Capital, l’obscène
Avec « Le
Capital » du réalisateur franco-grec Costa-Gavras, qui ne se serait cru aux
meilleures heures de la contestation et de l’engagement ? En ce 2 décembre
frisquet, Paris ne s’éveille plus… reste frileux, amorphe, désengagé.
La
critique emboite le pas à une opinion publique dépolitisée : Costa-Gavras
s’en est pris à l’ordre établi, il doit payer.
La finance fait plier le politique et asservit les États, les médias à
ses bottes !
Un cinéma de créateurs |
Pour
preuve de ce genre de dérives ? Mediapart -journal
en ligne et chroniqueur en live-, aux créneaux de la diatribe tous azimuts,
n’échappe pas aux réflexes du surbooking. Au Cinéma des Cinéastes, une
trentaine d’invités ne verront pas la projection du Capital.
Salle Etienne Jules Marey
La
salle des premières cinématographiques est comble : 314 fauteuils et pas
un de plus. Sécurité oblige ! Les trente « péquins » massés sur
le devant de la scène, munis de leur réservation Mediapart, sommés de quitter
les lieux pour que la projection démarre, battront en retraite.
Costa-Gavras, un engagement public |
Mais
ils se verront conviés à participer aux débats. Entre temps, ils se
dispatcheront dans les salles du Ciné-Club, gracieusement invités par la
direction du Cinéma des Cinéastes.
En ce dimanche, la messe est dite.
Au
programme de la séance du Ciné-Club de l’ARP (Société civile des
Auteurs-Réalisateurs-Producteurs), le film Pas
très catholique (1993), en présence de la réalisatrice, Tonie Marshall.
Personnalité attachante qui verra son public subitement déserter au générique
de fin. Quelle époque !
Salle Etienne Jules Marey : on refuse du monde |
Quant
à Etienne
Jules Marey, c’est l’incomparable initiateur de la
chronophotographie révélateur du mécanisme du vol des oiseaux. Ces images au
« fusil photographique » qui fragmentent point à point le processus
du mouvement.
Tonie Marshall, « Pas très catholique » |
Que de découvertes, pour un jour de repos dominical ! Jour du
somme feint du Cac 40 ! Ou de la surexploitation de vos comptes bancaires.
Au choix !
.
En terre de fiducie
Revenons
donc au vif du sujet par le biais de ce débat public. Et analysons les motifs
qui, en ce jour des seigneurs du fiduciaire, orchestrent le lynchage du film.
En ce jour donc, 5ème anniversaire de la crise économique mondiale,
la confiance des petits épargnants est émoussée, et la situation des classes
moyennes plus que tragique.
Jean-Claude
Grumberg, le scénariste, souligne que « ce
qui était honteux devient une valeur ». Le clinquant, comme les signes
extérieurs de richesse « imposent le respect ». La destruction de
l’humain, dissimulée derrière le « chewing-gum » de l’apparat.
Costa-Gavras : la banque, le politique, l’obscène
Vanité
et vénalité des prédateurs en libre circulation viennent engrosser les paradis
fiscaux. Anéantissement de la démocratie face à la dictature de ce pouvoir
incontrôlé des spéculateurs en plein patrimoine virtuel.
Fallait-il concevoir un film didactique ?
Ou affronter la réalité par le détour de la fiction ?
Le pamphlet comme riposte
L’au-delà
de la désespérance, c’est peut-être justement le sarcasme. Pousser la logique
des «salauds» aux termes de ses limites. Le pamphlet ne ménage aucune nuance.
Il martèle sans laisser d’issue, dans le plus grand bonheur de l’indécence du
jeu.
Edwy Plenel, débat ouvert… |
Le
roman dont est tirée l’intrigue démantèle le système et ses combines sans le
moindre atermoiement. Œuvre d’un spécialiste, Stéphane Osmont, ex-haut-fonctionnaire
du ministère de l’économie, elle est éditée quatre ans avant la crise.
Cependant, elle en préfigure les ingrédients.
Moralité ?
Pas l’ombre d’une. Dans le monde du capital, la dette est capitale, les
bénéfices faramineux, les moyens capitaux, la morale absente.
Une certaine ressemblance en jet… |
Alors,
c’est cette référence qui dérange ? Elle choque le Bobo ?
Un article de Monak
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