Les Courts-Docs au balcon
La section fenêtre-sur-courts se trouve particulièrement percutante, pour ne pas dire "explosive". Le très court a rencontré ses prodiges... et se délecte dans le documentaire plus qu’impactant !
Ils ne sont que 9 en cette 5ème édition, mais ils véhiculent du lourd dans tous les domaines et sous différentes formes. Disons carrément qu’ils approfondissent aspects, vécus culturels océaniens et s’attaquent sans faillir aux sujets plus que dérangeants :
Préjugés ethnocentriques, exacerbation narcisso-politique, révolution identitaire, dénonciation ou résolution de cette gangrène colonialiste qui sévit à plusieurs niveaux de la morale et de la société, épisodes d’une histoire occultée constituent de véritables fulgurances, révélant au plus près la mentalité océanienne.
C’est tout bon pour le spectateur qui se voit totalement imprégné du way of life polynéso-océanien.
Réhabilitation et dénonciation historique
Trois épisodes étalés dès le début du 20ème siècle émaillent la perception historique océanienne : ils mettent en exergue la légitimité des peuples originels face aux mensonges ou à l’occultation des périodes abusives et gardées secrètes, grâce à des subterfuges impensables. Mais tout se découvre enfin : la vérité océanienne avant tout !
La série s’ouvre par the Mau movement of samoa, rétrospective des abus et répressions des années 20 qui aboutit à l’indépendance de Samoa (1962). Dawn Raids, en Nouvelle-Zélande, traumatise des générations de migrants (depuis la 2nde Guerre Mondiale). Murder in Paradise, scènes d’esclavage en plein milieu du 20ème siècle sur l’île de Niue, s’achève par une révolte et un semblant de quasi normalité que concède un protectorat ; hélas, aucune relation avec la série policière Meurtre aux Caraïbes, qui elle, présente l’avantage de la fiction ! La Production Tikilounge n’hésite pas à s’engager dans la lutte contre le racisme et ses formes les plus perverses.
Concis, denses pourtant, compte tenu du respect de la déontologie du documentaire, ils ne manquent ni leur cible, ni de faire figure dans les créations militantes ou solidaires. La vérité requiert du courage. Dans le même genre descente aux enfers historique, l’épineux dossier des abus carcéraux sur mineurs qui se voit accéder à un semblant de compensation au bout de 45 ans de terreur, de démarches et d’enquête : WHEN NOBODY was looking.
Toujours en Nouvelle-Zélande, mais avec cette seconde production (Notable Pictures) qui peut traiter sur le mode de la dérision, autrement que par l’horreur le mépris culturel : Haka haha.
Dualité : mythe et réalité
Conjonction sélective, le genre apparaît plusieurs fois dans ce 19ème FIFO, sans compter la section Fiction : la préoccupation étant déjà résolue dans les légendes ancestrales avec KAPAEMAHU (Hawaï), réalisé sur le mode Animation.
La nouvelle revendication genrée à Samoa (réalisation Hawaï), apparaissant dans The Rogers, avec un groupe de danseurs Transgenres (FTM). Le sujet est d’actualité dans toute l’Océanie où les mineurs, quel que soit leur genre, sont tabassés, jetés dehors par la famille, fuguent et se suicident. Comme à Tahiti : il n’est pas que la légende qui convoque aussi Tahiti !
Et si la cuvée FIFO 2022, vous semble un brin excellente, elle le doit à des réalisateurs, qui parfois se sont déjà signalés antérieurement et qui sont d’une finesse extrême : en l’occurrence pour les 2 films, Dean Hamer et Joe Wilson, par exemple.
Au-delà du drame majeur de générations de mineurs, totalement broyés par l’implacabilité psychorigide d’une société dévoyée moralement par le colonialisme prosélyte, se pose la redécouverte des fondements de la culture océanienne. Le thème figure aussi dans les autres sections de ce FIFO, tant il est incontournable.
Particularismes culturels océaniens
Retourner aux sources des fondamentaux culturels est abordé dans Hawaiian spiritual guardians – ‘Aumakua, (Hawaï) dont l’analyse est particulièrement poussée : à travers totems, appartenance à la nature, coutumes, perception sensible à l’environnement (pierres). Il n’est pas sans correspondance avec le vécu tahitien. Et j’avoue avoir un petit faible pour la teneur de la démonstration.
Ne vous reste plus qu’à puiser sans effort, en symbiose dans la beauté des mots, des idées, des sensations d’eau, de fluidité, d’écho, de larmes, de sincérité et de paradoxe que nous livrent les poètes néo-zélandais (Tuwhare) à travers les images de Wind Song and Rain.
Les passerelles sont multiples dans ce 19ème FIFO qui nous invite entre le voir, le dire et l’écrit.
Un article de Monak
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