Sous le joug
des affairistes
Notre
ère, tout comme l’air que nous respirons est celle des prédateurs. Main basse
sur la presse n’est pas une fiction, mais l’éprouvante réalité qui nous étouffe
depuis bon nombre d’années. Pour preuve, la désinformation monolithique
copiée-collée en guise d’information.
En
métropole, jusqu’aux Outre-Mer
l’événementiel, tous medias confondus, est le monopole d’une poignée
d’affairistes corrompus et corrompant la justice, au point de posséder un groupe
d’organes dont la ligne éditoriale peut être contradictoire !
Liberté de la presse sous pression… |
Sur
fond de grève de la chaîne
Télé marseillaise (LCM), Mediapart, « journal numérique » soulève le dernier
« requin » à mettre en batterie ses « marie-salope » dans
la mare méditerranéenne. Face à un auditoire de plus de 800 personnes, c’est la
dénonciation d’un système de spoliation des droits à l’opinion et à
l’expression, dans ce débat
houleux sis à Marseille.
Je
ne paraphraserai pas le débat, ouvert aux associations et comités de défense de
l’éthique citoyenne. Les co-organisateurs le diffusent dans son intégralité sur leur page : Mediapart, Marsactu et Le Ravi.
Juste pour s’informer
La
rentrée fracassante de Tapie à Marseille, amarrant son vaisseau face à la
mairie, et harponnant quelques journaux du littoral était plus qu’un prétexte
pour mener ce débat sur la Liberté de la Presse. Car le phénomène des
consortiums s’appropriant toutes formes de médias est devenu banal sur le
territoire depuis des années.
Marseille, Paris : in tour de presse |
Sauf
que, d’une part il entrave la libre circulation de l’information, d’autre part,
il rend possible toutes sortes de détournements de la loi : les politiques
s’appuyant sur ces pourvoyeurs de fausses nouvelles. Mais surtout, cette
collusion entre le politique et le financier fausse tout le système
démocratique. Le citoyen se trouvant évincé de son droit de regard ne peut que constater
–mais trop tard !- la disparition de ses droits au quotidien.
Farce tragique
Rien
n’était plus symbolique que le choix du Théâtre de la Criée comme
ring des affrontements verbaux ! Les enseignes journalistiques ne se
vendant pas plus cher que les poissons
d’Ordralfabétix, et à la gauloise, en plus ! Macha Makeïeff, directrice,
ouvre la soirée par un hymne associant « liberté de création et
d’expression » : acteurs et actants de la communication, même
combat !
Est-il
effectivement besoin de rappeler que le théâtre, exceptionnellement bondé ce
soir-là (et chacun le souligne dans son intervention) est, dans sa
représentation territoriale, le lieu de la désaffection des masses et subit la
crise de plein fouet. Quatre cents compagnies ont mis la clé sous la porte
depuis le Festival d’Avignon. Parent pauvre de la culture, il baisse le rideau
face à l’emprise des affairistes du show-business.
Macha Makeïeff, La Criée dans l’Histoire… |
Scène
après scène, les intervenants soulèvent les pendrillons sur l’arnaque Tapie. Refondant
sa nouvelle fortune sur le rachat d’entreprises en faillite et autres combines
du même ordre, il brigue le journal La Provence et étend son empire sur
d’autres quotidiens de la région PACA ("Nice Matin" et cinq autres titres du groupe Hersant Médias :
"Var-Matin", "Corse Matin", "France-Antilles
Guadeloupe", "France-Antilles Martinique" et
"France-Guyane"). Non pour préserver une profession mais pour l’asservir
au moindre de ses caprices de potentat, et en faire une cour de flatteurs et de
bouffons.
Seconde
ville de France, Marseille, marquée entre autres crises par celle de la presse
écrite, se voit dépourvue de ses hérauts de « l’intelligence », comme
les a désignés Macha M. Elle assiste impuissante à sa spoliation :
fermeture des chantiers navals et dérapages des raffineries, écroulement des
petites entreprises à coups de concurrence déloyale et au profit des monopoles,
montée du chômage, désarticulation des services publics et à la personne.
Journalisme, le contre-pouvoir.
Ses
plus grands journaux, qui titraient précédemment au million et demi de lecteurs
s’en tiennent à la centaine de mille, pour les plus chanceux ! Forcément,
si la presse devient un tissu de fables mensongères, autant s’abrutir dans le
loisir bon marché. Au moins ne risque-t-on pas de se réveiller sur l’âpre
réalité.
Les
maffieux blanchis
Le
sous-marin des pots de vin refait donc surface en cette fin d’hiver où
Marseille se trouve sous la coupe d’un maire et d’un Conseil Général, en
pleins détournements de fonds et autres
indélicatesses immobilières, d’une police spéciale à la tête d’un trafic de
drogue : tous entachés de destitutions ou de mises en examen.
Dépolluons la mer ! |
La
pègre
en costard-cravate, Tapie ça le connaît. D’un côté comme de l’autre : soit
en tant que patron d’industrie qui fait le chantage au désinvestissement, soit
en tant que politicien que la presse viendrait encenser. Ce monde de l’argent
qui ne prête qu’aux riches et les innocente, les rendant
« insolvables » alors qu’ils reconstituent leur capital, repose,
s’engraisse et se repose sur le silence des medias qu’ils peuvent noyauter.
