Est-ce possible ?
Ils sont en effet très nombreux, les Français
métropolitains qui rêvent de venir s’installer dans l’un ou l’autre des
territoires français du Pacifique Sud. C’est possible, mais sous quelles
conditions ?
La France du
Pacifique
Eparpillés à la
surface du plus grand des océans de la planète, les territoires français du
Pacifique représentent bien peu de choses en terme de population.
Avec un peu plus
de 265 000 habitants (chiffres Insee 2008), la Polynésie
française
est le plus peuplé des trois. Vient ensuite la Nouvelle Calédonie avec 245 500
âmes (2009) et enfin Wallis et Futuna, le plus petit,
qui compte seulement 13 445 résidents (2008).
Cherchez les territoires français du Pacifique Sud… |
Bien que ces
trois territoires fassent bien partie intégrante de la République française,
ils ont des statuts très différents.
Ainsi, la
Nouvelle Calédonie est une Collectivité d'outre-mer (COM) en attente d'un
référendum d'auto-détermination (prévu en 2014) sur l'accession ou non à
l'indépendance.
Wallis et
Futuna, bien que Territoire d'outre-mer (TOM), bénéficient d'un régime
totalement à part puisque le pouvoir local est conjointement détenu par le
haut-commissaire de la République et les trois rois de Wallis.
Avec son statut de Pays
d’outre-mer (POM) obtenu en février 2004, la Polynésie est sur la dernière
marche statutaire avant l'indépendance. Cependant, contrairement à la Nouvelle
Calédonie, aucune consultation électorale n'a eu lieu à ce jour pour demander
aux Polynésiens quel était leur désir quant à ce choix crucial, et aucune n'est
prévue, que ce soit à moyen ou long terme.
Venir travailler
dans le Pacifique
Faisant
constitutionnellement partie de la République française, il n'existe donc, en
principe, aucune barrière juridique empêchant un Français métropolitain de
venir travailler dans l'un des trois territoires français du Pacifique.
Cette situation
s’étend d’ailleurs théoriquement à tous les ressortissants européens puisque,
faisant partie intégrante de la République, l’ensemble de l’outre-mer français
est tenu d’appliquer la législation européenne sur les frontières et la libre
circulation des personnes.
Mais les choses
sont-elles vraiment aussi simples que cela ?
Trouver un emploi à
Wallis et Futuna
Avec moins de 14
000 habitants répartis sur deux îles, les royaumes
coutumiers de Wallis et Futuna s’apparentent plus, d’un point de vue
économique, à une toute petite ville de province métropolitaine.
Wallis et Futuna : un autre monde ! |
Les expatriés métropolitains y
représentent à peine 2,7% de la population, soit moins de 380 personnes,
enfants compris.
Concrètement,
les seuls emplois que l’on peut espérer y obtenir sont ceux de la fonction
publique nationale, et ils ne sont pas bien nombreux.
Les
administrations concernées sont la gendarmerie, l’éducation nationale, la
santé, les douanes, les affaires maritimes, la justice et la santé.
Il est toutefois
à noter que chacun de ces services ne représente que quelques postes soumis à
des règles administratives strictes qui limitent notamment la durée des
séjours.
Poi, la capitale du royaume de Futuna |
En dehors de ces
possibilités pour le moins réduites, le seul moyen de venir travailler à Wallis
et Futuna consiste à y créer une entreprise…
Travailler en
Nouvelle Calédonie
Depuis 1999, le
droit du travail et son application relèvent de la pleine compétence de
l’Assemblée territoriale de Nouvelle Calédonie.
La Nouvelle Calédonie : un caillou pas comme les autres |
Hormis les
emplois relevant de la fonction publique d’Etat dont les nominations sont
proposées par la France et validées (ou non) par les autorités
néo-calédoniennes, le marché du travail est régi par le principe de la
«préférence territoriale».
Ce principe,
inscrit dans la loi, dit tout simplement que « (…) à compétences
égales, la préférence sera donnée au candidat ressortissant calédonien ».
Ceci posé, la
Nouvelle Calédonie connait un boom économique sans précédent lié à
l’exploitation du nickel et de très nombreuses offres d’emploi ne peuvent être
satisfaites localement. Il y a donc un fort mouvement d’immigration depuis
quelques années.
Nouméa, El Dorarado calédonien ? |
Pour en savoir
plus sur les possibilités d’emploi en Nouvelle Calédonie, le plus simple est
encore de se mettre en contact avec les services de
l’emploi mis en place par le gouvernement néo-calédonien.
En Polynésie, un
marché de l'emploi sinistré
Au grand dam des
hommes politiques polynésiens, et tout particulièrement des indépendantistes,
le principe de la préférence territoriale ne s'applique pas (encore ?) en
Polynésie française, sauf pour les emplois publics locaux (loi de Pays du 19
mai 2009).
La Polynésie française vue du ciel |
Rien n'empêche
donc, en théorie, n'importe quel ressortissant français, où qu'il réside, de
postuler pour un emploi à Tahiti où dans n'importe quelle autre île du Pays.
Rien si ce n'est un marché de
l'emploi totalement sinistré...
En effet, depuis
2004, tous les indicateurs économiques sont dans le rouge et aucune embellie
n'est envisagée dans aucun secteur. Les chiffres sont sans appel : alors que
plusieurs milliers de jeunes arrivent sur le marché du travail chaque année, ce
sont plusieurs centaines d'emplois (dans tous les secteurs) qui sont détruits chaque
mois depuis 2004.
Au moment où ces
lignes sont écrites, le Sefi (Service
de l'emploi, de la formation et de l'insertion professionnelle) n'affiche que
204 offres d'emploi à pourvoir pour environ 7 500 demandes...
Papeete, ville sinistrée ? |
Toutefois, un
certain nombre de compétences très spécifiques sont totalement absentes dans la
population locale.
Il est donc
possible, pour quelqu’un possédant des compétences rares et ayant nécessité de
longues études, de trouver un emploi intéressant en Polynésie française.
En effet, les
jeunes Polynésiens, outre le coût prohibitif d’une année d’études loin de leur
fenua, répugnent à rester trop longtemps éloignés de leurs îles et de leurs
familles.
Ainsi, pour tous
ceux qui ne sont pas fonctionnaires d’Etat ou militaires, si le rêve «
lagon-cocotiers » est accessible, il signifie tout de même un parcours du
combattant nécessitant beaucoup de patience et de ténacité.
Mais qui a parlé du « Paradis polynésien » ? |
Mais… si Paris
vaut bien une messe, le rêve polynésien vaut bien quelques sacrifices…
Un article de Julien Gué
Tous droits réservés à Julien Gué. Demandez l’autorisation
de l’auteur avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur
Internet ou dans la presse traditionnelle.
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