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mardi 12 février 2013

A Sidi Bou Saïd, en Tunisie

Un Maire : l’Histoire

Le promontoire marin de Sidi Bou Saïd, coiffé de dômes blancs, ses vantaux du fameux «bleu», avait pris le vent de l’histoire. Au service de la liberté recouvrée et de cette nouvelle citoyenneté assumée, un certain Dakhlaoui.

Raouf de son prénom, « Si Raouf ! » ainsi que le saluent ses compatriotes à Sidi Bou Saïd. Car s’il en est le fils, il en est devenu le maire. L’ancien conseil municipal volatilisé en 2011, dissous avec le précédent régime. C’est à un mandat de 5 ans de reconstruction que s’attèle l’édile.

Raouf Dakhlaoui, une ville vibrante
Le « village », comme il se plaît à se désigner, pas seulement pour son cachet typique mais son esprit bien trempé, le doit-il depuis longtemps à la particularité de son passé ou plus récemment à sa situation, entre l’ex-résidence d’un certain « dégagé » et le palais présidentiel de Carthage ? Ainsi n’est-il pas à l’abri des embruns.

 

La Salle municipale, c’est la vie

Si les administrés ont retrouvé la parole au grand air, et pas seulement dans les petits cafés et les recoins des ruelles, il en va de même dans les locaux administratifs. Et la vie y entre par toutes les portes. C’est ainsi que Raouf, toujours abordable, les reçoit, sans rendez-vous. Journées longues, étirables à volonté, toujours sur la brèche.

Mais cette « délégation spéciale de mairie » peut sauter n’importe quand, sous les affres d’un gouvernement provisoire chaotique. Cette réalité, il en prend compte au quotidien. Dans les termes d’une loi rarement respectée par les fonctionnaires eux-mêmes.

L’Histoire au quotidien
Chargé de fonction municipale, Raouf  Dakhlaoui, formation juridique à la clé,  s’y implique. Comme l’indique crucialement l’étymologie du mot, « le municipe, garde son autonomie de cité, même conquise » (sous l’empire romain, déjà !). Mais n’est–on pas en plein contexte d’assaut et de conquête, en ces temps troublés ?

Ceint de l’écharpe bicolore, bénévole de surcroît, il s’en tient à ses principes : applique la loi sans laquelle, entre autres, Sidi Bou, ne pourrait « convoler en justes noces ». Quant au reste, il faut faire avec les séquelles d’antan.


« Je n’y gagne que d’abandonner ma liberté »

A l’emporte-pièce, Raouf Dakhlaoui définit ainsi sa condition. Car il fait partie de ces « élus », dans tous les sens du terme : mandataire d’une population hétéroclite (tous milieux confondus) et « exception qui confirme la règle », de ces rares « élus intègres ».

L’Art, miroir de la vie
C’est donc pour une question de «morale politique» que le mandaté intérimaire s’est engagé. La gestion de la « polis » (communauté civique en latin), soumise à l’éthique du droit et du devoir, ne dispose toutefois d’aucun moyen réel de son application. 

En toutes affaires, il privilégie la « transparence » : joyeux casse-tête ! En toute légitimité -illégitime, car la Tunisie vit à l’heure des plus profondes contradictions- il assume sa fonction jusqu’aux prochaines élections sans cesse repoussées (!!!) jusqu’aux calendes grecques !

C’est ainsi que Sidi Bou Saïd subsiste et reste ce fief à l’abri des « forces antagonistes ». Et il le prouvera.

Le désaveu

Sidi Bou Saïd, malgré les pyromanes de l’épuration sectaire, vient donc de témoigner de sa santé mentale. Le marabout où repose le soufi Abou Saïd, depuis 1231, inutilement incendié par des salafistes (le 12 janvier 2013), la population réagit d’elle-même.


Quand la population s’en mêle
Agglomération littorale, endeuillée depuis des siècles par la perte de ses marins-pêcheurs, elle ressent d’autant plus l’offense. Attachée à leur protecteur, Abou Saïd dit « Maître des mers », elle refusera que quiconque s’en mêle.

Et c’est dans la plus profonde colère, exprimée par tous qu’elle ne laissera aucun membre de l’actuel gouvernement, en cheville avec les profanateurs, pénétrer dans son périmètre sans qu’il lui soit signifié de « dégager ».

Le maire utilisera la voie légale de la plainte, pour en référer aux responsables.


Un écœurement populaire
La suite, il ne la connaît pas. 

Un engouement, le livre

Par choix, par délassement, il substitue au livre de la loi ceux de tous les ancrages et du dépaysement… ou, plus exactement, il cultive le livre comme un art. Art de vivre, art du vivre. Car il est libraire de profession.

Dans la petite officine qu’il a montée, la même passion de la transmission, du contact : entre lecteur et écrivain, entre artiste et public, entre lecteurs. Un bail que cette aventure ! C’était déjà avant la révolution. « C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar. » avait écrit l’auteur de Salammbô. C’est à Salammbô.

Le cafetier, arôme de la librairie
Ainsi, la petite boutique, devenue foyer culturel de poche, anime et s’anime dans l’un des quartiers défavorisés de la banlieue nord de Tunis. Rendez-vous mensuels à l’étage pour des compte-rendu, des signatures, des vernissages.

A la mezzanine, on y évolue, on s’y invite, on dit, on échange : ateliers-chorale, théâtre, expos, ciné-club, peinture, musique, etc. En bas, on s’exprime. On y compulse livres, imprimés dans les deux langues. On y feuillette des affiches, on s’y attarde, avec thé ou café.

Que ne serait tout lieu de convivialité en Tunisie, sans la présence amène du cafetier ! La place est aux jeunes employés, leurs visions, leurs aspirations : on est artiste, on touche le pinceau aussi à Art-Libris. On délègue… Le Capitaine et ses mardis ! Et puis ce brassage des communautés qui ne se dévisagent pas entre elles.

Une vitrine haute en culture
Admises toutes les « ouvertures »... sauf  les œuvres « d’auteurs encourageant à la haine », anciens ou actuels. Un espace « infidèle » en toute fidélité.

 

Un article de Monak

 

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A consulter : 

http://www.spotmag.info/actualite/actualite-nationale/fathi-laayouni-va-porter-plainte-contre-raouf-dakhlaoui/

hhttp://www.googlewww.tunisie-radio.com/TunisieNumerique/2013/01/14/tunisie-video-marzouki-se-fait-degager-de-sidi-bou-said

http://www.africanmanager.com/146236.htm



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