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mardi 24 juin 2014

P'tit Louis l'indésirable


L’humour libre

Après vingt-quatre années de dessin quotidien sans faille (sauf le dimanche), les lecteurs de « La Dépêche de Tahiti » ne retrouveront plus jamais la griffe de P’tit Louis dans leur journal.

C’est par ce message laconique sur un réseau social que P’tit Louis, l’auteur de plus de 7500 dessins publiés par le quotidien polynésien, a appris à ses fans et amis qu’il était balayé des colonnes de « La Dépêche de Tahiti » :
« Je partage ce moment de dégoût, avec un dessin qui devait passer dans le journal de Tahiti qu'on appelle la Dépêche, mais il se trouve que ce matin je viens de recevoir un mail me signifiant mon renvoi des colonnes de leur journal car la direction générale ne veut plus de moi ! Dixit le directeur de la publication ! »

            Pour être précis, c’est par un email de trois lignes qu’a été signifié son renvoi à P’tit Louis. Email dont nous ne connaissons hélas pas le contenu mais qui venait du directeur de publication du journal. Le directeur de publication s’appelle Louis Bresson.

            Les bonnes questions étant : qui a pris cette décision et pourquoi ?…

Censure ou pas censure ?

Si l’on peut raisonnablement penser que cette décision incompréhensible n’a sans doute pas été prise par le directeur de publication (et auteur de l’email laconique) Louis Bresson, on peut aussi imaginer qu’il ne s’y soit pas opposé de manière très ferme.

Il n’en reste pas moins que la question du pourquoi reste posée…

Le dessin de P’tit Louis que « La Dépêche de Tahiti » ne publiera jamais…
Nous publions ici le dernier dessin que P’tit Louis a envoyé à la rédaction et qui n’a donc pas été publié. Serait-ce en raison de la référence claire et directe à une affaire qui, aujourd’hui encore, défraie la chronique judiciaire en mettant en cause le défunt G.I.P. et son fondateur Gaston Flosse, que les nouveaux propriétaires du journal auraient pris cette décision ? C’est ce que nous avons pensé en apprenant la nouvelle.

Il faut dire que, malgré les vigoureuses dénégations du directeur de la publication, le nouveau contenu du journal est clairement conçu pour ne pas faire de vague, et surtout pour ne pas éclabousser le pouvoir en place. Rappelons ici que le président du Pays est, pour l’instant, un certain Gaston Flosse, moult fois condamné et toujours mis en examen dans de nombreuses affaires…

Vengeance ou règlement de compte ?
Une fois la première réaction de colère et d’écœurement un tout petit peu passée (mais si peu !), nous avons tout de même cherché à en savoir plus. Et là, les archives ouvrent de nouvelles pistes au moins aussi écœurantes que la première option envisagée.

En d’autres temps, une autre œuvre de P’tit Louis fut interdite…
Il faut se souvenir que, depuis quelques mois, le quotidien polynésien a changé de propriétaires. Le principal actionnaire d’aujourd’hui s’appelle Dominique Auroy. Un homme d’affaire mis en cause (et en examen) dans plusieurs dossiers louches impliquant également, de près ou de loin, l’inévitable Gaston Flosse.

Il faut également se souvenir que, dans les années 80, alors que Jean Juventin était maire de Papeete, Dominique Auroy avait réussi à ouvrir une usine de traitement de déchets extrêmement polluante dans l’agglomération. Une autorisation qui avait généré bien des rumeurs de pots-de-vin et autres soupçons de corruption…

Des citoyens s’étaient alors constitués en association pour se battre contre l’existence de cette usine. Une association dont l’un des membres les plus actifs s’appelait… P’tit Louis ! Et c’est l’association qui avait remporté la bataille, faisant fermer l’usine.

…et finalement rééditée sous un autre titre dans les années 2010
 Aujourd’hui, dans les couloirs de « La Dépêche de Tahiti », il se dit un peu partout mais bien sûr sous le sceau du secret que, dès son arrivée, Dominique Auroy aurait ouvertement déclaré vouloir « la peau » de l’humoriste…

Feue la liberté de la presse
            Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : le rachat des ruines du groupe Hersant Presse en Polynésie il y a quelques mois par Dominique Auroy et ses amis a clairement signé la fin d’une brève période de liberté de la presse écrite en Polynésie française.

            Il y eut, en 2001, la naissance d’un hebdomadaire (il s’appelait To’ere) qui dérangea jusqu’à l’ébranler le pouvoir de Gaston Flosse. A la chute de ce dernier en 2004, les deux quotidiens locaux osèrent enfin faire de l’information. Lors du retour aux affaires du potentat local, il ne restait plus que ces deux quotidiens : To’ere ayant cessé ses activités en mai 2006. Depuis le rachat des deux titres (« La Dépêche de Tahiti » et « Les Nouvelles de Tahiti ») par M. Auroy et ses amis, « les Nouvelles de Tahiti » ont également cessé d’exister.

            Avec le renvoi de P’tit Louis et la disparition de son dessin quotidien, c’est le dernier espace (quelques centimètres carrés d’humour) de liberté du dernier quotidien de Polynésie qui est effacé.

            Il y a réellement quelque chose de pourri au fenua.

A très bientôt, P’tit Louis ! Pour de nouvelles aventures…
            Ça ne fait rien : Chapeau bas, cher P’tit Louis. Nous ne t’oublierons pas.

            Et bon vent à toi…


Un article de  Julien Gué

Et, pour tout savoir sur l’album culte de P’tit Louis « Secret défonse », suivez ce lien : vous ne le regretterez pas ! http://tahiti-ses-iles-et-autres-bouts-du-mo.blogspot.com/2014/06/secret-defonse-de-ptit-louis.html

Tous droits réservés à Julien Gué. Demandez l’autorisation de l’auteur avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.


6 commentaires :

  1. No pasaran sous les cootiers amis frères debout ! debouts !

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  2. Une petite fin a la JFK pour notre président ?!

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  3. Pour être précis c'est pour un dessin où Ptitlouis croque un Tahitien avec une bouteille de bière (insultant paraît-il!!!) et l'autre qui parle des "farani taioro" (raciste !!!) que la décision de le virer a été prise. "La ligue des droits de l'homme s'est plainte de ce dessin" a lancé un dirigeant du groupe... A d'autres ! De toutes façons les nouveaux dirigeants avaient décidé d'avoir sa peau dès leur arrivée.
    Ils l'ont eu mais ça risque de leur coûter cher... Mais ce sont des procéduriers bien connus et ils iront au bout de tous les recours. En attendant la rédaction se débat tant bien que mal pour faire de l'info. La censure est ténue mais on sent bien qu'elle peut s'abattre à tout moment sur les journalistes dans une atmosphère déplus en plus pesante.

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  4. Je n'achetais déjà quasiment jamais la Dépêche de Tahiti. Je le lisais de temps en temps aux resto ou ailleurs. Mais là, plus jamais je ne lirais ce PQ.

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  5. Et qui va racheter FACEBOOK alors ???

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  6. Petit Louis tes dessins peuvent survivre sur la toile du WEB si tu veux. Rachèterons-ils l'internet aussi ? Merci les capitalistes, c'est encore la culture de l'individualisme et la suppression des libertés d'expressions. On nous montrera encore des riches corrompus qui échappent à la justice pendant que les pauvres intègres écoperont leurs peines et paieront leurs amendes. Avec l'argent, on négocie le silence des gêneurs et si cela ne marche pas, c'est la noyade.

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