Les limites du choix
Visiter la Polynésie, c'est aller sur
118 îles éparpillées sur une surface océanique plus vaste que l'Europe, de la
Méditerranée à la Russie. Pas si simple…
Compte
tenu de l’isolement de la
Polynésie française au cœur du Pacifique Sud et du prix des billets
d’avion, un séjour touristique à Tahiti et dans ses îles coûte cher. Très cher.
Pour la plupart de ceux qui réalisent ce rêve, il s’agit du voyage d’une vie.
Il
est donc primordial de savoir à quoi s’attendre afin que le rêve ne se
transforme pas en cauchemar.
Première
étape, Tahiti
Sauf
à posséder un voilier et aborder la Polynésie française au cours d’une
circumnavigation en commençant par l’archipel
des Marquises, il n’y a qu’un seul moyen d’y venir: l’avion. Et il n’existe
qu’un seul aéroport international sur l’ensemble des cinq archipels: celui de
Tahiti Faa’a.
Tahiti, ses îles, et le reste du monde en avion
Au
départ de l’Europe, les données sont simples: une seule ligne directe,
Paris-Tahiti. Deux compagnies seulement assurent cette liaison: Air France et
Air Tahiti Nui, avec une escale technique à Los-Angeles (attention: visa
obligatoire pour poser le pied dans la zone sous douane américaine).
Un Airbus de Air Tahiti Nui à Tahiti Faa’a
Il
est également possible de partir de Londres. Mais là, le voyage est plus long.
Il nécessite plus d’escales et au moins un changement d’avion en Nouvelle-Zélande
pour la dernière partie du voyage, d’Auckland à Tahiti.
Autre
solution qui ne manque pas d’intérêt : la compagnie chilienne Lan Chile.
Si le vol n’est pas direct, et donc beaucoup plus long, il présente deux
avantages majeurs : son prix inférieur à tous les autres, et deux escales
magiques. Je veux parler de Santiago de Chile et, surtout, de Rapa Nui (l’Île
de Pâques).
L’alternative Lan Chile offre des perspectives
alléchantes…
Sinon,
il faut faire des sauts de puce en allant de pays en pays et en changeant
d’avion et de compagnie à chaque étape, mais il s’agit là d’une toute autre
forme de voyage.
C’est
une fois arrivé à Tahiti que les problèmes commencent à se poser pour le
touriste avide de visiter le plus grand nombre d’îles en un minimum de temps.
Liaisons
inter-îles en Polynésie française
Vous
l’aurez compris, avec une géographie maritime comme celle de Tahiti et ses
îles, il n’existe que deux moyens de se rendre d’un point à un autre: l’avion
et le bateau.
Trois
problèmes se posent alors qu’il ne faut surtout pas négliger: les distances
sont énormes, les liaisons souvent très compliquées et les prix prohibitifs.
Ces trois points étant pareillement valables pour les liaisons maritimes et
aériennes.
La réalité maritime des distances polynésiennes
Il
faut bien comprendre que lorsque l’on parle de liaisons inter-îles en
Polynésie, la réalité fait que seul un départ de Tahiti permet d’aller à peu
près partout. Il est, par exemple, impossible de rallier l’archipel
des Australes à celui
des Tuamotu ou d’aller de Bora Bora (îles
de la Société) à Ua Pou (archipel des Marquises) sans repasser par Tahiti.
Que
ce soit pour les avions ou les bateaux, les itinéraires dans les îles
correspondent à des tournées et imposent donc la plupart du temps de longs
détours pour atteindre l’île de vos rêves.
Les
liaisons aériennes intérieures en Polynésie
Il
n’existe en Polynésie française qu’une seule compagnie aérienne: Air Tahiti.
Cette compagnie est donc en situation de monopole, avec toutes les dérives
liées à ce statut.
Elle
est toutefois soumise à une obligation de service public par le gouvernement de
Polynésie et par les autorités françaises puisque la maîtrise du ciel reste une
compétence régalienne de l’Etat français. Par ce fait, toutes les îles de
Polynésie disposant d’une installation aéroportuaire sont desservies par la
compagnie locale au moins une fois… par mois.
Sur
les 118 îles de Polynésie françaises, seules
47 sont desservies régulièrement par voie aérienne. Toutes les autres ne
sont accessibles que par bateau.
Un ATR 42 de la compagnie polynésienne Air Tahiti
Si
l’obligation de quasiment toujours repasser par Tahiti pour aller d’une île à
l’autre grève considérablement le budget transport des visiteurs, elle
raccourcit aussi considérablement le temps passé à découvrir les îles visitées.
En
effet, il est extrêmement rare de pouvoir bénéficier de correspondances
aériennes immédiates et l’on est souvent obligé de passer la nuit d’escale à
Tahiti.
D’autre
part, monopole oblige, il faut savoir qu’il en coûte parfois plus cher d’aller
de Tahiti aux Marquises (1 600 km) que de Tahiti à Los Angeles (6 600 km) ou à
Sydney (6 100 km).
L’aérogare de Nuku Hiva, aux îles Marquises
Air
Tahiti propose toutefois des circuits qui permettent d'aller dans une île de
quatre de nos archipels avec un seul billet en moins d'une semaine...
Visiter
la Polynésie en bateau
Evidemment,
le meilleur moyen pour découvrir la Polynésie reste la mer. Mais encore faut-il
avoir le temps de le faire.
Sauf
à posséder son propre bateau, il est toujours possible d’en louer un, avec ou
sans skipper. La quasi-totalité des loueurs sont basés sur l’île de Raiatea,
tout près de Bora Bora. Compte tenu de la durée moyenne des séjours (moins de
deux semaines en général), cette solution ne permet de visiter que les
Îles-Sous-Le-Vent.
L’Aremiti 4 relie Tahiti à Moorea quotidiennement
Une
seule île bénéficie de liaisons maritimes quotidiennes multiples avec Tahiti:
il s’agit de l’île sœur de Moorea.
Il
est possible de visiter les Marquises
en faisant la croisière de l’Aranui, un cargo mixte qui dessert l’archipel
en deux semaines au départ de Tahiti. Incontestablement un inoubliable voyage.
D’autres
cargos mixtes, appelés en Polynésie des goélettes, restent le seul moyen
d’aller à peu près partout dans les cinq archipels polynésiens. Mais là, il y a
très peu de places pour les voyageurs, et le confort et les conditions de
voyage y sont… locales ! Et le temps n’existe plus du tout. Ainsi, prévoyez un
mois au moins pour visiter l’archipel des Tuamotu et autant pour celui des
Australes.
La goélette Dory 2 à l’escale de Tikehau, aux Tuamotu
Mais,
après tout, quitte à s’offrir le plus beau voyage de sa vie en découvrant des
îles épargnées par le tourisme de masse, peut-être n’est-il pas incohérent de
prendre vraiment le temps de le faire…
Un article de Julien Gué
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