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vendredi 10 février 2023

20ème FIFO : question d'éthique


Panorama éthico-militant

 

            Avec la 13ème nuit de la Fiction Océanienne, 9 courts-métrages dresseraient-ils ensemble, en quelques 10 minutes chacun, une approche du rêve océanien et de la diversité des mentalités éparpillées dans ce vaste continent enclos, fluctuant et encore émergé du Pacifique ?


 Les fictions ne projettent pas d’espoir particulier et ne dispensent pas de meilleure impression sur la vague des documentaires sélectionnés pour la compétition .

 

Quand LA TRAITE (MILKED) prend un double sens...

              Seul l’impact des scandales dévoilés, de l’injustice dénoncée mobilisera une population océanienne de plus en plus exacerbée. Il paraît évident que les spectateurs du FIFO ne resteront pas indéfiniment inhibés.

         L’accumulation des aberrations décrites et récoltées dans chacun des pays concernés et participants actifs, voire militants de causes environnementales, sociétales, de droit élémentaire... viendra un jour amorcer ou soutenir la lutte pour le respect de l’intégrité humaine. L’égalité en est un exemple dans un État aussi stable que l’Australie... et pourtant !


Un rêve à dimension océanienne ?

          C’est alors que nous apprenons à travers les créations fictionnelles que la réalité se prend les grandes claques du rêve ou de l’impossible rêve. En Nouvelle-Zélande les policiers indigènes ne songent qu’à s’unir aux manifestants et à exiger de l’État, la restitution des terres spoliées: comme dans MALAMA PONO, WILLY BOY (de Scott.W, Kekama Amoa - Hawaï)

    Que l’Australien lambda se prend pour une sirène, inadaptée aux conditions déplorables de la modernité : ainsi que l’explore Chloé de Brito dans PINK REEF. Et que les légendes ancestrales abreuvent l’imaginaire hawaïen : comme dans la légende animée de SINA MA TINIRAU (de Vilsoni Hereniko), des Fidji à bien ailleurs encore...

      Que la nature volcanique de son île originelle est aussi insupportable que la surdité et l’aveuglement des générations actuelles : ainsi le montre INHERITANCE d’Erin Lau (Hawaï).

 

Quand le droit est bafoué... s’engager !

           Que l’exil reste une frustration sans nom, quand il perpétue l’errance anonyme : nous raconte Kaihu Kaiha pour la Polynésie française dans FIND WHERE I BELONG. Et que le rapprochement des cultures a encore un bien long chemin à parcourir avant d’y parvenir : LA NAISSANCE D’UN GUERRIER (de Gino Pitarch pour la France).

              Un imaginaire largement ouvert sur les changements de tous ordres, quand le réel, tel qu’il apparaît aussi dans les documentaires océaniens aussi, est truffé d’échecs, de malheurs, de voie sans issue !  !  !

        Ainsi, apparaît PERIANAYAKI de Bala Murali Shingade (Nouvelle-Zélande), Sri-lankaise immigrée dont la vie se réduit à un travail pénible sans autre loisir que la visite de son conjoint hospitalisé sans discontinuer depuis 2 ans... Solitude et enfermement, se vivent aussi de façon extrême pour ce jeune Australien, harcelé jusqu’au drame dans VICTIM (de Robin Summons).

       Laisserait pointer l’humour READY FORWARD de Jim Jost, car la mort est trop proche, qu’elle a déjà commis ses méfaits, sur ce couple de retraités finissant, qui n’a plus rien à attendre de la vie... excepté d’en faire le deuil.

L’égalité, le droit à l’image : un combat  !

           En conséquence, peu d’optimisme à tirer de cette 13ème NUIT DE LA FICTION FIFO... sinon à constater que le 20ème festival documentaire océanien ne laisserait entrevoir que de lointaines lueurs d’espoir.

 

Un semblant d’espoir ?

            C’est dans des documentaires australiens tirés d’archives familiales, tels que ABLAZE d’Alec Morgan et Tiriki Onus, que les Aborigènes se réapproprient leur identité, leur savoir-faire créatif et artistique  de réalisateur  (dont le grand-père Bill Onus et son cinéma des années 30), de leur histoire - souvent occultée, censurée ou confisquée -, de leur statut de "sous-homme ou d’esclaves enchaînés", de leur combat contre la ségrégation  (grève et "transhumance" de 1946 ) ou l’absence de statut juridique et l’obtention d’un semblant d’égalité en 1967 !  !   !


Un cinéma confisqué...

          Pour des tas de raisons dont la dimension du territoire australien, mais surtout pour des questions de domination coloniale, l’œuvre artistique (scénique, théâtrale, lyrique), la lutte socio-politique, non-médiatisées voire complètement censurées par les services de sécurité intérieure,  sont totalement gommées de la vie publique... pour entretenir un discours d’incapacité mentale des populations aborigènes...   

       Grâce aux chercheurs, aux historiens, aux mouvements sociaux populaires, aux mouvances politiques qui s’opposaient aux mesures coercitives des "Missions" (ou réserves religieuses) où les Aborigènes devaient être mis au pas, sans salaire, sans ration alimentaire constante, sans liberté, sans droits... 

         Tout semble être exhumé... et renaître 

 

«200ans pour que les Blancs considèrent les Aborigènes comme des humains»...


         Que ce soit a posteriori, reste problématique... Quand les nations se posent les vraies questions : celles qui ont assis leur puissance, celles qui les remettent en question. Ainsi, assiste-t-on à la découverte des "mensonges blancs dans le pays laitier"

        Avec le coproducteur Chris Huriwai, activiste autochtone maori, la réalisatrice Amy Taylor remet en cause la «dégradation environnementale» bien rodée par les «Géants» de la TRAITE ou MILKED de Nouvelle-Zélande...

 

Et si les victoires faisaient avancer...

        Malgré une sécheresse exceptionnelle gravissime aux Marquises, le baromètre reste au beau fixe... avec ce titre allécheur MOKU UTA (Rassembleur).  Raynald Mérienne transcrit dans son documentaire le combat d’un archipel polynésien qui parvient à reconstruire une unité culturelle, tronquée jadis par les interdits religieux d’une église prétentieuse.

      Car le combat d’une culture, c’est d’abord son dynamisme : son actif qui se renouvelle au jour le jour ; les discours sont inutiles s’ils ne fédèrent pas dans l’action.

      Chants, danses, anciens comme nouveaux, écrits, langue se régénèrent sur une analyse mais surtout une pratique assidue et sans faille. Ce qui lui permet d’évoluer et qu’elle ne meure pas de pétrification.

« écrire, sculpter, tatouer : une musique...»

       Qu’il s’agisse de végétal à travailler, de tatouage, d’écriture ou de sculpture :  Le geste de la transcription s’accompagne de rythme, de scansion... Son acte est un tout : à l’image du souffle vital. L’un n’opère pas sans l’autre, apprend-on de source sûre...

       Comment refuser alors de se plonger dans une culture dont la palpitation s’intériorise en même temps qu’elle se vit...

Une expérience à ne pas manquer.

       

Un article de  Monak

 

   Tous droits réservés à Monak & Julien Gué. Demandez l’autorisation des auteurs avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.



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