Ce blog a pour vocation de découvrir Tahiti et ses îles, bien sûr, mais bien d'autres endroits et bien d'autres choses aussi partout ailleurs. Et puis, surtout, les gens qui font que le monde est ce qu'il est.
Histoire(s), géographie, modes de vie, cultures et phénomènes de sociétés : Le monde est vaste et riche et ses habitants tellement beaux et divers, alors laissons-nous aller à leur rencontre...
Des journalistes voyageurs vous parlent de la Terre et de ses habitants à leur manière…
Le livre de Julien Gué
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War, misery, violence, intolerance and egoism are
(amongst other horrors) the great victors of the struggles of this year 2016...
I can’t imagine that we reproduce this, one more year…
Today, I urge us all, atheists or believers, regardless of the Gods you
venerate and the faith communities to which you belong: If, in 2017, you
finally apply the precepts that you all claim to be essential in the wisdom of
your books, holy or secular?
Do what you say…
In all your speeches,
preaching and sermons, there are nothing but fraternity, respect, sharing and
love...
Yet: you are present on all
the battlefields, in all the carnage and mass graves, in all the horrors that
the concupiscent media tell us.
So, I implore you… instead
of following blindly the preachers from all fronts, if you take the time to
look at yourself in a mirror to ask you, but really ask you, sincerely: what am
I responsible for? What can I do concretely to change things?
By way of a greeting card for this year 2017
Because we can, all do something about. Truly!
Ia orana ite matahiti api 2017 !
An article
ofJulien Gué
Translated from French byMonak
Copyright
Julien Gué. Ask for the author’s agreement before any reproduction of text
or images on Internet, traditional press or elsewhere.
La guerre, la
misère, la violence, l’intolérance et l’égoïsme sont (entre autres horreurs)
les grands vainqueurs des luttes de cette année 2016… Je ne puis imaginer que
nous reproduisions cela encore un an…
J’en appelle aujourd’hui à vous
tous, athées ou croyants, quels que soient les Dieux que vous vénérez et les églises auxquelles vous appartenez :
Si, en 2017, vous appliquiez enfin les préceptes que tous vous revendiquez
comme essentiels dans la sagesse de vos livres, saints ou laïques ?
Faire enfin ce que l’on dit…
Dans tous vos discours, prêches et sermons, il n’est
question que de fraternité, de respect, de partage et d’amour…
Et pourtant : vous êtes présents sur tous les
champs de bataille, dans tous les carnages et les charniers, dans toutes les
horreurs que nous relatent les médias concupiscents.
Alors, je vous en conjure : au lieu de suivre
aveuglément les prêcheurs de tous bords, si vous preniez le temps de vous
regarder dans un miroir pour vous demander, mais vous demander vraiment,
sincèrement : en quoi suis-je responsable ? Que puis-je faire
concrètement pour changer les choses ?
En guise de carte de
vœux pour l’années 2017
Car
nous pouvons tous faire quelque chose. Réellement.
Ia orana ite matahiti api 2017 !
Un article de Julien Gué
Tous droits réservés à Julien Gué. Demandez l’autorisation
de l’auteur avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur
Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.
Si, dans la
société polynésienne, l’oralité est le vecteur fondamental de la transmission
des savoirs ancestraux, nombre de ces savoirs sombrent lentement dans l’oubli
définitif. Ainsi en va-t-il pour la multitude de contes et légendes que les
tupuna* des cinq archipels contaient naguère à leurs huā'ai*…
À la tribune de l’UNESCO, le 1er
décembre 1960,
le Malien Amadou Hampaté Bâprononçait ces mots : « … Je
pense à cette humanité analphabète, il ne saurait être question de livres ni
d’archives écrites à sauver des insectes, mais il s’agira d’un gigantesque
monument oral à sauver de la destruction par la mort des anciens qui en sont
les seuls dépositaires. Ils sont hélas au déclin de leurs jours. Ils n’ont pas
partout préparé une relève normale. En effet, notre sociologie, notre histoire,
notre pharmacopée, notre science de la chasse et de la pêche, notre
agriculture, notre science météorologique, tout cela est conservé dans des mémoires
d’hommes, d’hommes sujets à la mort et mourant chaque jour. Pour moi, je
considère la mort de chacun de ces traditionalistes comme l’incendie d’un fond
culturel non exploité. L’Unesco peut présentement, avec quelque argent, combler
la lacune. Mais dans quelques décennies, tous les instituts et institutions du
monde, avec tout l’or de la terre, ne pourront combler ce qui sera une faille
culturelle éternelle imputable à notre inattention. C’est pourquoi, monsieur le
Président, au nom de mon pays la république du Mali, et au nom de la science
dont vous êtes un éminent représentant et un vaillant défenseur, je demande que
la sauvegarde des traditions orales soit considérée comme une opération de
nécessité urgente au même titre que la sauvegarde des monuments… »
La parole du Malien
Amadou Hampaté Bâ
De cette allocution désespérée, il est resté une idée qu’Amadou Hampaté
Bâ reprenait dans son livre « Amkoullel, l'enfant Peul » (1991) et qui, depuis, a fait le tour
du monde : « Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui
brûle ».