Tapie
est du même calibre que son petit copain Hersant (possesseur d’une trentaine
d’organes de presse) et consorts : des faiseurs de fric, sans autre morale
que l’abus de biens sociaux. La confraternité est secourable en cas de pépin au
même titre que dans le milieu ; les dettes s’envolent. On se rachète, on
trafique, on palpe, sans état d’âme pour les dégâts collatéraux : licenciés
pour compression de personnel ou « délit de forte gueule ».
Droit
de vie et de mort sur la presse, Tapie ne fait pas de quartier. Et ce n’est pas
seulement à coups de mépris, de grossièretés, qu’il s’en prend à la profession…
coups de main aussi. On se croirait revenu avant les lois du travail.
Collectifs d’éthique politique : Gabians et Anticor |
Trafiquant
d’influence autant que de sous-produits de luxe tous secteurs confondus Tapie «grenouillotte»
ainsi hardiment. Il a aussi une revanche à prendre face à la collusion des
familles politico-libérales qui ne lui avaient pas permis de partager leurs
bénéfices. L’étau d’une mafia bien cocorico se resserre-t-il sur la cité
phocéenne ? A n’en pas douter. Et à coups de centaines de milliards, dénigre-t-il
ce contre-pouvoir qu’est la presse !
Il
est clair que les consortiums médiatiques ne fonctionnent pas à la valorisation
du métier ! Aucun investissement pour l’amélioration ou l’innovation dans
le domaine. Sans référence, sans compétences professionnelles, ces commerçants
ne sont pas spécialistes de l’information. Moyennant quoi, la profession se
dévalorise.
Un journaliste indépendant pourquoi ?
Même
si l’Etat intervient dans le soutien financier des journaux, sa participation
est infime. L’Etat est sous la coupe de la finance privée, même si certain chef
d’Etat a cherché jadis à s’en dégager. A partir de maintenant on ne s’interroge
plus sur « l’argent public douteux », on l’apprend de la bouche des
journalistes, on en est convaincu ! Tant de reliquats !
« La Provence » sur la défensive |
Dans
cette mainmise sur la presse, qui s’est jouée depuis le dernier tiers du 20ème
siècle, aucune perspective d’avenir. La Marseillaise, absente
du débat paie cher son opposition.
C’est
certainement pour cette raison que les nouvelles générations de journalistes
fondent à leurs risques et périls leur journal indépendant. Petits salaires
comme prix de leur indépendance
Les
journalistes ne seraient-ils que des « baveux », des blablateux
narcissiques comme le laisse entendre le « spectre en gros sabots » ?
On remarquera que la déontologie du métier ne fait pas d’eux des traqueurs de
scoops, mais des enquêteurs de terrain, à plus ou moins long terme, comme le
retrace Laurent Mauduit.
Les grévistes de la LCM |
Dénoncer
les magouilles et infractions politiques devient un exploit !
L’information, c’est d’abord ce travail de révélation qui permet à chacun
d’assumer ses responsabilités dans la gestion de la Cité. Tapie se les
attacherait sourds-muets-aveugles.
Nous,
lecteurs et auditeurs, scandalisés que certains chroniqueurs, producteurs, journalistes
dérangeants aient été évincés de Sarkozie, sous le musèlement conjugué des décideurs et de leurs
pourvoyeurs budgétaires, avons assisté à cette comédie de la censure déguisée
qui remontait aux « années de braise ».
La démocratie, versus
omerta financière
Tollés
occultés par une politique des dessous-de-table (à l’échelle nationale comme
internationale). Retour à un certain absolutisme issu de cette 5ème
(république), il ne nous était livré que de rares éléments. Il a fallu attendre
qu’enfin les preuves soient accumulées… Il a fallu attendre l’émergence de ces
nouveaux organes, de ces nouvelles voix, pour qu’enfin la vérité jaillisse au
grand jour.
La presse : une Liberté inaliénable
Est-il
encore nécessaire de démontrer que les droits fondamentaux, tout comme les
acquis républicains ne sont pas à l’abri des dévoiements ?
La Table des « Ravis » |
Déjà,
et à leur niveau, les journalistes de La
Provence se mobilisent pour défendre leurs droit à la libre communication. Ce
débat en a constitué un relais.
Personne n’a épargné ses
traits : pas plus le Président du club de la presse Marseille
Provence, Jean Kéhayan, évoquant le « totalitarisme » du
« Tappy New Year ! », que les caricaturistes du Ravi.
Car
il s’agit bien de la pire des violences que la privation de liberté. Installée
sournoisement, parasitant le moindre maillage de la société, elle éclate comme
un coup de théâtre.
La Démocratie se vit au grand jour.
Dans
ce lieu qui s’inscrit dans l’histoire par toutes ses formes
d’expression (Cf. Macha Makeïeff), la profession de foi de Philippe
Foulquié, (fondateur de la Friche de la Belle de Mai, membre du collectif
marseillais des Gabians, "contre le délitement de la gouvernance
locale") semble en préfigurer l’épilogue : « Le Théâtre est
un art politique ».
Un article de Monak
Tous droits
réservés à Monak. Demandez l'autorisation de l'auteur avant toute utilisation
ou reproduction du texte ou des images sur Internet ou dans la presse
traditionnelle.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire
Cet article vous a fait réagir ? Partagez vos réactions ici :