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lundi 10 décembre 2012

C’est Manu qui le dit



Nos oiseaux endémiques sont en grand danger

L'incroyable richesse de la faune aviaire endémique de Polynésie est très gravement menacée. Peut-on encore stopper cette spirale infernale ?

Les chiffres sont terrifiants : depuis 1773, date d’arrivée des premiers explorateurs occidentaux, on recense sur le territoire polynésien pas moins de dix-huit espèces (et sous espèces) d’oiseaux endémiques qui ont définitivement disparu de la surface de la terre.

Le râle à bec rouge de Tahiti a totalement disparu de la planète
Mais le processus de destruction de l’extraordinaire patrimoine aviaire polynésien avait en réalité débuté bien avant. Il avait commencé dès la découverte de ces îles par ceux qui allaient devenir les Polynésiens.

 

Le paradis des oiseaux

Avant l’arrivée des premiers hommes, les îles de ce qui deviendra plus tard la Polynésie française étaient réellement le paradis terrestre des oiseaux.

L’Aigrette sacrée (Egretta sacra), elle, n’est pas menacée

Le climat tropical offrait abondance de nourriture et ces îles étaient exemptes de la plupart des prédateurs présents sur le reste de la planète : ni rats, ni chiens, ni chats, ni reptiles… Et surtout pas d’êtres humains.

Cette situation très particulière fit que nombre d’espèces développèrent des caractéristiques hyperspécialisées et très peu de moyens défensifs. Par exemple, beaucoup faisaient leurs nids directement sur le sol.

Il reste quelques Lori nonette dans certains atolls des Tuamotu

Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes d’oiseaux jusqu’au jour où… arrivèrent les premiers hommes.

Et les premiers hommes n’arrivèrent pas seuls…

 

Les dégâts liés au peuplement des îles polynésiennes

Les Ma’ohi, lorsqu’ils peuplèrent les îles polynésiennes, n’y arrivèrent pas seuls. Ils emmenaient notamment avec eux des chiens et des cochons.

Il ne reste plus qu’une centaine de hérons striés sur la seule île de Tahiti

Pour se nourrir, ces premiers habitants humains n’eurent qu’à se baisser pour ramasser les œufs. Nombre d’espèces d’oiseaux ne savaient pas (ou à peine) voler, il n’était donc pas difficile de les capturer pour les manger. Quant aux plus gros oiseaux, le gibier le plus intéressant, il s’agissait d’espèces marines qui nichaient au sol et n’étaient donc pas difficile à chasser.

D’autre part, n’ayant jamais eu de tels prédateurs, tous ces oiseaux n’avaient jamais développé de tactique de fuite ou de défense.

La dîme prélevée par les chiens fut, elle aussi, considérable, pour les mêmes raisons. Quant aux porcs, c’est en fouissant le sol pour se nourrir qu’ils détruisirent les nids de tous ces oiseaux.

Les multiples aspects du Lori nonette

Certaines espèces disparurent à cause de la beauté des couleurs de leurs plumes. En effet, pour pouvoir confectionner des parures aux couleurs éclatantes, les Ma’ohi firent une chasse sans merci à certaines d’entre elles, particulièrement colorées.

Ainsi, lors de ce qu’il est convenu d’appeler « le contact », en 1773, nombre d’espèces avaient déjà définitivement disparu de la surface de la terre. D’autres étaient déjà condamnées.

Pour les premières, tout ce que l’on en connaît se résume à des ossements trouvés lors de fouilles et quelques témoignages recueillis par les premiers occidentaux curieux de ces choses.

 

Après « le contact », la destruction s’accélère


En s’installant dans les cinq archipels polynésiens, à l’instar des premiers habitants ma’ohi, les Occidentaux ne sont pas non plus arrivés seuls. Ils ont emmené avec les chats, les rats, un certain nombre de parasites porteurs de maladies et… le métal et les armes à feu.

Contrairement aux chiens et aux cochons, les chats et surtout les rats peuvent grimper aux arbres. Ils s’attaquèrent donc aux espèces jusque-là protégées qui nichaient en hauteur.

Oiseau terrestre, la Gallicolombe érythroptère est très gravement menacée
Les armes à feu, elles, permirent de s’attaquer à des espèces vivant loin du sol et des hommes.

Ainsi, depuis le contact, nombre d’autres espèces d’oiseaux ont été décimées.

La différence, c’est que les Occidentaux firent des relevés et des dessins de toutes les espèces qu’ils rencontrèrent. Nous connaissons donc avec une certaine précision l’apparence et les mœurs des espèces disparues depuis le contact.

 

Les oiseaux de Polynésie

Aujourd’hui, l'avifaune terrestre polynésienne compte encore pas moins de trente-trois espèces d’oiseaux, dont vingt-huit sont endémiques, c’est-à-dire qu'elles n’existent nulle part ailleurs.


Les oiseaux endémiques de Polynésie sont en très grand danger
En raison de la plus grande diversité des reliefs et de la végétation, l’avifaune terrestre des îles hautes est plus variée que celles des atolls.

En revanche, à l'exception de quelques îlots volcaniques, les atolls abritent généralement davantage d'oiseaux marins nicheurs qui trouvent dans leurs vastes lagons et autour des îles une nourriture abondante.

Le Martin-chasseur des Gambier ne survit plus que sur le seul atoll de Niau

Les îles de Polynésie française sont aussi une zone d'hivernage importante pour certaines espèces d'oiseaux migrateurs.

Pour terminer ce rapide panorama, plus d'une dizaine d'espèces d'oiseaux ont été introduites sur les îles par l'homme et s'y sont installées avec des conséquences souvent néfastes pour l'avifaune locale.

Rare et peu connu, le martin-chasseur des Marquises ne semble pourtant pas menacé

Au-delà des espèces définitivement éteintes, un certain nombre d’espèces sont aujourd’hui très gravement menacées. Ainsi, par exemple, le monarque de Tahiti, oiseau endémique, n’est plus aujourd’hui représenté que par une trentaine d’individus.

Nous reviendrons dans d’autres articles à venir sur la situation de certaines de ces espèces d’oiseaux en grand danger de disparition.

 

Manu, l’association protectrice des oiseaux de Polynésie

Heureusement, depuis une vingtaine d’années, des hommes et des femmes se battent, avec succès, pour sauver les oiseaux qui peuvent encore l’être.

La société d’ornithologie de Polynésie Manu fut fondée en juillet 1990 par quelques amateurs passionnés. Aujourd’hui, cette association est reconnue par les plus hautes instances scientifiques mondiales et bénéficie de nombreux soutiens internationaux pour mener à bien son travail reconnu d’utilité publique par les autorités polynésiennes.

Aujourd’hui, une fantastique exposition consacrée aux oiseaux de Polynésie se tient à Papeete : Le Festival ornithologique de Polynésie.

Il se tient au mois de septembre à la Maison de la culture Te Fare Tauhiti Nui de Papeete.

Le ‘ura, ou lori de Kuhl, bijou emblématique de Rimatara aux îles Australes

Le site Internet de Manu regorge d’informations de toutes sortes, d’images toutes aussi belles les unes que les autres et permet de suivre avec précision le travail de terrain considérable réalisé par l’association et ses membres. Il propose même des pages spécialement conçues pour les plus jeunes…

Chaleureux remerciements à la société d’ornithologie de Polynésie Manu.

A lire également absolument :
Et bien sûr l’excellent Guide Nature de Anne Gouni et Thierry Zysman : « Oiseaux du fenua » publié par Théthys éditions.



Un article de Julien Gué


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