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samedi 10 novembre 2012

Achoura ou non…


Les morts réconciliés ?

En Tunisie, influences et traditions mêlées, se chevauchent calendriers civils et religieux. Dix jours après le nouvel an musulman se célèbre l’Achoura*, la fête des morts. Selon le calendrier lunaire, elle tombe cette année 2012, le 24 novembre, suivant de près Halloween et la Toussaint.

Fête judéo-musulmane, pas étonnant dans un pays où les religions puisent au même fond palestino-arabique, elle prend des colorations différentes suivant les rites. A l’origine elle commémore le retour au pays des enfants d’Israël après leur libération d'Égypte par le prophète Moïse. A partir de 622, c’est l’Hégire, l’exil vers Médine du prophète Mohammed et de ses disciples. Continuité dans les départs et la liesse des commencements.

Au-delà sans frontières… avant

Cette année peut augurer du pire. Un mois après l’assassinat d’un représentant de la coordination laïque en Tunisie  (le parti Nidaa Tounès : l’appel de la Tunisie) par les factions islamistes du gouvernement provisoire, la fête résonne d’étranges rumeurs. Et celle des querelles de minarets ne l’épargne pas.

 

En terre de Maghreb

Cependant, s’il faut évoquer ce culte des morts, l’image la plus sereine serait bien celle du cimetière marin de Mahdia. Les vagues qui viennent se briser au pied de la colline entretiennent ce chant ininterrompu des conquérants et des corsaires, des bergers, des troupeaux, des travailleurs de la mer. De son fondateur mythique, Mahdi :

« Moi souverain d’Ifriqiya et de Sicile
Califat de Kairouan et des croyants
Mahdia mon invincible Ville
Commande par la foi à tout l’Orient »
(Quatuor en M, Moncef Ghachem, 1993)

Un culte des morts bon-enfant…  
Sur près d’un kilomètre et demi en bord de mer, elle s’étend sur le souvenir vivace des disparus. Echos de la ville aux deux croissants, Cap Africa. Tous les jeudis, la coutume fait se rendre les femmes, en visites aux défunts et conciliabules aux vivants.

En cette journée du souvenir, les Marabouts de Sidi Jaber, Sidi Bel Hassan et Sidi Snoubri sont éclairés de bougies. La halte sera plus longue, les familles viennent de partout. On se restaurera sur les tombes. En fait, c’est sous le signe de la joie des retrouvailles que se déroule l’Achoura tunisienne.

Carré confessionnel sans survivants
Déjà, la veille au soir (ettassoua), « dans certains endroits, les enfants font de grands feux (le feu, signe de purification) par-dessus lesquels ils sautent en chantant. Dans la région de Gabès, ils font la visite des maisons avec un petit roseau, appelé achoura, que les adultes remplissent de bonbons et de monnaie. »

Le jour de l’Achoura, un couscous aux œufs braisés dans leur coquille, des homs (pois chiches) salés, des fruits secs, des dragées à la tunisienne. L’ambiance est aux pétards, aux bombes à eau, à la gaieté. La Tunisie est majoritairement de rite sunnite malékite pour les musulmans.

Sur les sols de l’immigration

Sur les territoires où ils se sont installés, les Tunisiens, de souche ou de nationalité, auraient tendance à se conformer aux célébrations ambiantes. En Europe, ils décoreront les tombes dès le 1er novembre.

Anonyme cimetière militaire 

Seuls les cimetières militaires, en France comme en Tunisie, sont dotés d’une législation spécifique et accueillent indifféremment et indistinctement côte à côte, toutes les religions et les nationalités.

En Tunisie, les cimetières sont à charge et décisions des municipalités : les morts sont séparés en secteurs chrétiens (occidentaux), juifs et musulmans.

En France “La création de cimetières confessionnels est interdite [ndlr : depuis 1881, sauf dans les départements concordataires (Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle)]. Il n’y a donc qu’avec les carrés musulmans que nous pouvons respecter ces obligations“. La législation ne les autorise pas strictement. Trois circulaires ministérielles (1975, 1991 et 2008) les “encouragent”. Les tombes musulmanes sont tournées vers la Mecque.

Entre religion et politique

Les clivages qui n’apparaissaient pas avant, sous les anciennes républiques, semblent se creuser inexorablement. Forgerait-on des générations de cadavres dressés les uns contre les autres ?

Nouveau « Carré » musulman

Il semble bien que le territoire posthume soit difficilement conciliable. De plus en plus de français de confession musulmane se font enterrer dans leur pays de vie (l’Europe). Les retours de dépouilles se font de moins en moins, pour des raisons évidentes de déracinement.

Il semble aussi que le hiatus s’opère au sein même des communautés. La Tunisie ne se trouve pas à l’abri des hostilités chiites/sunnites, victime de ces apartheids qui ont pour réalité les obstacles socio-économiques.

Tournées vers  l’Est

 « La guerre Iran-Irak de 1980-1988 et la guerre civile entre chiites et sunnites en Irak en 2006-2007 ont renforcé la haine entre ces deux communautés. Saddam Hussein [sunnite] en Irak, le clan Assad en Syrie et la dynastie Al-Khalifa à Bahreïn ont toujours eu intérêt à jouer la carte religieuse et à s’appuyer sur la solidarité communautaire de ceux qui partageaient leurs croyances. »

Unité ou séparatisme ?

Tout semble inextricablement lié, le religieux au politique et vice versa. Le rite de l’Achoura, quand il est chiite, prend l’allure de «cérémonies expiatoires ». « Pour les Chiites, c'est un jour de deuil et de commémoration de la mort d'Hussein, petit-fils du Prophète Mahomet. Ils se rendent en pèlerinage à Kerbala, une ville sainte au centre de l’Irak »

Terre d’asile ?

Il semble même que la tendance actuelle renverse des siècles d’histoire. Les Chiites, encore minoritaires en Tunisie seraient alimentés par les prosélytes intégristes, venus et financés par le Moyen-Orient. « Le chiisme existe en Tunisie depuis l’invasion Fatimide en 909 après JC. Considéré comme une branche (madh’hab) indésirable dans notre société, le chiisme est jugé une menace qui guette l’identité religieuse de la société tunisienne de confession sunnite malékite. »

Il semblerait en fait, que le sunnisme à la Tunisienne, aurait intégré une forme démocratique toute bourguibienne de laïcité et de tolérance. C’est cet atypisme menacé, que revendique « l’identité tunisienne ».

 

Un article de Monak

* Achoura : Fête du 10ème (Achra) jour suivant le Nouvel An musulman.

3 commentaires :

  1. Un article incitant à la haine et à la discrimination religieuse, un mélange d'informations intéressantes, d'histoire sans sources crédibles et de propagande politique. Dommage l'auteur aurait pu faire autrement que d'adopter ce style ringard.

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    Réponses
    1. Cher anonyme,
      votre commentaire me laisse perplexe. En effet, c'est vous qui parlez de haine et de discrimination religieuse comme de propagande politique. Il n'y a rien de tel dans l'article de Monak, par ailleurs fort bien documenté et citant ses sources en intégrant tous les liens internet nécessaire.
      Par contre, vos critiques injustifiées et bien cachées derrière cet anonymat fort pratique incitent à penser que vos propos relèvent d'un intégrisme religieux malsain et que nous combattons avec la plus grande vigueur sur ce blog comme dans nos vies.
      Aurez-vous le courage de nous dire qui vous êtes vraiment ? J'en doute fort...
      Julien Gué

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  2. Issue de Tunisie... avec encore des traditions bien ancrées... Quel est le détracteur qui confond tolérance et ignorance ???

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