Quand Monak se perd
dans l'envers du décor
Installée à Tahiti depuis une dizaine d'années, Monak nous livre ici son premier roman inspiré par le fenua...
Derrière le sourire envoûtant des vahine peuvent se cacher bien des mystères et des réalités décalées. Derrière la vie réglée d’un humble et discret fonctionnaire peuvent se nouer de bien étranges intrigues…
Tout a commencé par... |
Et puis, qui peut prétendre savoir ce qui se passe vraiment derrière ces haies chargées de fleurs odoriférantes, sous les toits en tôle de ces fare où se réfugient parfois la misère tant matérielle que morale ?
Mais que s’est-il vraiment passé dans cette vallée cachée de Papeete ? Allez savoir… Une chose est sûre : la vie est là. Le pardon aussi, souvent. Le remords : parfois. Mais surtout, surtout et toujours : l’amour et son cortège de conséquences.
Alors, bienvenue dans les coulisses du paradis !...
Derrière la carte postale
Depuis son arrivée en Polynésie il y a un peu moins de 10 ans, Monak a eu le temps de traverser les paysages paradisiaques vendus par les agences de voyage et, donc, de découvrir l’envers du décor. Et c’est bien de la face cachée du paradis dont il est question dans « Coup de soleil sous un bananier ».
Monak |
Bien sûr il s’agit d’un roman policier. Mais l’intrigue ici n’est rien d’autre qu’un alibi pour nous conter les gens, eux qui ont tant touché notre écrivaine. Celles et ceux dont on ne parle jamais. Qui vivent loin des plages privatisées, dans des « fare pinex » à l’ombre des manguiers ou des banians, dans le fond des vallées. Qui sont paysans et pêcheurs dans les îles, obscurs employés de bureaux à Tahiti ou encore vivent la nuit, travestis et prostitués… Bref : les Polynésiens dont personne ne parle jamais. Pour nous conter aussi les conséquences humaines et sociétales de soixante années du clientélisme politique (avec son cortège de corruption et de malversations) imposé par la France pour protéger son programme nucléaire.
Un polar donc. Mais pas que…
Du réel à la plume
Fidèle à elle-même, comme elle le fit jadis dans le sable brûlant du Sahara tunisien, notre auteure a donc trempé sa plume dans le bleu des lagons pour en extraire une encre acide, sans concession. Pour nous parler des amours hors-le-monde entre un gratte-papier et une raerae. Pour nous peindre certaines zones d’ombre d’une société polynésienne ignorées de tous hors du fenua.
Avec un style qui n’appartient qu’à elle, Monak nous livre à la fois l’amour qu’elle a pour le peuple polynésien du silence et ses colères provoquées par une société d’une rare injustice.
Son livre… |
Ainsi donc, « Coup de soleil sous un bananier » n’est ni un polar ni un pamphlet, mais bien un fort bel hommage rendu aux obscurs et aux sans-grades d’une société terriblement corrompue. Une ode à la beauté de ceux qui survivent, la tête haute, sans jamais un mot pour se plaindre.
Publié chez Estelas Éditions, le livre n’est, hélas, pour l’instant disponible qu’en version numérique exclusivement. Un choix qui en interdit l’accès aux nombreux lecteurs tunisiens de Monak. Espérons donc avec eux et avec tous ceux qui, comme moi, et ils sont très nombreux, préfèrent de très loin lire un livre dans sa version papier, seront entendus rapidement…
De la même auteure, découvrez également :
Chkakel (2001), chez TheBookEdition
Marée acide (2014), chez TheBookEdition
Un article de Delphine Barrais sur Tahiti Infos :
« Un roman policier qui révèle l’envers du paradis »
Un article de Julien Gué
Tous droits réservés à Julien Gué. Demandez l’autorisation de l’auteur avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire
Cet article vous a fait réagir ? Partagez vos réactions ici :