Publicité

Publicité
Le nouveau roman de de Monak à lire absolument

mardi 21 février 2023

20ème FIFO : question de genre

 

Question de genre

      

           Prix à la clé, le 20ème Festival International du Film documentaire Océanien (FIFO) ne déroge pas à ce rôle, à travers un jury amputé de l’un de ses membres et du coup, paritaire. D’un côté la récompense attribuée aux réalisateurs des documentaires sélectionnés pour la compétition, de l’autre, l’impact au niveau du public en présentiel à Tahiti ou en ligne : ce qui occasionne bien des débats sociétaux 

          Mais la 20ème session s’est montrée exemplaire dans la mesure où le panorama a largement élargi son panel sur un contenu des plus éclectiques... Entre reconnaissance culturelle à l’international, biopics récents ou anciens, conflits coloniaux irrésolus, aux dommages très lourds et aux injustices qui courent toujours...


Une ségrégation systémique en Océanie...

       Un processus identique semble avoir imposé des choix du même genre dans l’ensemble des films présentés dans le In ou le Off. D’une part, une réhabilitation de l’histoire et des grandes figures - parfois méconnues - qui l’ont tissée. Dame Valerie Adams : More than gold, réalisé de Briar March, qui obtient 1er prix spécial du Jury et le prix du Jury Jeunesse.

D’autre part, une mise en valeur des lieux, des symboles ou des personnalités qui sont parvenues à relever le défi à la ségrégation, aux revers de santé, aux exploits sportifs ou créatifs.

Enfin et inclassable, ce qui subsiste de l’intolérance, de l’impensable, du bilan négatif des diverses cohabitations (incarceration nation, milked, et No Māori allowed, réalisé par Corinna Hunziker qui obtient le GRAND PRIX du JURY.

 

 

Destins de femmes portés par des femmes

          Serait-il significatif que la majorité des films du FIFO primés pour la 20ème session porte sur une thématique largement féminine et ait été concrétisée par des réalisatrices... ? Le fait est, mais apparemment personne ne le signale ni ne lui confère une acception particulière. Sinon qu’il révèle des différences notoires pour aborder les différents sujets. Sans parler des réactions épidermiques d’un public qui n’intègre pas toujours le sens de l’évolution des mentalités.

        La tolérance zéro concernant les autochtones dans leur propre pays, traitée par No Māori allowed en Nouvelle-Zélande, constitue un problème récurrent auparavant comme actuellement, sur la majorité des territoires dispersés sur le continent océanien, indifféremment colonisés par les systèmes britanniques ou français. 




Quand les plus faibles sont victimisées dans leur propre patrie

         D’Hawaï à la Polynésie ou à l’Australie, l’absence de droit ou de maintien du droit à l’égalité ou à l’humanité reste une réalité difficile à admettre pour qui est spectateur impuissant... des écrans du Pacifique. Le malaise est profondément culturel, reposant sur des notions d’infériorité entérinés par les colonisateurs pour s’approprier mentalement et physiquement valeurs, richesses et biens des «Habitants premiers ».

        De même, toute symbolique culturelle, éloignée de la mentalité des conquérants, est rejetée, niée, dévalorisée. Ainsi the healer stones of Kapaemahu, co-réalisé par Hinaleimoana Wong, Dean Hamer et Joe Wilson montre combien la vérité est effacée quand elle dérange : celle du 3ème genre en particulier. 4 Tahitiens MĀHŪ en visite à Hawaï, selon la chronique ancienne, reste cependant symbolisé par 4 Rochers sacrés...

 

Femme et médaillée olympique, un challenge

        Avec une recherche esthétique particulièrement soignée sur l’image, la gestuelle, le cadre sportif, ses balises essentielles, le film insiste sur l’intention de la sportive d’origine tongienne de concilier son statut de femme et sa carrière sportive.

       La maternité fait partie de ces impératifs, voire de ces obstacles qui tronquent ou mettent fin à des objectifs sportifs ou professionnels... Comment peuvent-ils se gérer quand le temps imparti à l’entraînement vous arrache à votre rôle familial ? Comment se détacher de ces poncifs sociétaux culpabilisants qui déterminent la place qui vous revient et oblitèrent celle qui vous épanouit...

 


L’avenir des jeunes générations... ?

      Qu’ils soient primés ou non, les Short documentaires montrent une étroite collaboration entre les réalisatrices et les sujets de leur investigation quand ils sont des personnes. Par exemple, dans mana over meth (NZ) la connivence qui s’instaure entre Holly Beckham, réalisatrice, et Jessica Apanui.

       De même, en Australie, le parcours de la réalisatrice de Maya Newell montre combien elle est proche des personnalités qu’elle choisit toujours dans les franges minoritaires de la population, dont Georgie Stone. The dreamlife of georgie stone, son dernier documentaire a été primé dans la catégorie des Shorts.  Preuve que le sujet captive toutes les générations.

         Alors, des changements dans l’air ?

 

        Un article de Monak

 

   Tous droits réservés à Monak & Julien Gué. Demandez l’autorisation des auteurs avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.

 

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire

Cet article vous a fait réagir ? Partagez vos réactions ici :