, ainsi que de signes extérieurs (l’allure masculine) qui jouent un rôle très important. Dans le Verfügbar, «les julots», «gras» et «chics», ont des «cheveux plaqués» avec une coupe «garçonnière», «des chaussures civiles éclatantes de cirage», une ceinture très serrée, la cigarette aux lèvres… Le naturaliste de l’opérette ne peut que constater «des velléités de virilisation dans la variété des triangles noirs germaniconus»…

1 commentaire :

  1. Voilà qui remettra les pendules de l'histoire a l'heure et soulèvera un peu le lourd voile d’incompréhension ..

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