Publicité

Publicité
Le nouveau roman de de Monak à lire absolument

lundi 5 février 2024

21ème FIFO : NUIT de la FICTION


RAGE ET CYNISME À LA CLÉ

 

Au FIFO la 14e NUIT DE LA FICTION pousse le bouchon comme à l’accoutumée. Tout est paroxystique à l’écran comme à Tahiti et en Océanie, semblerait-il. La révolte gronderait-elle en sourdine ? La dérision est à la fête même si, curieusement, un brin d’humanité pointe son nez avec le culte de la B.A. (Bonne action). L’emporterait-elle sur le pessimisme ambiant de cette cuvée à peine âgée de 3 ans ?

 

En gros, quelques 4 heures de projection pour cette avant-1ère du FIFO, tant attendue. Hors-Compétition, cette section, faut-il le préciser, mobilise le public tout en le bousculant avec délice : car elle propose au public, en plus du grand frisson, un vote. La fesse triste, vu la durée de la séance car les sièges du Grand Théâtre de Te Fare Tahuiti Nui ne poussent pas à la sieste. S’associent la clim’ redoutable et la sono à fond : penser à un coussin pour les délicats du "panier" et du reste.

Avec une affluence des grands jours, mais sans excitation, la suprême organisatrice du FIFO, Laura Théron, nous invite avec Heirani Soter, animateur, à la grand’messe du cinéma.

 

Heirani, un animateur peu ordinaire... 

Public actif, il applaudit à chaque fin de film et taille la part belle au rire, voire le plus sardonique. C’est que sur un total de 13 films, l’atmosphère est lourde, l’horizon bas et le spleen au max, seulement 4 courts-métrages (5 à la limite) sacrifient à une forme de sérénité, non sans hésitation. Soit les 2/3 à vous saper le moral.

Pourquoi ? La simple projection des réalisateurs dans le présent ou l’avenir ne les encourage pas à l’optimisme dans la société océanienne actuelle. La création cinématographique restitue l’image de ce mal-être.

   

Noirceur, vous avez dit ?

Le court-métrage de fiction resserre l’impact du propos tenu par le créateur et l’effet coup-de-poing s’en ressent sur le spectateur. Pas de bavardage. Tout est resserré.

Le bandeau sombre amorçant l’article donne le ton de cette soirée de fictions, avec ses ombres, ses fuites, ses floutés : c’est FREEDOM FIGHTER du Samoan-néo zélandais, Tusi Tamarese. Les jeunes générations, encore elles, tributaires du désaccord des nations...

Le pire, le trash, qui ne dure que 6 mn., porte au summum la désespérance, la survie sur une planète dégradée : c’est O2*, du jeune Lino Cosso, que vous pouvez voir sur You tube en cliquant sur le titre. Image, rythme, profondeur du thème semblent prédire un bel avenir à son jeune réalisateur qui présente à la section cinéma du lycée Gauguin, un petit chef-d’œuvre polynésien : percutant à souhait.

«O2» quand le présent assombrit le futur.

Aussi sombre se pose le statut des «demi.es» ou HAFEKASI dans le contexte australien. Une page que l’histoire ne résout toujours pas, du point de vue  du regard externe comme de l’intérieur. Un peu partout en Océanie, en Polynésie en particulier, se pose la question du métissage quand il touche aux catégories jadis ennemies que sont colonisateurs & colonisés.

Injustice, mauvais traitements, humiliations se connotent autrement par des qualités à acquérir comme la : pâleur du teint associé à la propreté, la chevelure lisse à la douceur, la netteté, etc, etc. Le clivage civilisé /sauvage ! ! !

