Les choses de la vie...
Elles nous l’ont annoncé, en début de soirée.
Qui ? Ces dames, de l’Association
du Fifo - dont la déléguée générale (Mareva Leu), la présidente de l’AFIFO
(Miriama Bono) -, … et de la présélection (M-Noelle Frémy. Quoi ? une
"10ème nuit de la fiction" sans prise de tête. Avec, dans la salle du
Grand Théâtre de la Maison de la
Culture, la présence discrète de
Pierre Ollivier, à l’initiative de cette section, vice-président, qui s’était
bien battu à l’origine pour que le FIFO soit. Et le FIFO fut…
La
section-fiction off, cette année 2019, vogue sous le pavillon de la symbiose
environnementale, si caractéristique des populations océaniennes originelles.
Normal, me direz-vous, ce phénomène est culturel depuis des lunes. Culturelle
ou naturelle, la réaction d’un public très fourni en cette ouverture de l’image
cinématographique à Tahiti, s’est conformée à l’ambiance générale des 11
courts-métrages : une jovialité feutrée. C’est qu’évidemment l’aspect
global enjoué recèle bien des peines amères.
Pete Circuitt, pour Twenty One Points |
Malgré une
acoustique des plus braillardes, question de réglages techniques que nous déplorons souvent, la fiction s'est installée, comme la nuit ! La nuit des ingénieurs-son qui ont dû se sentir interpellés tant les dialogues se trouvaient dénaturés. Mais demeure la majorité des prises de
vue, somme toute, enchanteresses. Quoi demander d’autre au cinéma ? La qualité
des cadres et des cadrages parle d’elle-même : au top, il est vrai. Et
elle seule d’ailleurs, car la plupart des scénarios sont curieusement
illustratifs. Ce qui est paradoxal, tout de même !
Gaieté discrète et fesse triste : même si le revêtement des 822 sièges
s’est terminé courant 2017, l’inconfort des sièges n’a pas réussi à combler nos
attentes. Le public est roi, apprend-on au cours du speech inaugural. Soit
il râle, soit il est caressé dans le sens du poil. Cette année, pour la
fiction, pas de prise de tête lui assure-t-on… pas si sûr !
Fictions courtes pour budgets serrés
Salle pleine, et sujets chauds tout de même. Les
réactions du public étant assez mitigées, faut-il en imputer la cause à
des productions pas toujours abouties,
aux atmosphères implicitement évasives par défaut d’objectif ou de scénario, ou
par compression de budget ? Il faut bien s’en rendre compte, la plupart
des pays d’Océanie ne dispose pas d’un financement culturel comparable à celui
du monde occidental. Pourtant elle est concernée par les mêmes actualités
cruciales.
Parmi l’ensemble des fictions se dégage un trio qui
semble provoquer des remous d’unanimité. L’arbre et la pirogue, déjà primé
à Cannes pour le scénario de Sébastien Marquès, Run
Rabbit de Robyn Paterson
(finaliste du Best Short film au NZIFF
à Aukland) et Twenty one points de Pete Circuitt.
Sébastien Marquès & J-Pierre Swan |
La différence est traitée de façon métaphorique,
par la relation qu’entretient le sujet
avec son ami imaginaire, Gary le robot. Loufoque dans son approche, le
film fait appel à une ingéniosité technique qui a heureusement bien fonctionné.
Pari gagné pour le jeune réalisateur Pete Circuitt (Nouvelle-Zélande) tout
comme la partie de ping-pong de ses personnages ?
Lisse est la fiction ?
Sébastien Marquès (France), lui, joue le retour aux
sources kanakes, par une immersion dense qui embarque le spectateur dans un
univers clivé entre nature, tradition et mal-être social accentué par un
modernisme exacerbé. Il lui confère une densité dramatique toute en cris et
chuchotements qui a su toucher.
Plus percutante
encore, car elle jette un pavé dans la mare des nationalismes bon teint
répandus sur la planète… Robyn Paterson (Nouvelle-Zélande) plaide innocent pour
la jeunesse déplacée. La Syrie en filigrane, la thématique du réfugié est
abordée de l’intérieur. Comment dépasse-t-on ses angoisses, comment
réapprend-on à vivre ?
Robyn Paterson |
Lisse la fiction ? pas vraiment… La jeune
génération des réalisateurs océaniens d’origine ou immigrée annonce une prise de conscience qui, prise à
bras-le-corps, déchaîne bien des interrogations
Un article
de Monak
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