Comment,
lisant ces mots, ne pas penser à la Polynésie et à la disparition galopante de
tous ses savoirs ancestraux ? Et, parmi eux, à ces innombrables légendes qui
nous racontent l’histoire de ceux qui peuplent les cent dix-huit îles
polynésiennes ?
Il faut sauver la mémoire
Au fenua*, il n’est pas une parcelle
de terre où l’homme ait vécu qui ne recèle des trésors de légendes. Et ce sont
ces légendes qui nous racontent, pour peu que l’on prenne la peine de les
déchiffrer, toute l’histoire du peuple Mā'ohi.
Ce
mode de fonctionnement de la mémoire et cette méthode de la transmission du
savoir sont à ce point ancrés dans la pensée polynésienne que, il y a quelques
années à peine, le plus gros producteur de perles du Pays, Robert Wan pour ne
pas le nommer, fit écrire une pseudo « légende de la perle » afin de
s’en servir comme support publicitaire pour sa production.
Hélas,
comme ailleurs sur la Terre, les téléphones portables, la télévision et
l’Internet ont profondément bouleversé les modes de vie des Polynésiens, jusque
dans les atolls les plus isolés. Ainsi ont disparu les veillées au cours
desquelles les anciens transmettaient ces légendes aux plus jeunes.
Face
à ce désastre annoncé, il est quand même quelques personnes qui se sont
mobilisées et on tiré la sonnette d’alarme. Au-delà de quelques ouvrages
disponibles en librairie et rapportant l’une ou l’autre de ces légendes, le
plus gros travail a été initié et entrepris par le Service de la
Culture et du Patrimoine.
Le livre de Richard
Lévy-Bossi aujourd’hui introuvable
Il
s’agit de recueillir, le plus rapidement possible, auprès des matahiapo* toutes
les légendes dont ils se souviennent encore. Un travail de titan pour lequel,
hélas, il n’existe aucun budget. Ainsi, cette récolte est effectuée
ponctuellement par quelques bénévoles passionnés. Pas plus de budget d’ailleurs
pour traiter toute cette matière qui s’entasse dans un coin des archives…
Parmi
ces bénévoles, il faut citer le remarquable travail de Richard Lévy-Bossi dont
une partie a été publié par ‘Una ‘Una
dans la collection « Les archives de l’Eden ». Un livre hélas
aujourd’hui introuvable.
Les voix de la mémoire
Face
à ce bien triste bilan, une idée m’est venue voici quelques années déjà…
Enregistrer le plus grand nombre de ces légendes et les diffuser en radio ou en
télévision. Et faire ce travail en français et en Reo Tahiti.
Le premier épisode
de la légende de Kena
L’idée
a fait son chemin et a abouti au concept suivant : une légende racontée en
cinq épisodes de 1mn.30 diffusés comme un feuilleton le matin, entre deux
journaux d’information et pages publicitaires, lorsque la plupart des gens sont
coincés dans les embouteillages… Le week-end, les cinq épisodes étant diffusés
en une seule fois.
Contact
a donc été pris avec une radio privée locale et une maquette réalisée à partir
de la légende de Kena. C’est le même enregistrement original qui accompagne cet
article. Bien sûr, il ne s’agit pas d’un produit fini mais d’un simple
brouillon destiné à sensibiliser d’éventuels producteurs et / ou sponsors.
Hélas, pour d’obscures raisons indépendantes de ma volonté, l’aventure s’était
arrêtée là.
L’intégralité de la
légende de Kena par Julien Gué
Bien
évidemment, une version vidéo adaptée à la télévision nécessiterait d’autres
images que celles utilisées ici dans le seul but d’agrémenter votre écoute.
Pourtant, il me semble que ce concept trouverait aisément sa place sur une
chaîne désireuse d’offrir une respiration originale et novatrice à ses
téléspectateurs.
Vous
avez écouté la maquette et y avez pris du plaisir ? Vous avez une idée ou
les moyens de permettre à ce projet de voir enfin le jour ? Alors
n’hésitez pas : prenez contact avec moi ici ou via ma page Facebook.
Rien
ne saurait me faire plus plaisir que de permettre à ces merveilleuses légendes
polynésiennes de connaître une nouvelle jeunesse !
Un article de Julien Gué
Lexique :
Tupuna : les
aïeux ; les anciens ; par extension, les vieux.
Huā'ai : les descendants.
Fenua :
Ile,
pays. Mais aussi : Terre, domaine, propriété ainsi que Terre, séjour des
hommes.
Matahiapo : aîné
Tous droits réservés à Julien Gué. Demandez l’autorisation
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Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.