   

«AFEKASI» être soi sans complexe  

Sous l’éclairage des créateurs néo-zélandais, TAUMANU, fait exploser, sur fond de milieu chic, la sauvagerie des crimes colonialistes et la réappropriation des richesses par les populations spoliées. GOOD GIRL, en pleine dérive contemporaine traite avec éclat et dérision de cette sale manie de se couper de la réalité pour s’enfermer entre ses écouteurs. Succulent le paradoxe entre les conseils du podcast et la tranchante réalité ! Dans le même ordre d’idée l’aberrant MINISTRY OF JINGLE introduit le cinéphile dans l’un des plus ridicules réflexes commerciaux du slogan sécuritaire. Nous voilà plongés dans la bêtise inconsciente de notre siècle

Paradise, un prénom impossible !

Le combat sans issue des sans-papiers et le choix d’une liberté au prix fort pour Iuli’a dans FREEDOM FIGHTER, l’exacerbation des nationalismes, de la discrimination, etc...  Toute une recherche sur l’image, l’étrange, l’incohérence à dépayser le spectateur lambda. Un coup de chapeau au réalisateur Tusi Tamarese samoan néo-zélandais, qui ose aborder un sujet brûlant...

Et pour couronner le tout, I AM PARADISE et la rage au corps chez l’une des parias de la misère et de la condition de mère-célibataire ; mais pas que ! Le spectateur aussi, exècre cette  figure récurrente et millénaire de la cruauté sociétale qui forge un enfer pour cette fille-fleur nommée Paradise. 


Pessimisme, que nenni !   

Traiter gaiement de sujets graves, une façon de poser les sujets révoltants et les plus pénibles. Le film utopique de la beauté, de la bonté, de la paix, reste une gentille parenthèse si elle ne s’appuie pas sur un monde à parfaire ou à refaire. Optimisme déguisé ou réelle place à l’imaginaire constructif ?

 Dans l’entre-deux, un semblant de neutralité. Mais bien des problèmes sans réponses retournent le couteau dans la plaie, sans même trouver de solution, avec BIG QUESTIONS (Aotearoa). Le film de Liam Magureen se tisse et s’efface en suivant le cours du graphisme.

La création ...

Comment se consoler avec MILK ? avec autant d’atermoiement pour décider d’un geste de simple humanité... N’appartiendrait-il qu’aux petits de trouver des solutions temporaires pour les nécessiteux ?  

  Quant à THE POLYCEES, le 9mn. de Celia Jaspers, il joue sur le double sens de Poly... et sur le  mot politique toujours au pluriel en anglais... D’autres sens émergent par contamination. Où ce qui reste de cette fonction se perd dans les arcanes des envieux et des mondes parallèles... De quoi surprendre ou inquiéter.

Et si l’océan vous parle, dîtes-le avec des crayons & des couleurs à Hawaï comme ailleurs : là où la vague soulève les surfeurs... avec BLUE COOLER.

 

DIALOGUE*, du même cru lycéen à Gauguin en Polynésie, livre sous forme de métaphore une réflexion sur la création. Avec le bonus d’une composition du réalisateur Matteo Damesin. Le talent à l’état pur... à découvrir sur sa page facebook ; et polynésien de surcroît !

Alors, il resterait AIKANE ! Peut-on évoquer un avenir serein quand sa réalisation passe par la mort, l’exil, la mutation par le monde marin... ? Encore une histoire de métamorphose et de genre, originaire d’Hawaï avec Dan. Sousa, Dean Hamer & Joe Wilson.

 

L’amitié, l’amour, une utopie ? ...

Faut-il passer par la légende, l’imaginaire, la mémoire culturelle où l’humain se dotait de liberté totale... et ne se coupait pas du reste du monde. Doù la notion de fiction... Si proche de la réalité océanienne !

En tout cas, les sujets abordés annoncent les thèmes qui parcourront les documentaires, qu’ils soient courts, en ou compétition.

Un article de  Monak

 

Tous droits réservés à Monak. Demandez l’autorisation avant toute utilisation ou reproduction du texte ou des images sur Internet, dans la presse traditionnelle ou ailleurs.

 

NB - * : cliquez sur le titre pour voir le film...


 

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire

Cet article vous a fait réagir ? Partagez vos réactions ici :