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mardi 6 février 2024

21ème FIFO : les spéciales


Présidente et Fenêtres sur-courts

 

Briar G-S., 4ème présidente au jury FIFO en 21 sessions... le ton est donné, en cette spéciale «nuit de la présidente» au Petit Théâtre de Fare Tauhiti Nui. 1ère Māori à la barre : voilà qui confirme la règle. «Femme d’exception pour un jury d’exception» le souligne Mareva Leu, jouant de la formule avec humour. C’est que nous ne voudrions pas passer à côté d’une personnalité que les distinctions du métier de réalisatrice ont déjà encensée. Ce qui ne rend pas Briar Grace-Smith moins modeste tout en l’affolant un brin à l’idée de présider ce jury 2024.

 

 C’est avec beaucoup de simplicité et de chaleur que la réalisatrice  du film collectif WARU, le présente et l’assume. Pas si facile effectivement que de sortir un film qui dénonce le laxisme et l’irresponsabilité de toute une communauté à propos des violences mortelles subies par les enfants. Dix ans après le scandale de la mort de Nia en 2007, dont la mélodie habille le film, aucune perspective positive à l’horizon. Démission d’une société qui, comme tant d’autres, lâchement laisse faire et ne prend pas les moyens d’éradiquer un ascendant patriarcal qui refuse toute remise en question.

 

Un fléau récurrent

À l’écran, aucune concession, pas même de détails, une sécheresse tranchante pour renforcer l’effroyable, la monstruosité, la contagion des abus et infanticides. Les coréalisatrices, tablent sur la mémoire collective, le non-dit que chacun cultive pour évacuer une réalité trop brutale. Le film* refuse de s’appesantir sur la pesanteur trop coutumière en Océanie - mais peut-être ailleurs aussi -, d’un silence qui dédouane de toute compromission.

À la différence du documentaire qui nous aurait signalé 84 nouveaux crimes dans la même période, cette expérience créatrice se conçoit comme un dialogue sans précaution entre crime, réception directe du spectateur et déclencheur immédiat de culpabilité.

 

Briar  Grace-Smith

Menée sur le ton du respect pudique et de la cordialité qui s’en dégage, cette interview sur plateau a tenté d’alléger préventivement l’atmosphère de la projection. Précaution bien inutile d’ailleurs, vu la gravité du propos et de l’intérêt qu’il représente dans le contexte océanien.

S’engager dans un tel scénario à voix multiples avec : Chelsea Winstanley, Ainsley Gardiner, Casey Kaa, Renae Maihi, Katie Wolfe, Awanui Simich-Pene et Paula Whetu Jones, c’est faire écho au traumatisme qui continue de secouer la population du territoire d’Aotearoa. Sur le principe de l’instantanéité, en confrontant aux manifestations publiques, la voix de l‘enfant disparu et celles qui n’ont pas osé se révolter, la facture de cette création collective s’est posée en termes d’émotion à fleur de peau. Une forme de cinéma-vérité... À revoir pour s’en imprégner ou le vérifier.

La baie s’étant momentanément close, ouvrons la section FENÊTRE-SUR-COURTS pour replonger dans le cours habituel des documentaires du FIFO.


Les  petits bijoux  entre ART & VIE

Dans la section les COURTS-DE-CHEZ-COURTS, entre 11 & 27 mn., 3 spécimens de documentaires se consacrent à l’art. Et les artistes concernés, bien qu’originaires d’îles différentes, de nations distinctes sont en quelque sorte philosophes et nous transmettent des préceptes de vie, d’un humour plutôt acéré. Artiste signifiant aussi «lucide».

Le 1er de la série se nomme Mike TAVIANI, originaire de Rarotonga. Dans TAONGA AN ARTIST ACTIVIST, de Glenda Tuaine (îles Cook), il n’épargne pas ses faux admirateurs, justes capables de pondre une oraison funèbre, inutile, puisqu’elle se contente de «rebonditr sur le cercueil», quand... effectivement il est trop tard. Avec son parcours atypique où, après ses diplômes universitaires, il contribue pendant une vingtaine d’années au progrès du pays, au Ministère de l’Agriculture... puis se lance enfin dans sa passion de plasticien sculpteur, sérigraphe.

