Une île pour les enfants ?
« Alternatiba »,
monte sa toile de par le monde depuis 2013… Elles sont une soixantaine, ces
petites cellules autonomes éco-solidaires qui tissent la géopolitique de
demain.
Certains l’appellent « Village ou Festivals des
Alternatives ». Certaines municipalités s’édifient peu à peu sur ce
modèle. Alternatiba est un processus, une autre façon de voir la citoyenneté,
de l’engager… une volonté de changer de système politique, énergétique, éducatif,
économique et social… Tout simplement, changer de vie !
P’tit Louis et Tahiti les pieds dans l’eau… |
Et plutôt que de se retrouver les pieds
dans l’eau, accroché à son cocotier, quelque part sur Tahiti ou ses îles, mieux
vaut envisager une solution, viable, une alternative : “alternatiba”,
comme on dit en basque. Car la première initiative concrète est originaire de Bayonne
et date des 5 et 6 octobre 2013.
Déjà se mettent en place des
propositions, des associations, des activités écologiques et solidaires pour
pallier la crise financière et industrielle qui conduit notre planète à la
catastrophe…
Un monde d’espoir |
« Tu
peux oublier les cyclones, sculpter le bois de ton fare
Cueillir
au passage des embruns le baiser des mārara »*
Pour nos enfants…
Notre
génération a laissé passer de nombreuses menaces qui ont commencé à déstabiliser
la planète. Sous prétexte de progrès elle s’est trouvée assujettie au diktat du
libéralisme, du lobbying de la santé et du détournement mental (éducation), des
chaînes de l’agro-alimentaire, des nuisances énergétiques, etc. Après avoir
subi le pire des dispositifs pernicieux car il a confisqué l’exercice réel de
la démocratie, il était normal que cette génération se colle à imaginer les
solutions.
On
les croyait utopiques, les opérations de substitution ; surtout, on était
persuadé par les contre-publicités que l’avenir écolo, ce serait le retour aux
cavernes. En fait, tous les projets présentés à ces différents festivals que
sont les Alternatiba sont rôdés, gèrent les progrès techniques et le mieux-être
et fonctionnent de façon optimale.
Un programme mobilisateur |
Ce
n’est pas comme dans “Le petit Poucet”, on ne cherche plus à se débarrasser des
plus jeunes, faute de pouvoir subvenir à leurs besoins. Mais on n’en est pas encore
à l’heure où tout soit enfin conçu et tourné vers les héritiers.
Rêvons
avec les enfants : « La saison est revenue du
bouche-à-bouche des pétales
Des
bosquets au bord des sentes
De
l’ombrage des feuillages et des jardins suspendus »*
L’autosuffisance alimentaire en voie de recouvrement
La
Polynésie se suffisait à elle-même avant l’intermède
récent de l’économie nucléaire (de 1966 à 1996, essais aériens et souterrains
dans les sous-sols et sous les lagons des atolls de Moruroa et Fangataufa). On
y trouvait du café, de la farine de uru, des légumes et des fruits tropicaux, de
la noix et de l’huile de coprah.
Le
développement du Centre Expérimental du Pacifique,
le déplacement des populations vers des zones urbanisées loin de leur terroir
et l’impossibilité de réintégrer leurs pénates ensuite, et enfin l’augmentation
des importations (en équipement et en alimentaire) désemparent
totalement l’équilibre économique. Le pays se rend complètement dépendant
de l’industrie alimentaire externe et, en conséquence, des circuits et
monopoles à grand profit de la « mal’ bouffe » (denrées
reconstituées, additifs bon marché, Mac Do, Coca, etc.)
Le nouvel ordre écolo-solidaire |
Sur
une population polynésienne qui compte en 2012, 34% de moins de 20 ans, un enfant sur trois était en surpoids,
les derniers chiffres en comptent plus de 70%, d’après les médias.
Alternatiba Tahiti, ce sont tous ces ateliers destinés aux enfants pour qu’ils
apprennent à réguler leur alimentation, à redécouvrir les goûts et les saveurs
d’ici…
« Imaginons ! »
comme l’a proposé à cette occasion « Slam de Cocotiers » à
Alternatiba Tahiti :
« La brise marine jongle avec
les graines
Et
les baies cabriolent à pleins becs
Tu ensemences
tes îles sur les ailes des oiseaux »*
Espace vital, espace viable…
L’accession
à l’espace vital, à l’espace viable, ne touche pas tout le monde. Ce n’est pas que
les îles se soient mises à fondre brusquement, grignotées par la mer, mais le
chômage entraîne les familles à s’agglutiner dans les zones urbaines de l’île
capitale de la Polynésie : Tahiti. Les abris de fortune pullulent et,
parmi les squatteurs, les enfants ne sont pas épargnés, trouvant des combines
pour survivre.