«Taonga» l’art vivant.

Militant contre la corruption, il n’aura de cesse d’accomplir des formations, auprès de jeunes de tous pays, dans différents domaines : langue māori, arts plastiques, conseils économiques, etc... Ses écrits inspirent la politique actuelle. Et son rêve actuel, à plus de 70 ans, porte sur l’envie d’ouvrir son école d’art au 1er, et sa galerie d’expo en plein environnement champêtre... Car l’art se vit, dans la communication du quotidien...

    

Avec TRADEWINDS, nom d’une tendance musicale, chamorro jazz, Patrick Palomo, bourré d’humour, car il possède la modestie des «grands», se révèle le processus d’évolution de tout art où se mêlent jeunes et anciens apports. Le réalisateur Kyle Perron découvre pas à pas, la musique de Patrick Palomo, entre authenticité et modernité à Guam.

Le temps tout de même de nous faire goûter aux compositions actuelles, aux accents traditionnels et aux ébauches futuristes...

 


TRADEWINDS, le jazz océanien
 

UNE ÎLE, UN ARTISTE... TEMOANA, aborde l’art photographique en Polynésie. La tendance actuelle semble se confirmer : l’Art engage. Tout comme nous venons de le voir en musique où l’inspiration locale est privilégiée, en Arts plastiques l’innovation vient y puiser sa source ... Quant à la photographie, elle fixe le contexte originel tout en militant dans une Association de préservation de l’environnement.

Une fois de plus, le réalisateur, en œil attentif à la moindre initiative de Temoana décline les mille-et-une facettes de la palette d’une photo, sa gamme chromatique, de sa partition de lumière, le miracle de l’inouï : en fait, ce que la Nature vierge peut offrir. Et le jeune Temoana est une source vive...

 

Des perspectives ?   

À part, le plus court des documentaires, coproduit par Les Marshall et les USA : IN EXILE. Il lance comme une bombe sa protestation. Normal, Nathan Fitch, réalisateur s’intéresse aux raisons de l’immigration des Marshallais en Arkansas et au non-retour des évacués des essais nucléaires à Bikini.

 

..En exil : jusqu’à quand ?

À l’inverse, HOMESTEADS-MAKIHA, de Piata Gardiner-Hoskins (N-Z), dépayse totalement. Changer de maison constitue un cérémonial impressionnant au pays. L’ancienne maison ancestrale doit être enterrée, après sa démolition, de façon à maintenir la continuité ancestrale. De même faut-il retrouver les pierres protectrices pour les remettre à leur place et faut-il faire la tour de la maison et implorer les forces spirituelles pour augurer du meilleur.

«On ne se débarrasse pas d’hier»... La protection ne peut être que mutuelle...  

 

Demain ... de l’algue aux cosmétiques...

Et pour faire bonne mesure avec la biodiversité, l’exploration de la Nouvelle-Calédonie, montre dans DE LA CRÊTE AU TOMBANT, LA MANGROVE & LE PLATIER... Un jeu d’échange entre le littoral et le lagon...

Encore un titre d’une dimension impressionnante ! PUISQUE C’EST POSSIBLE  : ITINÉRAIRES SCIENTIFIQUES EN NOUVELLE CALÉDONIE. pour le documentaire de Jean-Michel Boré (originaire de France) : peu importe, le jeu en valait la chandelle. Chercheurs en cosmétique, sur terre ou sous la mer... se mobilisent autour de plusieurs unités pour valoriser les richesses insoupçonnées de Nouvelle-Calédonie

 

Dans les deux derniers cas, un avenir professionnel se dessine...

 

Un article de  Monak

 

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NB : * de l’image en cliquant sur le lien ... 

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