Vivre !... |
D’une
part, l’énergie est chère et tout le monde ne dispose pas d’un toit
ni de conditions de vie décentes. Même si les sources d’énergie sont
en reconversion, les enfants se trouvent à hauteur des ferments de pollution, comprimés
sur les minuscules surfaces que constituent les zones habitables ou habitées
des îles. Les servitudes comme les voies sans issues sont mal ou pas drainées
et les dépotoirs utilisés comme asiles.
Le
remède se trouve dans les sources d’énergie renouvelables présentes sur les
îles et leurs littoraux. Mais elles n’en sont qu’à leur balbutiement. Le
solaire tend à autonomiser les foyers, mais la démarche, souvent individuelle,
n’est pas encore devenue réflexe et se trouve en butte à tracasseries
administratives.
Des solutions énergétiques (TEP & Bien-être) ? |
Face
à la gestion des scories, presque sans issue de par l’insularité, les
associations tentent tant bien que mal de développer les méthodes naturelles
ayant trait à la santé et au bien-être. Supprimons les intermédiaires, les
grands noms du cosmétique qui puisent dans les ressources et évincent les
artisans locaux du massage traditionnel, les herboristes dont les produits sont
récupérés par les laboratoires d’Occident, les produits d’entretien corporel
(aloe vera, monoï et autres).
« Et
l’écume de mer nous laverait des scories
Nous
blanchirait du sang des guerres
Cadenassées
sous le lagon »*
La finance en monnaies libres et en troc
Ce
n’est pas un jeu. Même si les adultes prennent exemple sur cette propension
qu’ont les enfants à vouloir échanger… Leurs valeurs n’étant pas fiduciaires
mais fondées sur celles du cœur et du plaisir…
Les
échanges de services, c’est peut-être ce qui fonctionne le mieux à Tahiti
depuis les initiatives Colibris et PolySel… Ils ne résolvent pas tout…
Ils constituent juste quelques parenthèses de consensus solidaires qui peuvent
améliorer le quotidien (échanges de plantes, de matériel, de déplacements,
etc.) et resserrer les liens sociaux.
Des services au troc… |
Le
recyclage et les réparations, voilà qui porterait un coup fatal au
consumérisme… Les « repair cafés »,
les produits de substitution, les aides personnalisées… Toutes ces valeurs de
coopération et de partage remettent à l’honneur une culture fondée jadis sur
ces principes.
« Le
conciliabule des mânes interpelle les vivants
Et
la chaîne se renoue en nos esprits égarés
Le
ciel apaisé te tresse des couronnes étoilées
Qui
éclosent à l’aurore… en parfums »*
Vivre et survivre pour les « écolo-kids »
Eco-citoyens,
eh bien oui ! Ne négligeons rien pour nos jeunes têtes, qui
n’ont plus rien à faire du fatras d’idées conformistes dont on les a gavées
pendant des siècles.
Une kid éco-citoyenne |
La
démocratie directe ne peut s’exercer qu’à condition de l’avoir éprouvée et
expérimentée en toute connaissance de cause. Autant proposer aux enfants un
mode pédagogique qu’ils peuvent gérer de façon autonome. Autant faire ses
expériences quand elles n’ont d’autres conséquences que celles d’un champ
scolaire. Après, il est trop tard ! Nos politiques sont incapables de se
dépêtrer des situations sans issues qu’ils ont provoquées.
L’autonomie n’attend pas le nombre des années
C’est
toute une révolution copernicienne que de supprimer l’émulation, les conflits
engendrés par la course au meilleur, au plus admiré… Il est autrement plus
constructif de se fixer lucidement son épanouissement personnel et d’y
introduire un parfum de générosité pour les plus démunis !
Une
vraie fête que de s’accomplir, de réaliser ensemble des rêves de paix et de
bonheur planétaires ! De coopérer pour harmoniser les attentes de chacun
et résoudre les nécessités de la survie de la planète. Les « kids
polynésiens » savent déjà y répondre.
Une culture solidaire |
Pour
ce « festival écolo & solidaire »,
ce ne sont pas les décideurs pourvus de moyens considérables qui se soient le
plus engagés dans cette manifestation qui préoccupe au plus haut point
l’humanité entière. Les artistes de la scène, bien que dépourvus de réels
moyens de subsistance, ont cependant répondu présents, à sueur et art, pour
animer la journée.
Les groupes de
musique Vaiteani,
Cachou, Fayawaya, Takanini, Radiantchild, Pool bar for a polar Bear, Batukaina et Slam de Cocotiers… Seraient-ils
assez fous ou utopistes pour y croire ?
« Tu
sais où il est ? Le paradis de tes ancêtres ?
Sur
les pentes velours de tes volcans,
dans
l’œil bleu indigo des atolls »*
Un article de Monak
* … :
extraits de « Imagine-Slam » de Monak, au « Slam de
Cocotiers » du 29 nov.2014 pour Alternatiba Tahiti.
Mārara :
exocet ou poisson volant en reo Tahiti.
Tous droits réservés à Monak. Demandez l’autorisation
de l’auteur avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur
Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.
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